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INSPIRATION

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37, col. 308-309, et qui avaient une part active dans la rédaction de leurs œuvres. Dial. cum Tryph., 36, col. 553. Il est donc faux de prétendre que, suivant Justin, lerôle des écrivains sacrés était purement mécanique. Il ne faut pas trop presser la comparaison de la lyre, car toute comparaison cloche. D’ailleurs, la même image a été reproduite par d’autres Pères qui, sauf Tertullien peut-être, étaient loin de considérer les écrivains sacrés comme d’aveugles et passifs instruments. Athénagore, Légat, pro christ., 9, t. vi, col. 908, explique par la même comparaison l’action du Saint-Esprit sur Moïse, Isaïe, Jérémie et les autres prophètes, o" xxr’Éx<rramv tôv àv aùtoî ; XoYiffUûv xiv^a-avro ; a-JTotfç toO 8e£ou IIvsijjiaTOî â £vï|PYo0vto ilUçmviiiav, cniy/frjua^évov toû IIvE’VaToi ; (o<rc xas aOXijtri ; aùXov ijiicveyira !. Évidemment, si comparaison vaut raison, on voit ici la motion divine réduire l’écrivain sacré au rôle de simple instrument. Il faut cependant observer que si la lyre est un instrument muet et sans raison, le prophète, doué d’intelligence et de la parole, prétait ses facultés à l’action du divin artiste qui parlait par sa bouche et écrivait par sa main. Saint Théophile d’Antioche, Légat, pro christ., ii, 10, t, VI, col. 1064-1065, dit aussi que le Saint-Esprit descendait sur les prophètes et parlait par eux, de telle sorte qu’ils n’étaient que ses organes. Mais ces ô’pyava 8coû recevaient en récompense la sagesse du Saint-Esprit et parlaient eux-mêmes sous son inspiration. Ibid., iii, 11-12, col. 1137. Ils n’étaient donc pas des instruments purement passifs. Cf. J. Delitzsch, De inspiratione Scripturse Sacræ quid statuerint Patres apostolici et apologetee secundi sseculi, in-8°, Leipzig, 1872.

3° Témoignages des Pères qui ont les premiers réfuté les hérétiques. — Selon saint Irénée, Çont. heer., ii, 28, n. 2-3, t. vii, col. 804-806, nous devons croire aux Écritures comme à Dieu, sachant que les Écritures sont parfaites, « ayant été dites par le Verbe de Dieu et son Esprit ; » Leur obscurité ne doit pas détruire notre foi, car s’il y a des mystères dans les créatures, est-il étonnant qu’il s’en trouve dans les Écritures, ôXûv tûv Xpaçwv icvEypaTixôiv où<r<5v ? Dieu le Père est le seul et unique auteur des deux Testaments et c’est lui et non un autre qui, inspirant par son Verbe et son Esprit les écrivains sacrés, les prophètes, les apôtres et les évangélistes, a fait composer tous les Livres Saints que l’Église reçoit au canon des Écritures. Ibid., iii, 12, n° 11, col. 905 ; iv, 9, col. 996-999. Cf. ii, 35, n. 4, col. 841. Il n’y a que quatre Évangiles et c’est le Verbe qui nous a donné Tc, Tpct[iop90v tô Eila^YÉXiov, èvi 8s IIveii[i « Ti ayvcxôjievov. Ibid., iii, 11, n. 8, col. 885-890. Les Évangélistes ont été les instruments de Dieu par la volonté de qui ils ont écrit les Évangiles. L’Apocalypse était l’œuvre du Saint-Esprit. Ibid., v, 30, n. 4, col. 1207. A. Camerlynck, Saint Irénée et le canon du Nouveau Testament, Louvain 1896. — Le prêtre romain Caïus disait des hérétiques, qui osaient altérer les Saintes Écritures : « Ou bien, ils ne croient pas que les Saintes Écritures ont été dictées par le Saint-Esprit, et ils sont des infidèles ; ou bien, ils s’estiment plus sages que le Saint-Esprit, et ils sont des démoniaques. » Eusèbe, ff. E., v, 28, t. xx, col. 517. Au témoignage de Caius il faut joindre celui de l’auteur du Canon de Muratori. Dans la notice du quatrième Évangile, il fait remarquer que la diversité des récits évangéliques ne nuit pas à la foi des fidèles, parce que la vie de Jésus-Christ a été exposée par un seul et même Esprit qui animait les évangélistes. Voir t. ii, col. 170. Saint Hippolyte, De Christo et Antichristo, 58, t. x, col. 777, dit que l’Écriture, dont il proclame l’origine divine, comprend la Loi, les Prophètes, les Évangiles et les Apôtres ; il assure que PEsprit-Saint parle dans l’Apocalypse. Ibid., n. 48, col. 765. Il recourt lui aussi, à la comparaison d’un instrument de musique pour expliquer l’action du Verbe de Dieu sur les prophètes, ibid.,

