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HÉBREUX (ÉPITRE AUX)


excellent, » n’est qu’une fois dans saint Paul, I Cor., xii, 31, et encore, dans les meilleurs manuscrits, il y a tietÇaw ; irpo<rcpx£<x8ai xû 8ew, 5 fois dans Heb. ; 1 fois seulement dans saint Paul et encore dans I Tim., VI, 3, où le texte est douteux ; des manuscrits lisent irpopé^ETai ; 06Ôç Cûv, iii, 12 ; Çûv h ï.6foz, iv, 12, se trouvent 6 fois dans Heb., jamais dans saint Paul ; teXeiom, 9 fois dans Heb. pour signifier « rendre parfait, atteindre à la perfection », une fois dans Philippiens, iii, 12, dans le sens d’être parfait ; saint Paul emploie de préférence ôixcuow. Le groupe : xXT)povo|jié(i>, xXïipovojiia, très fréquent dans Heb., l’est beaucoup moins dans saint Paul ; tepeûç est 14 fois et àp-/iepey « 17 fois dans Heb., jamais dans saint Paul. — 5. Nous avons certains mots très caractéristiques de la langue de Paul que PÉpître aux Hébreux ne connaît pas : sjayYÉXiov, pour signifier la révélation de Dieu par Jésus-Christ, employé 69 fois par saint Paul, ne l’est jamais par l’Épître aux Hébreux ; tù.arntkiÇouu.jtoujours employé par Paul à la voix moyenne, ne l’est que 2 fois par Heb., iv, 2, 6, à la voix passive et non dans le sens particulier de saint Paul ; xaTspyâïojias, 21 fois dans saint Paul ; jamais dans Heb. Muffx^ptov, tcXy)P(5(ù, oixoSou.éb), 61xaioo>, sont inconnus à l’Épître aux Hébreux ; le groupe de mots : àYaitâw, aYâro), àvaroixoc, fréquents dans saint Paul, 135 fois, est représenté 2 fois dans Heb. par àyaitâw et encore dans des citations, 1 fois par àyâit » ) et 1 fois par àfanrjtéç ; le groupe : àlrfizia, àVi)6ï)c, àXïiôeiw, 55 fois dans saint Paul, 3 fois seulement dans Heb. ; àîrôoroXoç, 1 fois dans Heb. et s’appliquant à Jésus-Christ, 34 fois dans saint Paul à son sens ordinaire. Le groupe xau-/ao|j.at, xaûxisi » ) 58 fois dans saint Paul, 1 fois dans Heb. Le groupe : çpovâ », çp<5vï)[i.a, 31 fois dans saint Paul, inconnu à Heb. L’optatif a, on le sait, à peu près disparu du Nouveau Testament ; on l’y trouve 66 fois seulement et, feit caractéristique, il est 28 fois dans Luc, 32 fois dans saint Paul et 1 fois seulement dans Heb., xiii, 21, et encore vers la fin du ch. xiii, qui, d’après quelques-uns, a été ajoutée par Paul, ce qui tendrait à prouver que l’auteur ne peut être un Alexandrin, car il saurait mieux employer les tournures grecques. — 6. Certains mots sont employés par Paul et par l’Épître aux Hébreux, mais différemment. On a signalé en particulier : ulo’; coO ©£oû, xXir)pov(Sfi.oç, ÛTt&crracTiÇi Tâ£ic, &PY<>v>e t c ->e * sur " tout ittaxiç. Signalons aussi la manière dont Jésus-Christ est appelé soit dans saint Paul, soit dans l’Épître aux Hébreux. Saint Paul, en parlant de Notre-Seigneur, ajoute presque toujours au nom de’IïjctoOç celui de Xptffrôç ou de Kupioç : ’Iï)(xoûç XpKxxoç, Xpio"ro’ç’Iï](To*jç, 6 KiSptoç’I^o-oO ? ; une fois sur trente, à peu près, il dira’Itjooûç tout seul. Dans l’Épître aux Hébreux la proportion est renversée ; presque toujours, neuf fois sur treize, on a’I^o-oûç seul et trois fois’It, <joûi ; Xpiax6ç ; une fois Kupioc ï)Si.wv’Ii)<ro5c. Les épithètes que saint Paul et Heb. ajoutent au nom de Jésus ou de Jésus-Christ sont différentes. Paul se sert de Kupioç xptfifo, êîxæoç (épithète donnée à Dieu par Heb., xii, 23), uiôç upwrdxoxoç, irpwtdToxoç "zr^ç xTi’asoiç, Tcpedxoi èx vExpôiv, êeuTepoç avOpwrco ;, [itakffi Beoû xat âvôptiîcwv, xEça>7) icâ<7r|ç « pxle *<**’s50u « Ji’o{. L’Épître aux Hébreux emploie les suivantes : Xpio-ro ; uM ; èiti-rov otxov, àpytepeiç, àp^iepE’Jç àfioXuyia ;, àizàazokos, (ieoÎtt)Ç.Sto&rpait, « PXIY^î o-(i>T<)ptaç, àp-/T)Y<i ; merrew ;, xX71pov<Su.oi ; iravTwv, âitayyaatia ZiXrfi xa : xapax-njp Tr, ? ûitoarâffetûc aOxoO. — 7. Il faut relever cependant un certain nombre d’expressions caractéristiques, communes à Paul et à l’Épître aux Hébreux : VEvexpw|tÉvo « , employé en parlant d’Abraham, Rom. rv, 19 = Heb., xi, 12 ; xaTapyéw, Heb.,-n, 14, employé dans le même sens que 1 Cor., xv, 26 ; II Tim., i, 10 ; icEpeffo-OTÉpu ; dix fois dans Paul, deux fois dans Hébreux et jamais dans les autres livres du Nouveau Testament ; vvvt dix-huit fois dans Paul, deux fois dans Hébreux, jamais ailleurs, excepté deux fois dans les Actes, dans

