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GALATE — GALATES (ËPITRE AUX)

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troupes, leur rappelle la bataille livrée contre les Galates en Babylonie. Les Macédoniens, c’est-à-dire l’armée du roi de Syrie, allaient être battus, quand les 6000 Juifs, qui servaient comme auxiliaires, remportèrent la victoire et défirent à eux seuls 120 000 Galates, à l’aide du secours que leur donna le ciel. Le résultat de cette victoire fut pour les Juifs d’obtenir un grand nombre de faveurs de la part des rois de Syrie. La Sainte Écriture ne s’explique pas sur la nature du secours que le ciel donna aux Juifs. S’agit-il (d’un orage, de grêle ou de tonnerre ? Nous l’ignorons. La bataille à laquelle il est fait allusion ici fut livrée dans la guerre qu’Antiochus III le Grand fit à Molon, satrape rebelle de Médie, qui avait à sa solde des mercenaires galates, comme en avait Antiochus lui-même. Polybe, v, 53. Cf. G. Wernsdorf, De republica Galatarum, in-8°, Nuremberg, 1743, p. 137 ; Id., Commentalio historico-critica de fide librorum Machabmorum, in-4°, Vratislav, 1747, p. 97 ; C. F. Keil, Commentât- ïtber die Bûcher der Makhabâer, in-8°, Leipzig, 1875, p. 361-362.

2° Les Galates sont encore nommés dans l'Épltre qui leur est adressée. Gal., iii, 1. « Galates insensés ! leur écrit l’Apôtre, qui vous a fascinés au point de vous empêcher d’obéir à la vérité, vous aux yeux de qui JésusChrist a été peint comme crucifié ? » Les Galates sont dépeints comme inconstants, se détournant promptement de celui qui les a appelés par la grâce de JésusChrist pour passer à un autre Évangile, et cela uniquement parce qu’il y a des gens qui les troublent et qui veulent renverser l'Évangile du Christ. Gal., i, 6-7. Ces adversaires de saint Paul et de l'Évangile étaient les Juifs et les judaîsants. Il y avait en effet un grand nombre de Juifs en Galatie. Josèphe, Ant. jud., XVI, vi, 2. Voir Galatie, Galates (Épitre aux).

E. Beurlier. GALATES (ÉPITRE AUX). - Titre et souscription. — Les manuscrits onciaux les plus anciens, N ABK et plusieurs minuscules, 3, 17, 37, 47, 80, 108, portent en tète de cette Épitre : irpo ; TaXaTa ;  ; d’autres ajoutent : ejci<jToXr|. Voir Tischendorf, Tfovum Testamentum grsece, editio octava major, t. ii, p. 627. Les manuscrits N AB*C, 6, 17, 135 ont pour souscription : npo ? yaXaxa ? ; quelques codex y ajoutent omo pu|iri ;, aito scpsaou, 51a tito-j, Sca titoo xat Xouxa, Bia tujjixou. Pour les souscriptions plus développées, voir Tischendorf, Nov. Test., t. ii, p. 662.

I. Destinataires dé l'Épitre. — Cette' lettre est adressée « aux églises de Galatie ». i, 3. Mais, ainsi qu’on l’a vu à l’article précédent, ce terme : Galatie, au temps de saint Paul, désignait ou le pays des Galates, ou la province romaine de Galatie. L'Épitre peut donc avoir été écrite aux Galates proprement dits, que Paul aurait évangélisés pendant son second et son troisième voyage missionnaire, Act., xvi, 6 ; xviii, 23, ou aux habitants de la province romaine de Galatie, c’est-à-dire aux Églises d’Antioche de Pisidie, d’Iconium, de Lystre et de Derbé, que Paul avait fondées, lors de son premier voyage missionnaire, Act., xiii, 14-xiv, 22, et qu’il visita ensuite à deux reprises. Act., xvi, 1-5 ; xviii, 23. Les deux opinions ont pour elle des défenseurs et des arguments de valeur, au point qu’il est difficile de prononcer un verdict définitif.

