Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/336

Cette page n’a pas encore été corrigée
641
642
HERODE LE GRAND


épargner celui qu’il considérait comme un rival. Mais un ange avertit Joseph de fuir en Egypte avec Jésus et Marie et le fils de Dieu échappa aux coups dirigés contre lui. Matth., ii, 12-16. On verra plus loin quelle fut la cruauté d’Hérode, surtout pendant les dernières années de sa vie, et comment tout ce que nous savons par ailleurs de.son caractère explique le massacre des saints Innocents. Macrobe, Sat., ii, 4, vers 410 de notre ère, raconte, au sujet de cet acte sanguinaire d’Hérode, l’anecdote suivante qui montre que de son temps on le rattachait au meurtre d’un des fils du roi des Juifs. « Auguste, dit-il, lorsqu’il apprit que parmi les enfants au-dessous de deux ans qu’Hérode, roi des Juifs, avait fait mettre à mort en Syrie, son propre fils avait été tué, dit ces paroles : H vaut mieux être le porc (5v) que le fils (û16v) d’Hérode. » L’authenticité de ce jeu de mots est justement suspecte, car Hérode n’avait point alors d’enfant en bas âge, mais l’idée qu’elle nous donne de ce roi qui versait aussi facilement le sang des siens que celui des Juifs est exacte. Après la mort de ce prince, un ange avertit Joseph qu’il pouvait ramener en Palestine Jésus et sa mère. Matth., ii, 19. Notre-Seigneur est donc

[[File: [Image à insérer] |300px]]
133. — Monnaie d’Hérode le Grand.

HPQAOY BA2IAEÛ2. Autel accosté de Lr et du monogramme Jr. — tÇ. Casque à jugulaires, accosté de deux palmes et surmonté d’une étoile.

né avant la mort d’Hérode, c’est-à-dire plus de quatre ans avant l'ère chrétienne.

II. Histoire.

Hérode I er, surnommé le Grand, était d’origine iduméenne, le second fils d’Antipater et de Cypros, femme arabe de noble naissance. Josèphe, Ant. iud., XIV, vii, 3. Le peuple auquel il appartenait avait été soumis de force à la loi mosaïque par Jean Hyrcan et ses compatriotes se regardaient eux-mêmes comme des Juifs, Josèphe, Ant. jud., XIII, IX, 1 ; XV, vii, 9 ; Bell, jud., i, H, 6 ; IV, iv, 4 ; mais les Juifs d’origine ne les considéraient pas comme de vrais fils d’Israël, ils les appelaient demi-juifs ; c’est le terme qu’emploie Josèphe, Ant. jud., XIV, xv, 2, pour désigner Hérode le Grand. En 47 avant Jésus-Christ, Jules César créa Antipater. procurateur de Judée et divisa le pays entre ses quatre fils. Hérode eut la Galilée en partage. Josèphe, Ant. jud., XIV, es, 3 ; Bell, jud., i, x, 4. Il avait alors environ vingt-cinq ans. Il commença par réprimer énergiquement le brigandage dans ce pays, ce qui lui valut d'être accusé devant le sanhédrin. Il comparut vêtu d’un manteau de pourpre et portant une lettre de Sextus César, gouverneur de Syrie, qui ordonnait de l’acquitter. Josèphe, Ant. jud., XIV, ix, 3-5 ; Bell, jud., i, x, 6-9. Cf. H. Derenbourg, Essai sur l’histoire et la géographie de la Palestine d’après les Thalmuds et les autres sources rabbiniques, t. i, in-8°, Paris, 1867, p. 146-148. Sextus César le nomma alors gouverneur de Cœlésyrie. Cassius, après le meurtre de César, le confirma dans son titre. Josèphe, Ant. jud., XIV, xi, 4 ; Bell, jud., i, xi, 4. En 43, Antipater mourut empoisonné ; Hérode le vengea en faisant assassiner son meurtrier Malichus qui voulait s’emparer de la Judée. Josèphe, Ant. jud., XIV, xi, 6 ; Bell, jud., i, xi, 8. Après le départ de Cassius, le jeune prince défendit avec succès son pouvoir en Galilée contre Antigone et contre le tyran de Tyr, Marion. Josèphe, Ant. jud., XIV, xii, 4 ; Bell, jud., i, xii, 2-3.


