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HENNISSEMENT — HENSLER

occasion de se livrer à son penchant. — Par deux fois, Jérémie, v, 8 ; xiii, 27, prend le hennissement comme symbole des convoitises de la chair. — Les versions parlent plusieurs fois de hennissements quand il n’est question que de cris de joie. Is., x, 30 ; xxiv, 14 ; Liv, 1 ; Jer., rxxl, 7. Dans Job, xxxix, 19, elles traduisent par hennissement le mot raʾmâh, qui veut dire « crinière frémissante ».

H. Lesêtre.

HÉNOCH (hébreu : Ḥănôk ; Septante : Ἐνώχ), nom de quatre personnages et d’une ville.


1. HÉNOCH, fils de Caïn et père d’Irad. Caïn donna son nom à la première cité qu’il bâtit. Gen., iv, 17, 18.


2. HÉNOCH, fils de Jared. Il engendra, à l’âge de soixante ans, son fils aîné Mathusalem et eut ensuite d’autres fils et des filles. La durée de son existence sur la terre fut de trois cent soixante-cinq ans, pendant lesquels « il marcha avec Dieu ». Gen., v, 21-23. Ces derniers mots, répétés au v. 24, sont une louange que l’Écriture ne donne qu’à un autre des patriarches antédiluviens, Noé. Gen., vi, 9. Cf. Gen., xvii, 1 ; xlviii, 15 ; Mal., ii, 6. Hénoch est encore loué par l’Esprit Saint, de longs siècles plus tard, dans l’un des derniers écrits inspirés de l’Ancien Testament et dans deux épîtres du Nouveau. L’Ecclésiastique dit que nul homme ne lui fut comparable, xlix, 16, et qu’il plut à Dieu, ou, selon la leçon du manuscrit hébreu récemment découvert, qu’il « fut trouvé juste et marcha avec Jéhovah ». L’Ecclésiastique, édit. Israël Lévi, in-8°, Paris, 1898, p. 88. Saint Paul nous donne une grande idée de sa foi en disant que c’est par elle qu’il plut à Dieu. Heb., xi, ’5. Saint Jude le montre comme un homme doué du don de prophétie pour annoncer le jugement de Dieu contre les méchants et les impies. Jud., 14-16. Il est à remarquer que cet Apôtre rappelle à ses lecteurs qu’Hénoch fut « le septième à partir d’Adam ». Cette place d’Hénoch dans la descendance d’Adam par Seth appelle naturellement la comparaison, toute à l’avantage d’Hénoch, entre lui et son correspondant, le septième dans la descendance d’Adam par Caïn, qui est Lamech, homme sensuel, le premier polygame connu, violent jusqu’à l’homicide. Gen., iv, 19-24. La vie sainte d’Hénoch eut pour récompense une faveur qui n’a d’analogue dans toute l’histoire du peuple de Dieu que ce qui arriva au prophète Élie. IV Reg., ii, 3, 5, 11-12. Après que l’auteur inspiré a donné le total des années d’Hénoch, au lieu de terminer par la formule « et il mourut », qui revient invariablement pour tous les autres patriarches depuis Adam jusqu’à Noé, il dit : « Et il marcha avec Dieu, et il ne parut plus, parce que Dieu le prit. » Gen., v, 24. L’Écriture fait entendre par là qu’Hénoch ne mourut point. Saint Paul rappelle sa « translation ». Cf. Heb., xi, 5. La Bible ne dit pas en quel lieu il fut transporté. On lit bien dans Eccli., xliv, 16 (Vulgate), « qu’il fut transporté dans le paradis, » ce que les uns ont entendu d’un endroit délicieux quelconque et les autres, en bien plus grand nombre, du paradis terrestre (voir S. Thomas, III », q. xlix, a.5, ad 2 om ; cf. I », q. cil, a. 2, ad 2um) ; mais les mots « dans le paradis », sur lesquels reposent principalement ces deux opinions, dont la seconde, du reste, offre de très graves difficultés, ne se lisent pas dans le texte grec, ce qui faisait déjà soupçonner que c’était uneglose du traducteur latin ou de quelque copiste. Ce soupçon est devenu à peu près une certitude depuis la découverte du manuscrit hébreu, où ces mots manquent également. Nous ne pouvons donc rien affirmer touchant le lieu que ce patriarche habite. Cf. Estius, Annot. in præcipua et difficiliora Sacræ Scripturæ loca, Paris, 1684-, p. 7. — C’est une antique tradition dans l’Église, que Hénoch viendra avec Élie avant le jugement dernier pour annoncer le second avènement du Fils de Dieu, convertir les Juifs, combattre par sa prédicajion l’Antéchrist et qu’il sera mis à mort par « cet homme de péché ». Voir Estius, In Sent. IV, xlvii, 10 ; S. Thomas, IIIa, q. xlix, a. 5, ad 2°um. On a vu dans ces deux saints personnages les deux témoins de l’Apocalypse qui prêcheront la pénitence aux derniers hommes, les deux candélabres élevés devant le Seigneur comme pour éclairer les derniers joars du monde, les deux adversaires de l’Antéchrist qui, mis à mort par lui, ressusciteront bientôt après et monteront au ciel dans une nuée de gloire. Apoc., xi, 3-12. En ce qui regarde Hénoch, cette interprétation tradidionnelle de l’Apocalypse est comme le corollaire des divers passages de l’Écriture relatifs à ce patriarche. Puisqu’il n’est point mort, Heb., xi, 5, qu’il est représenté, Eccli., xliv, 16, comme un exemple (grec) ou un initiateur (Vulgate) de pénitence pour les nations, et que, en outre, il a été le prophète du jugement de Dieu, Jude, 14, les exégétes ont pu conclure à bon droit, de ces données réunies, que cet homme mystérieux avait été réservé par Dieu pour venir, à la fin des temps, préparer les hommes, par sa prédication et ses exemples, au jugement annoncé par lui tant de siècles à l’avance.

