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HÉRODIADE — HÉRON


qu’elle demanderait, fût-ce la moitié de son royaume. Salomé consulta sa mère et, sur la prière de celle-ci, demanda la tête de Jean-Baptiste. Le roi attristé se crut obligé de tenir son serment. Le prisonnier fut décapité et sa tête fut apportée sur un plat. Le roi la remit à Salomé et la jeune fille à Hérodiade.- Matth., xiv, 6-12 ; Marc, vi, 19-29 ; Josèphe, Ant. jud., XVIII, v, 2. E. Schûrer, Geschichte des Jûdischen Volkes im Zeitalter Jesu-Christi, t. i, 1890, p. 361, 362, n. 19, dit que c’est par erreur que les évangélistes font d’Hérodiade la femme de Philippe. Josèphe, en effet, ne donne pas ce surnom à l’Hérode qui fut le premier mari d’Hérodiade et il manque dans le codex D, au passage de saint Matthieu. Cela ne prouve pas que ce prince n’ait pas porté ce surnom, tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’il ne nous est pas connu par d’autres textes. D’autre part, il est également certain qu’il ne s’agit pas du tétrarque Philippe qui épousa Salomé. Voir Hérode 5. Le mariage d’Hérode Antipas et d’Hérodiade avait été décidé lors d’une visite qu’il fit à son frère en allant à Rome, Il avait été convenu entre Hérodiade et Antipas que celui-ci, à son retour, répudierait la fille d’Arétas. Celle-ci, avertie de ce dessein, demanda à son mari d’être envoyée à Machéronte, forteresse située à l’est de la mer Morte, près du royaume de son père. Antipas n’osa lui refuser cette permission. Elle en profita pour se réfugier auprès de son père qui dès lors devint l’ennemi de son gendre. Antipas épousa immédiatement Hérodiade. Josèphe, Ant. jud., XVIII, v, 1. D’après le même Josèphe, ibid., c’est aussi à Machéronte qu’Hérodiade obtint la tête de Jean-Baptiste. Voir Jean-Baptiste. Lorsque Antipas fut exilé dans les Gaules, Hérodiade préféra suivre son mari plutôt que de rester avec son frère Agrippa I « r, Josèphe, Ant. jud., XVIII, vii, 2 ; c’est là qu’elle mourut.

E. Beurlier.

    1. HÉRODIENS (’HpuSiavoc)##


HÉRODIENS (’HpuSiavoc), partisans d’Hérode. Ils ne sont nommés que trois fois dans le Nouveau Testament, et seulement par les deux premiers évangélistes, Matth., xxii, 16 ; Marc, iii, 6 ; xii, 13 ; il n’en est question ni dans Josèphe ni dans aucun autre historien. (On peut cependant voir une allusion aux Hérodiens, d’après quelques exégètes, dans Josèphe, Ant. jud., XIV, XV, 10, và-jî Ta’HptiSou <f povouvTa ;.) Il est assez difficile de savoir ce qu’ils étaient véritablement. Saint Matthieu, xxii, 26, et saint Marc, xii, 13, nous apprennent qu’ils s’étaient joints à Jérusalem aux Pharisiens pour demander à Notre-Seigneur si l’on devait payer le tribut à César. Saint Marc, m, 6, nous les montre aussi, en Galilée, d’accord avec les mêmes Pharisiens pour chercher à perdre Jésus. Cf. également Marc, viii, 15. On peut induire de là] qu’il y avait une certaine entente entre eux et les Pharisiens.

