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HÉBREU — HEBREUX (EPITRE AUX)


contre eux au roi d’Egypte » parce qu’il est incapable de leur résister tout seul. Voir Journal asiatique, t. xviii, 1891, p. 517-527. Plusieurs assyriologues croient que ces 461° "isont les Hébreux. Hommel, Veberlieferung, p. 231. Il est possible en effet que ces Âbiri soient des enfants d’Israël qui auraient fait des incursions en Palestine, avant l’exode, pendant leur séjour en Egypte (cf. I Par., ti, 42-43, et voir W. M. Mùller, Asien und Europa nach altâgyptischen Denktnâlern, in-8°, Leipzig, 1893, p. 236 ; Hommel, Veberlieferung, p. 228) ; mais le fait n’est pas certain.

3° On a cherché à se rendre compte de la raison pour laquelle les descendants de Jacob sont appelés tantôt Hébreux, tantôt Israélites. D’après Gesenius, Thésaurus, p. 987, tandis qu’ils s’appellent eux-mêmes Israélites ou Israël, ils ne sont nommés Hébreux dans l'Écriture que lorsque celui qui parle est un étranger, Gen., xxxix, 14, 17 ; xli, 12 ; Exod., l, 16 ; ii, 6 ; Num., xxiv, 24 ; I Sam. (Reg.), iv, 6, 9 ; xiii, 19 ; xiv, 11 ; xxix, 3 ; Judith, x, 18 ; xii, 10 ; xiv, 16 ; ou bien lorsque les Israélites parlent d’eux-mêmes à des étrangers, Gen., xl, 15 ; Exod., i, 19 ; ii, 7 ; iii, 18 ; v, 3 ; vii, . 16 ; ix, 1, 13 ; x, 3 ; Jonas, i, 9 ; Judith, x, 12 ; II Mach., vii, 3 ; ou enfin, lorsqu’ils sont mis en opposition avec les autres peuples. Gen., xliii, 32 ; Exod., i, 15 ; ii, 11, 13 ; xxi, 2 ; Deut., xv, 12 ; I Sam. (Reg.), xiii, 3, 7 ; xiv, 21 ; Judith, xv, 2 ; xvi, 31 ; II Maçh., xi, 13 ; xv, 38. Le passage de Jérémie, xxxiv, 9, 14, où le mot Hébreu est employé sans qu’on puisse le faire rentrer dans aucune de ces trois classifications, est considéré comme faisant allusion à Deut., xv, 12.

III. Emploi du mot Hébreu dans le Nouveau Testament.

Dans le, Nouveau Testament, le mot Hébreu désigne : — 1° dans un sens général, tout membre de la nation Israélite. II Cor., xi, 22 ; Phil., iii, 2. — 2° Dans un sens plus strict, les 'ESpaïot, « les Hébreux, » sont ceux qui, au commencement de l'ère chrétienne, habitaient en Palestine et parlaient « le dialecte hébreu » ou araméen (voir Hébreu 2), par opposition aux 'EXXtjvKTraf ou Juifs hellénistes qui faisaient usage de la langue grecque. Act., vi, 1. — 3° Dans le titre de l’H, pître aux Hébreux, ce dernier mot s’entend des Juifs convertis, qu’ils parlent grec ou araméen.

F. Vigouroux. 2. HÉBREU, nom donné à la langue parlée par les Hébreux. — 1° Dans les livres protocanoniques de l’Ancien Testament, la langue parlée par les descendants de Jacob n’est jamais ainsi nommée. Cette appellation apparaît pour la première fois dans le Prologue grec de l’Ecclésiastique : iêpâïatl (Vulgate : Verba hebraica). Isaïe, xxix, 18, la désigne sous le nom de « langue de Chanaan ». Dans IV Reg., xviii, 26 (et Is., xxxvi, 11), de même que dans II Esd., xiii, 24, parler hébreu se dit parler yehûdît, îouêatW, judaice. L’hebraice, « en hébreu, » qui se lit" dans la Vulgate, Esther, iii, 7, est une addition du traducteur. Voir Hébraïque (Langue). — 2° Dans le Nouveau Testament, la langue qui se parlait en Palestine au temps de Notre-Seigneur et des Apôtres est appelée « hébreu » : iëpaU SiœXsxxoç, hebraica lingua, Act., xxi, 40 ; xxii, 2 ; xxvi, 14 ; iëpa’tW, hebraice, Joa., v, 2 ; xrx, 13, 17, 20 ; Apoc, ix, 11 ; xvi, 16 (cf. Josèphe, Ant.jud., III, i, 1 ; II, x, 6), parce qu’elle était en usage chez les Hébreux de Palestine, mais cette dénomination ne doit pas s’entendre de l’hébreu proprement dit, c’est-à-dire de celui de l’Ancien Testament ; elle désigne en réalité un dialecte araméen, se rapprochant beaucoup du syriaque. Voir Syriaque (Langue).

