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GALAAD

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aurait pas à les chercher au même lieu. Ed. Castell, Lexicon heptaglotton, Londres, 1669, t. i, col. 562. — 2° D’autres interprètes nient que la Bible indiqué l’existence d’une ville appelée Galaad. D’après eux, le passage des Juges doit se traduire : « Jephté fut enseveli dans une des villes de Galaad, » ou « dans sa ville [qui est] en Galaad ». Galaad serait un génitif. La ville de Jephté, c’est Maspha, Jud., xi, 34 ; elle ne peut avoir été appelée en même temps Galaad.

Josèphe, Ant. jud., V, vii, 12, traduisant textuellement le passage Jud., xii, 7, appelle la ville de Jephté, où il fut enseveli, Eeësrjc, Sebée ou Sévée. Ce nom est sans doute celui usité de son temps, dérivant par corruption de Maspha. Dans le passage d’Osée, le mot qiriaf, civitas, peut être employé comme collectif, pour toutes les villes de Galaad. Peut-être encore au lieu de Galaad faut-il lire Galgala : c’est la leçon donnée par Théodoret, In Ose., t. xxxi, col. 1585. Le témoignage d’Eusèbe et de saitt Jérôme sur ce point n’est pas celui d’une tradition locale ; ils reproduisent seulement la lecture admise par eux des passages cités ;, ils ont pris à tort, Num., xxxii, 39, le nom de Galaad pour celui d’une ville, il y est questicn de tout le pays alors occupé par les Amorrhéens. Bonfrère, In librum Jud., dans Migne, Cursus Scriptwæ sacrx, t. viii, col. 925, et dans Onomaslicon urbium et locorum Scripturse sacrée, édit. Jean Clerc, Amsterdam, 1707, p. 80, note 7 ; Math. Polus, Synopsis criticorum, Francfort-sur-le-Main, 1712, t. i, In Gènes., col. 1066 ; t. iii, In Ose., col. 1603.

Ces opinions ne sont pas inconciliables. Si les deux passages cités de la Bible permettent la controverse, l’existence d’une Maspha en Galaad est indéniable. Les versets comparés de Gen., xxxi, 49 (hébreu) ; Jud., xi, 11 ; Osée, v, 1 (hébreu), et vi, 8, à cause de la vénération religieuse qui y est constatée à l’égard de Maspha et de Galaad, autorisent à croire, bien qu’ils n’en donnent pas la certitude, Maspha de Jephté où il va prier, Maspha tt Galaad d’Osée identiques à Mispâh de Gen., xxxi, 49. S’il s’agit de ce Maspha, il a pu être appelé à l’occasion Galaad, quoique ce ne fût pas son nom propre et ordinaire, parce que, sur son territoire, s’élevait le monument commémoratif appelé Galaad. Deux ruines conservent aujourd’hui ce même nom : le khirbet Gil’âd, situé à dix kilomètres au nord d’es-Salt et le khirbet Gil’ûd, situé environ trois kilomètres plus au nord ; toutes deux sont sur les collines qui s’abaissent peu à peu vers le Zerqa’, du côté du sud. Elles ne peuvent avoir d’autre rapport avec le Gal’êd-Mispàh que le nom ; le site de celui-ci doit, selon toute vraisemblance, se chercher au nord du Zerqa’, l’ancien Jaboc. Aucun document n’empêcherait mais aucun n’autoriserait non plus d’identifier avec l’une ou l’autre de ces ruines le Galaad d’Osée et le Galaad-Mispah de Jephté. Il faut en dire autant des diverses localités avec lesquelles les géographes modernes identifient souvent Ramoth de Galaad et Ramoth-ham-Mispâh, selon eux identiques aussi à Maspha de Jephté et à Galaad d’Osée. Ce prophète ne donne aucune indication et celles du livre des Juges sont peu précises. Voir Maspha, Ramoth de Galaad et Ramoth-Masphé.

L. Heidet.

    1. GALAAD##


6. GALAAD, contrée montagneuse du pays d’Israël, à l’est du Jourdain.

I. Nom.

Le pays de Galaad est cité environ cent fois dans la Bible ; soixante-quinze ou seize fois il est désigné du seul nom de Galaad, GiVâd, dix-huit fois ou dix-neuf par celui de « terre de Galaad », ’érés Gil’âd, six fois par celui de « mont » ou « monts de Galaad », bar hag-Gil’âd ou har Gil’âd, sans article, dans les livres poétiques. Il se rencontre dans la plupart des livres de l’Ancien Testament et n’apparaît plus dans le Nouveau. Dans la version grecque et dans la latine de I Mach., deux fois exceptées, v, 9 et 55, où se trouve la forme hébraïque usitée dans les autres livres, la dénomination « terre de Galaad » est remplacée par la forme des noms de pays raXaaSréiç, Galaaditis, « Galaditide. » Josèphe emploie encore fréquemment la forme TaXaS-jp^ç, « Galadène. » L’ethnique Gil’adi, pluriel Gil’adim, IV Reg., xv, 25 ; ’anSê Gil’âd, « hommes de Galaad, » Jud., xii r 4, 5 ; ou collectif Gil’âd, Jud., xil, 5, est rendu dans les versions par raXaà51)Tr)i :, Galaaditis, Galaadita, « Galaadite ; » Josèphe fait usage aussi de raXa&riv<S « . Le pays de Galaad prit ce nom du monceau de pierre élevé par Jacob sur son territoire. Gen., xxxi, 48. Voir Galaad 4. Cf. Josèphe, Ant. jud., i, xix, 11.

