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HYÈNE — HYMNE


mot sabûa’est rendu fort probable par la similitude du mot arabe ddubbà, de l’hébreu rabbinique çetooa’et surtout par la traduction des Septante, tfaivot. La Vulgate traduit’aylt sabûa’par avisdiscolor, « oiseau bigarré. » Mais’ayit, qui vient de Ht, « se ruer, » peut désigner aussi bien une bête de proie, comme dans ce passage, qu’un oiseau de proie, comme dans Job, xxviii, "7 ; Is., xlvi, 11. Au lieu de sabûa’, la Vulgate paraît avoir lu séba’, « objet coloré. » Jud., v, 30. Frd. Delitzsch, Prolegomena eines neuen hebr. aram. Wôrterbuchs zum Â. T., Leipzig, 1886, p, 172, rapproche sâbûa’de l’assyrien fibû, « saisir, » et traduit’ayit $âbûa’par « oiseau

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163. — LTiyèDe.

Captif ». Le sens que nous avons attribué à l’hébreu s’harmonise mieux avec celui du verset précédent. Cf. Rosenmûller, Jeremias, Leipzig, 1826, t. i, p. 365. — La répulsion que l’hyène inspirait fait sans doute qu’elle n’est pas nommée souvent par les écrivains sacrés. Mais l’animal était autrefois aussi abondant qu’aujourd’hui en Palestine, comme le prouve le nom donné à une vallée, gê-hassebo’îm, « vallée des hyènes. »

I Reg., xiii, 18. Voir Seboïm. — On lit encore dans l’Ecclésiastique, xiii, 22, d’après la Vulgate : « Quelle union entre le saint homme et le chien ? » Les Septante lisent différemment : « Quelle paix entre l’hyène, ûac’vi], et le chien’! » Cette leçon représente plus sûrement le texte primitif que celle de la Vulgate ; le contexte la rend même nécessaire. Au lieu de ûafvi], la Vulgate a dû lire un autre mot, peut-être ifief. D’après W. Carpenter, Script, historia naturalis, dans Migne, Curs. Script. Sacr., t. ii, col. 681, il serait impossible de forcer de chien, même le plus féroce, à poursuivre une hyène.

H. Lesêtre.
    1. HYMÉNÉE##

HYMÉNÉE (’T[i£v « io ;  ; Vulgate : Hymeiweus), chrétien d’Éphèse, devenu l’un des premiers hérétiques. Il est nommé deux fois par saint Paul. I Tim., i, 20 ;

II Tim., Il, 17-18. La première fois, il est mentionné avec Alexandre (voir Alexandre 6, 1. 1, col. 351), comme ayant « fait naufrage dans la foi ». Dans le second passage, nous lisons que « Hyménée et Philète se sont éloignés de la vérité, en disant que la résurrection est déjà accomplie et en détruisant la foi de quelquestins ». L’Apôtre, I Tim., i, 20, « a livré (Hyménée et Alexandre) à Satan, afin qu’ils apprennent à ne pas blasphémer. » Ces dernières paroles montrent que saint Paul, en les excommuniant, se proposait de les corriger, mais nous ignorons quel fut le résultat de sa sentence.

Quelques commentateurs ont imaginé à tort deux Hyménée, l’un associé dans son erreur à Alexandre et l’autre à Philète. Rien n’autorise cette distinction. On s’accorde généralement à voir dans Hyménée un des premiers gnostiques. La tendance de ces sectaires consistait à mépriser le corps outre mesure ; ils niaient

qu’il dût ressusciter un jour ; ils entendaient la résurrection dans un sens spirituel et allégorique. Cf. S. Irénée, Hser., ii, 31, 2, t. vii, col. 825 ; Tertullien, De resurr., 19, t. ii, col. 820-821. Ce fut là l’erreur d’Hyménée. — Quant à la nature du châtiment qui lui fut infligé par saint Paul, l’opinion commune des anciens exégètes c’est qu’il s’agit simplement de l’excommunication. Cf. Cornélius a Lapide, Comm. in Cor., I Cor., v, 5, édit. Vives, t. xviii, 1858, p. Î86. Plusieurs exégètes modernes pensent que, en le livrant à Satan, l’Apôtre l’affligea en même temps d’une infirmité ou d’une maladie corporelle. Cf. Job, i, 6-12 ; ii, 1-17 ; Act., v, 5, 20. Il est difficile de se prononcer sur ce point.

