Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/449

Cette page n’a pas encore été corrigée
867
868
INCESTE — INCISION


Dlle de son père. Amos, ii, 7, signale aussi, parmi les crimes qui se commettent en Israël, celui du père et du Bis « allant à une fille », qui sert à assouvir leur commune passion. Ce sont des excès de ce genre qui, arrivés à la connaissance des Romains, firent écrire par Tacite, Hist, v, 5, non sans quelque part de vérité, te trait sur les Juifs : « Race très portée à la licence des mœurs ; ils s’abstiennent avec les étrangères, mais entre eux ils’se permettent tout. »,

III. Époque évangélique.

t° L’union d’Hérode Antipas avec Hérodiade était une union incestueuse. Fille d’Aristobule, frère de Philippe et d’Antipas, Hérodiade avait été prise pour épouse par son oncle Philippe, de qui elle eut Salomé. Puis, du vivant même de son premier mari, elle épousa Hérode Antipas, après que celui-ci eut renvoyé sa première femme, la fille du roi arabe Arétas, avec laquelle il avait longtemps vécu. Josèphe, Ant. jud., XVIII, v, 1. D’après la loi mosaïque, que les Hérodes faisaient profession d’observer, il y avait inceste dans cette union entre beau-frère et belle-sœur, et l’inceste se compliquait d’adultère. Saint Jean-Baptiste était donc doublement en droit de dire à Hérode : « Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère. » Marc, vi, 18. — 2° À Corinthe, un chrétien osa s’unir à sa belle-mère. Saint Paul fit honte aux Corinthiens d’un pareil scandale et prononça l’excommunication contre l’incestueux. I Cor., v, 1-5. La femme n’était probablement pas chrétienne, car l’Apôtre ne porte aucune sentence contre elle. Quelque temps après, le coupable s’étant sans doute repenti et. soumis à une sérieuse pénitence, saint Paul le releva de son excommunication, pour l’empêcher de succomber au découragement. Il Cor., ii, 6-11. —, L’inceste demeura défendu par la loi évangélique qui ne changea pas sur ce point la loi

mosaïque.

H. Lesêtre.
    1. INCIRCONCIS##

INCIRCONCIS (hébreu : ’drèl, ’Mér-lô’oi-ldh ; Septante : « TOp(T|jLir)fo ;, « xpoêiî’otoç, 5 ; ex 51 àxpoëyarîav ; Vulgate : incircumeisus), celui qui n’a pas reçu la circoncision. Voir Circoncision, t. ii, col. 772. — 1° Comme la circoncision avait été imposée par Dieu à Abraham et à ses descendants, les Hébreux attachaient une idée de mépris au mot’ârêl, et les’ârêlim, « incirconcis, » étaient pour eux des hommes avec lesquels il ne fallait ni s’allier, ni se commettre. Gen., xvii, 14. Les fils de Jacob disent à Sichem que ce serait pour eux une opprobre que de donner leur sœur en mariage à un incirconcis. Gen., xxxiv, 14. L’incirconcis était expressément exclu de la participation à la Pâque, Exod., xii, 48 ; Jos., ꝟ. 7, comme il le sera plus tard de la Jérusalem régénérée. Is., lii, 1 ; Ezech.-, xuv, 7, 9. Le nom d’« incirconcis » est fréquemment donné par mépris aux Philistins. Jud. xiv, 3 ; xv, 18 ; I Reg., xiv, 6 ; xvii, 26, 36 ; xxxi, 4 ; II Reg., i, 20 ; I Par., x, 4. Cf. Jer., ix, 25. Eslher l’attribue aux Perses parmi lesquels elle vit. Esth., xiv, 15. Sous les Machabées, on veille à ce que, contrairement à la coutume que cherchent à introduire les rois de Syrie, il n’y ait pas d’incirconcis parmi les enfants d’Israël. I Mach., i, 51 ; ii, 46. — 2° Le prophète Ézéchiel annonce au roi de Tyr et au pharaon d’Egypte qu’ils périront de la mort des’ârêlim et qu’ils seront ensevelis avec les’ârêlim. Ezech., xxviii, 10 ; xxxi, 18 ; xxxii, 19, 21, 24-26, 28-30, 32. Dans le séjour des incirconcis se trouvent du reste l’Assyrien, l’Élamite, l’Iduméen et toutes sortes d’autres peuples. Rosenmûller, Ezéchiel, Leipzig, 1810, t. ii, p. 316, pense que les’ârêlîm sont pris ici dans le double sens de barbares étrangers et d’impies. Il se pourrait aussi que ce mot désignât simplement d’une manière métaphorique l’ensevelissement imparfait des guerriers tombés sur le champ de bataille. Halévy, Mélanges de critique et d’histoire, in-8°, Paris, 1883, p. 158, 184, 293, rapproche’ârêlim de l’assyrien arallu, qui désisne le royaume des morts. Le prophète aurait ainsi

employé un mot hébreu. éveillant, par son assonance, la pensée de ceux qui sont tombés dans le royaume de la mort. Cf. Fr. Buhl, Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 641. — Sur ceux qui sont incirconcis de la langue, des oreilles, du cœur, voir t. ii, col. 773, 780.