Le nom de Galaad dut être employé d’abord exclusivement par les fils de Jacob pour désigner d’une manière générale la région où se trouvait le monument élevé par leur père ; Moïse en fit un usage constant et il fut universellement accepté par son peuple après la conquête. Le pays de Galaad était compris auparavant dans la désignation générale de « terre des Amorrhéens », et peut-être dans les dénominations spéciales de Basan ou d’Argob. Cf. Num., xxi, 31, 33 ; Deut., ii, 24 ; iii, 2, 8-16 ; Jos., xin, 4, 10, 21 ; xxiv, 8 ; Jud., i, 36 ; x, 8 ; xi, 19, 21, 23 ; Amos, il, 9, 10. Voir Basan et Argob. Le nom de Galaad, d’origine et usage israëlites, ne paraît pas avoir été cependant complètement ignoré des étrangers. On croit l’avoir reconnu dans la forme mutilée Gala…, d’une inscription cunéiforme dans laquelle Théglathphalasar III raconte sont expédition contre la Syrie et le royaume d’Israël (734). Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii, p. 522-524. Sous la domination romaine, le nom de Galaad tomba dans l’oubli et le pays fut désigné de l’appellation commune « au delà du Jourdain », it£pav to0 UopSôvou, trans Jordanem. Les Évangiles ne le désignent plus autrement. Cf. Matth., iv, 15, 25 ; Marc, iii, 8 ; x, 1 ; Joa., i, 28 ; iii, 26 ; x, 40. C’est la traduction littérale de l’expression’êbér hay-Yardên, par laquelle la Bible indique souvent la même région, et qui est constamment employée comme nom propre dans les Talmuds et les écrivains juifs. Mischna, Baba bathra, iii, 2 ; ibid., Kethuboth, xiii, 9, etc. Cf. A. Neubauer, Géographie du Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 55. On a fait de là le mot Pérée. Voir Pérée. Depuis la conquête arabe le nord de Galaad est connu sous le nom de Djebel’Àdjlûn et le sud sous celui de Belqa’. Si l’on entend parfois aujourd’hui le nom de Djebel Djile’ad chez les habitants de la contrée pour désigner les montagnes qui s’étendent au nord d’es-Salt jusqu’au Zerqa’, c’est de la bouche des chrétiens qui lisent la Bible ; il est inconnu aux Bédouins et aux autres musulmans.

II. Géographie.

Étendue.

La région de Galaad

est au delà, c’est-à-dire à l’est du Jourdain. Gen., xxxi ; xxxii, 10 ; Jud., v, 17.etc. Elle estau nord de l’Arnon (ouadï Môdjeb), au nord d’Hésébon et avant d’atteindre Dan et le mont Hermon : les Israélites la conquirent avant de traverser le Jourdain et elle fait partie du territoire des tribus orientales d’Israël, compris entre l’Arnon au sud et PHermon au nord, le Jourdain à l’ouest et le désert habité par les Arabes nomades à l’est. Num., xxxii, 1, 29, 30, 39-40 ; Deut., ii, 36 ; iii, 10, 16 ; iv, 41, 49 ; xxxiv, . 1 ; Jos., xii, 1, 2 ; xiii, 8, 11, 25, 31, 32 ; xxii, 9, 32 ; I Par., v, 9, 10, etc. La région de Galaad est bornée à l’ouest par le Jourdain, qui la sépare de la terre de Chanaan ; au nord, à l’est et au sud elle ne paraît jamais avoir eu de frontières fixes et déterminées et son étendue" a été des plus variables. Dans le principe, les fils de Jacob, sous le nom de Galaad, avaient sans doute entendu désigner d’une manière vague seulement le pays où leur père avait dressé le monument de pierre de Galaad : probablement la seule région appelée aujourd’hui « pays » ou « montagne de’Adjloûn », comprise entre le Sertat el-Menâdréh, l’ancien Yarmouk au nord, le Zerqa’ou Jabocau sud, la vallée du Jourdain à l’ouest et le IJamad oa désert au delà de DjérâS à l’est. C’est la moindre étendue qui ait jamais été attribuée à Galaad, mais c’en est néan-