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GALAAD


moins la partie essentielle qui a donné son nom au reste du pays. Dans son extension la plus large, le pays de Galaad embrasse tout le territoire concédé, au delà du Jourdain, aux tribus de Ruben, de Gad et à la demitribu de Manassé, depuis TArnon an sud, jusqu’à Dan et au Hermon, au nord. Dans cette acception, les frontières du côté de l’orient et du nord-est, et, vers la fin du royaume d’Israël, les frontières du sud, ont souvent varié, s’avançant ou reculaut, suivant les vicissitudes de la puissance d’Israël. Celles de l’est semblent s’être avancées jusqu’aux montagnes du Hauran et jusque dans le désert vers l’Euphrate. Plus d’une fois Galaad paraît avoir cette signification étendue dans la bouche de Moïse, Deut., iii, 8, 16 ; xxxiv, 1 ; de même Josué, xii, 1-6 ; xxii, 9, 13, 15, 32 ; souvent aussi dans les autres livres de la Bible comme Jud., v, 17 ; x, 8, 17, 18 ; xi, 5, 8, 11 ; xii, 4 ; II Reg., ii, 9 ; IV Reg., xv, 29 ; I Par., v, 9, 10 ; xxvil, 21 ; Judith, i, 8 (grec) ; Ezech., xlvii, 18° ; Àmos, i, 3, 13 ; Âbdias, 19 ; Zach., x, 10 ; IMach., généralement. Fréquemment Galaad est distingué des pays de Basan, d’Ârgob et de Gaulon, faisant cependant eux aussi partie du territoire des tribus orientales ; ou encore de la région du sud, depuis Hésébon à PArnon, qui avait jadis appartenu aux Moabites et rentra en leur possession dans la suite. Deut., i, 5 ; iii, 10, 13-16 ; xxxiv, 1, 5, 6, 8 ; Jos., xii, 2, 4, 5 ; xiii, 11, 30, 32 ; IV Reg., x, 33 ; I Par., v, 16 ; Jer., xlviii ; Ezech., xxv, 9 ; Amos, ii, 2. Dans cette condition le pays de Galaad est restreint entre le Yarmouk au nord, l’ouadi Kefrein ou peut-être l’ouaci Hesbdn au sud et DjérâS à l’est. Il forme une sorte de quadrilatère d’une longueur à vol d’oiseau de près de cent kilomètres, et de trente-cinq de largeur. Chacune des deux parties de la contrée, divisée par le Jaboc était appelée une « moitié de Galaad ». C’est Galaad proprement dit, le Galaad de toutes les époques de l’histoire, celui dont nous nous occuperons spécialement.

II. Description.

Montagnes.

Ainsi limité,

Galaad est un massif de montagnes compactes fermant à l’est la vallée du Jourdain, parallèlement aux montagnes de Judée et de Samarie qui la bordent du côté de l’ouest. Elles sont formées par les profonds ravins qui terminent ainsi le haut plateau du IJamâd ou désert de Syrie. Le calcaire se trouve partout ; il est mêlé de basalte dans là partie la plus septentrionale. Du côté de l’ouest les montagnes de Galaad, dominant d’une hauteur de plus de douze cents mètres la vallée du Jourdain, avec leurs gorges nombreuses et profondes, présentent un aspect imposant ; du côté de l’est, s’élevant à peine de deux cents mètres au-dessus du plateau, elles semblent de basses collines formant un rebord à la plaine. L’altitude moyenne des montagnes est de 900 mètres. Les sommets les plus élevés sont, au nord du Zerqa’le Djebel IJakkart dont l’altitude au-dessus de la Méditerranée est de 1 085 mètres ; au sud le Djebel HôSa’près de Sait, le plus élevé de tous, a 1 096 mètres (fig. 7). Ce sommet porte le nom du prophète Osée, Nébi H osa’, du sanctuaire qui lui est consacré sur la montagne. Les musulmans et les chrétiens y viennent de loin en pèlerinage. Ils prétendent que c’est le lieu de sépulture du prophète. Un autre sommet non moins célèbre c’est le Djebel Mâr Elias, « le mont de saint Élie » (fig. 8). Sa hauteur dépasse 900-mètres. Il est situé au nord du Zerqa, à l’ouest de Matynéh et à l’est dUEl-Estéb, tenu pour l’ancienne Thesbé, patrie du prophète. La partie supérieure du mont est couverte de débris de constructions, parmi lesquelles on remarque des colonnes de marbre et des chapiteaux corinthiens, ce sont les restes d’un ancien monastère et d’une église dédiée à Élie, d’après les chrétiens de la contrée, qui chaque année, le jour de la fête du prophète, s’y rendent en foule pour y célébrer les saints mystères.

Cours d’eaux.

