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INCISION — INCONTINENCE

870 « ils crièrent à haute voix et se firent, selon leur coutume, des incisions avec des épées et des lances, jusqu’à ce que le sang coulât sur eux. » III Reg., xviii, 28. Ce que la Sainte Écriture dit des prêtres de Baal se retrouve dans d’autres cultes idolâtriques. Dans les mystères d’Isis, en Egypte, on se contentait de se frapper et de se lamenter. Mais les Cariens, qui étaient de séjour dans le pays, se découpaient le front avec leurs épées, et se distinguaient ainsi des Égyptiens. Hérodote, ii, 61. Les Galles, prêtres de la déesse syrienne, qui n’était autre qu’Astarthé, compagne de Baal, se lacéraient (T<i|ivovTai) les bras et se frappaient le dos les uns les autres. Lucien, De dea syra, 50. Apulée, trad. Bétolaud, Paris, 1867, t. i, p. 266-268, décrit leurs pratiques avec plus de détail : « Par intervalle, ils se mordent les chairs ; à la fin même, avec un couteau à deux tranchants qu’ils portent, ils se font tous des entailles aux bras… Un d’eux saisit un fouet tout particulier à ces efféminés (ce sont des bouts de laine tordus ensemble et terminés par plusieurs osselets de mouton comme autant de nœuds), et il s’en frappe à coups redoublés, opposant à la douleur de ce supplice une fermeté vraiment merveilleuse. Sous le tranchant des couteaux et sous la meurtrissure des fouets, le sol ruisselait du sang impur de ces efféminés, et ce n’était pas sans une vive inquiétude que je le voyais couler ainsi de leurs plaies à longs flots. » Rhéa ou Cybèle, la mère des dieux, eut à Rome ses Galles qui se livraient aux mêmes pratiques. Elle rendait insensible à la douleur le prêtre qui se lacérait les bras avec un glaive. Stace, Thebaid., x, 170-174 ; Lucain, Pharsal., i, 565-567. Bellone, déesse de la guerre, était honorée par les mêmes lacérations. Martial, Epigr., XI, ixxxv, 3 ; Juvénal, Sat., iv, 123 ; vi, 512 ; Ovide, Fast., VI, 200 ; Tibulle, I, vi, 45-50. Lactance, Instit. div., i, 21, t. vi, col. 234, dit que les prêtres de Bellone font

175. — Abraxas représentant un fanatique qui se transperce les cuisses. Dans sa main gauche, un scQrpion. Pierre gravée antique. D’après L. Agostini, Le gemme antiche, pL 36.

leurs sacrifices avec leur propre sang, qu’ils se lacèrent les épaules et qu’ils entrent en furie en brandissant de chaque main un glaive ensanglanté. Cf. Tertullien, Apolog., 9, t. i, col. 321 ; Minucius Félix, Octàv., 30, t. iii, col. 334. Ce que tant d’auteurs disent des Galles

montre que ces fanatiques ne faisaient que continuer les pratiques que l’écrivain sacré attribue aux prêtres de Baal. Cf. Dôllinger, Paganisme et Judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, 1858, t. ii, p. 171, 245, 246 ; t. iii, p. 243. Aujourd’hui encore les fakirs de l’Inde, les lamas du Thibet, les Aïssaouas du nord de l’Afrique et d’autres fanatiques se livrent aux mêmes exercices sanguinaires que les anciens prêtres de Eaal (ûg. 176°). Us se déchi 176. — Derviches musulmans se faisant des incisions. D’après une photographie.

rent avec des instruments tranchants, s’ouvrent le ventre, se percent de part en part le corps ou les membres avec une apparente insensibilité. Pour s’expliquer ces phénomènes extraordinaires, il faut se rappeler que certaines races d’hommes sont beaucoup plus réfractaires que d’autres à la douleur que peuvent causer les lésions corporelles. Il y a ensuite à. tenir compte de la surexcitation particulière qui provient, soit de la grande douleur, soit de certains exercices violents, et qui a pour effet d’atténuer la sensibilité aux blessures. Enfin, il est probable que, dans les actes des cultes idolâtriques, le démon intervenait pour donner un caractère merveilleux au fanatisme de ses adeptes. Cf. Vigoureux, Les prêtres de Baal, dans la Revue biblique, Paris, 1896, p. 227-240 ; Les Ausaouas à Constahtirie, dans la

Bible et les découvertes modernes, Paris, 1896, p. 597625.

H. Lesêtre.

IhCOHTlHEHCE (incontinentia), vice opposé à la tempérance et spécialement à la chasteté. On ne trouve, dans l’hébreu, aucun substantif abstrait désignant le désordre de l’incontinence, mentionné trois fois seulement, dans le Nouveau Testament, deux fois par le substantif àxpanîa, Matth., xxiii, 25 (où il est question des Pharisiens et où Griesbach et quelques manuscrits portent àStxe’a, « injustice ; « Vulgate : immunditia) ; I Cor., vii, 5, incontinentia, et une autre fois par l’adjectif àxpatrfo, inconlinens. IITim., iii, 3.Dans£es passages, il s’agit de l’attrait instinctif de l’homme pour les plaisirs charnels. Dans un sens plus large, l’incontinence désigne tous les désordres exté-