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HOLMES — HOLOCAUSTE

d’achever son œuvre. Elle fut terminée par J. Parsons. Tischendorf, Vetus Testamentum secundum Septuaginta, 2 in-8o, Leipzig, 1856, 1. 1, p. lii-lvi (7e édit., 1887, Proleg., t. i, p. M-42), a jugé sévèrement l’édition de Holmes et lui a reproché des inexactitudes, mais son travail mérite néanmoins des éloges. Cf. J. Armersfordt, De variis lectionibus Holmesianis, in-4o, Leyde, 1815.

HOLOCAUSTE (hébreu : ‘ôlâh, de‘âlâh, « monter, » d’après Gesenius, Thesaurus, p. 1029, parce que, dit Rosenmüller, Scholia in Lev., Leipzig, 1798, p. 9, dans l’holocauste, la victime monte sur l’autel pour y être consumée tout entière ; kâlîl, « chose parfaite, complète, » parce que l’holocauste est le sacrifice par excellence, Deut., xxx, 40 ; Ps. li (lii), 21, mot qui n’est employé que dans deux textes poétiques ; chaldéen : ‘âlât et gemîrâ’, « ce qui est complet, » mot qui désigne l’holocauste dans le Targum ; Septante : ὁλοκαύτωσις, Exod., xxix, 25 ; Lev., iv, 34 ; ὁλοχάρπωσις, Gen., viii, 20 ; Lev., iv, 24 ; ὁλοχάρπωμα, Lev., xvi, 24 ; κάρπωσις, Lev., iv, 10 ; Job, xlii, 8 ; χάρπωμα, Exod., xxx, 95 ; Lev., i, 4 ; ὁλοκαύτωμα, Hebr., x, 6 ; Philon : ὁλόχανστον ; Vulgate : holocaustum, holocautoma), sacrifice dans lequel la victime est « tout entière offerte à Dieu et consumée complètement par le feu sacré sur l’autel ». S. Jérôme, In Isai., t. xv, 56, t. xxiv, col. 542 ; In Ezech., xiv, 45, t. xxv, col. 453.

I. Les holocaustes à l’époque patriarcale.

Le texte sacré ne permet pas d’assurer que des holocaustes aient été offerts avant le déluge. Il est bien dit que le Seigneur jeta les yeux sur Abel et sur ses dons, Gen., iv, 4, ce que Théodotion traduit par le mot ἐνεπύρωσεν, le Seigneur « consuma » ses dons par le feu du ciel. Mais le texte ne parle pas de ce feu, et, fût-il tombé du ciel, qu’il n’y aurait pas eu là d’holocauste proprement dit, puisque les offrandes d’Abel n’étaient pas des animaux et que lui-même n’allumait pas le feu. Au sortir de l’arche, à la fin du déluge, Noé offrit en holocauste un représentant de tous les quadrupèdes et de tous les oiseaux purs qu’il avait avec lui. Gen., vii, 20. Abraham devait offrir son fils Isaac en holocauste, et, sur l’ordre de l’ange, il lui substitua un bélier. Gen., xxii, 2, 3, 6, 43. Jéthro, Exod., xviii, 12, et Job, 1, 5 ; xlii, 8, offraient à Dieu des holocaustes, et, au temps des juges, Jephté fit vœu d’offrir de cette manière ce qui viendrait tout d’abord à sa rencontre après sa victoire. Jud., xi, 31.

II. Les holocaustes sous la loi mosaïque.

La loi qui régit cette matière est formulée Lev., i, 447 ; Num., xv, 816, et commentée dans les traités Sebachim et Chullin de la Mischna.

I. LA MATIÈRE DES HOLOCAUSTES.

Trois sortes de quadrupèdes pouvaient figurer dans les holocaustes et il fallait qu’ils fussent mâles et sans défaut : le veau ou le taureau, l’agneau ou le bélier, et le chevreau ou le bouc. Lev., i, 3, 10. Ces animaux ne devaient être ni malades ni trop vieux ; le taureau ne devait pas dépasser trois ans, ni les deux autres quadrupèdés deux ans. Josèphe, Ant. jud., iii, ix, 1, dit que l’agneau et le bouc devaient avoir un an, mais que le veau pouvait être plus âgé. Parmi les oiseaux, la tourterelle et la colombe, probablement mâles lun et l’autre, pouvaient seuls être offerts en holocauste. Lev., i, 14. L’expression dont se sert le texte sacré, benê hay-yônâh, « fils de colombe, » paraît viser plutôt le sexe que l’âge des oiseaux.

II. LE CÉRÉMONIAL.

1o  Pour le veau ou le taureau.

