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IGNORANCE — ÎIM


ignorance. — 3. La faute du chef. Celui qui exerce j l’autorité, chef de la nation, de la tribu et probablement I de la famille, peut aussi pécher par ignorance. Comme son exemple a plus de portée, l’expiation de sa faute se fait à part ; mais c’est seulement un bouc qu’il doit offrir en sacrifice. Lev., iv, 22-26. — 4. La faute d’un particulier. L’Israélite qui a commis une faute d’inadvertance, en faisant ce qui ne doit pas se faire, l’expie par l’immolation d’une chèvre où d’une brebis. Lev., IV, 27-35. — 5. Délits se rapportant aux choses saintes. Si le manquement a trait aux choses consacrées à Dieu, c’està-dire au sanctuaire et à ses ministres, comme prémices, offrandes, dîmes, etc., le cas est plus gravé que le précédent. Le délinquant, chef ou particulier, riche ou pauvre, doit alors offrir un bélier en sacrifice. D’après Rosen’mûller, Scholia in Levit., Leipzig, 1798, p. 40, le texte peu clair en cet endroit autoriserait à remplacer quelquefois le bélier par une estimation en argent, ce qui paraît naturel pour les cas où le tort causé au sanctuaire ou aux prêtres restait fort au-dessous de la valeur d’un bélier. De plus, le délinquant devait restituer, en la majorant d’un cinquième, la valeur de ce qu’il n’avait pas versé au sanctuaire. Lev., v, 15, 16. Si le délit n’a été cause d’aucun préjudice pour le sanctuaire, tout en gardant le caractère de manquement contre la loi rituelle, on l’expie par l’immolation d’un bélier. Lev., v, 17-19. —Celui qui mange par ignorance des choses saintes, c’est-à-dire des choses qui proviennent des sacrifices et appartiennent aux prêtres, doit restituer aux prêtres la valeur de la chose, majorée d’un cinquième. Lev., xxii, 14. Le manquement est ici moins grave que dans les deux cas précédents, et d’ailleurs c'était aux prêtres à surveiller ce qu’ils avaient en main. — Enfin, une disposition législative postérieure aux précédentes vise les infractions commises « par ignorance » contre les préceptes positifs qui règlent les choses sacrées, sacrifices, prémices, etc. Cette disposition s’applique, non plus aux particuliers, mais à la multitude. Si le peuple manque à ce qui a été prescrit, il devra offrir un jeune taureau en holocauste, avec la farine et les libations accoutumées, et un bouc en sacrifice d’expiation. Cette prescription, comme les précédentes, s’applique également aux étrangers. Num., xv, 22-26. — Le même genre de transgression « par ignorance » contre un précepte positif concernant les choses sacrées, en ne faisant pas ce qui doit se faire, 'peut être commis par un particulier. Le délinquant rachète alors sa faute par l’offrande d’une chèvre d’un an. Num., xv, 27-28. Ce cas diffère peu de la transgression du précepte négatif indiquée plus haut, et expiée par l’offrande d’une chèvre ou d’une brebis. Lev., iv, 27-35. — 6. Le meurtre involontaire ou par ignorance. Voir Goel, col. 261, et Homicide, ii, 2°, col. 741. — Il est à noter que dans plusieurs des délits précités, surtout quand il s’agit des particuliers, le législateur s’en remet à la conscience du délinquant. Josèphe, Ant. jud., III, IX, 3, suppose avec raison que celui qui a commis le délit est parfois seul à le savoir et n’a personne qui puisse l’accuser. Voir Sacrifices. Il y avait donc tout à la fois dans cette législation un appel à la conscience en face de Dieu qui voit tout, et une invitation au respect pour les moindres prescriptions morales ou rituelles intimées par le Souverain Maître.

