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HYSOPE


porte de leurs maisons. Exod., xii, 22. Dans la cérémonie de l’inauguration solennelle de l’alliance théocratique, Exod., xxiv, 8. il est dit qu’après avoir lu le livre de l’alliance, Moïse aspergea le peuple avec le sang des vic 164 - L’hysope officinal.

times : ce passage de l’Exode ne mentionne pas 1*’ezôb en cette circonstance, mais l’Epitre aux Hébreux, ix, 19, dit expressément que l’aspersion se fit avec l’hysope, de la même façon que dans Lev., xiv, 4, 6, etNum., xix, 6. Quand on expose les rites de la purification des lépreux, et ceux’qu’on observait dans la purification de la lèpre des maisons, Lev., xiv, 4, 6, 49, 51, 52, on demande d’apporter de. F’êzôb avec deux petits oiseaux, une branche de cèdre et une bandelette de laine écarlate : F’êzôb était trempé dans le sang d’un des oiseaux sacrifié et on en aspergeait sept fois le lépreux. De même, dans la purification de l’impureté légale contractée par le contact d’un cadavre humain, Num., xix, 6, après avoir immolé la vache rousse, on la brûlait en entier avec une branche de cèdre, un morceau d’écarlate et de F’êzôb ; avec les cendres, on préparait l’eau lustrale où l’on trempait F’êzôb pour l’aspersion des personnes, de la maison, et des meubles qu’elle renfermait. C’est par allusion à cet emploi de Y’êzôb dans les purifications et dans un sens figuré que David, dans le Ps. l, 9, demande à Dieu de le purifier par l’aspersion de F’êzôb. Pour ces aspersions avec le sang ou Feau lustrale, un petit faisceau de tiges parfumées d’une labiée, comme l’Hyssopus officinalis, ou YOriganum Maru ou quelque autre espèce voisiné, Convenait parfaitement. D’après Spencer, De legibus Hebrœorum ritualibus, in-4°, 1686, t. ii, c. xv, 4, et Bochart, Hierozoicôn, in-f°, Leyde, 1692, 1. 1, p. 589, des branches de ces plantes passaient pour avoir toutes les qualités d’un bon aspersoir. Or c’est bien une espèce d’Origanum ou d’un genre voisin que les anciens ont vu dans Y’êzôb. Dioscoride, iii, 30, nous apprend que la marjolaine, Origanum Majorana, avait en Egypte le nom de ao<p6, nom à rapprocher de l’araméen zufo et de Fhébren’êzôb. Les Septante traduisent invariablement le mot hébreu par ûacroicoç, qui paraît du reste en dériver. L’Épltre aux Hé breux accepte la traduction des Septante ; Josèphe, Bell, jud., VI, iii, 4, l’entend de même. La Vulgate a toujours le nom d’hyssopus. En rapprochant ces données des renseignements donnés sur YlSaaumot ; par Dioscoride, III, 30 ; Théophraste, Hist. plant., 117, et les talmudistes, on voit que les Hébreux et les Grecs entendaient par’êzob et ijo-ctmttoç, non seulement notre hysope, mais plusieurs espèces semblables et notamment YOriganum. Gesenius, Thésaurus, p. 57. Si, dans certaines contrées de la Grèce, et de l’Asie Mineure, on a connu YHyssopus officinalis, et si on l’a appelé vasoiitoç, dans l’Egypte et la Palestine au contraire, où il n’existe pas actuellement, on a donné ce nom à diverses espèces d’Origanum. Dioscoride, iii, 29, dit que l’origan héracléotique, appelé par quelques-uns Konîlê, a les feuilles pareilles à celles de l’hysope. S’il faut en croire un manuscrit de Dioscoride du Ve siècle, conservé à Vienne, la figure accompagnant la description de l’hysope représente une autre labiée, le Thynibra spicata. Actuellement en Palestine, quand on demande aux gens du pays de l’hysope, ils vous apportent YOriganum Maru (l’arabe ça’tar), ou quelque autre espèce d’origanum, ou même d’un autre genre de labiées voisin. I. Lôw, Aramàische Pflanzennamen, in-8°, Leipzig, 1881, p. 134-136.

2° Un autre caractère de Y’êzôb est indiqué dans III Reg., iv, 33 (hébreu, v, 13). Dans ce passage, où il est dit que Salomon disserta sur les arbres depuis le cèdre du Liban jusqu’à l’hysope, on mentionne cette dernière plante en ces termes « l’hysope qui pousse sur les murailles ». Cette opposition et cette particularité ont fait croire à quelques savants que l’hysope de ce verset devait être une espèce de mousse comme YOrthotricum saxatile, ou la Pottia trunculata selon Hasselquist et Linn*. dont la petitesse méritait mieux d’être opposée

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165. — UOriganum ifaru,

comme contraste à la grandeur du cèdre. Mais rien ne permet d’attribuer le nom d"êzôb à cette plante, et d’ailleurs il n’est pas nécessaire de s’arrêter à la plus petite herbe (les mousses et les petites graminées qui forment l’herbe des champs n’avaient pas de nom particulier) ; il suffit que, relativement au cèdre, ce fût une petite plante, bien connue et croissant souvent sur les vieilles murailles.