n. 2, col. 728-729, et il affirme qu’elle leur enlève la liberté. Contra hæres. Noeti, ii, col. 820. — Dans son Apologétique, 18, 1. 1, col. 377-381, Tertullien prouve la souveraine autorité des livres divins par leur antiquité, l’accomplissement des prophéties qu’ils contiennent et les calamités qui ont frappé les Juifs incrédules. Il oppose aux hérétiques la règle de foi et il montre que les Églises apostoliques lisaient les lettres authentiques de ! Apôtres. Pour abreuver la foi des fidèles, l’Église de Rome mêlait la Loi et les Prophètes aux lettres évangéliques et apostoliques. De prsescript., 36, t. ii, col. 49-50 ; Adv. Praxeam, 11, col. 167 ; Adv. Hermog., 19-20, col. 214, 216. Marcion opposait la Loi à l’Évangile ; Tertullien le réfute, en montrant que, malgré leur diversité, les deux Testaments ont le même auteur. Adv. Marc, iv, 1, col. 361-363. Le Nouveau Testament a été écrit sous la même impulsion que l’Ancien. Ibid., iv, 22, col. 414. L’Esprit-Saint parle en saint Paul. Ibid., v, 7, col. 485 ; De virgin. veland., 4, col. 894 ; De monogam. , 12, col. 947 ; De pudicit., 16, col. 1012. Devenu montaniste, Tertullien admet que les prophètes, tombés en extase et ravis en esprit, étaient hors d’eux-mêmes, De anima, 11, 21, 45, col. 665, 684, 725-726 ; Adv. Marc, iv, 22, col. 413. — Le rhéteur Miltiade, au contraire, a nettement établi la différence qui existe entre les prophètes de l’Ancien Testament et les faux prophètes des montanistes. Eusèbe, II. E., , 17, t. xx, col. 473.

4° Témoignages de l’école catéchétique d’Alexandrie.

— Comme les premiers apologistes, Clément d’Alexandrie, Cohort. ad Grsec, 8, t. viii, col. 188-192, oppose la doctrine des prophètes à celle des philosophes, et il en explique la différence par cette raison que « la bouche du Seigneur, le Saint-Esprit a dit » ce qu’on trouve dans l’Écriture. Ibid., 9, col. 192-193. Avec saint Paul, il affirme que les Écritures sont divinement inspirées. Ibid., col. 197 et 200. Il cite comme prophétiques des paroles de saint Matthieu et de saint Luc. Ibid., 1, col. 57. Les deux Testaments ont été donnés aux hommes par le Verbe de Dieu, le Pédagogue de l’humanité. Psedagogus, i, 7, t. viii, col. 320-321. Le Saint-Esprit parle par les prophètes, ibid., i, 5, col. 264, et par l’apôtre saint Paul. Ibid., i, 6, col. 308. Dieu est la cause principale de l’Ancien et du Nouveau Testament ; il n’est pas, au même titre, cause de la philosophie. Strom., i, 5, t. viii, col. 717. Il faut croire aux prophètes, parce qu’ils étaient divinement inspirés. Ibid., v, 13, t. ix, col. 125. Un seul et même Esprit agissait dans les prophètes et les apôtres. Ibid., vi, 15, col. 340, 348-349. Clément appelle souvent saint Paul 6eiov et Œaiteaiov, et il dit qu’il a écrit 8eiw ;. Strom., iv, 22, t. viii, col. 1356. Cf. Dausch, Der neutestamentliche Schriftcanon und Clemens von Alexandrien, Fribourgen-Brisgau, 1894, p. 47-56. Origène applique.à l’Écriture entière la doctrine de saint Paul sur l’inspiration de l’Ancien Testament. In Joa., i, n. 5, t. xiv, col. 28^29 ; In lib. Jesu, hom. xx ; t. xii, col. 920. Il réfute Apelle qui prétendait que les écrits de Moïse n’étaient pas l’œuvre du Saint-Esprit, et il assure que l’Esprit de Dieu énonce de grands mystères par Moïse et par saint Paul. In Gènes., hom. ii, 2, 5 ; t. xii, col. 165 et 171. Le même Esprit a inspiré tous les auteurs des Livres Saints. De princip., i, 4, t. xi, col. 118. Matthieu, Marc, Jean et Luc n’ont pas eu d’effort à faire ; ils étaient remplis du Saint-Esprit pour rédiger les Évangiles. In Luc, hom. I, t. xiii, col. 1802-1803. L’intelligence des prophètes, éclairée par la lumière du Saint-Esprit, était plus perspicace, ils n’étaient pas hors d’eux-mêmes comme la Pythie. Contra Celswm, vii, 3-4, t. IX. col. 1425. Denys d’Alexandrie, Interp. Lucse, t. x, col. 1589, reconnaissait l’inspiration des évangélistes. Saint Alexandre, évêque d’Alexandrie, faisait profession de croire avec l’Église en un seul Dieu le Père, qui nous a donné la Loi, les Prophètes et les Évangiles, et en un