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HIÉRAPOLIS - HIÉROGLYPHIQUES (BIBLES)


quadrangulaires, incrustées de marbre, de cippolin et de jaspe, sont encore debout (fig. 146),

Nous avons visité les belles ruines d’Hiérapolis, au printemps de 1894. Voir E. Le Camus, Voyage aux sept Églises de l’Apocalypse, in-8°, 1896. La ville est bâtie sur une plate-forme, énorme masse blanche et crayeuse formée par les eaux pétrifiantes d’une source qui s'épand insensiblement par de petits ruisselets auxquels elle élève en marchant la double rive solide réglant leur cours. L’acide carbonique, qui tenait en dis HIÉRAPOLIS

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d’après C.ffuinann..

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147. — Plan d’Hiérapolis.

solution les sels dont les eaux alumineuses et sulfureuses sont saturées, s'évaporant à l’air libre, 'les sels calcaires se condensent et forment une épaisse croûte blanchâtre qui finit par agrandir rapidement la [plate-forme elle-même. C’est au midi, dans la partie surplombant la vallée que le phénomène de cette pétrification graduelle des ruisseaux tombant en cascades présente un aspect particulièrement pittoresque. La couleur ] très blanche du sol, formant autour des ruines sombres ou dorées parle soleil, comme une enveloppe de’coton, a fait donner par les Turcomans le nom de Pambouk Kalessi, « le château de coton, » aux vieux murs d’Hiérapolis.

Une grande rue encore très reconnaissable et en partie ornée d’une colonnade dorique traversait la ville. Sa direction était du levant au couchant où, au delà

PICT. DE LA BIBLE.

d’une porte à triple arceau, elle atteignait une immense et superbe nécropole. La demeure des morts a, mieux encore que celle des vivants, résisté à l’injure du temps et rien n’est plus intéressant que de suivre la longue série de tombeaux parfaitement conservés où, sans peine, on déchiffre encore les très curieuses inscriptions dont s’accommodaient les bons bourgeois d’il y a dix-neuf siècles. Deux théâtres, l’un au nord-ouest, plus ancien mais en mauvais état, l’autre au nord-est, encore presque complet, des vestiges de l’antique Nymphéum dominant la belle source aux eaux vert d'émeraude dont nous avons parlé, les salles voûtées d’un gymnase rappelant par leurs proportions ce que Rome édifia de plus gigantesque, sont à peu près ce qui reste des monuments païens d’Hiérapolis. Les ruines d'églises chrétiennes y sont plus nombreuses et non moins considérables. Bâties en pierre poreuse et sur la hauteur difficilement abordable même aux bêtes de somme, ces monuments n’ont pu être dévastés, comme ceux de Laodicée ou de Colosses qui étaient dans la plaine et construits en blocs de marbre fort recherchés pour faire de la chaux. Les ruines des trois vieilles basiliques chrétiennes que l’on rencontre, en suivant la grande rue d’Hiérapolis, se penchent, il est vrai, peu à peu, sous les secousses incessantes d’un sol mobile et vivement travaillé par des feux volcaniques, mais leur masse grandiose résiste toujours avec succès, comme ces robustes vieillards qui consentent avec peine à se courber sous le poids de l'âge, mais qui doivent fatalement finir par tomber tout à coup d’une irrémédiable et définitive ruine. On peut distinguer encore, sous leurs séculaires arceaux, des restes de peintures, des croix et le monogramme du Christ sculptés au-dessus des piliers. Les dispositions des églises grecques, embolos, bêma, prothèse, diaconium, s’y retrouvent pleinement conservées. Notre impression fut que c'était là les ruines, non pas les plus artistiques, mais les plus complètes que nous eussions trouvées en Phrygie. Il nous était particulièrement agréable de penser que, dans la grande rue où se voit encore la trace des chars, les hommes apostoliques étaient passés et que, ' dès le temps de saint Paul, dans ces maisons, aujourd’hui en ruines, s'était fondée une florissante communauté chrétienne. Hiérapolis, avec ses deux sœurs, Laodicée et Colosses, chacune sur sa hauteur, formant un triangle dans la vallée, à des distances où elles pouvaient correspondre par des signaux, constituèrent longtemps une sainte et glorieuse fédération. Toutes les trois, hélas ! sont absolument muettes et désertes. Hiérapolis conserve, il est vrai, ce que n’ont pas les deux autres, d’imposantes ruines, mais, comme elles, Hiérapolis n’a plus un seul habitant. Voir C. Humann, C. Cichorius, W. Judeich et Frz. Winter, Alterthûmer von Hiérapolis, in-4°, Berlin, 1898 ; W. M, Ramsay, Cities and Bishoprics ofPhrygia, 2 in-8°, Oxford, 18931897, t. i, p., 84-120. E. Le Camus

    1. HIÉROGLYPHIQUES (BIBLES)##


HIÉROGLYPHIQUES (BIBLES). - On donne ce nom à des livres destinés surtout aux enfants et contenant un choix de passages et d’histoires bibliques dans lesquels les êtres animés et les objets matériels, au lieu d'être nommés par des caractères écrits ou imprimés, sont représentés au naturel par des dessins en noir ou par des peintures. La figure 148] en donne une idée exacte. C’est le fac-similé d’une page de la première Bible hiéroglyphique, imprimée à Augsbourg en 1687, sous ce titre : Die geistliche Henens-Einbildungen in zweyhundert und fûnffzig Biblischen Figur-Sprûchen vorgestellet. Le Psalmiste, viii, 8-9, dit que « Dieu a tout mis sous les pieds de l’homme, les brebis, les bœufs et les animaux des champs, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer b. Dans la Bible hiéroglyphique, les pieds, les brebis, les bœufs, les bêtes sauvages, les oiseaux et les poissons sont figurés au lieu d'être nommés.

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