F. Vigouroux. HÉBREUX (EPITRE AUX). - Titre et souscription. — Les manuscrits.onciaux les plus anciens kAB, l’oncial K du ixe siècle, les minuscules 3, 17, 37, 47, 80, les versions sahidique et bohaïrique portaient en tête de cette épttre itpoç Egpaiou ;  ; le codex D n’a pas de titre.

Les autres manuscrits ajoutent Eic « rtoXri ou d’autres développements. Voir Tischendorf, Novuni Testamentum græce, editio octava major, t. ii, p. 780. Les manuscrits « 6, 17, ont pour souscription xpo ; ESpaioti » ; quelques codices ajoutent : E^poopr) aito pcofiiriç… airo ttaXtac, EypaçT) aito rraXta ; âia TcixoŒou, arco aBuvtov, EYpaçr) Eëpaïwu. Pour les souscriptions plus développées, voir Tischendorf, Nov. Test., t. ii, p. 839.

I. Destinataires de l'Épitre. — I. question préliminaire : CET ÉCRIT EST-IL UNE LETTRE ? — On lui conteste ce caractère, parce que l'Épitre aux Hébreux ne porte en tête ni la suscription, ni l’adressé qu’ont toutes les Épitres du Nouveau Testament, à l’exception de la première Épître de saint Jean, et parce qu’on n’y trouve pas non plus les indications préliminaires sur le sujet de la lettre, son occasion, les rapports de l’auteur avec ses lecteurs, que présentent les autres Épitres du Nouveau Testament. Après la conclusion de la lettre, fermée par un amen, xiii, 21, il y a, il est vrai, quelques lignes de salutation ; mais plusieurs critiques, [tels qu’Overbeck et Lipsius, supposent que ces données personnelles sont une addition postérieure. En outre, dit-on, cette Épttre est écrite d’après un plan nettement tracé, qui se développe régulièrement ; le style en est très littéraire. Les arguments se succèdent dans un enchaînement très strict, que ne comporte pas une lettre. Reuss, entre autres, et après lui Schwegler, Baur, Ewald, Hofmann, etc., ont donc soutenu que l'Épitre aux Hébreux n’est pas une lettre adressée à une communauté déterminée, mais « dans l’ordre chronologique le premier traité systématique de théologie chrétienne ». Reuss, Histoire de la théologie chrétienne au siècle apostolique, in-8°, Strasbourg, 1864, t. ir, p. 269. — Celte hypothèse ne paraît pas justifiée par l’examen de l'Épitre, car en plusieurs endroits l'écrivain s’adresse nettement à des personnes déterminées ; il est impossible de voir dans ces passages des observations ou des exhortations générales. Il dit lui-même à ses frères qu’il a écrit brièvement, et les prie de supporter ces paroles d’exhortation, xiii, 22 ; il montre qu’il connaît bien ses lecteurs ; il sait quels sont leurs défauts, v, 11 ; ce qu’ils sont et ce qu’ils devraient être, v, 12 ; ce qu’ils ont fait, VI, 10. Il leur rappelle le souvenir de leurs premiers combats, x, 32, de leur charité, x, 34. La forme de l'écrit et surtout son appareil dialectique ne peuvent établir que nous avons ici un traité de théologie ; car, si la conclusion s’imposait, il faudrait l’appliquer aussi à l'Épitre aux Romains, dont le développement logique est tout aussi serré que celui de l'Épitre aux Hébreux. Enfin les salutations de la fin et la promesse d’aller voir bientôt ses lecteurs doivent être tenus pour authentiques, car on les rejette uniquement parce qu’elles sont gênantes pour l’hypothèse qu’on veut établir. En fait, cet écrit est une espèce d’allocution écrite à des frères d’une communauté déterminée, à qui l’auteur a voulu envoyer une parole d’exhortation, Xiyoc ttje TOxpoaX7)<reo> ;, xiii, 22.

II. À QUELLE COMMUNAUTÉ EST ADRESSÉE L'ÉPITRE

AUX hébreux. — Il est difficile de l'établir d’une manière absolue, puisqu’il n’est fait aucune mention dans l'Épitre de ceux auxquels elle est adressée, ni de leur lieu de résidence. Les manuscrits les plus anciens, Sinaiticus, Vaticanus, Alexandrinus, nous donnent cependant une indication : ils portent en tête l’adresse : irpoç Eëpatou ;. Quoique ces titres soient l'œuvre des copistes, qui s’en servaient pour classer leurs parchemins, ils nous apprennent quelle était la tradition de leur temps au sujet de cette Épître. Or, cette tradition, qui s’est maintenue jusqu'à nos jours, est justifiée par l'étude de l'écrit lui-même. L’auteur veut prouver la supériorité de l’alliance nouvelle sur l’ancienne, afin que ses lecteurs^ chancelants dans leur fidélité, restent fermement attachés à la confession de leur espérance, x, 23. Et, quoiqu’il ait pu, en fait, adresser cette dé-