Ces montagnes sont découpées

par d’innombrables vallées ou torrents dont les artères principales se rendent toutes en serpentant vers le Jour dain, auquel elles apportent le tribut d’eaux abondantes. Les plus remarquables sont, en descendant du nord au sud, le Seri’at el-Menâdréh, l’ouadi’eWArab, l’ouadi Yâbis, l’ouadi’Adjloûn, l’ouadi Râdjib, l’ouadi Zerqa’, l’ouadi SdHb et l’ouadi Kefrein. Le Seri’at eV-Menâdréh est l’Yarmouk des Juifs et le Hiéromax des Grecs ; ses eaux sont presque aussi abondantes que celles du Jourdain. Le Zerqa’est l’ancien Jaboc. Cette vallée, la plus profonde et aux berges les plus escarpées, divise Galaad en deux parties à peu près égales. Voir JABOC. L’ouadi Yàbis est encore appelé par les indigènes ouadi Mâr Elias, « le torrent de saint Élie, » parce que c’est là, disent-ils, qu’il se cacha lorsqu’il fuyait la colère d’Achàb. Cette tradition est mentionnée au xrve siècle par le rabbin Estori ha-Parchi qui vivait à Beissân. Caftor va-Férach, édit. Luncz, in-12, Jérusalem, 1897, p. 311-312. La contrée qui s’étend sur le bord du Yâbis, au nord, est nommée le Kora’: Xoppâ, Chorra, c’est le nom donné par les Septante au torrent de Carith, usité chez les chrétiens du IVe siècle. Ces renseignements confirment l’identité de l’ouadi Yâbis avec le Carith. Voir Carith, t. ii, col. 286-288.

Flore et faune.

Galaad avait jadis de vastes forêts

djchênes, detérébinthes, d’autresarbres, etcelled’Éphraïm est connue par la mort tragique d’Absalom. II Reg., xviii, 6, 9. Elles produisaient en abondance des résines diverses et des baumes précieux devenus célèbres dans le monde entier. Gen., xxxvii, 26 ; Jér., xiii, 22 ; xlvi, 11 ; voir Balanite, t. i, col. 1406-1409 ; Baumier, col. 15191521. Jérémie, xxii, 6-3, compare Galaad au Liban et semble indiquer parmi ses arbres la présence du cèdre. Les guerres qui ravagèrent le pays en ayant enlevé presque tous les habitants, les arbres envahirent tout. Ils avaient fini par recouvrir jusqu’aux ruines des anciennes villes et tout le pays de Galaad était devenu une immense forêt où croissaient le térébinthe, le lentisque, l’arbre de Judée appelé qêqâb par les Arabes, le pin, le platane, en quelques lieux l’olivier sauvage, mais où dominait le chêne. Dans les fourrés impénétrables vivaient le chacal, le renard, le chat-tigre, le loup, la hyène, la panthère et surtout des légions de sangliers qui n’ont pas entièrement disparu. Le fer et le feu, avec les Circassiens musulmans immigrés après la guerre turco-russe de 1878, sont entrés dans ces grands bois ; il ne faudra pas de longues années pour rendre les monts de Galaad aussi dénudés et désolés que les monts de Judée. Galaad fut recherché par les Rubénites et les Gadites pour ses pâturages. Num., xxxii, 1, 4 ; cf. Michée, vii, 14. Aujourd’hui les Bédouins, alors qu’il n’y a plus un brin d’herbe ailleurs, viennent du fond du désert faire paître, à travers les districts de Salf et de’Adjlûn, leurs innombrables troupeaux de chèvres, de brebis, de bœufs et de chameaux. Salomon, Cant., iv, 1 ; vi, 4, comparait la chevelure de la bien-aimée aux troupeaux de chèvres montant de Galaad ; les animaux, dans cette région, se font encore remarquer par la grandeur de leur taille, la beauté et la noblesse de leur port. Le sol de Galaad n’est guère moins pierreux que celui de la Judée ; la terre végétale y est cependant assez abondante pour permettre à peu près partout la culture. Elle y est de couleur brunâtre et très fertile. Les terrains à pente douce ou presque plats se prêtant à la culture du blé, de l’orge ou des autres céréales, ne font pas défaut ; mais tous semblent plus spécialement disposés pour la culture de la vigne. Les nombreux rochers taillés en pressoirs qui se trouvent en tout lieu, montrent qu’elle n’a pas été négligée par ses anciens habitants ; les beaux vignobles des alentours de Sait, de’Andjéra, de’Adjlûn et d’autres endroits prouvent qu’elle pourrait être reprise avec succès. L’olivier, le figuier, le grenadier, l’amandier, le pêcher et l’abricotier, le prunier, le poirier, le pommier, l’oranger et le citronnier croissent dans les jardins et au bord des ruisseaux ; leurs fruits ne sont