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INSPIRATION

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gnage de Jésus n’est pas explicite eu faveur de l’inspiration de toute l'Écriture, il l’est du moins, pour l’inspiration du Psaume cix, puisqu’il atteste que David a appelé le Messie son Seigneur, èv nveûpaTt, Matth., xxri, 43-44, iv t& icvey[i.aTt tû àfi<?, Marc., xii, 36, sous l’influence du Saint-Esprit. Le verbe xaXtî ou Xéyei, qui est au présent, montre que Jésus citait le Psaume tel qu’il se lisait alors dans la Bible hébraïque, et non une parole prononcée autrefois par David.

2° Les Apôtres ont répété et complété la doctrine de leur Maître sur l’inspiration de l'Écriture Sainte. A l’exemple de Jésus, ils ont cité l’Ancien Testament et leurs citations sont empruntées indistinctement à presque tous les livres sacrés, auxquels ils reconnaissaient une autorité égale et décisive. Les livres cités sont désignés le plus souvent sous les expressions : Il yp « ?^j Marc, xii, 10 ; xv, 28 ; Joa, , xiii, 18 ; xix, 24, 36, 37 ; Rom., ix, 17 ; x, 11 ; iii, 2 ; Gal., iii, 8 ; I Tim., v, 18 ; Jac, ii, 8, 23 ; iv, 5 ; atypaçai, Matth., xxi, 42, qui signifient l’Ecriture par excellence, celle qui diffère de tout écrit profane, parce qu’elle a Dieu pour auteur. Les Écritures des Juifs sont saintes, Rom., i, 1, en raison de leur origine. D’autres citations sont précédées des formules : YÉYP aircat > * H est écrit, » Matth., ii, 5 ; iv, 4 ; Marc, i, 2 ; viii, 6 ; Luc, ii, 23 ; iii, 4 ; xaBw ; flyçionaat, « comme il est écrit, » Rom., i, 17 ; I Cor., i, 37 ; yifpainai Y » p>Gal., iii, 10, 13 ; IV, 22, 27, è<rri yeyP « Haévov, « il est écrit, » Joa., ii, 17 ; vi, 31, 45 ; xii, 14 ; Act., 1, 20 ; 'viij 42, qui sont synonymes de parole de Dieu écrite. Quand les noms des écrivains sacrés sont mentionnés, leurs paroles sont données expressément comme des paroles divines, parce qu’eux-mêmes n'étaient que les organes ou les instruments du Saint-Esprit. Ainsi, au dire de saint Pierre, Act., i, 15, le Saint-Esprit a prédit le sort de Judas par la bouche de David. Quand ils prient pour saint Pierre et saint Jean, les chrétiens de Jérusalem rappellent à Dieu que le Saint-Esprit a parlé par la bouche de leur père, David, son serviteur. Act., iv, 25. Saint Paul, Act., xxviii, 25-26, affirme que le Saint-Esprit a parlé par le prophète Isaïe, "VI, 9. Il dit du même passage du Psaume xciv, 8, qu’il est une parole du Saint-Esprit, Heb., iii, 7, et qu’elle a été dite dans David, Heb., iv, 7. Un verset de Jérémie, xxxi, 33, est rapporté comme parole du Saint-Esprit. Heb., x, 15-18. Ces citations de l'Écriture, la manière >de les produire, l’autorité décisive qui leur est attribuée, imontrent bien que les Apôtres tenaient l’Ancien Testament pour la parole de Dieu écrite par l’intermédiaire -dés auteurs sacrés. Cf. Reuss, Histoire de la théologie -chrétienne au siècle apostolique, 3e édit., Strasbourg, 1864, t. i, p. 410-421 ; Id., Histoire du canon des Saintes Écritures dans l'Église chrétienne, 2e édit., Strasbourg, 1864, p. 13-15. — Les deux Apôtres, saint Pierre et saint Paul, ont enseigné expressément l’inspiration des écrivains sacrés de l’Ancien Testament, en deux passages de Meurs Ëpltres qui sont classiques. Saint Pierre, II Pet., I, 16-18, exhorte ses lecteurs, Juifs convertis, à demeurer fermes dans la foi. Elle est solide, en effet, la foi -chrétienne qui repose sur un double témoignage divin, non seulement sur celui que le Père a rendu à son Fils .au jour de la transfiguration de Jésus, mais aussi sur le témoignage des Écritures prophétiques, témoignage plus

