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hébraïque (langue)


2. Permutations, altérations des voyelles. — Ces phénomènes se produisent ou par suite des flexions grammaticales ou par suite de l’usure de la langue. A. ces deux points de vue, l’arabe a beaucoup mieux sauvegardé sa vocalisation que l’hébreu. Les flexions grammaticales sont loin d’amener autant de changements, de suppressions et d’additions de voyelles en arabe qu’en hébreu. D’autre part, l’usure n’a presque pas fait sentir son influence sur la vocalisation arabe. De là le recours fréquent des grammairiens à cette langue pour l’explication des formes hébraïques qui ont subi des altérations plus ou moins notables. En, revanche, l’hébreu a gardé la pureté de sa vocalisation beaucoup plus parfaite que le syriaque ou l'éthiopien : dans ces deux langues il semble qu’on n’ait conservé de voyelles proprement dites que le nombre strictement nécessaire pour la prononciation des consonnes ; l’e muet y remplace très souvent des voyelles que l’on retrouve en hébreu dans un état de parfaite conservation.

/II. morphologie. — 1° Pronoms. — i. Les pronoms personnels de l’hébreu présentent beaucoup de ressemblances avec ceux des autres langues sémitiques. Les consonnes essentielles sont identiques dans presque toutes ces langues. Il est à noter que l’hébreu est à peu près le seul dialecte dans lequel la première personne du singulier ait à la fois la forme longue >3lN (que l’on retrouve en assyrien) et la forme brève

>jn (que l’on retrouve en arabe, en araméen, en éthiopien). Seuls l’assyrien et le syriaque assimilent comme l’hébreu ; le 3 et le n dans des pronoms aux secondes personnes. Les éléments essentiels des pronoms de la B 8 pers. semblent être au singulier les voyelles û et î ; tandis qu’en arabe et en araméen ces voyelles sont précédées de n comme en hébreu, elles sont précédées de m en assyrien, suivies de lettres proclitiques en assyrien --- et en éthiopien. — Les voyelles n’ont pas naturellement la même fixité que les consonnes et varient avec chaque langue. Certaines variations proviennent d’ailleurs de ce que les voyelles de l’hébreu sont plus altérées que celles des autres langues. L'> final de la 2e pers. fém.

sing. (>pn) a généralement disparu de l’hébreu comme de

la prononciation du syriaque, 'on le retrouve au contraire dans presque toutes les autres langues sémitiques. Il en est de même de la voyelle m des désinences des 2e et 3e pers. ptur. qui s’est atténuée en hébreu (diw, juk, on, ]n)

comme en éthiopien (sauf aux 3 « pers.), tandis qu’elle s’est conservée en arabe, et, pour le masculin au moins, en syriaque et en assyrien. Cette dernière langue d’ailleurs a une très grande variété de pronoms personnels. — Des remarques analogues sont à faire pour les pronoms suffixes et préfixes destinés à marquer les personnes dans la conjugaison verbale et pour les pronoms suffixes compléments. — S. Les pronoms démonstratifs, relatifs et interrogatifs présentent une bien plus grande variété. On peut toutefois y reconnaître le plus souvent les mêmes éléments primitifs modifiés par certaines altérations de voyelles et même de consonnes, ou encore par l’addition do diverses lettres proclitiques et enclitiques (assyrien et éthiopien).

Le verbe.

L’hébreu est à peu près la seule langue

sémitique dont les radicaux soient presque constamment trilittères ; le syriaque et l'éthiopien en particulier admettent beaucoup de radicaux quadrilittères. Mais dans toutes les langues sémitiques, comme dans l’hébreu, le verbe est d’ordinaire le point de départ de la dérivation des noms et autres parties du langage.

