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hébraïque (langue)

l’un sert de parfait, l’autre d’imparfait proprement dit) ; en éthiopien (les deux imparfaits sont formés à peu prés de la même manière que ceux de l’assyrien et servent, l’un pour l’indicatif, l’autre dans des phrases où nous emploierions le subjonctif), surtout en arabe. Cette dernière langue ne compte pas moins de cinq imparfaits pour chaque conjugaison ; ils diffèrent par leurs désinences et servent : pour l’indicatif (yaqtuh :), le conditionnel (yaqtula), le subjonctif (yaqtul), et l’énergique (yaqtulan et yaqtulanna). L’hébreu n’ignore pas absolument ces diverses formes ; ses imparfaits ordinaires correspondent à la forme arabe usitée pour l’indicatif (moins la voyelle finale) ; elle a pour le cohortatif des formes avec la désinence â qui rappellent celles du conditionnel arabe ; ses imparfaits apocopes sont, par leur forme et leur emploi, à rapprocher du subjonctif arabe : enfin devant les suffixes, l’imparfait hébreu prend parfois un 2 épenthétique qui tient des formes énergiques de l’arabe. Le mécanisme de la conjugaison est le même dans l’hébreu et dans toutes les autres langues sémitiques. Il y a aussi de très grandes similitudes entre tous ces idiomes quant à l’addition des suffixes pronominaux compléments. Toutefois l’arabe garde mieux ses voyelles que l’hébreu et la plupart des autres langues, qu’il s’agisse des voyelles primitivement caractéristiques de chaque forme (qaffala pour qittêl, au pihel ; ’aqtala pour hiqtîl, au hiphil), ou des voyelles qui se trouvent placées devant les désinences (qâtalaf pour qâtalâh ou qdtelah, à la 3’pers.sing. fém. parf. kal), ou des voyelles des préformantes (yaqtulu pour yiqtol à la 3e pers. sing. masc. impart, kal).

Les verbes irréguliers de l’hébreu se rattachent aux mêmes types que les verbes irréguliers des autres langues sémitiques. Toutefois l’arabe et l’éthiopien n’ont pas de verbes irréguliers à gutturales, et laissent moins aisément les lettres faibles perdre leur valeur de consonnes ; en syriaque, au contraire, il n’y a plus qu’une seule classe pour les verbes Nb, ib et >b.

Le nom.

1. Formation. — Il y a une très grande

analogie entre l’hébreu et les autres langues sémitiques pour la formation des noms. Presque toujours ces derniers dérivent des verbes et expriment un caractère plus saillant de l’objet qu’ils désignent. D’ailleurs leurs modes de dérivation sont identiques, avec cette réserve toutefois que l’arabe, ayant gardé plus fidèlement sa vocalisation, fournit l’ensemble le plus complet et le moins altéré de types nominaux, surtout quand il s’agit des formes obtenues par des changements de voyelles (c’est ainsi, par exemple, qu’à peu près tous les types de noms à voyelles brèves ont été altérés en hébreu). D’autre part, certaines langues sémitiques affectent de préférence telles ou telles préformantes, telles ou telles ail’ormantes. 2. Flexion.

a) Le neutre n’existe dans aucune langue sémitique. Quant au féminin, l’hébreu est avec le syriaque (n est remplacé par x prononcé ô) la seule langue

sémitique qui ait perdu à peu près complètement l’ancienne désinence n l’arabe toutefois admet d’autres

— j

désinences secondaires. — 6) L’hébreu n’a rien qui corresponde aux pluriels brisés ou internes de l’arabe et de l’éthiopien. D’autre part, la désinence im qui caractérise le pluriel masculin ne se retrouve guère dans les autres langues sémitiques. La consonne a est le plus souvent remplacée par n (syriaque, in ; assyrien, ani ; arabe, ùnna ; éthiopien, dn). La désinence du pluriel féminin ni est commune à l’hébreu, au syriaque et, sous une forme ât plus primitive, à l’assyrien, l’arabe, l’éthiopien (ici elle s’ajoute à la désinence du féminin singulier au lieu de la remplacer). Ignoré du syriaque, de l’éthiopien et peut-être de l’assyrien, le duel n’existe que dans l’hébreu et dans la déclinaison arabe. — c) L’état construit est commun à l’hébreu et à toutes les autres langues sémitiques et consiste toujours dans l’abréviation des

