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IDUMEE — IDUMÉENS

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permanentes, à défaut de rivières, permettent un peu de culture. C’est le désert dans sa pauvreté, ddmaine d’un petit nombre de tribus pastorales, là où ne règne pas une complète nudité. À l’est, se dresse une chaîne de montagnes granitiques, sillonnée de nombreux ravins que la saison des pluies transforme en fougueux torrents. Elle est très allongée ; sa largeur ne dépasse guère trente-cinq kilomètres, et son point le plus élevé, le Djebel Harûn, est à 1328 mètres au-dessus du niveau de la mer. C’est de ce sommet, qui en forme le centre, qu’on peut le mieux se faire une idée du massif tout entier. Voir Hor (Mont), col. 747. D’innombrables crevasses constituent les gorges étroites, les cavernes, qui oiTraient à Édom ces retraites cachées dont parle Jérémie, xlix, 10, 16. Au fond d’une de ces gorges les plus sauvages, est renfermée Pétra, si intéressante à visiter. Voir Pétra. C’est la force de ses citadelles bâties sur les rochers et de ses refuges inaccessibles qui faisait l’orgueil d’Édom. Malgré cela, Dieu lui annonçait ainsi sa ruine prochaine par la bouche du prophète Abdias, 3-6, qui dépeint si énergiquement le caractère même du pays :

L’orgueil de ton cœur t’a trompé,

Toi qui, demeurant dans les fentes des rochers,

Ayant pour habitation les lieux élevés,

Dis en ton cœur : Qui me fera tomber à terre ?

Quand tu t’élèverais comme l’aigle,

Quand tu placerais ton nid parmi les astres,

Je t’en ferais descendre, dit Jéhovah.

Outre les courants temporaires, la chaîne d’Édom a des sources nombreuses, qui entretiennent dans beaucoup de vallées une fraîcheur permanente, et y permettent un peu de culture. Le nom de Palsestina salutaris qui, au temps du bas-empire, fut appliqué à cette région, exprime bien sa nature par rapport aux déserts environnants. Le plateau qui s’étend à l’est se perd peu à peu dans les steppes de l’Arabie. Quelques rares endroits de cette contrée, aujourd’hui si complètement en dehors du monde civilisé, gardent encore les traces d’un passé bien différent. Il fut un temps où le commerce entretenait le mouvement et la vie au milieu de ces solitudes. Rome y porta son génie grandiose et pratique. Elle y ouvrit des routes, dont on retrouve encore les vestiges. Elle y construisit des villes, ou embellit celles qui avaient été fondées de toute antiquité. Elle éleva des monuments qui excitent encore l’admiration du voyageur. — Pour la partie septentrionale de l’Humée au temps des Machabées, voir Judée. Voir aussi Arabah, t. i, col. 820. — Cf. J. L. Burckhardt, Travels in Syria and theHoly Land, Londres, 1822, p. 403-456 ; Robinson, Siblical JResearches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 117-156 ; E. H. Palmer, The désert of the Exodus, Cambridge, 1871, t. ii, p. 428-447 ; E. Hull, Mount Seir, Londres, 1889, p. 85-96 ; Id., Memoir on the Geology and Geography of Arabia Petrsea, Londres, 1889, avec une carte géologique. — Pour l’histoire de l’Idumée, voir Iduméens. A. Legekdre.

    1. IDUMÉENS##

IDUMÉENS (hébreu : ’Ëdôm, Gen., xxxvj, 43 ; IV Reg., viii, 21 ; Ps. lxxxii (hébreu, lxxxiii), 7 ; ethnique, ’Adômî, Deut., xxiii, 7 ; avec l’article, hâ’-Adômî,

I Reg., xxi, 7, 9, 18, 22 ; III Reg., xi, 14 ; Ps, u (hébreu, lu), titre ; au pluriel, masculin, ’Adômtm, II Par., xxv, 14 ; xxviii, 17 ; féminin, ’Adômiyyôp, IIIReg., xi, l ; Septante i’ESwu., Gtn., xxxvi, 43 ; IV Reg., viii, 21 ; ’ISouuaîo ;, Deut., xxiii, 7 ; III Reg., xi, 1, 14, 17 ; IV Reg., xvi, 6 ; II Par., xxviii, 17 ; Ps. li, titre ; lxxxii, 7 ;

II Mach., x, 16 ; ’ISouiiasoi, II Par., xxv, 14 ; 6 Eûpo ?, appliqué à Doëg, I Reg., xxi, 7, 9, 18, 22, par suite de a lecture’Arammî, au lieu de’Adômi ; Vulgate : ldumxus), descendants d’Ésaû ou Édom et habitant le pays auquel il donna son nom. Gen., xxxvi, 43. Ils sont aussi appelés benê’Êsâv, « fils d’Ésaû. » Deut., ii, 4. Voir Idemée.

