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HYSOPE — HYSTASPE


Ce qui peut-être amenait on rapprochement entre le cèdre et l’hysope, c’est que leurs noms se trouvaient unis dans le rituel des purifications, et par là l’idée de l’un devait éveiller par contraste la pensée de l’autre. D’après d’autres auteurs, comme J. F. Roy le, On the hyssop of Scripture, dans le Journal of thevsiatic society, t.vm, p. 193, 212, et B. Tristram, The natural history of the Bible, in-12, Londres, 1889, p. 456, V’êzôb ne serait autre que le câprier, plante qui se trouve fréquemment en Egypte comme au Sinaf et en Palestine, croît dans les fentes des murs, et dont le nom arabe, ’asaf, offre une ressemblance avec le mot hébreu’êzôb. Mais la ressemblance des noms est par trop éloignée et la nature des lettres hébraïques se refuse à un passage régulier en’asaf. S’ils avaient reconnu cette identification, les Septante n’auraient pas traduit par vJuffcoJroc, mais par xmtitiipit, puisque c’est le nom du câprier en grec. h’Origanum Maru pousse aussi sur les vieux murs et remplit suffisamment les conditions demandées par le texte du troisième livre des Rois.

3° Le passage qui embarrasse le plus dans l’identification de l’hysope est celui do l’Évangile de saint Jean, Six, 29, où il est dit que, pendant la Passion, un des assistants, après avoir trempé une éponge dans le vin amer et épicé des soldats romains, la fixa à une branche d’hysope et l’approcha, des lèvres de Jésus. Les tiges de VHyssopus offtcinalis ou de YOriganum Maru, ou d’une des labiées d’espèce voisine, paraissent trop faibles pour servir de bâton et supporter le poids de l’éponge imbibée, Il est à remarquer que, dans les passages parallèles de Matth., xxvii, 48, et de Marc, xv, 36, à la place de wepiOévTeç ûo, a, coirtj), on lit ircp19eç xuXâjjuô. Le terme des synoptiques désigne un roseau d’espèce indéterminée et ne semble pas être l’équivalent d’une branche d’hysope. On peut concilier les synoptiques et saint Jean, en observant que pour l’aspersion on attachait trois rameaux d’hysope à un bâton de cèdre (Juniperus Oxycedrus) avec un fil d’écarlate, de façon à former un petit balai ou aspersoir qui s’appelait l’hysope, J. Maii, De purificatione, dans Ugolini, Thésaurus antiquitatum sacrarum, t. xxii, col. mxxi. On peut dire que le roseau ou bâton auquel on fixa l’éponge imbibée de vinaigre rappelait à saint Jean l’aspersoir ou hysope, imbibé du sang de l’agneau, qui servait à la Pâque. Un certain rapport symbolique qu’il voyait entre l’un et l’autre lui permettait d’appeler hysope le bâton avec son éponge.

Bochart, loc. cit., p. 592, pense qu’un bouquet d’hysope aurait été attaché au roseau, autour de l’éponge, ce qui, croit-il à tort, devait rendre le vinaigre amer. D’autres croient que saint Matthieu et saint Marc appellent la plante « roseau », parce qu’elle en remplit l’office ; qu’on ne trouvait pas de roseaux sur le Calvaire et que ceux qui présentèrent le vinaigre à Notre-Seigneur prirent la première chose qui leur tomba sous la main, que saint Jean, qui était présent à la scène, détermina avec précision la nature de la plante, tandis que les autres évangélistes ne la désignent que vaguement. Ces auteurs supposent que la croix étant très basse et les pieds du crucilié élevés au-dessus de terre d’environ 60 centimètres il suffisait pour atteindre les lèvres d’une tige d’hysope de 4C à 50 centimètres en même temps assez forte pour porter une éponge imbibée. J. Corluy, Commentarius in Evang. iS. Johannis, & édit., in-8°, Gand, 1880, p. 453 ; D. E. von Haneberj et P. Schegg, Evangelium iiach

Johannes, 2 in-8°, Munich, 1880, t. ii, p. 482 ; P. Schanz, Commentar uber dos Evangelium des h. Johannes, 2 in-8°, Tubingue, 1885, t. il. p. 559.

