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HENNE — HENNISSEMENT


. I. Description. — Le henné est un arbrisseau de la famille des Lythrariées, très glabre sur toute sa surface et dont les rameaux courts se terminent avec l’âgé en pointes épineuses. Les feuilles sont opposées, brièvement pëtiolées, à limbe entier et lancéolé. Des inflorescences courtes et multillores occupent le sommet des branches. Les fleurs montrent quatre divisions dans toutes leurs parties : quatre sépales étalés, persistants et soudés en tube à leur base, quatre pétales blancs et chiffonnes dans la préfloraison, huit étamines sur deux verticilles insérées avec la corolle vers la base du tube calycinal, enfin l’ovaire formé par la soudure de quatre carpelles, devenant une capsule globuleuse cachée au fond du calice, et dont les graines sortent à la maturité par quatre déchirures irrégulières (fig. 126). Linné distin 126. — Le henné.

guait deux espèces sous les noms de Lawsonia inermis et de Lawsonia spinosa, tout en faisant remarquer que la première pourrait bien n’être qu’une forme de la plante sauvage améliorée par la culture. En fait, les deux types linnéens méritent à peine le titre de variétés, puisqu’on les voit passer de l’un à l’autre, suivant les âges. Aussi Lamark les a-t-il réunis depuis dans son Lawsonia alba. A. de Candolle admet la spontanéité de cet arbrisseau dans l’Inde et dans la Perse : c’est seulement par la culture que son aire de dispersion se serait étendue vers l’ouest jusqu’en Afrique (Egypte, Nubie et Guinée). On sait, en effet, qu’il a été recherché de temps immémorial dans toute la région d’Orient pour les soins de la toilette des femmes. Outre le parfum de ses fleurs, il possède dans la poudre de ses feuilles desséchées un principe colorant rouge qui se fixe aisément, par simple dissolution aqueuse, sur toutes les productions épidermiques, spécialement les cheveux et les ongles. Le cuir et les fourrures prennent de même à son contact une belle nuance safranée. F. Ht.

II. Exégèse.

1° Le nom du henné en hébreu est kôfêr : on peut rapprocher ce nom de l’appellation égyptienne. Dans les hiéroglyphes, la fleur du henné

se dit. i pouqer : entre les deux mots il n’y a

qu’une simple transposition de lettres. La plante en copte se dit presque comme en hébreu kliouper ou kouper ; la transposition s’est faite là aussi. On la rencontre même déjà dans les textes démotiques qui nomment le henné kapra. Il y a donc parenté entre le nom égyptien et le nom hébreu, soit que les Israélites aient emprunté ce mot à la vallée du Nil, soit que plutôt les Égyptiens aient transporté le nom avec la plante de l’Orient. On ne trouve pas ce produit avant l’époque des Ramessides : son nom même ne se trouve que dans des inscriptions ptolémaïques. Les Arabes paraissent avoir emprunté le nom à l’égyptien pouqer, sans transposition, mais avec la chute du r final : faghou, fâghîah (cf. fàghirah s’appliquant à une espèce ou variété de henné). V. Loret, La flore pharaonique, 2e édit., in-8°, Paris, 1892, p. 80. Avec les feuilles desséchées, les Égyptiens fabriquaient une poudre rouge-orange, très employée dans la toilette des femmes et des momies. Cette substance servait à teindre les ongles des mains, des pieds, l’intérieur des mains. On a trouvé de nombreuses momies ainsi préparées, et dans les tombeaux des fragments du Lawsonia, feuilles ou poudre. D’après Dioscoride, De mat. med., i, 124, et Pline, R. N., xxiii, 46, avec cette poudre diluée dans du suc de saponaire, les Égyptiennes se teignaient les cheveux en blond. Le henné est cité quatre ou cinq fois dans Jes textes égyptiens, tous relatifs à des recettes de parfumerie. Il entrait en particulier dans la fameuse recette du kyphi.’Théophraste, Lib. de odoribus, 195 ; Pline, H. N., xii, 51 ; Prosper Alpin, De planlis Mgypti, xiii ; Celsius, Bierobotanicon, t. i, p. 122 ; V. Loret, La flore pharaonique, p. 80-81. L’usage du henné est aujourd’hui encore très commun en Orient.

2° Le kôfér n’est mentionné que deux fois dans la Bible, dans deux comparaisons du Livre des Cantiques, i, 13 ; iv, 13. Au premier passage l’époux du cantique est comparé à’une grappe de cypre dans les vignes d’Engaddi. Et au second, l’époux dit à l’épouse : « Tes plants sont tin jardin de délices rempli de grenades et de toutes sortes de fruits, de cypre et de nard. » Les fleurs jaunâtres réunies en grappe, po’Tpoç xûrcpov, répandent une odeur très vive : les vignes qui poussaient près de cet arbuste s’imprégnaient de son parlum. Le chaud climat d’Engaddi convenait admirablement bien à la culture du kôfér, planté au milieu des vignes si célèbres de ce pays ; de là la comparaison du Cantique, I, 13.

E. Levesque.

HENNEQU1N Claude, théologien catholique français, né en 1654, mort à Paris en 1738. Après avoir été vicaire général d’Albi, il fut nommé chanoine de Notre-Dame de Paris. Il a publié, entre autres choses, une édition de la Bible, selon la Vulgate, avec commentaire, sous ce titre : Biblia sacra vulgatse editionis Sixti V et Clementis VIII, ponl. niax., auctoritate recognita, una, cum selectis annotationibus ex optimis quibusque interprétions excerptis, tabulis chronologicis, historici » et geographicis illustrala indiceque epistolarum et evangelioruni aucta, 2 in-f*>, Paris, 1731.

A. Régnier.

    1. HENNISSEMENT##

HENNISSEMENT (hébreu : mishâlâh, de sâhal, g faire éclater sa voix ; » Septante : xpE(ieTttr(iôç ; Vulgate : hinnitws), série de cris éclatants que fait entendre le chevaL pour manifester son ardeur, appeler la jument, etc. — En entendant la trompette guerrière, le cheval crie : hëàh ! Job, xxxix, 28. Quand les Chaldéens marchent contre Jérusalem, on entend le hennissement de leurs chevaux du côté de Dan, parce qu’ils arrivent par les plaines de Saron, plus favorables aux mouvements de leur cavalerie. Jer., viii, 16. À Babylone, les habitants hennissent comme des chevaux fougueux, parce qu’ils sont tout à la joie. Jer., L, 11. L’ami moqueur est comparé à l’étalon qui hennit, quel que soit celui qui le monte, Eccli., xxxiii, 6, parce que le moqueur saisit toute