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HOMICIDE — HOMME


tique le plus ancien de toute la Bible. Il à ses deux femmes :

Ada et Stella, écoutez ma voix,

Femmes de Lamech, entendez ma parole.

J’ai tué un homme pour ma blessure,

Un jeune homme pour ma meurtrissure,

Caïn sera vengé sept fois,

Et Lamech soixante-dix-sept fois.

Gen., IV, 23-24. Cf. S. Jérôme, Ep. xxxii ad Damas., 2-9, t. xxii, col. 453-456. Le meurtrier se vante d’avoir tué un homme qui l’avait blessé et d’avoir ainsi exercé une vengeance onze fois plus redoutable que celle de Dieu. Quelques commentateurs pensent cependant que Lamech se contente d’adresser une menace à quiconque le blesserait. Voir Lamech ; de Hummelauer, Cotnm. in Genesim, Paris, 1895, p. 191193. — D’autres homicides sont fréquemment mentionnés dans l’Ancien Testament. Job, xxiv, 14, parle de l’assassin qui se lève dès le point du jour pour tuer. Nathan, par un apologue saisissant, fait sentir à David le meurtre qu’il a commis. II Reg., xii, 7. Élie appelle Achab assassin, III Reg., xxi, 19, et Elisée traite Joram de fils d’assassin, IV Reg., VI, 32, qualificatifs justifiés par le nieurtre de Naboth. III Reg., xxi, 13. Antiochus IV Épiphane, le sanguinaire ennemi des Juifs, est également appelé de ce nom. II Mach., ix, 28. — Les homicides se multiplièrent chez les Israélites à mesure que l’idolâtrie se développa parmi eux. Les prophètes ont de nombreuses allusions aux assassinats qui se commettaient à Jérusalem et dans tout le pays. Is., i, 21 ; Jer., vii, 9 ; Ose., iv, 2 ; vi, 9 ; Ps. xçm (xerv), 6. Cf. Sap., xiv, 25 ; Rom., i, 29. — Dans les Proverbes, xxviii, 24, celui qui ôte à son père ou à sa mère ce à quoi ils ont droit est assimilé à l’homicide. — 2° Dans leNouveau Testament. — Satan est appelé par Notre-Seigneur s homicide dès le commencement », c’est-à-dire l’introducteur de la mort spirituelle et l’instigateur du meurtre dès l’origine de l’humanité. Joa., viii, 44. — Ce qui constitue la culpabilité de l’homicide, c’est qu’il vient du cœur, c’est-à-dire de la volonté. Matth., xv, 19 ; Marc, vii, 21. — Pendant la Passion, Barrabas l’homicide est préféré à Notre-Seigneur. Marc, xv, 7 ; Luc, xxiii, 19, 25 ; Act., iii, 14. — Dans la parabole du divin Maître, les vignerons homicides qui mettent à mort le fils de famille, Matth., xxii, 7, représentent les Juifs homicides du Christ. Act., vii, 52. — Non seulement les homicides sont frappés par la Loi, I Tim., 1, 9, mais ils sont exclus du salut éternel. Gal., v, 21 ; Apoc, IX, 21 ; xxi, 8 ; xxii, 15. Aussi saint Pierre recommande-t-il aux chrétiens de ne prêter à aucune accusation sous ce rapport. I Pet., iv, 15. — Saint Jean assimile l’homi « ide à la haine qui exclut de la vie spirituelle. I Joa., iii, 15. — Les païens eux-mêmes étaient persuadés que la divinité poursuit ici-bas le meurtrier. Aussi quand les Maltais voient saint Paul piqué par une vipère, à la suite de son naufrage, imaginent-ils que c’est un meurtrier en butte à la vengeance divine. Act., xxviii, 4.

H. Lesêtre.
    1. HOMME##

HOMME, être, vivant, composé d’un corps et d’une âme, crée par Dieu à son image et doué par lui de raison.

I. Noms dans l'Écriture. — L’homme est désigné en hébreu par cinq termes différents. — 1° din, Adam.

T T.

a) Ce nom est d’abord le nom propre du premier homme, le père du genre humain : 4 itpûToç dcvSpeoicoç 'ASdiu., « le premier homme Adam, » dit saint Paul, I Cor., xv, 45. Cf. Gen., iii, .17 ; Deut., xxxii, 8 ; Tob., vin, 8 (6) ; Eccli., xxxiii, 11 ; xxxv, 24 (?) ; XL, 1 ; xlix, 19 ; Ose., vi, 7 ; Luc, iii, 38 ; Rom., v, 14 ; I Tim., ii, 13, 14 ; Judæ 14. Dans Job^ xxxi, 33, la Vulgate, qui aurait dû conserver le nom d’Adam, a mis homo ; de même, probablement, Job., xxviii, 33 ; elle garde, au contraire, à tort le mot Adam, quand il fallait horno, Jos., xiv, 15 ;