Celui qui offrait l’holocauste, présentait la victime devant le tabernacle, lui imposait les mains sur la tête et ensuite l’égorgeait. Lev., i, 3-5. Ces préliminaires étaient accomplis par celui qui offrait le sacrifice. Josèphe, Ant. jud., iii, ix, 4, suppose également qu’ils l’étaient par un particulier, ἀνὴρ ἰδιώτης. Celui-ci agissait sans doute soit par lui-même, s’il en était capable, soit par un homme habitué à cette opération. Par la suite, on vit les prêtres égorger eux-mêmes les victimes des holocaustes. ii Par., xxix, 22, 24, 34, 35. Dans ces exemples, il est vrai, il s’agit de sacrifices publics. Mais il est à croire qu’avec le temps les prêtres se réservèrent, même dans les holocaustes particuliers, un office auquel ils étaient plus habitués que tous les autres et qu’ils purent faire accomplir par les lévites. Ezech., xliv, 11. La victime égorgée, les prêtres recueillaient son sang et le répandaient tout autour de l’autel. On enlevait alors la peau de la victime et on la coupait en morceaux. C’était encore, d’après la lettre du texte, celui qui offrait l’holocauste qui exécutait ces opérations. Ce furent plus tard les prêtres qui s’en chargèrent, d’autant plus volontiers, sans doute, que la peau de la victime leur revenait et qu’ils tiraient de là d’assez notables profits. De simples lévites furent parfois employés à écorcher et à découper les victimes. II Par., xxix, 34 ; xxx, 17 ; xxxv, 11. Cependant les prêtres avaient préparé le bois sur l’autel des holocaustes. Sur cet autel, voir t. i, col. 1268-1274. Ils plaçaient sur le bûcher tous les morceaux de la victime et les faisaient consumer par le feu. Au nombre des parties de la victime, le texte sacré spécifie la tête, la graisse, les jambes et les entrailles. Ces deux dernières parties avaient dû être lavées par les prêtres au préalable. Lev., i, 5-9. La tête est désignée nommément parce que les Hébreux avaient été habitués à voir les Égyptiens exclure de leurs sacrifices la tête des victimes, la charger d’imprécations et ensuite la vendre à des étrangers ou la jeter à la riviére. Hérodote, ii, 39. Quelques-uns croient que les pieds de l’animal étaient mis de côté, comme partie trop vulgaire. Mais Josèphe, Ant. jud., ii, ix, 1, dit expressément qu’on brûlait les pieds et les entrailles de la victime après les avoir nettoyés avec soin. Si les pieds n’avaient pas dû être brûlés, on ne voit pas pourquoi il aurait été prescrit aux prêtres de laver les jambes de l’animal, alors que pareille précaution n’était point prise pour les autres parties, sauf les entrailles. D’après les traditions juives, Chullin, vi, 1, on enlevait aussi à l’animal offert en holocauste le gîd nâšéh, le muscle ischiatique, qui s’attache à la hanche et commande le mouvement de la jambe, parce que Jacob avait eu ce muscle touché par l’ange et qu’en souvenir de ce fait les Hébreux s’abstenaient de manger cette partie des animaux, Deut., xxxli, 32, et en conséquence de l’offrir dans les sacrifices. On la jetait avec les cendres de l’autel. Josèphe, Ant. jud., ii, ix, 1, note aussi qu’on répandait du sel sur les parties de l’holocauste avant de les déposer sur l’autel. Cf. Gemara Menachoth, 21, 2. L’holocauste devait rester sur l’autel toute la nuit jusqu’au matin. C’est seulement alors qu’on débarrassait l’autel de ces cendres ; mais le feu ne devait jamais s’éteindre. Lev., vi, 1-6.

2o  Pour le bélier ou l’agneau et le bouc ou le chevreau.

Les cérémonies étaient les mêmes que pour le veau. Le texte sacré ne parle ici ni d’imposer les mains sur l’animal, ni de l’écorcher ; mais ces choses allaient de soi. Ces victimes devaient être égorgées au côté septentrional de l’autel. La raison de cette prescription se comprend. L’autel des holocaustes n’était pas placé tout à fait dans l’axe central du sanctuaire, mais un peu à gauche, vers le sud, de manière à ne pas trop masquer la vue du Saint et du Saint des saints, Le bord septentrional de l’autel se trouvait donc plus directement

« devant Jéhovah », et c’est en cet endroit qu’on immolait

tous les quadrupèdes de moindre taille. Lev., i, 1043.

  1. ° Pour les oiseaux.

Le prêtre sacrifiait l’oiseau, tourterelle ou colombe, sur l’autel. Pour cela, il lui retournait le cou et l’ouvrait avec l’ongle. Ensuite, il détachait la tête et la brûlait sur l’autel. Avec le sang, trop peu abondant pour une large aspersion, il arrosait seule-