ploie trente et une fois ; une seule fois l’Épîtreaux Hébreux introduit une citation par fifpamai- — 3. Nature des citations. — Quinze citations s’accordent avec les Septante, lesquels, en ces passages, s’accordent avec le texte hébreu ; huit s’accordent avec les Septante, lesquels, en ces passages, diffèrent du texte hébreu, iv, 4 ; x, 5-10 ; m, 7 ; i, 10 ; xii, 5 ; viii, 8 ; x, 37 ; xii, 26 ; vi, 13 ; ix, 20 ; x, 30. Trois sont des citations libres, reproduisant le sens seulement : xii, 20 ; xiii, 5 ; i, 6. Ceci prouve que le rédacteur de l’Épître aux Hébreux tenait les Septante pour le texte sacré, faisant autorité, et que, très probablement, il ne savait pas l’hébreu. — o) Saint Paul cite d’ordinaire, d’après les Septante, lorsqu’ils s’accordent avec le texte hébreu, mais plus ou moins textuellement, car il ne paraît pas avoir son manuscrit sous les yeux ; quelquefois, il garde les Septante, même lorsqu’ils différent du texte hébreu ; en quelques passages, tout en gardant les Septante, il les a corrigés d’après le texte hébreu ; enfin, en trois passages : Rom., ix, 9 ; x, 14 ; I Cor., iii, 19, il a traduit de l’hébreu un peu librement, mais contre les Septante. — 6) Saint Paul cite les Septante d’ordinaire d’après un texte qui rappelle celui du Vaticanus, quelquefois celui de l’Alexandrinus. Dans l’Épître aux Hébreux, la proportion est renversée : l’Alexandrinus est d’ordinaire employé ; quelquefois seulement le Vaticanus. Cette observation de Bleek, Der Brief an die Hébräer, t. i, p. 369-375, n’est pas cependant indiscutable, car elle porte sur un trop petit nombre d’exemples.
5° Particularités historiques. — Nous ferons ressortir dans la conclusion les caractéristiques de l’auteur de l’Épttre aux Hébreux, telles qu’elles se dégagent de l’ensemble des recherches ; remarquons seulement, pour le moment : 1. que l’auteur est un esprit calme, modéré, plein de mesure et porté à la paix. Il dit froidement les choses les plus fortes ; voir vi, 4-8 ; x, 31. — 2. Paul n’aurait pu écrire, semble-t-il, le passage de ii, 3 : « Comment échapperons-nous, si nous négligeons le salut qui, dès le commencement, annoncé par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’ont entendu ? » L’auteur distingue ici deux prédications de la foi ; la première, annoncée par le Seigneur, ne lui a pas été faite, ni à lui, ni à ses lecteurs, et la seconde, qui a été la reproduction de la première, a été donnée par les disciples de Jésus ; c’est cette dernière prédication qu’il a entendue. Or, nulle part, Paul ne dit qu’il a été instruit par les Apôtres ; tout au contraire, il se réclame d’une révélation directe, qui lui aurait été faite par le Seigneur. La première partie de l’Épître aux Galates, i-m, est tout entière consacrée à établir l’indépendance apostolique de Paul et son égalité avec les premiers Apôtres ; il ne leur est inférieur en rien. Dans la deuxième £.pître aux Corinthiens, xi, 22, il déclare qu’il est plus ministre du Christ qu’eux. Ne serait-ce pas cependant le cas dans l’Épître aux Hébreux de revendiquer plus hautement que jamais son indépendance apostolique, puisqu’il écrivait à des Juifs, qui le tenaient plus ou moins en suspicion ? Saint Paul n’aurait-il pas dû faire ici une allusion personnelle à ses rapports avec l’Église de Jérusalem ou avec les communautés judéo-chrétiennes ? N’eût-ce pas été un argument puissant si l’auteur avait pu se dire directement enseigné par Jésus-Christ ? surtout dans une question où il s’agissait de démontrer l’infériorité d’une institution établie par Dieu. Si l’auteur avait pu dire qu’il tenait de Jésus-Christ, Comme Paul l’a fait en certaines occasions, que la loi ancienne était abrogée, l’argument eût été décisif. Ce pluriel : « la foi nous a été confirmée, » ii, 3, pourrait, il est vrai, être un pluriel oratoire, et nous accepterions cette interprétation, si, en quelque autre passage,-l’écrivain avait revendiqué une autorité apostolique quelconque. Or, il n’en est rien ; au contraire. Il ne se donne nulle part le titre d’apôtre ; la suscription ordinaire dans les lettres de Paul, où est