Ose., xi, 4. — 6) Adam est devenu un appellatif, désignant tous les descendants du premier homme, le nom générique de la race humaine, appliqué soit à l’homme mâle soit à la femme, comme âvSpurcoc en grec et hotno en latin. Gen., i, 26, 27 ; v, 2 ; viii, 21 ; Deut., viii, 3, etc. Il s’emploie comme nom collectil, sans forme plurielle et sans forme féminine, quoiqu’il puisse être employé pour désigner exclusivement des lemmes, comme Num., xxxi, 35 : néfés 'âdâm min-hannâSîm ; Septante : çu^eà àvGpwTrojv àno tâv yuvarecov ; Vulgate : animes hominum sexus feminei. 2° wijN, 'ênôS, s’emploie collectivement comme 'âdâm

pour désigner l’homme en général, l’espèce humaine, mais il n’est guère usité que dans les livres ou morceaux poétiques et mis en contraste avec Dieu. Deut., xxxii, 26 ; II Par., xiv, 10 (11) ; Job, vii, 17 ; ix, 2 ; x, 4, 5 ; xv, 14 ; xxv, 4 ; Ps. viii, 5 ; Is., lvi, 2, etc. Ce n’est que par exception qu’il sert à désigner un individu, Job, v, 17 ; Ps. lv, 14. Dans un sens particulier, il signifie « le vulgaire, le' peuple ». Quand Isaïe dit, viii, 1, que Dieu lui ordonne d'écrire « avec un style d’homme », befiérét 'ënôS, il veut dire, « en langage populaire, qui puisse être compris par tout le peuple. » Cf. Hab., iii, 2. C’est dans le même sens que saint Paul écrit : xatâ àvSpevuov Xéyctv, Gal., iii, 15 ; àvSpwirevov Xéye « . Rom., vi, 19. Cf. Apoc, xiii, 18 ; xxi, 17. — Le pluriel 'ânâsim s’emploie de la même manière que le mot 'U, qui, d’après certains lexicographes, n’en est qu’une contraction. 'AnâSîm se dit des femmes comme des hommes, Jos., viii, 25, mais pour désigner spécialement la femme, 'énôs devient nrà, 'ièsâh, Gen., ii, 23, par contraction

T '

de 'inSdh ; à l'état construit : 'eiét ; pluriel, par aphérèse, nâSîm ; une fois, 'iëiôf. Ezech., xxiii, 44. 3° *>n, 'U ; Septante : àvifa ; Vulgate : vir, désigne soit

l’homme par opposition à la femme, soit un homme au caractère véritablement viril. « Parcourez les rues de Jérusalem, dit Jérémie, v, 1, regardez, informez-vous et cherchez si dans ses places vous trouverez 'iS, un homme ; » paroles qui rappellent celles du philosophe cherchant « un homme (a-uSpa) » dans les rues d’Athènes avec une lampe allumée. Hérodote, ii, 120 ; Iliad., v, 129. Dans Isaïe, xlvi, 8, le verbe dérivé, à la forme hithpahel, hifôSâSû, signifie : « soyez des hommes, conduisez-vous en hommes, » comme à-uSpiÇéaSe (Vulgate : viriliter agile) dans I Cor., xiv, 16. Cf. Septante, Jos.. i, 6, 9 ; Eccli., xxxv, 25 ; I Mach., ii, 64. Par extension ' « S signifie « mari », et aussi un homme appartenant à la haute classe. Ps. cxli, 4 ; Prov., viii, 4 ; Jer., xxxviii, 9. Il s’applique enfin quelquefois par exception aux hommes en général, dans le sens « chacun ». Exod., xvi, 29 ; cf. Marc, vi, 44. — Le pluriel 'îsîm ne se rencontre que trois fois, Ps. cxli, 4 ; Prov., viii, 4 ; Is., lui, 3. On emploie ailleurs à sa place le pluriel 'ânâéîni. 4° n33, gébér, a le même sens que 'is ; il désigne

comme lui l’homme viril, àv-^p, vir, Deut., xxir, 5, et ne s’en distingue guère que parce qu’il est surtout usité en poésie. Job, iv, 17 ; xiv, 10, 14 ; Ps. xxxiv, 8 ; XL, 4 ; iii, 9 ; xerv, 12. 5° D>nn, mefîm, pluriel du singulier inusité mat (cf.

assyrien, mutu ; ancien égyptien, met), qui désigne les hommes adultes par opposition aux femmes et aux enfants. Deut., ii, 34 ; iii, 6 ; Job, xi, 3 ; Is., iii, 25, etc. II se dit aussi des hommes en général. Ps. xvii, 14. Il n’est jamais employé pour désigner un individu comme homme et le singulier n’a survécu que dans quelques vieux noms propres : Mathusaël, e homme de Dieu, » Gen., iv, 18 ; Mathusala, « homme de trait. » Gen., v, 21.

II. L’homme d’après lYcriture. — Dieu i créa l’homme mâle et femelle », dit la Genèse, I, 27 ; ce qui ne veut pas dire, comme l’ont soutenu quelques commentateurs bizarres, qu’il créa d’abord un androgyne,