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IDOLE


Molek, lui ont donné par dérision les points-voyelles de bôiêt, « honte. »

30° Nabo, Is., xlvi, 1, dieu babylonien. Il est partie composante dans plusieurs noms théophores : Nabuchodonosor, Nabusezban, Nabuzardan. Jer., xxxix, 13, etc. On suppose, sans preuve, que la montagne et les deux villes appelées Nabo ou Nébo sont des noms théophores apocopés.ll s’ensuivrait que Nabo était honoré aussi chez les Moabites.

31° Nanée, divinité persane. II Mach., i, 13, 15. Voir Antiochus IV Épiphane, t. i, col. 693, et Nanêe.

32° Nébahaz, dieu inconnu des llévéens. IV Reg., xvii, 31.

33° Nergel, idole des Cuthéens. IV Reg., xvii, 30. Son nom se retrouve dans Nergalsar’eser, Jer., xxxix, 3, 13, dont la Vulgate fait deux personnages : Neregel et Sereser. Nirgal, la planète Mars, semble avoir été représenté par les génies ailés à corps de lion, qu’on appelait aussi nirgallu.

34° Nesroch, dieu assyrien, encore inconnu, IV Reg., xix, 37 ; Is., xxxvii, 38, dans le temple duquel périt Sennachérib, assassiné par ses fils.

35° Priape, dans la Vulgate, III Reg., xv, 13 ; II Par., xv, 16, traduit l’hébreu mifléséf. Ce mot désigne un objet idolâtrique, consacré à 'ASêrâh par Maacha, mère d’Asa, et détruit par ordre de ce dernier.

36° Reine du ciel, melékét haSSâmaïm. Jer., vir, 18 ; xliv, 17, 18, 19, 25. C’est sans doute Vénus, appelée lstar, Astarthé, et en Arabie Athtar. Les inscriptions assyriennes nous font connaître une déesse de l’Arabie septentrionale nommée A-tar-sa-ma-in, « Athtar du ciel, » qui rappelle la Reine du ciel ; seulement l’Athtar arabe était une divinité masculine. Cl. Schrader, Keilinschriften und A. T., 2e édit., p. 414.

37° Remmon, dieu assyrien, « Rammânu, « adoré aussi à Damas. IV Reg., v, 18. Tabremon, roi de Syrie, III Reg., m, 18, Adadremmon, nom de ville, Zach., xii, 11, le contiennent comme élément composant.

38° Saturne. Cette planète, appelée en arabe kaiwàn, en assyrien kaiwànu, est reconnue par certains commentateurs dans Am., v, 26, où l’hébreu actuel a kiyûn. Les Septante ontlu : 'Paiçâv (Act., v, 43 : Téiiçav, 'Po[içâv). 39° Satyre, èe’irîm, « les velus, les boucs, » divinités probablement analogues aux faunes ou aux satyres, auxquelles plusieurs Juifs sacrifièrent dans le désert. Lev., xvii, 7 ; II Par., xi, 15 (Vulgate : dœmonia ; Septante : (ULraioi). Cf. ls., XIII, 21 (Septante : Satfuivta ; Vulgate : pilosi ; xxxiv, 14).

40° Socothbenoth, IV Reg., xvii, 30, idole importée en Samarie par les émigrants de Babylone.

41° Soleil, IV Reg., xxiii, 11 ; Deut., xvii, 3. Il est fait mention expresse de son char et de ses chevaux.

42° Thammuz, Ezech., viii, 14, Vulgate : Adotiis ; Septante : 0<xfiy.oj !  :. 43° Tharthac, IV Reg.. xvii, 31, dieu des Hévéens. 44° Zodiaque (Signes du), IV Reg., xxiii, 5, mazzâlôf, proprement « stations » du soleil ou de la lune.

Outre ces dieux, mentionnés comme tels dans l'Écriture, on trouve la trace de plusieurs autres engagés comme partie composante dans les noms théophores : par exemple le dieu-soleil égyptien Ra dans Putiphar^en.yxxxix, !  ; xli, 45, 50 ; le dieu-lune assyrien Sin dans Sênnachérib, IV Reg., xix, 16, etc. ; le Mars grec, Ares, dans Aréopage, "Apsioç itiYo ;  ; Apollon dans Apollophanes, II Mach., x, 37 ; Apollonius, I Mach., x, 74, etc. Mais ces rares vestiges sont le plus souvent trop incertains pour qu’il soit utile ou possible de les cataloguer ici sans discussion. Comment reconnaître sûrement la déesse assyrienne Anath, dans les vieux noms chananéens ou hébreux Anath (père de Samgar, Jud., iii, 31), Bethanath, Jud., i, 33, et Anathoth ? fférés est-il un dieu solaire, parce qu’il entre en composition dans har-hiérés, Jud., i, 35? En général il convient de se délier des noms théophores,

surtout de ceux qu’on appelle noms théophores apocopes ; ainsi, il n’est nullement certain que dans Bethsamès, Ensémès, etc., le second élément soit le dieu-soleil SéméS et que les noms de Samson ou Samsai, I Esd., vi, 8, soient dérivés de SéméS divinisé.