Reste à déterminer si les Galates, à qui la lettre était adressée, étaient Juifs ou Gentils, ou s’il y avait des uns et des autres et dans quelle proportion ils étaient. . Les Gentils ou les incirconcis étaient certainement en majorité, v, 2 ; vi, 12 ; iv, 8 ; iii, 28, 29. En effet, toute l’argumentation de l'Épitre tend à établir que les lecteurs ne doivent pas se faire circoncire, car ce n’est pas la circoncision qui justifie, mais la foi en Jésus-Christ. S’ils se font circoncire, le Christ ne leur servira de rien, S 2 ; s’ils sont au Christ, ils deviendront postérité d’Abraham, iii, 29. Cependant plusieurs textes prouvent qu’il

y avait parmi les lecteurs des Juifs de naissance et des prosélytes, ii, 15 ; iii, 13, 23, 25, 28 ; iv, 3. En outre, les lecteurs de l'Épitre devaient être très familiers avec l’Ancien Testament, et même habitués à la dialectique rabbinique ; autrement Paul n’aurait pas cité aussi souvent les Livres saints et appuyé presque toute son argumentation doctrinale sur l’autorité de l'Écriture. Si nous exceptons l'Épitre aux Romains il n’est aucune Épitre de saint Paul, où l’on trouve une aussi forte proportion de citations de l’Ancien Testament. Donc les destinataires de cette Épitre étaient en majorité des païens et pour la plupart probablement des prosélytes et une minorité de Juifs de naissance.

IL Occasion et but de l'Épitre. — L'Épitre aux Galates est une lettre toute de circonstance ; c’est donc en relevant les allusions qui y sont contenues, que nous pourrons retracer les rapports de Paul avec les Églises de Galatie et les circonstances qui ont donné naissance à cette lettre. Saint Paul avait évangélisé lui-même ces Églises, i, 8, 9, et cela, lorsqu’il souffrait de cette maladie, dont il parle aussi aux Corinthiens. II Cor., xii, 7. Malgré cet état, qui aurait pu faire de lui un objet de mépris et de dégoût, iv, 14, les Galates l’avaient reçu comme un ange de Dieu, comme Jésus-Christ. IV, 14. Il se souvient de leurs témoignages d’affection ; ils se seraient arraché les yeux pour les lui donner, iv, 15. Aussi les appelle-t-il ses petits enfants ; il souffre encore pour eux les douleurs de l’enfantement, iv, 19. Son ministère avait été fructueux, car les Galates avaient reçu le Saint-Esprit, iii, 2 ; des églises avaient été fondées ; des miracles avaient été faits parmi eux, iii, 5 ; Dieu avait envoyé dans leurs cœurs l’Esprit de son fils, iv, 6 ; ils couraient bien, v, 7. Après la première évangélisation Paul fit aux Galates, au moins une seconde visite, Gal., iv, 13, si l’on restreint le sens de np<Stepov, et déjà, peut-être, à ce moment s’aperçut-il que les sentiments des Galates étaient changés à son égard et que leur foi t’tait chancelante, puisqu’il eut besoin de l’affermir, Act., xvi, 5 ; xviii, 25, et que, dans sa lettre, il dit aux Galates : Gomme nous l’avons dit précédemment et maintenant je le répète : si quelqu’un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu qu’il soit anathème. I, 9. Il ne s’agit pas ici de ce que Paul vient de dire, car la répétition ne renforce pas la phrase précédente. Mais bientôt après Paul apprit que le mal avait fait des progrès nouveaux. Est-ce par une lettre ou par des délégués venus de ces Églises qu’il connut cet état ? Nous ne pouvons le savoir, mais l’Apôtre paraît très bien informé et certain de la vérité des renseignements qu’il a, car il ne paraît pas mettre un seul instant en doute leur exactitude. Des gens, venus probablement d’Antioche, avaient enseigné aux Galates un Évangile différent de celui de Paul, i, 6-8. Qui étaientils ? nous l’ignorons, car Paul en parle toujours à mots couverts et même assez dédaigneux ; il les appelle Ttve ;. i, 7. C'étaient des chrétiens d’origine juive, IV, 29 ; I, 3 ; vi, 12-17, et il est probable qu’il y en avait plusieurs ; cela ressort du pluriel employé à leur sujet, i, 7 ; iv, 17 ; v, 12 ; mais un d’entre eux prédominait et devait être un homme d’une autorité reconnue, car Paul dit de lui : Celui qui vous trouble, quel qu’il soit, en portera le jugement, v, 10.

La lettre de l’Apôtre nous indique très nettement par les réponses qu’il y fait la tactique de ses adversaires. Elle était dirigée contre son autorité apostolique et contre ses enseignements dogmatiques et moraux. — 1° On attaquait la vie apostolique de Paul et surtout son indépendance à l'égard des premiers Apôtres. Il n’avait eu à leur égard tout d’abord, c’est-à-dire après sa conversion, qu’une position subordonnée, 1, 1, 16-20 ; c’est d’eux qu’il avait reçu son enseignement et même, au concile de Jérusalem, il avait dû le leur soumettre, ii, 1-11 ; à Antioche, Pierre n’avait pas approuvé sa conduite avec