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IMPÉTIGO — IMPIE


quant aux apparences extérieures, dans le genre lèpre ; il attaque le système pileux, ce qui en' fait une espèce de teigne. Le texte du Lévitique, xiii, 29-37, indique de quelle manière doit procéder le prêtre pour reconnaître la présence de cette maladie. Première observation : la plaie à la tête ou à la barbe est plus profonde que la peau, et le poil devient jaunâtre et mince ; c’est l’impétigo, et le sujet, homme ou femme, est impur. Si la plaie n’est pas plus profonde que la peau et s’il n’y a pas de poil noir, le sujet est enfermé pendant sept jours. Deuxième observation : si, au bout des sept jours, la plaie ne s’est pas étendue, s’il n’y a pas de poil jaunâtre, si le mal n’est pas plus profond que la peau, on rase le sujet, sauf à la place du mal, et on l’enferme encore pendant sept jours. Troisième observation : si le mal

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173. — Impétigo.

n’est devenu ni plus étendu ni plus profond, le sujet est déclaré pur. Mais si ensuite le mal s'étend, le sujet sera impur. La marque de la guérison sera la croissance du poil noir sur la plaie. Toutes ces précautions avaient pour but d’isoler celui qui paraissait atteint, afin de l’empêcher de communiquer son mal à d’autres. — Dans deux autres passages, Lev., xxi, 20 ; xxii, 22, il est défendu d’admettre au service du sanctuaire un prêtre, et dans les sacrifices une victime atteints de yalléféf, Xeptiv, impétigo. Pour les Septante, le mot hébreu désigne une dartre ; pour les talmudistes, Gittin, 70, 1, c’est l’impétigo égyptienne, qui est incurable. La maladie indiquée par le texte hébreu est associée dans les deux passages à la gale, et paraît bien être une affection dartreuse attaquant la peau, soit sur tout le corps, soit surtout dans les parties pileuses, puisque le mal est

commun à l’homme et à l’animal.

H. Lesêtre.
    1. IMPIE##

IMPIE, celui qui refuse à Dieu l’honneur qui lui est dû.

Noms de l’impie.

La Sainte Écriture emploie les

mots suivants pour désigner l’impie : — 1° Bôgêd, de bdgad, « cacher, » celui qui agit en se cachant, en dessous, hypocritement, itapâvo(ioî, impius. Prov., ii, 22 ; xi, 3, 6 ; etc. ; Ps. xxv (xxvi), 3 ; lu (lx), 6 ; Jer., ix, l ; Hab., I, 13. — 2° tfdnêf, « impur », àaeëifjç, impius. Job, vin, 13 ; un, 16, etc. ; Prov., xi, 9 ; Is., ix, 16 ; x, 6 ; xxxiii, 14 ; Ps. xxxv (xxxvi), 16. — 3° 'Avîl, s pervers, » étôixoç, iniquus. Job, xvi, 12. — 4° RdH', « méchant, » â<rc6^ç, KjiapxwXo'ç, 5vo(io ;, 581xo ;, impius, peccator, iniquus. C’est le terme le plus habituellement usité pour désigner l’impie. Ps. 1, 1, 5, 6 ; iii, 8 ; vii, 10 ; x, 6 etc. ;

Prov.., xi, 7. — 5° 'Avîl, « sot, » açpovoç, stultus. Job, v, 3. — 6° Nâbâl, « sot, insensé, » a<ppovo ;, stultus. Deut., xxxii, 21 ; Job, ii, 10 ; xxx, 8 ; Ps. xiv (xv), 1 ; xxxix (xl), 9 ; lui (liv), 2 ; lxxiv (lxxv), 18, 22. Le nonude sot ou d’insensé est attribué à l’impie, parce que la suprême sottise et la suprême folie consistent à méconnaître l’honneur dû à Dieu. — 7° Sokfyè-'Êl, « ceux qui oublient Dieu, » ol èmX<xv8avo|jivot toO Kuptoy, qui obliviscuntur Deum. Job, viii, 13 ; Ps. l (li), 22.

La condition de l’impie.

L’impie est orgueilleux.

