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    1. HÉBREUX##

HÉBREUX (ÉPITRE AUX)

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à celui des Septante ; mais, ce qui est certain, c’est que l’auteur raisonnait sur ce dernier et non sur le texte hébreu. En outre, en plusieurs passages, l’auteur sans faire de citations rappelle des faits, qui proviennent d’une mauvaise lecture des Septante. Ainsi, xt, 21, citant les Septante, il dit : Ἰακὼδ προσεκύνησεν, en s’inclinant sur le sommet de son bâton, ἐπὶ τὸ ἄκρον τῆς ῥάδδου αὑτοῦ. Or l’hébreu ἃ : « Israël adora en se tournant vers la tête de son lit. » La différence vient de ce que les Septante ont lu mattéh, « bâton, » au lieu de mittäh, a lit ; » il n’y a qu’une différence de voyelles. L’auteur ἃ même reproduit une faute de traduction, qui ne se retrouve que dans le Codex Alexandrinus. Ainsi, ΣΠ, 15, nous avons : Ἐπισχοποῦντες… μή τις ῥίζα πικρίας ἄνω φύουσα ἐνοχλῆ, « Veiïllant à ce qu’aucune racine d’amertume poussant des rejetons ne produise du trouble. » Or le Codex Alexandrinus, dans Deut., XxIX, 18, ἃ : μή τίς ἐστιν ἐν ὑμῖν ῥίζα πιχρίας ἄνω φύουσα ἐνοχλῇ, tandis que le Codex Vaticanus, traduit exactement l’hébreu : μὴ τίς ἐστιν ἐν ὑμῖν ῥίζα ἄνω φύουσα ἐν χολῇ καὶ πικρία, « Qu’il n’y ait parmi vous aucune racine poussant des rejetons dans le trouble et l’amertume. » Il serait possible de citer encore d’autres exemples analogues. Il reste donc certain que le texte grec est le texte original.

Vocabulaire de l’Épitre.

1. Eu égard à la briéveté de l’Épitre, le vocabulaire en est particulièrement riche et offre des caractéristiques très marquées. Thayer compte dans cette Épître 168 ἄπαξ λεγόμενα ; cette proportion est considérable, puisque l’Épître aux Romains en contient seulement 1143 ; I Corinthiens, 110 ; IT Corinthiens, 99 ; Galates, 34 ; Éphésiens, 49 ; Colossiens, 38 ; Philippiens, M ; IThessaloniciens, 3 ; Il Thessaloniciens, 11, et Philémon, 5. Seules, les Épitres pastorales ont le même nombre d’ärat, soit 168. Mais l’Épitre aux Hébreux est approximativement plus longue d’un tiers. Ces ἄπαξ λεγόμενα se décomposent ainsi :

1. Mots spéeïiaux à cette lettre et inconnus soit au grec classique soit au grec biblique. Il y en ἃ 10 : ἀγενεαλόγητος, vil, ὃ ; αἱματεχχυσία, IX, 22 ; ἔχτρομος, XII, 21, dans les manuscrits N D, n’est pas dans les dictionnaires grecs, mais a été trouvé dans la 265 ligne de l’inscription d’’Hadrumète, découverte en 1890 et publiée par Maspero, Collections du Musée Alaoui, 1se série, 85 liv., Paris, 1890, p. 100 ; les manuscrits ACMr portent ἔντρομος ; εὐπερίστατος, xii, 1 ; θεατρίζειν, x, 33 ; Polybe a ἐχθεατρίζεϊν ; μέσθαπο- δότης, XI, 6 ; μισθαποδοσία, Ir, 2 ; πρόσχνσις, XI, 28 ; συγ- χαχουχεῖν, XI, 25 ; τελειωτής, XII, 2. Quelques-uns de ces mots ont dans le grec classique des similaires, provenant de mêmes racines. —

