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HYPERBOLE — HYSOPE


riait prédire à Jacob par l’ange contre lequel il vient de lutter, qu’« aucun mortel ne pourra prévaloir en force contre sa race. »

La littérature des autres peuples orientaux nous offre beaucoup d’exemples analogues. — Dans le poème d’Amrou, dans le Moallakat, la puissance de la tribu arabe de Tagleb est décrite dans les termes suivants : « Nous remplissons la terre, et elle est trop étroite pour nous ; nos vaisseaux couvrent la surface des mers. Le monde est à nous, tout ce qui l’habite nous appartient, et lorsque nous attaquons, c’est avec une puissance à laquelle rien ne peut résister. À peine nos enfants sont-ils retirés de la mamelle, et déjà les héros les plus puissants se prosternent respectueusement en leur présence. » Dans S. de Sacy, Mémoire sur l’origine et les anciens monuments de la littérature des Arabes, dans lès Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. l, 1808, p. 260.

— Un Chinois, après avoir fait un voyage en Europe, racontant en vers à ses compatriotes ce qu’il y avait vii, leur dit que, à Londres, les maisons sont si hautes qu’on peut, « du toit, cueillir les étoiles. » Abel Rémusat, lu Kiao Li ou Les deux cousins, Préface, 4 in-12, Paris, 1826, t. i, p. 41. — Pour l’explication des hyperboles dans l’Écriture, on doit suivre les règles générales de l’herméneutique relatives au sens figuré et métaphorique. On a plus d’une fois fait contre l’Écriture des objections mal fondées, qui proviennent de ce qu’on a voulu prendre dans un sens rigoureux des expressions hyperboliques. Ainsi, Notre-Seigneur, se servant d’une locution proverbiale, dit que le grain de sénevé ou de moutarde est la plus petite des semences et qu’elle produit un grand arbre où habitent les oiseaux. Matth., xiii, 31-32. Cela signifie, en réduisant l’hyperbole de ce proverbe oriental, à sa juste valeur, que le grain de sénevé est un des plus petits, quoiqu’il y ait des graines plus petites encore, et que la plante devient assez grande pour qu’un oiseau puisse s’y percher, comme il le fait en effet. Voir Sénevé. F. Vigouroux.

    1. HYPERIUS André Gerhard##


HYPERIUS André Gerhard, théologien protestant hollandais. André Gheerærdt, surnommé Hyperius à cause du lieu de sa naissance, naquit à Ypres le 16 mai 1511, et mourut à Marbourg le l or février 1564. Élevé dans la religion catholique, il étudia à Paris et après avoir parcouru la France, les Pays-Bas et l’Allemagne, embrassa le protestantisme. Il habita pendant quatre années en Angleterre, puis vint se fixer à Marbourg où il enseigna la théologie. Voici ses principaux ouvrages : In Esaise prophète oracula annotationes brèves et eruditse, in-12, Bàle, 1574 ; Commentarius in Epistolas ad Timotheum, Titu’m et Philemonem, in-f°, Zurich, 1582 ; Commentarius in Pauli Epistolas, in-f°, Zurich, 1583 ; Commentarius in Epistolam ad Hebrseos, in-f », Zurich, 1585. Tous ces écrits furent publiés après sa mort par les soins de son fils. — Voir W. Orthius, Oratio de vita ac obitu clarissimi viri gravissimique theologi A. Hyperii, in-4°, Marbourg, 1564 ; Walch, Bibl. theologica, t. iv, p. 205, 672, 720, 725, 731 ; Valère André, Bibl. belgica, p. 49 ; Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, t. xvii, p. 185.

B. Heurtebize.
    1. HYPOCRISIE##


HYPOCRISIE. Le mot ûiuoxpKjiç, hypocrisis, désigne dans l’Écriture la disposition d’un homme qui feint d’être ce qu’il n’est pas, et particulièrement qui affiche les dehors d’une piété ou d’une vertu qu’il n’a pas. — Dans l’Ancien Testament, l’hypocrisie est dépeinte, mais sans qu’elle reçoive un nom spécial ; le mot *wn hanéf, que la Vulgate a souvent traduit par

