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HÉBRAÏQUE (LANGUE)

490° t ; nnx pour nrm, etc. ; d) diverses particularités de

syntaxe, tendant souvent à introduire dans la phrase une plus grande brièveté : suppression de l’article, em-, ploi de l’état construit devant les prépositions, suppression du relatif et de la particule de l’accusatif, etc.

IV. BÈGLES PARTICULIÈRES DE LA POÉSIE HÉBRAÏQUE.

— 1* Le parullélisme. — C’est un des traits les plus saillants de la poésie hébraïque, l’un des caractères que les versions nous ont le plus fidèlement conservé. Il a été néanmoins ignoré des exégétes chrétiens et juifs jusqu’en 1753. Plus d’une fois, sans doute, les anciens commentateurs l’avaient signalé pour divers cas particuliers. Mais c’est Lowth qui le premier, dans ses Leçons sur la poésie sacrée des Hébreux, fit voir dans cette particularité un élément essentiel de la poétique biblique. Depuis lors le parallélisme a été étudié en tous ses détails, et dans les éditions les plus récentes des Septante et de la Yulgate, on en a tenu compte pour la division du texte sacré. Le parallélisme, parallelismus tnembrorum, souvent comparé au mouvement d’un balancier, s est la correspondance d’un vers avec un autre » (Yigouroux, Manuel biblique, 11e édition, t. ii, p. 266) :

L’homme patient vaut mieux que l’homme fort, Et celui qui domine son esprit que celui qui prend des villes.

Prov, , xvi, 32.

Entre ces deux vers la correspondance est parfaite, ( l’homme patient » est identique à « celui qui domine son esprit », l’homme fort, » ou « vaillant », à « celui qui prend les villes d’assaut ». Quant à la comparaison, elle n’est pas exprimée dans le second vers ; il faut sous-entendre le terme même du premier membre. Parfois la correspondance est plus exacte encore :

La maison des impies sera détruite, La tente des justes prospérera.

Prov., xiv, 11.

On distingue diverses espèces de parallélisme : — 1. Au point de vue de la manière dont les membres se correspondent, il y a : — le parallélisme « synonymique », dans lequel le second membre exprime exactement la même pensée que le premier et en des termes respectivement équivalent » :

Les cieux proclament la gloire de Dieu, Et le firmament publie la force de ses mains. Ps., xviii, 2.

— le parallélisme c antithétique », dans lequel le second membre met en relief la vérité contenue dans le premier par le contraste de la maxime opposée. C’est le parallélisme le plus fréquent dans les Proverbes :

La crainte de Jéhovah augmente les jours, Mais les années des impies sont raccourcies.

Prov., x, 27.

— le parallélisme « synthétique », dans lequel le second membre complète la pensée exprimée dans le premier :

Mieux vaut rencontrer une ourse dont on a pris les petits, Qu’un Imbécile plein de confiance en sa sottise.

Prov., xvii, 12.

2. Au point de vue du nombre des membres il y a :

— le parallélisme « distique », qui ne compte que deux membres. Tous les exemples qui précèdent rentrent dans cette catégorie ;

— le parallélisme i tristique, » qui compte trois membres :

Les rois de la terre s’associent, Et les princes délibèrent ensemble Contre Jéhovah et contre son Oint.

Ps. ii, 2.

Dans ce tristique, les deux premiers membres for ment un parallélisme synonymique, mais le troisième membre est synthétique.

On pourrait peut-être distinguer un parallélisme « à quatre membres », mais il est facile de le ramener à deux parallélismes distiques.

Le parallélisme est un élément essentiel de la poésie hébraïque ; on le rencontre partout sous une forme ou sous une autre. Dans les passages poétiques où il fait actuellement défaut, l’expérience prouve que, le plus souvent, divers accidents de copistes et de manuscrits ont dénaturé le texte ; si on le rétablit soit à l’aide des fragments qui en demeurent, soit avec le secours des versions, on retrouve le parallélisme primitif. — De même que le mouvement du balancier, un pareil procédé engendrerait vite une fatigante monotonie ; c’est ce qui arrive en certains poèmes dans lesquels les auteurs n’ont pas su dominer cette difficulté. Mais le plus souvent les poètes sacrés en ont évité les inconvénients en s’appliquant à introduire dans le parallélisme même la plus grande variété. Tantôt ils ont combiné ensemble diverses espèces de parallélisme, le synonymique avec l’antithétique, le distique avec le tristique, etc. ; tantôt ils ont développé la même pensée dans plusieurs parallélismes consécutifs. D’autres fois, deux parallélismes s’enchevêtrent l’un dans l’autre ; plus souvent on sous-entend un verbe, ou un sujet dans l’un des membres, on interrompt la régularité monotone à l’aide d’interrogations, de suspensions, de parenthèses, etc.

Le vers hébreu.

Son existence est admise par

tous ceux qui se sont occupés de la poésie hébraïque. Mais quant à la nature de ce vers, les opinions ont beaucoup varié, et aujourd’hui encore il reste sur cette question des points obscurs. C’est ainsi tout d’abord que des critiques identifient le vers hébreu non avec le stique, ou le membre du parallélisme, mais avec le parallélisme lui-même : le stique ou membre du parallélisme ne serait alors qu’un hémistiche par rapport au vers tout entier. Cette opinion ne paraît pas fondée : si elle est susceptible de s’appliquer aux parallélismes distiques, il serait beaucoup plus difficile de l’admettre pour les parallélismes tristiques : on aurait alors des vers démesurément longs et irréguliers. Il faut voir selon toute probabilité un vers proprement dit dans chaque membre du parallélisme. — Les anciens Josèphe, Eusèbe, saint Jérôme, croyaient reconnaître dans les vers hébreux des mètres analogues à ceux de la poésie classique, des hexamètres, des pentamètres, etc. On en resta longtemps à cette opinion sans d’ailleurs se préoccuper de l’approfondir. Aujourd’hui elle paraît fausse ; lorsque les savants modernes ont voulu l’appliquer d’une manière rigoureusement scientifique aux poèmes bibliques, ils ne sont arrivés à aucun résultat. Il a fallu chercher un terme de comparaison non dans les mètres classiques, mais dans les poésies sémitiques les plus simples. M. Le Hir (Le rythme chez les Hébreux, dans son introduction au Livre de Job) eut le premier l’idée de comparer le vers hébreu avec le vers usité dans les anciennes hymnes de l’Église syrienne. M. Bickell a repris cette idée, l’a approfondie et l’a appliquée aux poésies de la bible hébraïque ; on peut contester un certain nombre de ses hypothèses (par exemple, sur le nombre des syllabes non accentuées qui peuvent séparer deux syllabes accentuées ) ; mais l’ensemble de son système paraît assez définitif. — 1. Dans le vers hébreu, on ne mesure pas les syllabes, on ne les distingue pas en brèves et en longues ; on les compte simplement et, au point de vue de la quantité, le vers hébreu est isosyllabique. Il n’ajdonc rien de commun avec le vers latin ou le vers grec ; il ignore le mètre proprement dit, le « pied. » En revanche, il se rapproche de nos poésies liturgiques les plus simples, telles que le Stabat ou le Dies irse. — 2. Si dans le vers hébreu on ne tient pas compte de la quantité