IV. L’ignorance, circonstance atténuante. — 1° Dans l’Ancien Testament, le mot Segâgâh est toujours pris dans son sens naturel, « ignorance, erreur, » de sâgag, <l errer. » Ainsi dans l’Ecclésiaste, v, 5, il est recommandé de ne pas chercher à faire passer son péché, hattâ' dh, pour une ignorance, Segâgâh. L’auteur sacré déplore également l’erreur, Segâgâh, du prince, non dans le sen’s de péché, mais dans celui d’inintelligence. Eccle., x, 5. Les versions traduisent quelquefois par t ignorance » ou appellent de ce nom ce que le texte hébreu nommerait < péché ». Au Psaume xxrv (xxv), 7 : « Oublie les fautes de ma jeunesse et mes transgressions, » elles rendent péSa', « transgression, » par o-yvota, ignorantia. Dans l’Ecclésiastique, xxiii, 2, 3, les mots âyvoTiiJict, â^voia, ignoràtio, ignorantia, sont mis en parallélisme avec les mots â(iaprri|ia, àjiapTi’a, delictum. Il y a donc tendance à atténuer la culpabilité en tenant compte de l’ignorance, c’est-à-dire de l’intelligence bornée de l’homme qui ne connaît jamais toute l'étendue du mal commis par lui. Ailleurs la faute commise par le prochain est appelée 'éxioux, ignorantia, une « ignorance » qu’il faut mépriser. Eccli., xxviii, 9. Il est vrai que la même ignorance peut diminuer le mérite : quand l’avare « fait quelque bien, c’est sans le savoir », iv >n6ï|, ignoranter. Eccli., xiv, 7. Les torts que les Juifs peuvent avoir vis-à-vis des rois séleucides de Syrie sont désignés par ces derniers sous le nom d' « ignorances », àyv< » i[j.(XTa, ignorantix. I Mach., xiii, 39 ; II Mach., xi, 31. En tête de la prière d’Habacuc, m, 1, l’expression 'al Sigînôf, qui indique en réalité un rythme particulier (Septante : (utô wSîjç), Aquila, Symmaque et la Quinta, suivis par saint Jérôme, ont traduit : « pour les ignorances, » en faisant venir le mot hébreu iesdgâh, « errer. » Du reste, l’idée d’en appeler à l’ignorance pour expliquer bien des fautes, et les excuser en partie, est déjà contenue implicitement dans les verbes sâgâg, Lev., v, 18 ; Ps. cxviii (cxix), 67 ; Job, xii, 16, Sâgdh, Proy., xix, 27 ; Ps. cxviii (cxix), 21, 118, tâ'âh, Ps. lvii (lvih), 4 ; cxviii (cxix), 110 ; Ezech., xiv, 11 ; xliv, 10, 15 ; XLViii, 11, etc., qui veulent dire « errer », et qui sont pris dans les textes cités avec le sens de « pécher ». — 2° Dans le Nouveau Testament, la plus grave de toutes les fautes est atténuée par l’ignorance. C’est Notre-Seigneur lui-même qui prie pour ses persécuteurs en disant : « Père, pardonnezleur, parce qu’ils ne savent ce qu’ils font. » Luc, xxiii, 34. Les Apôtres font aussi la part de l’ignorance dans le déicide commis par les Juifs. Act., iii, 17 ; xiii, 27 ; I Cor., ii, 8. Ils ne parlent pas ainsi en atténuant la vérité pour se concilier l’esprit d’auditeurs qu’ils veulent convertir, mais en s’inspirant des paroles mêmes du divin Maître. Saint Paul atteste que, lui aussi, quand il était persécuteur, il agissait par ignorance. I Tim., i, 13. Le même Apôtre-s’excuse d’avoir maudit Ananias, en disant qu’il ignorait qu’il fût grandrprêtre. Act., xxiii, 5. — L’ignorance n’est pourtant pas une circonstance atténuante pour les faux docteurs, qui dogmatisent sans savoir de quoi ils parlent. II Pet., ii, 12 ;

Judæ, 10.

H. Lesêtre.
    1. IHELOM##


IHELOM, IHELON (hébreu : Ya'èlàm ; Septante : 'Iey).o|i), le second des trois fils qu'Ésaù eut d’Oolibama, Gen., xxxvi, 5, 14, 18 ; I Par., i, 35. Dans ce dernier passage, la Vulgate écrit son nom Ihelom. Il est nommé le second parmi les 'allûf ou chef des Édomites. Gen., xxxvi, 18 ; I Par., i, 35. Sa mère était Horréenne. La Genèse, xxxvi, 1, porte que ses ancêtres étaient Hévéens, mais c’est une faute, et il faut lire Horréens, cf. ꝟ. 20, 24, 25. Oolibama appartenait par conséquent à la race qui possédait le mont Séir avant qu'Ésaù en prît possession. Voir Horréen, col. 757.

IIM (hébreu : ' îyyîm, « ruines, » cf. Jer., xxvi, 18 ; Septante : Box.(6y. ; Codex Alexandrinus : Aùeîti), ville de la tribu de Juda, située entre Baala et Ésem, dans la partie la plus méridionale de son territoire, dans le même groupe que Bersabée et Horma. Jos., xv, 29. Elle n’a pas été jusqu’ici identifiée. Keil, Josua, 1874, p. 126, suppose qu’elle occupait peut-être le site de Beit-Avva,

. Ija (cf. Ayeîjj., qui suppose la lecture dut, 'Awîm), dont

les ruines ont été retrouvées entre les montagnes et la plaine de Gaza par Ed. Robinson, Biblical Researches, Boston, -1841, t. iii, p. 10. On voit là des collines basses