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HÉTHÉENS

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pollion, Monuments de l’Egypte et de la Nubie, pl.xxvi ; cf. aussi Rosellini, Monunumti storici, pl. cm. — Deux textes importants nous montrent l’existence de l’état féodal chez les Héthéens. Le premier est tiré du récit de la bataille de Qodsou ou Cédés, représentée t. ii, fig. 114, col. 367. « (Le prince des Khiti) recule de terreur. Il lance alors des chefs nombreux suivis de leurs chars et de leurs gens exercés à toutes les armes, le chef d’Orad, celui deLycie, le chef d’Ilion, celui des Lyciens, celui des Bardaniens, le chef de Charcamis, celui des Girgaschi, celui de Khaloupdu ; ces alliés des Khiti, réunis ensemble, formaient trois mille chars. » Papyrus Sallier iii, pi. viii, lig. 6 et suiv. ; E. de Rougé, £e Poème de Pentaour, dans la Revue égyptologique, t. vii, p. 27-28. L’autre texte nous est fourni par la lettre où DouSrattâ, roi de Mitani, à l’époque de la xviii" dynastie, raconte la révolte de son frère Artassoumara au pharaon Amenhotep III ;

ne prouve rien ; c’est là un phénomène qui se produit invariablement dans le mélange des peuples. Puisque les Héthéens s’établirent au nord de la Syrie, ils durent naturellement emprunter des mots à là langue des populations au milieu desquelles ils vivaient. — La seconde opinion, admise par la grande majorité des savants, soutient que les Héthéens étaient à l’origine des populations non sémitiques, qu’ils descendirent des contrées septentrionales, et envahirent la Syrie où ils furent absorbés par les Sémites ; Sayce, The hamathite inscriptions, dans les Transactions of the Society of lical Archœology, t. v, 1877, p. 27-29, et The monuments of the Hittites, ïbid., t. vii, 1882, p. 251-252, 288-293 ; Fr. Lenormant, Les Origines de l’histoire, t. ii, p. 267 ; Ed. Meyer, Geschichte des Alterthums, Stuttgart, 18841893, t. i, p. 213, et Geschichte des alten Aegyptens, Berlin, 1887, p. 226 ; Max Mùller, Asien und Europa,

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143. — Char héthéen. Ibsamboul. D’après Champollion, Monuments) de l’Egypte, 1. 1, pl. xxvi.

il mentionne les secours qu’un des chefs voisins, Prikhi, et le Khiti entier accorda à ce personnage. Voir la lettre de Dousrattâ à Amenhotep III, dans Winckler-Abel, Der Thontafelfund von El-Amarna, n » 9, p. 22-23 ; cf. Delattre, Lettres de Tell eUAmarna, dans les Proceedings of the Society of biblical Archseology, 1892-1893, t. xv, p. 118-122.

IV.. Ethnographie. — À quelle race appartenaient les Héthéens ? Malgré toutes les recherches entreprises à ce sujet, on n’est pas actuellement en état de résoudre le problème d’une façon définitive. Il faut nous borner à enregistrer les différentes opinions, en insistant sur le degré de probabilité plus ou moins grand qu’elles présentent. Certains auteurs ont prétendu que les Héthéens étaient des Sémites. C’est la thèse de M. Halévy, La Langue des Hittites d’aprte les textes assyriens, dans les Recherches bibliques, p. 270-288, et Deux inscriptions héthéennes de Zindjirlî, dans la Revue sémitique, t. i, p. 242-258. La principale raison de cette opinion est tirée de la linguistique ; on s’appuie sur les documents de l’époque assyrienne, lesquels attestent que les Héthéens possédaient un certain nombre de mots sémitiques. Cette opinion est presque universellement abandonnée à l’heure actuelle ; la présence d’un certain nombre de mots sémitiques dans la langue héthéenne

DICT. DE LA. BIBLE.

p. 317 ; Winckler, Geschichte Isræls, Berlin, 1895, t. r, p. 134-136 ; Maspero, Hist. anc., t. ii, p. 353, note 4 ; Lantsheere, De la race et de la langue des Hittites, dans le Compte rendu du congrès scientifique international des catholiques, 1891, vi* section, p. 173 et suiv. Cette opinion s’appuie surtout sur trois arguments : 1° lés représentations conservées sur les monuments égyptiens ; comme nous l’avons déjà dit, on y distingue deux groupes de types, absolument distincts au point de vue anthropologique : le sémitico-chananéen, et l’héthéen ; 2° la diversité des langues ; à côté des documents en langue sémitique, les tablettes de Tell el-Amarna contiennent d’autres documents écrits en une langue qui n’a aucune affinité avec les idiomes sémitiques ; or un de ces fragments est précisément un message du roi Tarhundaraus, dont le nom est purement héthéen ; 3° un détail qui, bien qu’insignifiant en apparence, serait un des indices les plus caractéristiques de l’origine septentrionale des Héthéens : c’est la forme de leurs chaussures ; nous avons déjà vu que les chaussures des Héthéens se terminaient par une pointe très recourbée. Voir t. ii, fig. 202, col. 584. Ce détail a été signalé pour la première fois par Sayce. Cf. Wright, The empire of the Hittites, l re édit., Londres, 1884, p. xii-xin. D’autre part ce détail se retrouve sur la plu III. - 22