E. Levesquk.

HYSTASPE(*Y<rteé(TitTi ;, Hystaspas, Hydaspes), sage ou mage perse sous le nom duquel avait été publié à l’origine de l’Église une sorte d’apocalypse apocryphe ; on y lisait de prétendues prophéties relatives à Jésus-Christ et à son règne. Elle a pour but, comme les livres sibyllins, de faire prédire la religion nouvelle par des personnages païens. Cette apocalypse est rapprochée expressément des livres sibyllins par saint Justin, Apol. P, 20, t. vi, col. 357, le plus ancien écrivain connu qui en ait parlé : Kai S : éuX).a xa’Yarâenti ; YSvr|Ue<r8at tûv ç8apT(5v âvà>.w<rtv Seà mjpô ; efaaav ; « la Sibylle et Ilystaspe ont dit que le monde corruptible périrait par le feu. » — D’après saint Justin, Apol. /*, 44, col. 396, les chrétiens et les païens lisaient beaucoup Hystaspe, quoique la lecture en fût interdite sous peine de mort, mais cet écrivain ne nous apprend rien sur son contenu. Clément d’Alexandrie est un peu plus explicite dans ses Stromates, V, t. IX, col. 264, et la note, ibid. Ce qu’il dit est diversement interprété par les savants, mais il en résulte, en tout cas, qu’il existait au n » siècle un livre écrit en grec, *E>.>ï)vexï) (JiëXo ;, œuvre d’Hystaspe, i’Yot&<rx7]i ;, où les chrétiens trouvaient, plus clairement encore que dans les livres sibyllins, des prophéties relatives au Christ, à sa filiation divine, à ses souffrances, ] aux persécutions que devaient endurer ses disciples avec i une patience invincible et au second avènement du Saui veur. D’après Lactance, le troisième et le dernier des écrivains ecclésiastiques qui aient parlé de cet apocryphe dans ses écrits, Inst. div., vii, 15 et 18, t vi, col. 790, 795 ; cꝟ. 1007, Hystaspe était un roimède, qui vivait avant la guerre de Troie et qui donna son nom au fleuve Hystaspe ; il prophétisa la ruine de l’empire de Rome. Son nom est probablement celui du père de Darius I w, roi de Perse, et l’on réunit en sa personne, au moyen d’anachronismes et de beaucoup d’imagination, un certain nombre de légendes alors courantes. Ammien Marcellin, xxiii, 6, 32, édit. Teubner, 1874, t. i, p, 327, écrit au rve siècle, qu’Hystaspe, père’de Darius, rex prudentissimus, avait visité les Brahmanes de l’Inde et appris à leur école les lois des mouvements du monde et du ciel, et que, à son retour, il avait communiqué aux mages sa science religieuse et l’art de prédire l’avenir. Au VIe siècle, l’historien byzantin Agathias, Hist. libri V, t. ii, 24, édit. de Rome, 1828, p. 117, mentionne un Hystaspe contemporain de Zoroastre, mais sans l’identifier avec le père de Darius I er. L’auteur des prophéties divulguées sous le nom d’Hystaspe était probablement, à en juger par les légendes, considéré comme ayant vécu du temps de Zoroastre, et son écrit était une sorte d’adaptation du parsisme aux idées chrétiennes, mais les renseignements précis font défaut pour déterminer exactement l’origine, la forme, le contenu et les tendances de ses prédictions apocryphes. — Voir Chr. W. Fr. Walch, De Hystaspe ejusque vaticiniis, dans les Comment. Societ. Gotting. hist. et philosoph., t. ii, 1779, p. 1-18 ; Fabricius, ’Bibliotlieca græca, édit. Harles, 1790, t. i, p. 108 ; A. G. Hoffmann, dans Ersch et Gruber, Allg. Encyklopâdie, sect. ii, t. xiii, p. 71-72 ; C.Alexandre, Oracula sibyllina, 3 in-8°. Paris, 1841-1859, t. ii, , p. 257 ; Wagenmann, dans Herzog, Real-EncykU>pâdie t 2e édit., t. vi, 1880, p. 413-4L5. F. Vigouroux.