Jiypocrita, Job, viii, 13 ; xiii, 16 ; iv, 34 ; xxvii, 8-9, etc., signifie proprement un impie et plus exactement encore un <t impur », immundus. Les exégètes regardent comme erronée dans ces passages la traduction hypo crita de la Vulgate. L’hypocrite s’applique à paraître pieux, humble, Eccli., xix, 23, sans s’appliquer à posséder ces vertus. Il loue Dieu avec ses lèvres, non avec son cœur, Is., xxix, 13 ; Matth., xv, 7 ; xxii, 18 ; Marc, vii, _6 ; il pose comme mortifié et son cœur est impur. Is., lviii, 3-6 ; Matth., vi, 16. Il veut paraître charitable et il ne l’est pas. Ps. xxvii, 3 ; Jer., ix, 8 ; Matth., vi, 2. Jésus-Christ dans l’Évangile a souvent dénoncé ce défaut, à l’occasion des Pharisiens remplis d’hypocrisie. Luc, ni, 1. C’était en effet le caractère des Pharisiens dé contrefaire aux yeux des hommes leurs dispositions intérieures, pour obtenir la considération et la faveur, Matth., xxiii, 5. C’est contre ce défaut que JésusrChrist s’est montré le plus sévère et a accumulé le plus de menaces. Matth., xxiii, 27-28. Saint Paul indique l’hypocrisie comme un défaut que le chrétien doit éviter.

I Tim., iv, 2 ; II Tim., ht, . 5. Cf. I Pet., ii, 1. Dans

II Mach., vi, 25, ûitôxpio-i ; signifie « dissimulation », comme Gal., ii, 13. P. Renard.

    1. HYPOCRITE##

HYPOCRITE (ûiroxpiT)] ;  ; Vulgate : hypocrita). Matth.., vi, 2, 5, 16 ; vii, 5 ; xv, 7 ; xvi, 3 ; mt.ii, 18 ; xxiii, 13-15, 25, 27, 29 ; xxiv, 51 ; Marc, vii, 6 ; Luc, vi, 42’; xi, 44 ; xii, 56 ; xiii, 15. La Vulgate emploie plusieurs fois le mot hypocrita dans l’Ancien Testament, Job, viii, 13, etc. ; Eccli., i, 37 ; Is., ix, 17 ; xxxiii, 14, mais le mot hébreu hânêf qu’elle rend ainsi n’a pas ce sens. Voir Hypocrisie. Dans le Nouveau Testament, Notre-Seigneur condamne surtout les hypocrites ou les Pharisiens qui font le bien par ostentation, non pour plaire à Dieu, Matth., xxiii, 5 ; ceux qui font consister la religion dans les observations légales, non dans la pureté du cœur. Matth., xv, 2-9.

HYRAX. Voir Chærogrylle, t. ii, col. 712.

    1. HYSOPE##

HYSOPE (hébreu : ’êzôb. cf. assyrien, zttpu ; ar.v méen, zufo ; arabe, zufa ; Septante, : ûduuntoç ; Vulgate :

I. Description.

L’espèce unique, Hyssopus officinalis Linné (fig. 164), est une herbe aromatique, comme la plupart des autres labiées, a tiges droites, un peu ligneuses à la base et formant un buisson nain. Les feuilles opposées, sessiles, à limbe entier lancéolé, vont en décroissant de grandeur jusqu’au sommet où elles donnent naissance à des fleurs axillaires, bleues ou rougeâtres, groupées en faux verticilles et formant dans leur ensemble une sorte d’épi interrompu vers la base. — On la rencontre dans toute l’Europe australe et elle s’avance en Orient jusqu’en Perse, où elle se présente sous une forme à feuilles un peu plus étroites qui avait été jadis distinguée spécifiquement (Hyssopus angustifolius Bieberstein ; Hyssopus orientalis Willdenow). — Comme le véritable hyssopus ne se trouve pas aujourd’hui dans la Syrie méridionale, plusieurs auteurs sont d’avis que le nom d’hysope a été attribué jadis à quelque autre plante aromatique de la même famille, notamment à ÏOriganum Maru Linné (fig. 165), qui n’en diffère que par des caractères botaniques peu appréciables pour le vulgaire et lui ressemble au contraire par ses propriétés essentielles. F. Hy.

II. Exégèse.

Comme on peut le voir dans Celsius, Hierobotanicon, in-12, Amsterdam, 1748, t. i, p. 407-448, les essais d’identification de cette plante ont été très nombreux. Depuis, de nouvelles hypothèses sont venues s’ajoutera celles qu’il mentionne ; mais aucune n’a rallié tous les suffrages. Pour rendre plus claire la discussion, nous partagerons les textes en trois catégories.

1° h" êzôb est spécialement mentionné dans les aspersions et purifications. Ainsi, d’après un des rites de la Pâque, les Hébreux devaient prendre une poignée ou un faisceau à"êzôb, le tremper dans le sang de l’agneau pascal, et en asperger le linteau et les deux poteaux de la