H. Lesêtre.
    1. INCISION##

INCISION (hébreu : èârétét, serét ; Septante : ivT0|Ji ! « ; Vulgate : incisura), déchirure qu’on se fait à la peau avec les ongles ou à l’aide d’un instrument. Cette action est exprimée par les verbes gâdad, èàrat, x<xt « -T 6|iv6tv, incido, concido.

I. Dans le deuil..—’Chez beaucoup de peuples de l’antiquité, on manifestait sa douleur, à la suite d’un deuil, en se déchirant le visage ou en se faisant des incisions aux bras. C’était une manière de se défigurer, comme quand on se couvrait de cendres, et de répandre du sang dont l’effusion paraissait plus expressive encore que celle des larmes. Hérodote, iv, 71, raconte que chez les Scythes, à la mort du roi, on voyait de ses sujets se couper un morceau de l’oreille, se raser les cheveux autour de la tête, se faire des incisions aux bras, se déchirer le front et le nez, se passer des flèches à travers la main gauche. Des pratiques analogues étaient usitées chez les Grecs et les Romains. Homère, Iliad., xxiii, 141 ; Odys., iv, 197 ; Euripide, Alcest., 425 ; Virgile, Mneid., iii, 67 ; iv, 673 ; xii, 869 ; Sénèque, Hippol., 1176, 1193 ; etc. La loi des xii Tables défendait même aux femmes de se déchirer les joues : mulieres gênas ne radunto. Cicéron, Leg., ii, 22. Ces usages sanguinaires n’ont pas été constatés chez les Égyptiens. Mais ils devaient être en vigueur chez les Arabes, en Syrie et dans le pays de Chanaan. Aux funérailles des Arabes, « les femmes crient de toutes leurs forces, s’égratignant les bras, les mains et le visage. » De la Roque, Voyage dans la Palestine, Amsterdam, 1718, p. 260. Moïse défend expressément aux Hébreux de se faire des incisions dans la chair pour un mort, ou des stigmates ou espèces de tatouages dans la peau, q’âqa’, Ypé ! |i|jiaTa <jtcxto<, figuras aut stigmata. Lev., xix, 28. La prohibition des incisions est renouvelée à l’adresse des prêtres. Lev., xxi, 5. Enfin elle est encore rappelée dans le Deutéronome, xiv, 1. Par la suite, la coutume prévalut contre la loi, et les incisions firent partie des pratiques usitées dans les deuils. Jérémie, xvi, 6, dit en effet dans sa prédiction des malheurs qui menacent les Israélites rebelles : « Grands et petits mourront dans ce pays ; on ne leur donnera pas ae sépulture, on ne les pleurera point, on ne se fera pas d’incisions et l’on ne se rasera point pour eux. » Saint Jérôme, In Jer., ii, 16, t. xxiv, col. 782, dit au sujet de ce texte : « Il était d’usage chez les anciens, et la coutume persiste encore aujourd’hui chez quelques Juifs, de se faire des incisions aux bras dans leurs deuils et de se raser la tête. » Cf. ; Ezech., xxiii, 34. Après la ruine du Temple et le meurtre de Godolias, quatre-vints hommes de Sichem, de Silo et de Samarie vinrent à Jérusalem pour offrir des présents au Seigneur ; à raison des calamités qui avaient fondu sur la nation, ils portaient les marques du deuil, « la barbe rasée, les vêtements déchirés et des incisions. » Jer., xli, 5. Le même prophète dit à Ascalon en deuil, dans sa prophétie contre les Philistins : « Jusques à quand te feras-tu des incisions ? » Jer., xlvii, 5. — Dans un texte d’Osée, vii, 14, où il est dit : « Ils se rassemblent (ifnôrârù) pour avoir du blé ou du viii, » les Septante traduisent, par suite d’une fausse lecture : « Ils se font des incisions (itgôdedû, xaTETénvov-ro) pour avoir du blé et du vin. »

II. Dans les cultes idolatriques.

La pratique des incisions sanglantes était fréquente dans les cultes des faux dieux (fig. 175). C’est une des raisons pour lesquelles la loi mosaïque les avait proscrites dans le deuil. Quand les prêtres de Baâl voulurent faire descendre le feu du ciel sur leur sacrifice, en face du prophète Élie,