IV. Nature des idoles.

Dans l’Ancien Testament.

Les dieux figurés par les idoles sont dénués de

toute réalité. Leur nom est « vanité » Çàvén, 'ëlîl, hébél), « mensonge » (kezâbim) et « néant » ( lô'^yô'i lu ; lô"êl, Deut., xxxii, 21). Les idoles sont inutiles, impuissantes, aveugles, sans parole, sans vie, sans mouvement. « Elles ont une bouche incapable de parler, des yeux qui ne voient pas, des oreilles qui n’entendent point, un nei qui ne sent point, des mains qui ne sauraient palper, des pieds impuissants à marcher, un gosier privé de voix. » Ps. cxv (cxiii), 5-7. Voir Is., xlv, 20 ; xlvi, 1, 2 ; lvii, 13 ; Jer., x, 5 ; Bar., vi, 25 ; Ps. cxxxv (cxxxiv), 15-17 ; Sap., xv, 15, etc. Bien avant le faux prophète de la Mecque, la Bible donne en cent endroits la formule du monothéisme absolu : « Jéhovah est dieu et il n’y en a point d’autre. » Deut., iv, 35, 39, ; xxxii, 39 ; Is., xlv, 5, 18, 22 ; I Reg., ii, 2 ; I Par., xvii, 20, etc. Les idoles ne sont donc pas des dieux, puisque le vrai Dieu est unique. IV Reg., xix, 18, 19. Ce sont des « non-dieux ». Jer., v., 7 (W 'ëlohîm) ; Deut., xxxii, 21 (Jô" 'êl), des images mensongères, Hab., ii, 18, qui ont l’air de représenter quelque chose et ne répondent à rien de réel. Cf. Am., ii, 4. Aucun texte de l’Ancien Testament n’attribue aux' idoles une nature divine. Lorsque Jephté, s’adressant au roi des Ammonites, appelle Chamos « son dieu », il se borne à faire un argument ad hominem et ne parle d’ailleurs qu’en son nom personnel. Quand Jérémie dit, XLViii, 7 : « Chamos ira en captivité, ses princes et ses prêtres iront avec lui, » il entend par là l’image de Chamos qui existait réellement. De même Is., xlvi, 1. Les auteurs sacrés parlent du Dieu des Hébreux, Exod., iii, 18, etc., du Dieu d’Israël et des dieux des nations, sans reconnaître l’existence de plusieurs êtres divins, comnie nous parlons du Dieu des chrétiens, du dieu des mahométans et dès dieux de la Grèce ou de Rome, sans cesser d'être monothéistes. Pour eux, « les dieux des nations ne sont pas des dieux, mais de la pierre et du bois, l'œuvre de la main des hommes. » Is., xxxvii, 19 ; IV Reg., xix, 18. Mais, tout en niant la divinité des idoles, les écrivains sacrés reconnaissent parfois que ce sont les démons qu’on adore sous ces emblèmes. Deut., xxxii, 17 : « Ils sacrifièrent aux Sèdîm (Septante : Satjiovfot ;  ; Vulgate : dsemoniis) et non pas à Dieu ; » passage auquel saint Paul, I Cor., x, 20, semble faire allusion. Ps. evi (cv), 37 : « Ils ont immolé leurs fils et leurs filles aux Sêdîm » (Septante : SaïuWo !  ;  ; Vulgate : dsemoniis) ; Baruch, iv, 7 (immolantes dsemoniis, Sai[i<m’oi ;, et non Deo). Comparez aussi Ps. xevi (xcv), 5. — Quant aux Juifs qui se livraient à l’idolâtrie, ils croyaient naturellement à l’existence et au pouvoir des faux dieux et des « idoles », autrement ils ne les auraient pas adorés. Jer., xliv, 17, 18 ; Ose., ii, 7 (hébr. 5).

Dans le Nouveau Testament.

On trouve dans

saint Paul deux assertions contradictoires en apparence. Tantôt l’Apôtre refuse aux idoles toute existence réelle, tantôt il les identifie avec les démons : ce sont deux points de vue différents, mais également vrais. Nous savons, dit-H, que l’idole n’est rien au monde et qu’il n’y a qu’un seul Dieu, I Cor., viii, 4 : "Oti oùSèv e’Swî.ov èv xoa[Aw. Les meilleurs commentateurs regardent eï8u>ov comme le sujet, oûièv comme l’attribut. Cornely, Comment, in / Cor., p. 225. Il recommande néanmoins aux fidèles de s’abstenir des idolothytes' (voir ce mot), parce que les païens offrent leurs sacrifices aux démons. I Cor., x, 19-21. Cette même doctrine est enseignée dans l’Apocalypse, rx, 20. Les démons sont les auteurs du polythéisme, comme ils sont les inventeurs des hérésies, comme ils sont les fauteurs de tout désordre et de