formes absolues. Au singulier, l’état construit produit partout la suppression des voyelles non caractéristiques (en syriaque les voyelles sont tellement réduites, à l’état absolu, que l’état construit ne produit aucun changement) et peut amener, dans les langues qui ont des désinences casuelles, la suppression de ces désinences (comme en assyrien ; en éthiopien, on emploie partout comme état construit la forme de l’accusatif). Dans les langues qui ont gardé l’ancienne désinence at à l’état absolu féminin, l’état construit ne diffère de l’état absolu que par la suppression des désinences casuelles. (assyrien : Sarratu, « reine, » état const., sarrat) et de certaines voyelles. Au pluriel masculin la consonne finale disparaît en syriaque et en arabe comme en hébreu ; en assyrien il n’y à pas de forme spéciale, à moins que l’on ne considère comme telles les désinences î et ê du pluriel masculin que l’on retrouve aussi à l’état absolu.

— L’araméen est seul à employer cette forme spéciale du nom déterminé qui est connue sous le nom d’état emphatique et qui semble formée du nom absolu auquel on aurait ajouté un suffixe représentant l’article. — d) Il reste dans le nom hébreu certaines désinences que l’on rapporte à des suffixes primitivement destinés à désigner les cas : u pour le nominatif, i pour le génitif, a pour l’accusatif. En dehors du syriaque, toutes les autres langues sémitiques ont gardé leurs cas plus fidèlement que l’hébreu ; on trouve régulièrement les trois cas dans l’assyrien, l’arabe (pour les noms triptotes et avec nunation malkun, malkin, màlkan, quand ils sont indéterminés ) ; l’éthiopien n’a gardé que la désinence casuelle de l’accusatif. — e) L’addition des suffixes se fait aux noms à peu près partout comme en hébreu. — f) Seuls, en dehors de l’hébreu, l’arabe et le sabéen ont un article représenté par une particule déterminée.

3. Particules.

Les particules ont les mêmes origines dans l’hébreu et les autres langues sémitiques ; ce sont le plus souvent des formes verbales ou nominales employées dans une acception particulière, parfois avec une désinence caractéristique. On retrouve à peu près dans toutes ces langues les particules 3, b (arabe, éthiopien, syriaque, etc.), 1 (arabe, éthiopien, syriaque, assyrien sous la forme de l’enclytique ma, etc.), mais il est à noter que l’arabe et l’assyrien renferment plus de particules que l’hébreu ; que le syriaque et surtout l’éthiopien sont très riches en particules explétives, analogues à celles que l’on retrouve en grec et qui ajoutent peu au sens.

IV. syntaxe.

La syntaxe hébraïque est une des plus élémentaires ; elle se rapproche à cet égard de la syntaxe syriaque, bien que celle-ci se soit compliquée peu à peu sous l’influence du grec. En revanche, les syntaxes de l’assyrien et des langues sémitiques du Sud sont complexes, à des degrés divers. Les points par lesquels elles l’emportent sur la syntaxe hébraïque sont surtout : la précision des temps dans le verbe, au moyen de divers auxiliaires ; l’expression des divers modes conditionnel, subjonctif, optatif ; la subordination des propositions au moyen de particules spéciales, etc. La syntaxe arabe est de toutes la plus riche.

v. poésie. — La poésie sémitique était partout très simple à l’origine, comme on peut le voir par les spécimens qui nous sont conservés des poésies assyriennes, et des anciennes poésies arabes. Elles semblent pour la plupart avoir eu le parallélisme comme trait principal ; les vers paraissent être à peu près toujours isosyllabiques ; mais l’arabe, comme d’ailleurs l’hébreu postérieur à la Bible, a beaucoup compliqué sa prosodie ; il y a introduit le mètre et des combinaisons de vers souvent très multiples.

vi. vocabulaires. — Le vocabulaire des autres langues sémitiques a beaucoup d’analogies avec celui de l’hébreu. Partout on remarque, avec des différences de degré, une certaine pauvreté en adjectifs et en adverbes, et une certaine difficulté d’exprimer les idées abstraites.