Hérode crut que la fortune allait tourner contre lui. quand les Juifs envoyèrent une ambassade à Antoine qui se trouvait en Bithynie, mais il triompha de ses accusateurs. Josèphe, Ant. jud., XIV, xii, 2 ; Bell, jud., i, xii, 4. Une tentative du même genre échoua de nouveau en 41 ; Hérode fut nommé tétrarque par Antoine. Josèphe, Ant. jud., XIV, xiii, 1 ; Bell, jud., i, xii, 5. L’année suivante, une invasion de Parthes alliés d’Antigone obligea Hérode à quitter la Judée et à se réfugier à Rome. Antoine lui fit donner par décret du Sénat le titre de roi de Judée sous lequel le désignent les Évangiles. Josèphe, Ant. jud., XIV, xiv, 4-5 ; Bell, jud., i, xiv, 4 ; Appien, Bell, civil., v, 75. Ce ne fut pas sans peine qu’Hérode s’empara de son royaume. Au printemps de l’an 37, il épousa Mariamne, petite-fille d’Hyrcan, à laquelle il était fiancé depuis cinq ans. Josèphe, Ant. jud., XIV, xv, 14 ; Bell, jud., i, xvii, 8 ; cf. Ant. jud., XIV, xii, 1 ; Bell, jud., i, xii, 13. Il poussa ensuite avec activité le siège de Jérusalem dont il s’empara avec l’aide des Romains en 37. Josèphe, Ant. jud., XIV, xvi, 11-3 ; Bell, jud., i, xvii, 9 ; xviii, 1-13 ; Dion Cassius, xux, 22.

La première partie du règne d’Hérode fut une période de lutte contre les Juifs, contre la famille des Asmonéens et contre Cléopâtre. Les principaux d’entre les Juifs étaient restés fidèles aux descendants d’Antigone, Hérode fit exécuter un certain nombre d’entre eux et confisqua leurs biens. Josèphe, Ant. jud., XV, I, 2 ; Bell, jud., i, xviii, 4. Alexandra, sa belle-mère, fut son principal adversaire. Cependant cédant aux instances de ilariamne, il consentit à donner au jeunevristobule, iils d’Alexandra, le titre de grand-prêtre qu’il avait d’abord attribué à un Juif de Babylone nommé Ananel. Josèphe, Ant. jud., XV, ii, 5-7 ; iii, 1. La réconciliation fut de courte durée. Hérode faisait surveiller de très près Alexandra. Celle-ci tenta de s'échapper et de se retirer auprès de Cléopâtre avec son fils. Son projet fut découvert. Josèphe, Ant. jud., XV, iii, 2. Peu après, Hérode fit noyer Aristobule. Josèphe, Ant. jud., XV, iii, 3-4 ; Bell, jud., i, xxii, 2. Accusé devant Antoine par Alexandra à la suite de ce meurtre, il fut proclamé innocent et revint à Jérusalem. Josèphe, Ant. jud., XV, iii, 5, 8-9. À son retourna la suite d’accusations portées par Salomé sa belle-sœur, il fit mettre à mort son oncle et beau-frère Joseph, à qui il avait confié à la fois son royaume et sa. femme Mariamne qu’il aimait passionnément et qu’il crut avoir été séduite par celui qui devait être son gardien. Josèphe, Ant. jud., XV, iii, 5-6, 9 ; Bell, jud., i, xxii, 4-5. Le désir qu’avait Cléopâtre, reine d’Egypte, d’agrandir son empire fut aussi une source de difficultés considérables pour Hérode. Antoine en 34 accorda à la reine d’Egypte, avec la plus grande partie de la Phénicie, une partie de l’Arabie et la région la plus fertile du royaume d’Hérode, le district de Jéricho. Ce prince fut obligé de se reconnaître vassal de la reine. Josèphe, Ant. jud., XV, iv, 1-2 ; Bell, jud., i, xviii, 5. Hérode dut alors défendre sa propre existence. Engagé par Cléopâtre et Antoine dans une guerre contre les Arabes, il fut battu par eux. Josèphe, Ant. jud., XV, V, 1 ; Bell, jud., i, xix, 1-3. Un terrible tremblement de terre, survenu en 31 et qui fit périr 30000 hommes, lui fit désirer la paix, mais le massacre de ses ambassadeurs le força à une nouvelle guerre. Il en sortit victorieux. Josèphe, Ant. jud., XV, v, 2-5 ; Bell, jud., i, six, 3-6. Après la victoire d’Octave à Actium, Hérode se rallia au vainqueur. Josèphe, Ant. jud., XV, vi, 7 ; Bell, jud., i, xx, 2 ; Dion Cassius, ii, 7. Il se préoccupa alors de faire disparaître le vieil Hyrcan et le fit condamner à mort, sous prétexte qu’il avait conspiré avec les Arabes. Josèphe, Ant. jud., XV, vi, 1-4 ; Bell, jud., i, xxii, i. Puis il se rendit à Rhodes auprès d’Octave qui crut de son intérêt d’avoir pour allié le prince iduméen, lui fit bon accueil et le confirma dans son titre de roi. Josèphe, Ant. jud., XV, vl, 5-7 ; Bell, jud., i, xx, 1-3. Peu après

El. -21