Job, xv, 20 ; Ps. ix, 2 ; xxxvii (xxxvi), 35. Il offense Dieu. Ps. x, 13 ; Prov., xxix, 16. Ses offrandes sont abominables au Seigneur. Prov., xv, 8 ; xxi, 27. Il persécute le juste, IIReg., iv, 11 ; Job, xvi, 12, et point de pire gouvernement que le sien quand il a le pouvoir. Prov., xxviii, 12, 15 ; xxix, 2. Lorsqu’il s’endurcit, il vit tranquille dans son impiété, Prov., xviii, 3, bien qu’au fond il n’y ait pas de paix pour l’impie. Is., xlviii, 22 ; lvii, 21. Il peut se convertir et alors Dieu lui pardonne. Ps. li (l), 15 ; Ezech., xviii, 21 ; xxxiii, 11, 12 ; Rom., iv, 5. Sinon, il périt par sa propre faute, Prov., v, 22 ; xi, 5 ; xii, 26, et Dieu assure sa perte. Gen., xviii, 23 ; Job, viii, 22 ; xviii, 5 ; Ps. i, 5, 6 ; xxxvii (xxxvi), 28 ; Prov., ii, 22 ; x, 24 ; xiv, 11 ; Eccle., viii, 8 ; Sap., l, 9 ; iii, 10 ; xix, 1 ; Ëccli., vii, 19 ; Is., ni 1 ; Soph., i, 3. Il est même dit que Dieu « a fait l’impie pour le jour du malheur », Prov., xvi, 4, manière de parler qui doit indiquer la relation nécessaire qui existe entre l’impiété et ie châtiment, mais nulle-. ment la nécessité imposée à certains hommes d'être impies pour que le malheur ait sa raison d'être. Le devoir des justes est donc de se tenir à l'écart des impies. Num., xvi, 26 ; Ps. i, 1 ; Prov., iv, 14 ; xxiv, 19 ; Tit., 11, 21.

La prospérité des impies.

Dieu avait promis

à l’Israélite de récompenser sa fidélité à la loi par toutes les prospérités temporelles, assurées à son travail, à ses enfants, à ses troupeaux, à ses récoltes, tandis que son infidélité entraînerait pour lui le malheur. Deut., xxx, 918. Les Hébreux s’accoutumèrent à prendre ces promesses et ces menaces dans le sens le plus absolu et s’attendirent à en constater en ce monde même l’application invariable. Aussi la prospérité dont ils virent souvent jouir les impies devint-elle pour eux une cause d'étonnement et parfois de scandale. Les auteurs sacrés se crurent obligés de traiter ce sujet. — 1. Le livre de Job prend la contre-partie du problème : le juste soumis à l'épreuve, mais ensuite rétabli par Dieu dans la prospérité. L’auteur constate que souvent le juste et le coupable sont traités de la même manière. Job, ix, 2224. Il décrit longuement le bonheur dont l’impie jouit paisiblement jusqu’au tombeau, et l’apparente indifférence de Dieu, qui pourtant sait tout, au sort des bons et des méchants. Job, xxi, 7-34 ; xxiv, 2-25. Il y a là une anomalie dont souffre le juste, mais dont la solution demeure mystérieuse. Dieu à la fin du livre oblige Job à confesser que l’intelligence humaine est trop faible pour scruter et juger la souveraine sagesse, et dans la conclusion, il compense l’affliction du juste par l’abondance des biens temporels. — 2. Les auteurs des Psaumes reviennent souvent sur cette question. Dans le Psaume, xxxvi (xxxvii), David décrit les succès de l’impie et fes persécutions contre le juste ; il recommande à ce dernier d’avoir confiance en Dieu, car finalement l’homme de bien n’est jamais abandonné, tandis que le méchant passe et sa postérité périt. Un fils de Coré oppose au bonheur des méchants la mort qui les saisit, sans qu’ils puissent rien emporter de leurs trésors. Ps. xlix (xlviii), 10-21. Cf. Ps. lviii (lvii), 11, 12. Un autre psalmiste, Asaph, reprend le problème. Il constate la prospérité des impies, qui sont ou paraissent heureux toute leur vie, mais dont le châtiment est dans la mort qui finit par les frapper. Quant au juste, il serait stupide et sans intelligence s’il se laissait détourner de Dieu par