I. Histoire.

L’histoire des Iduméens peut se divi

ser en trois périodes : 1° depuis l’origine de la nation jusqu’à l’établissement de la royauté en Israël ; 2° de 1a royauté à la captivité de Babylone ; 3° de la captivité aux premiers siècles de l’ère chrétienne.

i"> période. — Ésaû, quittant la terre de Chanaan, où avaient vécu ses ancêtres, vint avec ses enfants et ses. biens s’établir dans la montagne de Séir, que Dieu lui avait assignée en partage. Gen., xxxvi, 6 ; Deut., ii, 5. Il dut pour cela vaincre, détruire ou chasser les habitants primitifs, les Horréens ou Ilorites. Deut., ii, 12. Voir Horréen, col. 757. Les anciens monuments de l’Egypte nous représentent les Aduma parmi les Schasu ou Bédouins pillards du désert, errant avec leurs troupeaux aux confins du pays des pharaons. Cf. W. Max Mûller, Asien und Europa nach altâgyptischen Denkmâlern, Leipzig, 1893, p. 135. Il ne s’agit peut-être que de quelques tribus édomites. Les enfants d’Ésaû, en effet, ne furent pas uniquement adonnés à la vie pastorale. Nous les voyons de bonne heure en possession de certaines villes, d’où leur vinrent plusieurs rois. Gen., xxxvi, 31-39. Dès ces premiers temps, l’Écriture nous les montre organisés sous certains chefs ou phylarques portant le nom spécial i’allûf, ’allûfîm. Gen., xxxvi, 15, 19. Elle nous donne aussi une liste de huit rois qui régnèrent successivement, puisque aucun nouveau monarque ne monte sur le trône qu’après la mort de son prédécesseur. Gen., xxxvi, 31-39 ; IPar., i, 43, 51. C’est un roi qui gouvernait le pays au moment de l’exode. Moïse lui envoya, de Cadès, des ambassadeurs pour lui demander l’autorisation de traverser son territoire. À une requête faite avec la plus grande délicatesse, le prince iduméen répondit par un refjs appuyé de menaces, qu’il se mit même en demeure d’exécuter. Num., xx, 14, 21 ; ’Jud., xi, 17. Moïse se retira, obéissant ainsi fidèlement à la parole du Seigneur, qui avait interdit aux Hébreux d’attaquer les fils d’Édom et ne voulait pas leur donner un pied de terre dans le pays de Séir destiné à ces derniers. Deut., Il, 4-6.

2e période. — Dès les débuts de la royauté en Israël, nous voyons les conflits commencer ou s’accentuer entr’e les Édomites et les Hébreux. Quel fut, en effet, le rôle des premiers pendant la période si troublée des Juges ? Nous ne savons. Saùl, ayant affermi son trône, combattit de tous côtés contre ses ennemis, au nombre desquels se trouvaient les Iduméens. 1 Reg., xiv, 47. il avait parmi ses serviteurs un Iduméen, Doëg, qui gardait ses troupeaux. I Reg., xxi, 7. Voir Doeg, t. ii, col. 1460. David, après une grande victoire dans la vallée des Salines, soumit le pays d’Édom, et y établit des garnisons. II Reg., viii, 13, 14. C’est à cette occasion que fut composé le Ps. nx (hébreu, lx). La situation était alors des plus critiques. Profitant de l’éloignement du roi et de son armée, qui tenaient tête en ce moment aux ennemis du nord, les Iduméens firent invasion dans le sudest de la Palestine. Les Israélites se trouvaient ainsi pris entre deux adversaires redoutables. Les Syriens une fois battus, David retourna toutes ses forces contre Édom, qu’il assujettit en lui enlevant une grande quantité d’or et d’argent. I Par., xviii, 9-13. Ésaû devenait donc le serviteur de son frère suivant la prophétie d’Isaac. Gen., xxvii, 40. À la suite de cette campagne, Joab demeura pendant six mois dans le pays vaincu, y exerçant les plus graves représailles. Au massacre des hommes échappa un enfant, qui plus tard revint et fut l’ennemi de Salomon. Ce fut Adad, de sang royal. LTI Reg., xi, 1422. Salomon n’en continua pas moins à gouverner la contrée, et équipa des flottes à Asiongaber et à Élath, sur la mer Rouge. III Reg., tx, 26 ; II Par., viii, 17. Il épousa des femmes iduméennes ! III Reg., xi, 1. Après le schisme des dix tribus, les Édomites restèrent sous la dépendance des rois de Juda. Sous Josaphat encore, ils n’avaient pas de rois nationaux, mais de simples vicerois envoyés de Jérusalem, et leurs ports de mer sur le golfe Élanitique étaient au pouvoir des Juifs. III Reg.,

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