2. On trouve aussi dans cesse Épitre 92 mots du grec classique, qui ne se rencontrent ni dans les Septante ni dans le reste du Nouveau Testament, ce qui prouve assez bien la culture classique de l’auteur. Citons : ἀκλινής, X, 23 ; ἀλυσιτελής, x, 17 ; ἀναλογίζεσθα :, XII, 3 ; διόρθωσις, IX, 10 ; évo- ὀρίζειν, X, 29 ; εὐαρέστως, XI, 28 ; συμπαθεῖν, 1V, 15 ; ὑπείκειν, XIII, 17, etc. —

3. Dix-huit autres mots, inconnus aux Septante et au Nouveau Testament, se trouvent dans les auteurs de la littérature grecque contemporaine ou postérieure : ἀθέτησις, VIL, 18 ; ἀκατάλυτος, VII, 16 ; ἀφορᾶν, XII, 2 ; δυσερμήνευτος, ν, 11 ; εὐποιΐα, χπι, 16 ;. μετριοπαθεῖν, ν, 2 ; πολυμερῶς, πολυτρόπως. s. ꝟ. ; τυμπανΐζειν, XI, 35 ; ὑποστολή, x, 39, etc. —-—

4. Soixante-quatorze mots employés par les auteurs classiques et les Septante se retrouvent ici seulement et non dans les autres livres du Nouveau Testament : αἴγειος, χι, 37 ; αἴτιος, V, 9 ; διάταγμα, χι, 18 ; εὐλάδεια, ν, 7 ; κατάσκοπος, XI, 31 ; φοθερός, Σ, 25 ; xapaxtip, 1, 3. —

5. Treize mots post-classiques, mais employés dans les Septante, se retrouvent ici et non dansile Nouveau Testament : ἀγνόημα, 1x, 7 ; αἴνεσις, XIII, 15 ; λειτουργικός, τ, 14 ; ἀπαύγασμα, I, 2 ; ὁρχωμοσία, V, 2 ; πρωτοτόχια, XII, 16. —-— 6. On remarquera les préférences de cet écrivain pour les mots composés ; ils sont trés nombreux dans cette Épitre, | beaucoup plus que dans un livre quelconque du Nouveau Testament. La où saint Paul a l’expression simple, l’Épistre a un mot composé : μισθαποδοσία, 11, 2 = I Cor., πὶ, 8, μέσθος ; ἡ συντελεέα τοῦ αἰώνος, ΤΣ, 96 — I Cor., x, 11, τὸ τέλος τῶν αἰώνων ; συνεπιμαρτυρεῖν, π, 4 = Gal., v, 3 ; μαρτυρεῖν ; ἔν δεξιᾷ τοῦ θρόνον τῆς μεγαλωσύνης, VHI, 1 = Col., πὶ, 1, ἐν δεξιᾷ τοῦ θεοῦ ; ἀναλογίζεσθαι, XIL, 3 = λογίζεσθαι, Rom, iii, 8,

II. Si maintenant nous comparons le vocabulaire de l’Épitre avec celui de saint Paul nous relevons 292 mots étrangers aux écrits pauliniens. Il est vrai que 462 de ces mots s’y retrouvent à l’état composé à l’aide d’une préposition. Pour les 130 autres, à part quelques-uns, dont saint Paul n’a pas eu à se servir, parce qu’ils se trouvent dans des citations ou se rapportent au culte mosaïque, la plupart d’entre eux étaient d’usage courant et saint Paul les aurait utilisés, s’il les avait connus. Voici quelques observations sur les ressemblances et les différences entre le vocabulaire de l’Épitre aux Hébreux et celui des Épîtres de saint Paul.

