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HÉBRON


remarque de ce côté. Le minaret qui la surmonte est le principalornement de la ville dû à l’architecture moderne. De forme hexagone et construit avec des pierres alternativement rouges et blanches, d’une taille très régulière, il repose sur une tour carrée et est couronné par une petite coupole. Entre ces deux quartiers, plus près cependant du premier, on rencontre, au milieu des jardins, un puits appelé Bir Sidna Ibrahim, « le puits de notre seigneur Abraham, » dont l’eau est très bonne. La tradition locale le fait remonter jusqu’au patriarche dont il porte le nom ; il est difficile de distinguer les caractères de la construction, les pierres qui recouvrent l’orifice n’ont rien de saillant et l’ouverture carrée par où l’on y puise est trop étroite pour que le regard puisse étudier l’intérieur. Au-dessus du Hâret esch-Scheikh est l’aqueduc qui amène à un réservoir les eaux d’une

I, Th irin, » n rf « |j « 8. — Plan d’Hébron.

source éloignée de la ville, vers le nord-est, de quelques minutes seulement, appelée’Aïn Keschkaléh, mais mentionnée aussi sous la dénomination de’Aïn Eskali par Van de Velde, Reise durch Syrien und Palâstina, Leipzig, 1855, t. ii, p. 97, et F. de Saulcy, Voyage en Terre Sainte, t. i, p. 152. Sous cette dernière forme, le nom rappellerait celui de la vallée d’Escol, des environs d’Hébron, d’où les espions envoyés par Moïse rapportèrent une magnifique grappe de raisin. Num., xiii, 24 ; xxxii, 9 ; Deut., i, 24. Voir Escol 2, t. ii, col. 1928.

Les deux quartiers que nous venons de parcourir se correspondent l’un à l’autre ; il en est de même des deux suivants. L’un, ou le troisième que nous avons à mentionner, s’appelle Hâret el-Harâm, « le quartier du Haram » ou de la grande mosquée. Il est, en effet, dominé par ce monument remarquable dont nous parlerons tout à l’heure. Adossé au Djebel Dja’dbréh, il se compose lui-même de cinq autres subdivisions, qui ne forment qu’une seule et même agglomération de maisons.

La principale de ces subdivisions est nommée Hâret

cl-Qala’ah, « le quartier du château. » L’ancien château

— tort de la ville, réparé extérieurement depuis une

soixantaine d’années, tombe aujourd’hui en ruine à l’intérieur. Construit en partie avec des pierres relevées en bossage, mais de dimensions peu considérables, il ne parait pas remonter beaucoup au delà du moyen âge ; il a pu cependant succéder à une forteresse antérieure. Plusieurs colonnes antiques engagées transversalement dans la construction comme pièces de soutènement font çà et là légèrement saillie au dehors. Les murs sont extérieurement percés de meurtrières et de petites fenêtres carrées ou ogivales. Au fond d’une petite cour, près de l’entrée du souq ou marché, les musulmans vénèrent dans un oualy la mémoire de Sidna Yousef en-Nadjar, « notre seigneur Joseph le charpentier. » La dépouille mortelle du santon repose dans un grand sarcophage placé au milieu d’une chambre basse, espèce de caveau dans lequel on descend par plusieurs degrés. Selon les juifs, cette chambre sépulcrale en recouvrirait elle-même une seconde, située au-dessous, et où, suivant une tradition fort ancienne, aurait été enseveli Abner, fils de Ner, traîtreusement tué par Joab. II Reg., iii, 27-32. Cf. Carmoly, Itinéraires de la Terre Sainte, Bruxelles, 1847, p.- 187, 243, 388, 434. Dans le lit de la vallée, à l’ouest et au sud-ouest du Hâret el-Harâm, se trouvent deux grandes piscines. La première, appelée Birket el-Qazzazîn, est longue de 26 mètres sur 17 de large et 8 de profondeur. Irrégulière et mal construite, elle est munie d’un escalier à l’angle nord-est. La seconde, située à une centaine de mètres au sud de celleci, se nomme Birket es-Sultân. Très solidement et très régulièrement construite, elle forme un grand réservoir de 40 mètres carrés, soutenu par des murs d’un beau travail. Deux escaliers placés à deux de ses angles permettent d’y descendre. Selon la tradition, ce serait celle au-dessus de laquelle David fit suspendre les mains et les pieds de Baana et de Rechab, assassins d’Isboselh. II Reg., iv, 12. — Le quatrième quartier, appelé Hâret el-Meschârqah, est situé dans la partie sud-ouest de la ville, sur les dernières pentes du Djebel Qubbet el-Djâneb, montagne raide et escarpée, dont quelques parties néanmoins sont susceptibles de culture. Au pied septentrional de celle-ci, sont les bâtiments de la quarantaine d’Hébron,-et s’étend un grand cimetière musulman. Plus haut, en se rapprochant du Haret ez-Zaouiyéh, s’élève une quatrième montagne, le Djebel er-Reméidéh, plantée de magnifiques oliviers et cultivée en terrasses. Elle renferme plusieurs tombeaux antiques et des ruines, entre autres celles qui portent le nom de Deir el-Arba’în, ou « couvent des Quarante ». C’est une construction musulmane consistant en une petite mosquée avec ses dépendances. Plusieurs tronçons de colonnes et des pierres de taille, provenant évidemment d’une époque plus ancienne, ont été engagés çà et là dans l’épaisseur des murs. Une tradition très accréditée veut que la montagne entière, transformée depuis bien, des siècles par la culture en divers enclos plantés d’arbres, ait servi, dans les temps les plus reculés, d’acropole à Hébron. Ce qui prouve d’ailleurs que le Djebel er-Remeidéh était jadis habité, c’est que les nombreux murs d’appui qui soutiennent les terres d’étage en étage sont bâtis avec des matériaux dont beaucoup paraissent antiques ; en outre, il n’est pas rare d’exhumer du sol des pierres de taille plus ou moins considérables, restes d’anciennes constructions. La tradition actuelle, conforme à celle du moyen âge, place de ce côté la cité primitive d’Hébron. Il est sûr, en effet, que, à l’époque d’Abraham, la grotte de Makpélah se trouvait dans un champ et, par conséquent, en dehors de la ville. Dans ces dernières années, les anciens quartiers ont été reliés entre eux par de nouvelles constructions.

2° Aspect général ; le Haram ; la population. — Si maintenant nous jetons un coup d’œil sur l’ensemble d’Hébron (fig. 119), nous aurons une des plus belles vues