    1. HYMNE##

HYMNE (Septante : ûixvdç ; Vulgate : hymnus). Ce mot, dans la langue ecclésiastique, désigne un petit poème qu’on chante en l’honneur de Dieu ou des saints. Saint Augustin, Enarr. inPs. lxxii, i, t. xxxvi, col. 914, le définit avec beaucoup de précision : Hymni laudes sunt Dei cum cantico. Hymni cantus sunt continentes laudes Dei. Si sit laus et non sit Dei, non est hymnus. Si sit laus et laus Dei et non cantetur, non est hymnus. Oportet ergo ut, si sit hymnus, habeat hsec tria : et laudem, et Dei, et canticum. « Hymne » n’a pas toujours cette signification dans les Septante et dans la Vulgate, où il est employé d’une manière assez vague.

I. Il traduit divers mots hébreux de sens différent dans les livres protocanoniques de l’Ancien Testament : — ! " Rinnâh, « cri, supplication, » I (III) Reg., viii, 28 (les Septante n’ont pas traduit le mot hébreu). — 2° Hallêl, « louer » (Septante : » )V£<rixv), I Par., XVI, 36 ; II Par., vii, 6 (û’uvoiç) ; I Esd., III, 11 (a"vo>). Voir Hallel, col. 404.

— 3° Neginâh « instrument à cordes, » Ps. lxi (lx), 1, neginâf (pluriel), Ps. lxvii (lxvi), 1. La Vulgate a traduit les Septante qui ont : iv û[ivocç. — 4° Tehillâh, « louange » (Septante : -JfiviSi ;) » P s - LXV ( L *IV), 2 ; (dans ce même Psaume, % 14, yaSîrû, « [les vallées] chanteront » est traduit par hymnum dicent [Septante : û|i.vi)<70u<riv]) ; Ps. C (xcix), 4 ; exix (cxviii), 171 ; cxlviii ; 14. — 5° L’impératif Sîrû, « chantez, » Ps. Cxxxvii (cxxxvi), 2, est traduit dans les Septante par ûjjivov âaxze, et dans là Vulgate par hymnum dicite, et le mot SU ; « chant, » employé une fois comme complément du verbe sîrû, et répété deux autres fois, ji. 3-4, est rendu en grec par < ! >8aÊ (2 fois), wSVj (1 fois), et en latin par cantiones (1 fois) et canticum (2 fois).

II. Dans les livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament, « hymne » est employé pour chant, cantique sacré en général. Judith, xvi, 15 (deux fois) ; I Mach., iv,

24, 33 ; xiii, 47, 51 ; II Mach., i, 30 ; x, 38 ; xii, 37. Dans la version grecque de l’Ecclésiastique, le ch. xliv, qui est le commencement de l’éloge des saints de l’Ancien Testament, est intitulé iraiépcov 0|ivoç. Le texte hébreu porte dVw msN mv, « éloge des pères d’autrefois. »

III. Dans le Nouveau Testament. —1° Le mot « hymne » doit s’entendre du hallêl, Matth., xxvi, 30 ; Marc. ; xiv, 26 (byM-liawezi ;). Voir Hallel, col. 404. — 2° Saint Paul appelle « hymne », comme les livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament, un chant sacré en l’honneur de Dieu ; Eph., v, 19 ; Col., iii, 16. — 3° Dans les Actes, xvi,

25, Paul et Silas, dans la prison de Philippes, chantent des hymnes (0[ivouv mv ©eov ; Vulgate : lavdabant Deuni) à assez haute voix pour être entendus par leurs compagnons de captivité. Ces hymnes étaient sans doute des Psaumes. Cf. I Cor., xiv, 15, 26 ; Jac, v, 13. Josèphe, Ant. jud., VII, xii, 3, désigne les Psaumes de David par les termes Cfivoe et <î>3a !. — Les Acta Johannis (dans les Texts and Studies, t. v, n » 1), Cambridge, 1897, p. 10-14, contiennent< un vJjivoapocryphe que Notre-Seigneur aurait chanté à la Cène. Saint Augustin, Ep. ccxxxvii, 2, ad Ceret., t. xxxiii, col. 1034, le mentionne comme étant en usage parmi plusieurs sectes hérétiques.

IV. Le mot « hymne » prit un sens plus précis pendant