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GALAAD


jourd’hui sous le nom de 'Arâq-él-Émir, « la roche du Prince, » et ses grandes ruines font encore l’admiration des visiteurs ; elles sont à dix-sept kilomètres, nord-nordest, de Hesbân. Dans cette situation, Hyrcan fut comme le roi de la contrée. Il faisait la guerre aux Arabes, leur tuait du monde et faisait de nombreux prisonniers. Il se maintint ainsi sept ans, jusqu'à l’avènement d’Antiochus IV Épipharie (175). Redoutant la puissance de ce prince et des représailles, il se donna la mort. Josèphe, Ant. jud., XII, iv, 11. Cf. de Saulcy, Voyage en Terre Sainte, in-8°, Paris, 1865, p. 211-234. Les Juifs, établis dans les diverses localités de Galaad, y vécurent assez tranquilles jusqu'à la persécution d’Antiochus IV qui surexcita le fanatisme des Grecs et des Syriens. Ces païens maltraitèrent les Juifs. Juda Mâcha bée passa en Galaad, au sud du Jaboc, pour les réprimer. Il trouva Timothée, chef des Ammonites, à la tête de forces puissantes. Il lui livra de nombreux combats, finit par le réduire, s’empara de Jazer (Vulgate : Gazer) et de tous les pays des alentours et retourna en Judée. Tous les peuples de Galaad se réunirent alors et décidèrent de massacrer tous les Juifs vivant parmi eux. Timothée était le chef du mouvement. Ils commencèrent à mettre leur dessein à exécution dans le pays de Tubin (grec : Tn)610u, probablement l’ancien pays de Tob, au nord du Jaboc). Plus de mille hommes y périrent ; les femmes et les enfants furent réduits en esclavage et tous les biens pillés. Tous les autres Juifs du pays se réfugièrent dans la forteresse de Dathéman et écrivirent à Juda pour l’informer du péril extrême où ils se trouvaient. Juda et Jonathas son frère passèrent le Jourdain et s’avancèrent à trois journées de marche. Les Nabathéens leur racontèrent tout ce qu’avaient souffert leurs frères, leur firent connaître la situation critique des Juifs en Galaad et le dessein de leurs ennemis d’attaquer dès le lendemain les villes occupées par les Juifs et de s’emparer de toutes le même jour. Juda marcha toute la nuit avec sa troupe et sur le matin arriva à la forteresse ennemie. À sa vue, les ennemis, qui se préparaient à l’assaut, prennent la fuite. Juda les poursuit et en fait un grand carnage. De là, il se dirige sur Maspha, la prend, la brûle et en massacre tous ses habitants mâles. Il s’empare de même de la plupart des villes de Galaad. Timothée avait réuni une nouvelle et nombreuse armée composée d’Arabes mercenaires. Juda va à sa rencontre et le met en déroute. Voyant cependant que les Israélites n'étaient pas assez nombreux ni assez forts pour se défendre et se maintenir en Galaad en face de leurs adversaires, il les réunit tous avec leurs femmes et leurs enfants pour les emmener en Judée. Arrivé avec toute cette multitude à Éphron, les habitants de cette ville veulent l’empêcher de passer outre. Juda en fait immédiatement le siège, la prend d’assaut le lendemain matin, la rase, passe sur les cadavres de ses habitants et va franchir le Jourdain en face de Bethsan (164). I Mach., v, 1-62. Galaad retombe au pouvoir des Arabes et des Gréco-Syriens. — Alexandre Jannée, devenu roi de Judée (106-79), y fait plusieurs expéditions militaires et, malgré quelques échecs, finit par le réduire. Les habitants de Pella ayant refusé de se soumettre à la religion des Juifs, leur ville fut détruite. Josèphe, Ant. jud., XIII, xv, 3-4 ; Bell, jud., i, iv, 3. — Bientôt après les armées de Rome envahirent la contrée et Pompée passa par Pella pour aller assiéger Jérusalem (63). À son retour, il rendit l’indépendance aux villes soumises par Alexandre. Le nom de Galaad disparaît ; il est remplacé par celui de Pérée. La Pérée unie à la Cœlésyrie est souvent confondue avec elle et elle est placée sous le gouvernement d’un prêteur romain. Ant. jud., XIV, iii, 4 ; iv, 4 ; Bell, jud., i, vi, 5 ; vii, 7. Gabinius y érigea deux tribunaux (ouvISpia) pour l’administration du pays, l’un à Gadara, l’autre à Amathonte. Ant. jud., XIV, v, 4 ; Bell, jud., i, viii, 5. Les principales

villes de la Pérée, Gérasa, Gadara, Pella, Abila, Dios, s’unirent aux villes des pays voisins de Gaulanitide, de Batanée, de Galilée et formèrent une sorte de confédération connue sous le nom de Décapole. Voir Décapole, t. ii, col. 1333-1336. Auguste joignit Gadara au royaume d’Herode. Ant. jud., XV, vii, 3. À la mort de ce prince, la province de Pérée, s'é tendant de Pella à Machéronte, fit partie de la tétrarehie d’Hérode Antipas ; mais Gadara, qui était une ville grecque, fut réuni à la Syrie (39). Ant. jud., XVII, xi, 4 ; Bell, jud., II, vi, 3.