1. Emploi des particules.

L’emploi des particules, conjonctions et prépositions, est une des caractéristiques les plus-nettes d’un style. Or saint Paul emploie εἴ. τις 50 fois ; εἴτε, 63 fois ; εἴ πως, 3 fois ; πότε, 9 fois ; € Era, 6 fois ; εἰ δὲ καὶ, 4 fois ; εἴπερ, 5 fois ; ἔχτος et μή, 8 fois ; εἴγε, 5 fois ; μή πῶς, 12 fois ; μηκέτι, 740 fois ; μὲν οὖν γε, 3 fois ; l’Épitre aux Hébreux n’emploie jamais ces conjonctions ; ἐάν qui se trouve 88 fois dans saint Paul n’est employé que 2 fois dans l’Épître aux Hébreux, si-l’on en excepte & fois dans les citations. Comme composé de εἰ, l’Énstre aux Hébreux ne connaît que εἰ μήν 1 fois, ur, 8, contre 98 fois dans saint Paul ; εἰ καὶ, 16 fois dans saint Paul, n’est qu’une fois dans Heb., vi, 9 ; εἰ οὐ, 1 fois, χη, %5, contre 16 fois dans saint Paul ; ὅταν, 23 fois dans saint Paul, n’est qu’une fois dans Heb., 1, 6 ; ὄτε, 20 fois dans saint Paul, 2 fois dans Heb. ; ὥστε, 39 fois dans saint Paul, 1 fois dans Heb. ; μηδείς, μηδέ, 29 fois dans Paul, 2 fois dans Heb. ; πῶς, interrogatiꝟ. 40 fois dans Paul, À fois dans Heb. Mais ὅθεν, employé 6 fois et ἐάνπερ 8 fois dans l’Épitre aux Hébreux, sont inconnus à saint Paul ; διό est employé relativement 2 fois plus dans Heb. que dans saint Paul. L’usage des prépositions est très différent chez les deux écrivains. L’Épitre aux Hébreux préfère ἀπό, κατά, μετά, παρά, περί ; saint Paul διά, ἐχ, σύν, inconnu à Heb., ὑπέρ, ὑπό ; παρά avec l’accusatif, uni à un comparatif, fréquent dans Heb. et dans le grec classique, ne se trouve jamais dans saint Paul ; ὑπέρ avec la même construction, une fois dans Heb., , jamais danssaint Paul. —

2. Formules de rhétorique.

L’Épitre aux Hébreux ne connaît pas les formules de rhétorique ::τί οὖν, τί γάρ, ἀλλ᾽ ἐρεῖ τις, μὴ γένοιτο, ἄρα οὖν, οὐκ οἴδατε, familières à à saint Paul, et se sert des formules : ὡς ἔπος εἰπεῖν, ete τὸ διηνεκές, χαθ᾽ ὅσον, étrangères à saint Paul. —

3. Emploi des verbes et des cas.

Il y a quelques différences à signaler. L’Épitre aux Hébreux emploie καθίζω intransitivement, 1, 3 ; saint Paul dans un contexte semblable Pernploie transitivement, Eph., 1, 20. Heb. emploie χοινωνεῖν avec le génitif de l’objet, π, 14 ; saint Paul avec le datif de lo objet, Rom. ΧΗ, 43 ; xv. 27 ; Gal., vi, 6, etc. Heb. dit : εἴρειν πρὸς τίνα, 1, 13. Saint Paul se sert du datif de l’objet, Rom. 1x, 12 ; Gal., πὶ, 16. Heb. ἃ κρατεῖν avec le génitiꝟ. 1v, 14, saint Paul avec l’accusatif, Col. τ, 49. Heb. ἃ καταδαλλεῖν θεμέλιον, 11, 4, saint Paul dit : ἰσθάναι θεμέλιον, IT Tim, It, 19, τιθέναι θεμέλιον ; I Cor., ΠῚ, 10, οἰκοδομεῖν θεμέλιον, Rom., ἀν, 20. — 4, Tournures ei mots spéciaux à l’Épitre aux Hébreux. — Nous trouvons dans l’Épitre aux Hébreux de nombreuses tournures de phrases, qui lui sont absolument spéciales : διαφερώτερον ὄνομα κληρονομεῖν, I, 4 ; εἶναι εἰς πατέρα, 1, 5 ; ἀρχήν λαμβάνειν λαλεῖσθαι, 11, ὃ ; προσερχέσθαι θρόνῳ χάριτος, νι, 16 ; χεχωρισμένος ἀπὸ τῶν ἀμαρτολῶν, VI, 26 ; χρείττων, employé Il fois dans Heb. dans le sens de : « le plus