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GAÉLIQUES (VERSIONS) DES SAINTES ÉCRITURES


est le même, avec quelques variantes, que celui du livre de Ilallymote. La seconde et la quatrième partie, fol. 8-9 et 22-29, contiennent, sous le titre : Enseigner ment du roi Salorhon, plusieurs passages de l’Ecclésiaste et de la Sagesse. Dans la cinquième partie, fol. 30-57, il y a plusieurs homélies sur des vies de saints, avec-des passages bibliques, et surtout sous forme de Vie de Joseph d’Arimathie, une traduction de l’Évangile apocryphe de Nicodème, plus complète que celle qui a été publiée par Atkinson. La septième partie, fol. 74-117, contient également diverses homélies, avec des citations bibliques ; la Vision d’Adamnan, dont nous avons parlé plus haut ; et d’autres morceaux qui se trouvent pour la plupart dans Atkinson, The Passion and the HomiUes front Leabhar Breac, Londres, 1887. Voir une analyse détaillée de ce manuscrit par M. d’Arbois de Jubainville, dans la Revue celtique, octobre 1890, p. 390-404.

III. La troisième période du gaélique, ou gaélique moderne, a ceci de particulier, qu’elle se divise en deux branches principales, dont chacune a. sa littérature à part, et, par conséquent, des versions de la Bible qui sont distinctes. Dans les deux périodes précédentes, c’est l’Irlande qui était le point de départ du mouvement intellectuel gaélique, et c’est à elle que revient l’initiative de la littérature biblique dont nous avons résumé l’histoire. Mais, à partir du XVIe siècle, les troubles politiques et surtout religieux qui accompagnèrent l’établissement de la Réforme, dans les lies Britanniques, déterminèrent une scission parmi les populations de langue gaélique. Il y eut les Gaëls d’Irlande et les Gaëls de l’Ecosse occidentale, ou Higklanders (habitants des hautes terres). C’est à la langue de ces derniers qu’on réserve ordinairement, dans l’histoire littéraire de la Grande-Bretagne, le nom de gaélique proprement dit. Le gaélique d’Irlande est plus communément appelé l’irlandais. Venant d’ailleurs de la même souche, les deux langues ont entre elles la plus étroite affinité.

Gaélique d’Irlande.

Un certain nombre de

morceaux-bibliques sont encore en manuscrit. Ainsi, par exemple, une Vie de Jésus-Christ, remontant au xvi » siècle, est signalée. comme faisant partie de la collection Stowe, dans le catalogue publié par O’Conor sous le titre Bibliotheca manuscripta Stowensis, a descriptive catalogue of the manuscripts in the Stowe library, Buckingham, 1818. Cette collection est devenue, en 1849, la propriété de lord Ashburnham qui l’a cédée, croyons-nous, en 1883, au British Muséum. Une autre Vie de Jésus-Christ, composée au xviie siècle, est contenue dans le manuscrit n » 28 de la bibliothèque des franciscains de Dublin. On signale également des parties bibliques dans les manuscrits 18.205 Additional, 137 Egerton, E. H. Cottonian Vespasian du British Muséum, tous du xvi » siècle. Voir d’Arbois de Jubainville, Essai d’un catalogue de la littérature épique de l’Irlande, précédé d’une étude sur les manuscrits en langue irlandaise conservés dans les îles Britanniques et sur le continent, Paris, 1883.

La première version imprimée est celle du Nouveau Testament, à la fin du xvie siècle. Elle fut entreprise, vers 1574, par John Kearney, trésorier de l’église Saint-Patrick à Dublin ; Nicolas Walsh, plus tardévêque d’Ossory ; et Néhémie Dovellan, qui devint archevêque de Tuam en 1595. Mais des difficultés de diverse nature les empêchèrent de terminer leur travail ; et ce fut William O’Donnell, successeur de Dovellan sur le siège archiépiscopal de Tuam, qui mit la dernière main à cette traduction, avec l’aide de Mortogh O’Cionga, plus connu sous le nom de King. L’ouvrage, fut imprimé en 1602, en caractères irlandais, et tiré à cinq cents exemplaires, in-fol., sous le titre suivant : An Twmna Nuad ar dtigearna agus ar slanuigteora Josa Criosd, air na larruing go firinneach as an ngreigis ngdarac, « Le

Nouveau Testament de Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Ghrist, traduit exactement de l’original grec, i Dublin, 1603. C’est au même William O’Donnell qu’on doit la traduction irlandaise des parties bibliques du Book of Common Prayer, qui parut en 1608.