— 1° Les uns ont supposé que [les Hérodiens étaient les Juifs qui s’étaient attachés à la dynastie des Hérodes, soit parce que, par patriotisme, ils voyaient en elle le moyen de sauvegarder leur indépendance vis-à-vis de Rome et de ne pas tomber ainsi sous la domination des païens, soit parce que, partisans d’un rapprochement avec la civilisation hellénique et romaine, ils croyaient qu’Hérode réaliserait leurs vœux. Cf. Origène, Comtn. in Matth., tom. xvii, 26, t. xiii, col. 1553, et la note de Huet, ibid. C’était donc un parti politique plutôt qu’un parti religieux et il pouvait compter dans ses rangs des Sadducéens comme des Pharisiens. — 2° Quelques anciens écrivains ecclésiastiques ont dit que les Hérodiens regardaient comme le Messie soit Hérode Antipas (Cramer, Catense Grsecorum Patrum in Novum Testamentum, Oxford, 1840, p. 400 ; Thésaurus linguse grsecæ, édit. Didot, t. r% 1841, p. 203) ; soit Hérode Agrippa (S. Philastre, Hser., xxviii, t. xii, col. 1138) ; soit même . Hérode le Grand (S. Épiphane, Eeer. xx, 1, t. xli. col. 269). Voir aussi Tertullien, De prsescript., 45, t. ii, col. 61. Ce sont là sans doute des hypothèses qui ne reposent sur aucune tradition sérieuse. Saint Jérôme, qui

dans son Dial. cum, Lucifer., 23, 1. 1, col. 178, rapporte simplement que « les Hérodiens reçurent le roi Hérode comme le Christ », juge sévèrement cette opinion dans son commentaire sur saint Matthieu, xxii, 15, t. xxvi, col. 162, et la traite de « ridicule ». D’après lui, les Hérodiens sont les soldais d’Hérode ou ceux qui payaient le tribut aux Romains.

    1. HÉRODION (’HpwocMv)##


HÉRODION (’HpwocMv), parent de saint Paul, à qui l’Apôtre envoie ses salutations dans l’Épitre aux Romains, xvi, 11. Le Pseudo-Hippolyte le fait évêque de Tarse. D’après les Grecs, qui célèbrent sa fête le 8 avril, c’était un des soixante-douze disciples et il devint évêque de Patras, en Achaïe, où il souffrit le martyre dans une sédition suscitée par les Juifs. Voir Acta Sanctorum, aprilis t. i, p. 741 ; M. Le Quien, Oriens christianus, 3 in-f°, Paris, 1740, t. ii, p. 123.

    1. HÉRON##

HÉRON (hébreu : ’ànâfâh ; Septante : ^apaSptdç, « pluvier ; » Vulgate : charadrion), oiseau de l’ordre des échassiers et du groupe des hérodiens, qui comprend également la cigogne, la grue, etc. Le héron (fig. 138) a un bec long et fort, la tête ornée en arrière d’un panache noir à plumes très flexibles ; le cou grêle, les jambes hautes, sans plumes, avec des doigts armés d’ongles aigus. La taille atteint environ un mètre. Le héron est un oiseau mélanco lique et solitaire qui

vit au bord des ma rais, ou des cours

d’eau. Il se nourrit

ordinairement de

poissons. Pour s’em parer de sa proie, il

se met dans l’eau sur

ses pattes, y demeure

immobile pendant

des heures entières

et, d’un rapide coup

de bec, transperce le

poisson au passage.

Si celui-ci fait défaut,

le héron se rabat sur

les reptiles, les rats

d’eau, les grenouilles

et les insectes aqua tiques. La chair du

héron est désagréa ble. Si on la servait

jadis sur les tables

royales, c’était sur tout à cause de sa

rareté, parce que,

pour s’emparer de

cet oiseau qui a le

vol extrêmement éle vé, on était obligé de

dresser des faucons, ce dont les grands seigneurs seuls s’offraient le luxe. La loi mosaïque défend de manger la chair du héron et de « ceux de son espèce ». Lev., xi, 19 ; Deut., xiv, 18. Il y a, en effet, plusieurs espèces de hérons qui, outre le butor, voir t. i, col. 1979, sont communs en Palestine et en Egypte : le héron ordinaire ou Ardea cinérea, ainsi nommé à cause de la couleur bleu cendré de son plumage ; le héron blanc, formant deux variétés, Egretta alba, de la même taille que le héron cendré, et Egretta garzetta ou petite aigrette, grosse comme une corneille. Les hérons cendrés et les hérons blancs abondent sur les bords de la mer de Tibériade, en compagnie de deux autres espèces. VArdea purpurea et le Buphus ralloïdes. Dans les impénétrables marécages de Houléh, l’ancien lac Mérom, vit en troupes innombrables le Buphus russalus

138. — Le héron.