ferme que le précédent, si l’on considère attentivement

-que, malgré son obscurité, toute prophétie de l'Écriture n’est pas soumise à l’interprétation privée. < Ce n’est pas, en effet, par la volonté humaine que la prophétie a été proférée, mais c’est assistés de î'Esprit-Saint -que les hommes de Dieu ont parlé, » ꝟ. 19-21. Le second fondement de la foi chrétienne, ce sont les oracles messianiques, mis par écrit et tels qu’ils sont contenus dans l'Écriture. Leur explication ne dépend pas de la manière de voir de chaque individu ; ils ont .un sens divin, parce que les prophètes qui les ont pro férés, les hommes de Dieu qui les ont rédigés, n’ont ni parlé ni agi sur l’initiative de leur volonté propre et humaine ; c’est sous l’inspiration du Saint-Esprit, poussés par son impulsion divine, qu’ils ent composé leurs écrits. Bien que l’inspiration des prophètes soit seule directement mentionnée, saint Pierre entend néanmoins parler de tous les écrivains sacrés de l’Ancien Testament, que les Juifs appelaient prophètes et que cet Apôtre cite sans distinction dans sa première Épltre, dans laquelle il recourt aux prophètes pour confirmer la foi des chrétiens et raviver leurs espérances. I Pet., i, 10.

— De son côté, saint Paul exhorte son disciple Timothée à ne point suivre les faux docteurs qui séduisent l’esprit et pervertissent le cœur, et à demeurer ferme dans la foi. Il appuie son exhortation notamment sur l’autorité des Saintes Lettres que Timothée a connues dès son enfance, sur leur excellence et sur les avantages qu’elles procurent, « car toute Écriture inspirée divinement est utile pour l’enseignement, etc. » II Tira., iii, 16. Il parle de la Sainte Écriture, que le mot YP a f » l désigne explicitement, de ces Saintes Lettres que Timothée a apprises dés son enfance, par conséquent de tout l’Ancien Testament. Il parle de toute la collection, itîo-a Ypa<pT|, non pas seulement prise comme recueil, mais au sens distributif, dans toutes ses parties et dans tout son contenu. Cette interprétation ressort de l’absence de l’article et de l’emploi de izZax, omnis, au lieu de SXr), tota. Or le recueil scripturaire des Juifs, dans son ensemble et dans chacune de ses parties, est inspiré de Dieu, 8e<Sîtv£u<rro ;, écrit sous l’inspiration divine, et, par suite, utile à diverses fins. La légère divergence du texte original et de la Vulgate n’enlève rien à la force et à la portée de la preuve. Si, dans la Vulgate, l’affirmation de l’inspiration divine de l'Écriture n’est qu’une simple apposition au sujet de la phrase, le qualificatif 0e<J7rveu<rcoc est suffisamment caractéristique ; d’ailleurs, c’est parce qu’elle est divinement inspirée, que l'Écriture est utile. Dans le texte grec reçu et dans la plupart des manuscrits, cet adjectif est attribut, et la proposition entière est construite ainsi : Than ypafii 9e< ! irveu<rro ; xoti (àçéXmoç, avec le verbe è<m sous-entendu. Toute Écriture reçue par les Juifs est donc divinement inspirée, c’est-à-dire écrite par des hommes sous l’action divine. — Ces deux Apôtres ont aussi rendu témoignage à l’inspiration de quelques écrits du Nouveau Testament. Ainsi saint Paul, I Tim., v, 18, cite comme Écriture un passage du Pentateuqùe, Deut., xxv, 4, cf. I Cor., ix, 9, et un texte de l'Évangile. Luc, x, 7. Saint Pierre, Il Pet., iii, 15-16, met les Epitres de saint Paul au rang des Écritures, en disant qu’elles contiennent « quelques passages difficiles à comprendre, que les gens ignorants et mal affermis détournent de leur sens comme les autres Écritures ».

77. ARGUMENTS TIRÉS DE LA TRADITION CATBOUQVE.

— Jésus-Christ et les Apôtres ayant expressément enseigné l’inspiration divine de tout l’Ancien Testament et d’une partie du Nouveau, ce fait révélé a été cru et affirmé par la tradition catholique. Les Pères de l'Église ont cité les écrits de la nouvelle alliance comme parole divine, à côté et au même titre que les livres de l’ancienne. Ils ont affirmé leur autorité et leur origine divine. Leur témoignage montre la foi de l'Église qui, dès son berceau, a accepté avec un égal honneur la Bible des Juifs et les écrits apostoliques. Comme tous les critiques sont d’accord à reconnaître que l'Église chrétienne a reçu de la synagogue ses livres sacrés et admis continuellement leur inspiration, nous n’insisterons pas sur les affirmations des Pères en faveur de la divine origine de l’Ancien Testament. Nous signalerons de préférence celles qui concernent le Nouveau Testament, et nous examinerons spécialement les plus anciennes en vue de montrer que l'Église a toujours cru à l’inspiration des écrits apostoliques.