La version de l’Ancien Testament fut entreprise, quelques années après, par Bedell, un linguiste distingué, qui avait appris l’hébreu à Venise, sous la direction d’un rabbin très instruit, pendant qu’il était chapelain de sir Henry Wotton. Élevé en 1629 au siège épiscopal de Kilmore et Ardagh, Bedell, qui ne savait pas l’irlandais, se mit aussitôt à l’apprendre ; et, peu après, il pouvait commencer son travail. Sur le conseil du primat d’Irlande, Jacques Usher, il s’était d’ailleurs assuré le concours de King, qui avait déjà collaboré à la traduction du Nouveau Testament, ainsi que du Rév. Denis O’Sheriden. Le travail fut mené assez vite, et il était à peu près terminé en 1640. On se disposait à l’imprimer, quand de sérieuses difficultés survinrent qui a Tétèrent la publication. L’exactitude de la traduction était contestée, et le travail de King spécialement attaqué. Bientôt le peuple s’en mêla, et une émeute força Bedell et sa famille à quitter le pays. Il mourut en 1641, chez son ami O’Sheriden, en lui confiant son manuscrit.

Les troubles politiques et religieux qui agitaient alors la Grande-Bretagne empêchèrent longtemps d’imprimer l’ouvrage. Ce fut seulement en 1680, lorsque la première édition du Nouveau Testament fut complètement épuisée, qu’on se décida à la réimprimer et à publier en même temps laversion de Bedell. Un gentilhomme de Londres, Robert Boyle, avança les fonds nécessaires, et le D’André Sali fut chargé de reviser le manuscrit, de concert avec le D r Higgins, professeur au collège de la Trinité, à Dublin. Sali, étant venu à mourir en 1682, fut remplacé par Réilly, et le travail de revision fut continué sous la haute direction du D r Marsh, qui devint ensuite primat d’Irlande. De cette manière, la version de Bedell parut enfin en 1686, sous ce titre : Leabair an tsean Twmna, air na dtarruing on teanguid ugdarac go gaidlig, tre curam agus saotar an doctur Bedel, roime easppg Cillenwire a n’Erin, « Les livres.de l’Ancien Testament traduits, du texte original en gaélique, paroles soins et le travail du D r Bedel, jadis évêque de Kilmore, en Irlande, » in-4°, Londres, 1686. L’édition fut tirée à cinq cents exemplaires, dont deux cents étaient destinés aux Gaëls de l’Ecosse occidentale. La version irlandaise de la Bible par Bedell et O’Donnell est restée depuis lors la plus populaire dans cette partie de l’Ecosse. À la fin du xviii » siècle, en 1790, on publia une seconde édition de la Bible irlandaise ; mais elle était en caractères romains ordinaires, et spécialement destinée aux Higklanders de l’Ecosse. En 1799, le D r Stokes fit faire un tirage à part de saint Luc et des Actes des Apôtres, suivi en 1806 d’une édition spéciale des quatre Évangiles et des Actes, avec une traduction anglaise en face du texte irlandais. La « Société biblique britannique et étrangère » publia également, à partir de 1809, plusieurs éditions complètes ou partielles, de la Bible irlandaise. Ces publications ne sont guère que la reproduction plus ou moins fidèle de la version de Bedell et O’Donnell. Notons encore la traduction de la Genèse et de l’Exode par Convellan, Londres, 1820 ; et par Mac Haie, devenu plus tard archevêque catholique de Tuam, Dublin, 1840.

Gaélique d’Ecosse.

Le premier livre imprimé

en gaélique écossais est le livre de prière intitulé The Book of common order, plus connu sous le titre John Knoafs Liturgy, Edimbourg, 1567. C’est à la demande des Réformés d’Ecosse, qui voulaient propager, 1a doctrine "de Knox, dans les endroits où le peuple ne comprenait ni l’anglais ni le latin, que cet ouvrage fut traduit en gaélique, par Jean Carswell, surintendant d’Argyll et des lies Hébrides pour l’Église presbytérienne. Ce