i. Les formes ou conjugaisons. — Les conjugaisons hébraïques se peuvent ainsi classer : trois conjugaisons actives, la simple (ftaî), l’intensive quhel) obtenue par le redoublement de la 2° radicale, et la causative (kiphil) obtenue au moyen du préfixe n ; deux conjugaisons

passives, le passif de l’intensive (puhal) et le passif de la cansative (hophal), obtenues par des changements de voyelle ; une conjugaison réfléchie (niplial) obtenue de la forme active simple par le moyen du préfixe i ; une conjugaison réfléchie (hithpahel) obtenue de la forme intensive active au moyen du préfixe n. — La forme active simple se retrouve naturellement dans toutes les autres langues. — Tandis que l’assyrien et le syriaque n’ont comme l’hébreu qu’une forme intensive, les langues sémitiques du Sud (arabe, éthiopien) en ont au moins deux consistant l’une dans le redoublement de la 2e radicale, l’autre dans l’allongement de la première voyelle (arabe, qâtala ; éthiopien, qâtala, qêtala, qôtala) ; cette dernière forme se retrouve dans les verbes irréguliers de l’hébreu. — La conjugaison active causative n’est indiquée par le préfixe n que dans l’hébreu et le chaidéen ; dans l’arabe, le syriaque, ce ri est remplacé par un n ; l’assyrien le remplace par un w qui, en syriaque, donne une seconde forme causative. En éthiopien le système des formes causatives indiquées par N est beaucoup plus développé ; il y a des formes causatives particulières correspondant soit à l’actif simple, soit aux divers actifs intensifs. — Les formes passives n’existent qu'à l'état de vestiges dans la conjugaison syriaque ; on leur substitue pour l’indication du sens passif les formes réfléchies : on ne les retrouve pas davantage en assyrien. En arabe au contraire, à peu près toutes les formes verbales (actives, causatives, réfléchies) ont une forme passive correspondante, obtenue par un changement de voyelles : l'éthiopien n’a pas cette particularité. — La conjugaison réfléchie obtenue au moyen du préfixe

est particulière à l’hébreu, à l’assyrien et à l’arabe :

elle n’est employée qu’assez rarement dans l'éthiopien. — En revanche la conjugaison réfléchie obtenue au moyen du préfixe n est moins fréquente en hébreu que dans la plupart des autres langues sémitiques. Le syriaque a une forme réfléchie en n (avec un s prosthétique au lieu de n) pour chacune des formes actives, simple, intensive et causative. Il en est de même : de l’assyrien qui a même une forme réfléchie avec n correspondant à son niphal ; de l’arabe, qui n’emploie pas de lettres prosthétiques devant le n aux réfléchis des intensives, et qui met le n après la première radicale au réfléchi de la forme simple (pour le réfléchi des causatives, cf. la forme Xe) ; de l'éthiopien. — L’hébreu d’ailleurs ne connaît pas une foule d’autres formes verbales usitées dans d’autres langues, par exemple les formes avec nt préfixe de l’assyrien, les formes avec si préfixe de l'éthiopien, etc.

2. Genre et nombre.

La plupart des langues sémitiques ne distinguent que les deux nombres, singulier et pluriel, dans la conjugaison : seul, l’arabe a des formes spéciales pour le duel. Quant aux genres, elles n’admettent que le masculin et le féminin : la distinction en est d’ordinaire mieux marquée, aux 3 M pers. du parfait pluriel, dans les autres langues que dans l’hébreu.

3. Modes du verbe.

L’indicatif, l’impératif, le participe et l’infinitif sont communs à presque toutes les langues sémitiques, bien que des formes spécialesfassent parfois défaut pour l’infinitif.

4. Temps.

La plupart des langues sémitiques n’ont que le parfait et l’imparfait. Il est même à noter que l’assyrien n’a pas de parfait proprement dit ; mais en combinant le participe avec les pronoms personnels il est arrivé à indiquer un état permanent assez analogue à notre présent, et a ainsi créé une sorte de temps nouveau, le permansif. Les Syriens, sans ajouter ainsi un nouvel élément à la conjugaison, ont souvent usé du même procédé pour indiquer le présent. — Les langues sémitiques autres que l’assyrien n’ont, comme l’hébreu, qu’un seul parfait pour chaque conjugaison. Mais en divers dialectes on trouve plusieurs imparfaits. C’est ce qui a lien : en assyrien (des deux imparfaits,