des discours de saint Paul. De même, xaOzrcep onze fois dans Paul, une fois dans Hébreux, jamais ailleurs. L’emploi du pronom indéterminé tîveç pour désigner une multitude est le même dans Rom., iii, 3 ; I Cor., x, 7, 10, et dans Heb., iii, 16 ; x, 25. Holtzmann a soutenu à grands renforts de textes qu’il y avait dépendance littéraire entre l’Épître aux Hébreux et les écrits de saint Paul. Voici les rapprochements les plus saillants :

Heb., ii, 10 =

Rom., xi,

36 Heb., ii, 4

ICor.

i xii, 4

m, 6

V,

12

7-11

vi, 12

IV,

13

n, 8

XV, 27

IV,

20

n, 10

vin, 6

x, 38

i,

17

n, 14

xv, 26

xi, 26 j

m, 7-19

j

xiii, 13 !

XV,

3

xii, 18-25

|

x, 1-H

xii, 14

XII,

18

xii, 4

IX, 24 ;

XIV,

19

x, 13

xiii, 1

xii,

10

V, 12

in, 2

xiii, 2

XII,

13

XI, 1

xv, 19

xiii, 9

XIV,

3

v, 14

H, 6

H cite aussi d’autres points de comparaison avec la seconde Épître aux Corinthiens, les Galates, les discours de saint Paul dans les Actes, l’Apocalypse, les Évangiles de Matthieu et de Luc. Nous avons comparé plusieurs de ces passages et nous nous sommes persuadé qu’il n’y avait certainement pas eu copie, car ces mots identiques entrent d’ordinaire dans des. phrases où la pensée exprimée n’est pas la même. Faut-il expliquer ces ressemblances de mots en attribuant la lettre à saint Paul ou en admettant que l’écrivain vivait dans la société intime de l’Apôtre et l’avait souvent entendu parler, ou bien qu’il possédait ses lettres et s’en était nourri ? Ou ne faut-il y voir rien autre chose que des analogies de mots, qui s’expliquent par la pauvreté du dictionnaire chrétien, par la communauté de l’enseignement et l’emploi d’un même livre sacré ? On peut choisir. La conclusion que l’on doit tirer de l’étude du vocabulaire d’un écrit ne peut être très affirmative, parce que les mots employés dépendent du sujet qui y est traité, et varient suivant la question. Cependant les divergences entre le vocabulaire de saint Paul et celui de l’Épître aux Hébreux sont trop considérables pour qu’on puisse admettre identité d’écrivain.

Style de l’Épître.

Quiconque a lu une page de

l’Épître aux Hébreux a été frappé par les caractères très particuliers du style. L’auteur était certainement un habile écrivain. Le style est très soigné et montre l’effort qui a été fait pour que tout soit fini. Tout y est arrangé avec art : l’ordre des mots, les incises, les parenthèses. Le discours coule facilement et ne présente pas ces à-coups et ces tournures embarrassées des écrits de saint Paul. Les longues périodes sont balancées exactement avec beaucoup d’habileté ; les proportions en sont régulières et les membres s’appellent et se répondent mutuellement. Voir par exemple : i, 1-4 ; ii, 2-4 ; 14-18 ; vi, 1-2 ; vii, 20-22, 23-25, 26-28 ; ix, 23-28 ; xii, 1824, et toute cette admirable péricope, xi, 1-xii, 3 qui est un des plus nobles et des plus majestueux développements du Nouveau Testament. C’est de la rhétorique la plus ample et la plus classique. La beauté des pensées est admirablement soutenue par la grande allure du style. Blass, Grammatik des Neut. Griechisch, p. 274, analyse les versets 1-4 du ch. I er, montre que la période y est conforme aux règles de la plus pure rhétorique et il ajoute : « Le reste de l’Épître est composé dans un style aussi coulant et d’une aussi belle rhétorique ; l’œuvre, tout entière, spécialement en ce qui regarde la composition des mots et des sentences, doit être tenue pour un morceau de prose artistique. Paul, au contraire, ne prend pas la peine qui est requise pour un style si soigné ; aussi, malgré toute son éloquence, les périodes artistiques ne se rencontrent pas dans ses écrits. » P. 290, il dit encore : « L’Épître aux