E. Palis.

3. Hénoch, fils de Madian, le fils d’Abraham par Cétura. Gen., xxv, 4 ; I Par., i, 33.


4. HÉNOCH, fils aîné de Ruben. Gen., xlvi, 9 ; I Par., v, 3. Il fut chef de la famille des Hénochites. Exod., vi, 14 ; Num., xxvi, 5. Son nom est écrit Enoch, I Par., v, 3.


5. HÉNOCH, première ville bâtie par Caïn, qui lut donna le nom de son fils aîné. Gen., iv, 17. Le mot ’îr ici ne doit signifier que la réunion de quelques habitations. Voir Caïn, t. ii, col. 37. Toutes les tentatives faites pour retrouver l’emplacement de cette ville sont complètement vaines ; elles ne reposent que sur des rapprochements onomastiques plus ou moins heureux, et elles manquent de base, puisque nous ne connaissons même pas la position exacte de l’Eden. C’est ainsi qu’on a pensé à Anuchta dans la Susiane, au pays des Hénioques dans le Caucase, à Kanodj ou Kanyâkubdscha dans l’Inde septentrionale, à Khotan, très ancienne ville sur les bords du désert de Gobi, etc. Cf. Winer, Biblisches Realwörterbuch, Leipzig, 1847, t. i, p. 478 ; A. Dillmann, Die Genesis, 6e édit., Leipzig, 1892, p. 99.

A. Legendre.


6. HÉNOCH (LIVRE APOCRYPHE D’). Voir t. i, col. 757-759.


HÉNOCHITES (hébreu : ha-Ḥănokî ; Septante : δῆμος τοῦ Ἐνώχ, famille descendant d’Hénoch, le fils aîné de Ruben. Num., xxvi, 5. Voir Hénoch 4.


HENRY Matthieu, théologien anglais, de la secte des non-conformistes, né à Iscoyd dans le Flintshire, le 18 octobre 1662, mort à Londres le 22 juin 1714. Pasteur à Chester, puis à Hackney, il a écrit An exposition of the Old and New Testament, 5 in-f°, Londres, 1707-1715, qui a eu de nombreuses éditions. — Voir Williams, Memoirs of the life, character and writings of the rev. M. Henry, 3 in-8°, 1828 ; Walch, Biblioth. theologica, t. iv, p. 417 ; W. Ormes, Biblioth. biblica, p. 240 ; Darling, Cyclopædia bibliographica, col. 1440.

B. Heurtebize.


HENSLER Christian Gottfried, théologien luthérien allemand, né le 9 mars 1760 dans le Holstein, mort à Halle le 24 avril 1812. Il fut professeur de théologie à Kiel de 1786 à 1809, époque où il résigna ses fonctions et se retira à Halle. On a de lui : Jesaias neu übersetzt mit Anmerkungen, Hambourg, 1788 ; Bemerkungen über Stellen in den Psalmen und-in der Genesis, Hambourg, 1791 ; Erläuterung des ersten Buches Samuelis und der