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HERCULE


les hommes, le dieu savant qui découvre et enseigne les arts utiles, le voyageur qui va fondant les colonies ; » c’est à lui que les Phéniciens et les Grecs, après eux, attribuaient l’invention de la pourpre, Pollux, Onomasticon, 1, 45 ;, V. Bérard, De l’origine des cultes arcadiens in-8°, Paris, 1894, p. 253. Hérodote, qui avait visité le temple construit en son honneur à Tyr, nous apprend qu’il était orné de riches offrandes et qu’il contenait

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HfMKAElvpXHTETEI.il ! ’120. — Monument votif de Malte, avec inscription bilingue, dédié à Hercule. Musée du Louvre.

deux colonnes, l’une d’or pur, l’autre d’émeraude ou de jaspe qui jetait un. vif éclat pendant la nuit. Les prêtres tyriens faisaient remonter la construction de l’édifice à l’époque de la fondation de la ville. Hérodote, ii, 44. La colonne lumineuse était très vraisemblablement la représentation de Melqart. Nous savons en effet que les plus anciennes représentations de ce dieu sont des colonnes ou des obélisques. Il en est ainsi à Métaponte, Fiorelli, Notizie degli scavi, 1882, pl. xi, p. 120, à Hyettos (Pausanias, IX, , xxix, 2), à Malte et ailleurs. Les colonnes d’Hercule qui étaient au détroit de Gibraltar ne sont autre chose que des symboles du dieu. Les Grecs en contact avec les Tyriens identifièrent Melqart et Héra klès. Eusèbe, Prsep. Evang., i, 10, t. xxr, col. 81. Gn en a la preuve en particulier dans un texte de Pausanias, "VII, v, 5, qui parle d’un Hérakléion existant à Erythrée et où l’on adorait une antique idole égyptienne, venue mi 7 raculeusement de Tyr par mer. Cette identification apparaît encore nettement dans deux inscriptions bilingues, gravées à Malte par des Tyriens, en l’honneur de leur dieu représenté par un obélisque. Le texte phénicien porte : « À notre seigneur Melqart, seigneur de Tyr, » et le texte grec : ’HpaxXeï àpxiY^’- Corpus inscriptionum semiticarum, part, i, n. 122, 122 bis ; E. Ledrain, Notice sommaire des monuments phéniciens du Musée du Louvre, p. 77, n. 162 (fig. 129). De même les marchands tyriens établis à Délos demandent l’autorisation d’établir un témenos, c’est-à-dire une enceinte sacrée pour leur Melqart qui a rendu tant de services aux hommes et qui est roi de leur ville : tsu.evoc’HpaxXéouç toO Tupfou, u.eYio-Twv àyaf)tiv mxpanloi yêY ov< 5 t °C ™’C àv8pfÔ7toc ;, àpxiYÉ T0U T’)5 icottpiîoç.u7tâpxovTo<. Corpus inscript. Gr me., n. 2771. La conséquence de cette assimilation fut qu’on donna à Melqart les attributs d’Héraklès tout en lui conservant le caractère de dieu marin. Les monnaies de Tyr le représentent barbu et armé, tenant un arc à la main. Il est à cheval sur un hippocampe qui galope au-dessus des flots. Parfois un dauphin est figuré nageant au-dessous de l’hippocampe

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130. — Monnaie d’argent de Tyr.

Melqart à cheval sur un hippocampe ailé ; sous les flots, un dauphin. — i^. Chouette debout a droite portant le fléau et le sceptre égyptien.

(fig. 130). "Voir E. Babelon, Catalogue des monnaies de la Bibliothèque nationale ; les Achéménides, in-4°, Paris, 1893, p. 292-293, n. 1989, 1996. La vieille mythologie grecque donne au Melqart’de Tyr le nom de Mélicerte ou de Palaimon, nom qui paraît une transcription des mots phéniciens : Baal yam, « le seigneur de la mer. » Apollodore, I, IX, 1 ; III, lv, 3 ; Pausanias, I, xliv, 7 ; II, i, 3, 8. La fête principale du dieu s’appelait le Réveil ou la Résurrection. On la célébrait autour d’un bûcher où le dieu perdait sa vieillesse et retrouvait sa force. Josèphe, Ant. jud., VIII, v, 3. Hiram avait fixé la date de cette fête au second jour du mois de Péritios, qui correspond au 25 décembre du calendrier romain. Josèphe, Contr. Apion., i, 18. Les Tyriens montraient le tombeau de Melqart-Héraklès. Pseudo-Clément, Recognit. , x, 24, t. i, col, 1434. Les habitants de Gadès prétendaient de leur côté posséder ce tombeau (Pomponius Mêla, iii, 6) ; tandis qu’à Corinthe était celui de Mélicerte. Pausanias, II, i, 3. — On sacrifiait à Melqart-Héraklès des cailles, parce que l’odeur de ce gibier, qu’il avait beaucoup aimé pendant sa vie, l’avait ressuscité après sa mort. Athénée, Deipnos., IX, 47. — Les colonies phéniciennes envoyaient à Tyr des députations pour rendre hommage au dieu de la métropole. Arrien, Anab., ii, 24 ; Q. Curce, iv, 2 ; Polybe, xxi, 20. C’est une députation de ce genre qu’envoie Jason. — Le texte des* Machabées nous apprend aussi qu’au temps des rois de Syrie on célébrait en l’honneur de Melqart-Héraklès des jeux quiquennaux, c’est-à-dire renouvelés tous les quatre ans, selon la manière de compter des Grecs. — Voir F. Movers, Die Phônizier, in-8°, Bonn, 1841, t. i, p. 385389 ; V. Bernard, De l’origine des cultes arcadiens^