Depuis Jésus-Christ.

Sous les Hérode, les Juifs

se rétablirent en colonies en Décapole et en Pérée. Un grand nombre d’entre eux vinrent écouter les enseignements de Jésus. Math., iv, 25 ; Marc, iii, 8. Le Seigneur se rendit plus d’une fois au milieu d’eux. Marc., vii, 31 ; x, 1. Jean avait baptisé Jésus dans cette partie de la Pérée qui appartenait à la Gala.iditide largement entendue. Joa., i, 28 ; iii, 26 ; x, 40. Machéronte, où Jean fut emprisonné et mis à mort par Hérode Antipas, était de la même contrée. Josèphe, Ant. jud., XVII, v, 2. Lorsque ce prince eut été exilé dans les Gaules, la Pérée fut annexée au royaume d’Hérode Agrippa (39-44). Ant. jud., XVIII, vii, 2 ; Bell, jud., II, ix, 6. À sa mort, la région transjordanienne retomba sous la domination directe de Rome. Ant. jud., XIX, ix, 2. Le massacre des Juifs à Césarée par les Syriens, sous le procurateur Florus, provoqua le soulèvement des Juifs de la Pérée ; ils tuèrent une multitude de païens, à Gérasa, à Pella, à Philadelphie, à Hésébon et dans tout les pays des alentours. Les Syriens exercèrent des représailles (64). Bell, jud., II, xviii, 1-2. Les Juifs de Jérusalem organisant le pays, après la défaite de Cestius et des troupes romaines, nommèrent Manassé préfet de Pérée (65). Bell, jud., II, xx, 4. Pella était la capitale de la toparchie formée dans cette région. Bell, jud., III, iii, 5. Vespasien, aussitôt arrivé pour réprimer la révolte de Judée, vint à Gadara, métropole de la Pérée, où il fut accueilli par une partie de ses habitants comme un libérateur. Il chargea son lieutenant Placide de soumettre le reste de la Pérée. Bell, jud., IV, vii, 3-6. L’ancien pays de Galaad, pendant toute la durée de la guerre, donna l’hospitalité à la chrétienté de Jérusalem. Avertis par les prophéties de Jésus, les fidèles conduits par leur évêque Siméon, fils de Cléophas, s'étaient retirés à Pella où sans doute se trouvaient déjà d’autres disciples du Seigneur (67-70). Eusèbe, H. E., iv, 5, t. xx, col. 221-224 ; S. Épiphane, Advers. hær., xxix, t. xli, col. 401 ; De mens, et pond., xv, t. xliii, col. 261. — La guerre finie, des colonies gréco-romaines s'élevèrent en tout lieu, Vmm-Keis (Gadara), Fahêl (Pella), Beit-Râs (Capitolias), Irbid (Abila), DjéraS (Gérasa) surtout, avec les ruines de leurs temples, de leurs théâtres, de leurs bains, de leurs palais et leurs immenses portiques, témoignent combien grande fut leur splendeur et le luxe de leur civilisation. De nombreuses voies de communication, dont on peut encore suivre les traces, les reliaient entre elles.

Le christianisme, qui n’avait point quitté le pays avec Siméon reconduisant son peuple à Jérusalem, s’y développa à la faveur de la liberté et de la protection qu’accordèrent aux chrétiens les empereurs de Byzance (325-636). Les noms de Gadara, Pella, Abila, Philadelphie ("Amman), Esbus (Hésébon), Mâdâba, Livias et de plusieurs de leurs évêques, se lisent dans les actes des anciens conciles ou sur les listes des villes épiscopales du patriarcat de Jérusalem. Voir Le Quien, Oriens christianus, in-f », Paris, 1740, t. iii, p. 698-719 ; Ad. Reland, Palxstina, t. I, cap. xxxv, in-4°, Utrecht* 1714, p. 214-229. Pendant cette période, les souvenirs bibliques de l’antique terre de Galaad y attirèrent souvent les pèlerins. Sainte Sylvie, ou la pèlerine du rv » siècle désignée sous ce nom, après avoir visité Livias (l’ancienne Bétharan, aujourd’hui 1 éllrRâméh), centre du campement desHébrsux avant le