toujours ce titre d’apôtre, est absente ; il parle, non comme un apôtre, mais comme un frère à ses frères. « Je vous supplie, frères, de supporter ces paroles d’exhortation, » xiii, 22. Reconnaissons que Paul appelle souvent ses lecteurs : àîeXçof, mais en maintenant en d’autres passages son autorité apostolique. — 3. Remarquons encore quelques détails : — a) Contrairement à l’usage constant des Épitres de Paul, cette lettre n’a point de suscription, ni d’adresse, ni de souhaits de paix et de grâce, ni même de compliments sur la foi et la charité de ses lecteurs, assez ordinaires dans les Épîtres de Paul ; bref, aucun des moyens de captatio benevolentiæ qu’employait saint Paul. À cette observation, on fait remarquer que cet écrit [n’est pas, à proprement parler, une lettre, mais plutôt une homélie, un discours destiné à consoler et à exhorter des frères ; c’est possible, car ceci est une affaire d’appréciation. Quant à l’idée que Paul n’a pas écrit son nom en tête de l’Épître pour ne pas, dès l’abord, choquer ses lecteurs, c’est peu sérieux et ne serait guère dans le caractère de l’Apôtre, franc et loyal. À la fin, au lieu de ces longues listes de frères que salue Paul, et de compagnons de Paul qui saluent les lecteurs, nous avons Une salutation générale : « Saluez tous vos conducteurs et tous les saints. Ceux d’Italie vous saluent. » xiii, 24. Ce procédé serait extraordinaire si Paul était l’écrivain, car il connaissait beaucoup de gens à Jérusalem ou à Rome, si l’on veut que la lettre ait été écrite à des chrétiens de cette ville ; en outre, ses compagnons étaient connus et connaissaient eux-mêmes les chrétiens de Jérusalem. — b) L’allusion qu’on a cru voir, x, 34, aux chaînes de Paul, est une allusion à la compassion des lecteurs envers les prisonniers, car, malgré l’autorité de bons manuscrits, N DEHKLP, etc., il faut lire : toï ; Beuijiîoiç, « aux prisonniers, » qui répond mieux au contexte, et non toïç ô£<tixoîç (tov, « à mes chaînes ; » cette leçon doit être une glose intentionnelle. L’écrivain, en effet, ne paraît pas être en captivité lorsqu’il écrit, puisque, xiii, 23, il dit que si Timothée vient bientôt, il ira les voir avec lui. Il était donc libre de ses mouvements. — c) L’allusion à Timothée est très vague et ne prouvé pas qu’il s’agisse ici du compagnon de saint Paul, car on ne sait pas que Timothée ait été emprisonné du vivant de son maître. Ce Timothée paraît bien être son propre maître, puisqu’il est dit : « S’il vient bientôt, j’irai avec lui. » xiii, 23. — 4. Disons un mot de quelques autres observations, qu’on a faites contre l’authenticité paulinienne. — a) Paul, a-t-on dit, n’a pu écrire cette Épitre, parce que, dans la description dutemplejuif, il y a des erreurs de localisation d’objets ; de même dans le rituel. Ceci ne prouverait rien, car il ne s’agit pas du temple, mais du tabernacle, décrit d’après les livres du Pentateuque. L’auteur, quel qu’il soit, a dû connaître ces livres et, par conséquent, les divergences, qu’on peut expliquer, d’ailleurs, n’excluent aucun écrivain. — 6) On a fait remarquer aussi que Paul, par principe, ne semait pas dans le champ évangélisé par autrui, et surtout que, d’après l’accord passé entre lui et les Apôtres, ceux-cj s’étaient réservé l’évangélisation des Juifs. Gal., ir, 14. En principe général, l’observation est juste, mais Paul a écrit aux Romains qu’il n’avait pas évangélisés, et dans ses voyages de mission il s’adressait aux Juifs d’abord, ou tout au moins autant à ceux-ci qu’aux Gentils. De ces observations, il résulte qu’il existe quelques différences entre Heb. et les autres Épîtres de saint Paul, mais cependant rien de capital ; aucun fait historique ne s’oppose à l’authenticité paulinienne.
6° Enseignements doctrinaux.
Nous n’avons pas
à’faire ici un exposé de la théologie de l’Épître aux Hébreux, mais à en comparer les doctrines fondamentales avec celles de saint Paul, afin de rechercher les rapports de ressemblance et les différences, s’il en existe. — 1. Nous avons déjà dit que le but de l’auteur était de montrer la supériorité de la nouvelle loi sur