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487’hébraïque (langue)

vaut à « il n’est pas, il n’y a pas s>. L’emploi consécutif de deux négations renforce le sens négatif de la phrase.

v. syntaxe des propositions. — Le point le plus important est celui de la construction des phrases. Dans les phrases nominales (dont l’attribut est un subtantif ou un terme équivalent) on met d’abord le sujet, puis l’attribut. Dans les phrases verbales (dont l’attribut est nn verbe ou un mode personnel) on place successivement le verbe, le sujet, puis le complément du verbe ou l’objet. On change parfois cet ordre pour donner plus de relief à tel ou tel élément de la phrase. À signaler aussi les phrases complexes dans le genre de celle-ci : Dieu, sa voie est parfaite. Ps. xvii, 31.

V. Poésie.

i. livres et parties poétiques de la bible. —Il y a dans la Bible hébraïque des livres écrits en prose et des livres rédigés conformément aux principes d’une véritable poétique.

1° Des livres entiers sont en vers : Job, les Psaumes, les Proverbes, le Cantique, les Lamentations, auxquels il faut ajouter l’Ecclésiastique (et peut-être, d’après plusieurs critiques, l’Ecclésiaste). Les prophètes, Isaïe, Amos, Osée, Michée, Nahum, Habacuc, Joël etvbdias se sont presque toujours astreints aux règles de la poésie.

2° On trouve aussi des chants et des cantiques dans les livres rédigés en prose. — Dans les livres historiques : le chant de Lamech, Gen., ïv, 23 b -24 ; la bénédiction de Jacob, Gen., xlix ; le cantique de Moïse au sortir de la mer Rouge, Exod., xv ; le couplet de l’Arnon, Num., xxi. 14-15, el celui du puits, 17-18 ; le chant de victoire d’Hésébon, 27-30 ; les oracles de Balaam, Num., xxiii, 7-10, 18-24 ; xxiv, 3-9, 15-24 ; le dernier cantique de Moïse, Deut., xxxii, 1-43 ; la bénédiction de Moïse, Deut., xxxiii, 1-29 ; le couplet du soleil arrêté, Jos., x, 12-13 ; le cantique de Débora, Jud., v ; la fable de Joathan ( ?), Jud., ix, 7-15 ; les proverbes de Samson, Jud., xiv, 14, ’% ; le couplet de la mâchoire d’âne, Jud., xv, 16 ; le cantique d’Anne, I Reg., ii, 1-10 ; le refrain de la supériorité de David sur Saûl, I Reg., xviii, 7 ; la lamentation de David sur la mort de Saül et de Jonathas, II Reg., i, 18-27 ; le dernier cantique de David, II Reg., xxii, 2-51 ; et ses Novissima verba, II Reg., xxili, 1-7 ; le couplet qui sert d’exorde à la prière de Salomon lors de la dédicace du temple, III Reg., viii, 12 ; le cantique d’Asaph. I Par., xvi, 8-36. — Dans les livres prophétiques de Jérémie et d’Ëzéchiel, il y a aussi nn bon nombre de morceaux poétiques ; mais il est plus difficile de les distinguer que dans les livres historiques ; le style oratoire des^ prophéties a toujours beaucoup de ressemblance avec la poésie proprement dite.

II. CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE LA POÉSIE HÉBRAÏQUE.

— 1° La richesse. — Abondance des images, force et élévation de la pensée, grandeur et simplicité de l’expression, puissance des métaphores, tel en est le caractère Voir le discours de Dieu, Job, xxxvih-xli ; Psaumes de la création, Ps. viii, ciii, etc. Le caractère oriental du poète inspiré, le milieu dans lequel il vivait, sont pour beaucoup dans la richesse exubérante des poésies bibliques. 2° Le lyrisme.

Il est inutile de rechercher dans

notre Bible les genres de là poésie classique. D n’y a pas d’épopée ; le drame n’a rien qui lui corresponde exactement, même dans le livre de Job ; en revanche, la poésie gnomique est abondamment représentée dans les Prov. et l’EccIi. Mais le trait le plus caractéristique des poèmes bibliques, c’est le lyrisme, l’expression des sentiments personnels de l’auteur, ou des sentiments qu’il a en commun avec les autres hommes. La plupart de nos poèmes bibliques présentent ce caractère que l’on rencontre plus spécialement dans les hymnes lyriques par excellence du Psautier. D’ailleurs tout en étant l’expression de sentiments personnels, les chants sacrés d’Israël ont un caractère assez universel pour que nous y trouvions l’expression de nos propres sentiments : il n’y a pas nne prière, dans le Psautier en

particulier, qui ne puisse devenir la prière de l’humanité tout entière.

Un caractère constamment religieux.

Il n’est

pas douteux que les Israélites, comme tous les autres peuples, n’aient eu leurs chants et leurs poésies profanes. Nous en avons pour preuve le témoignage des écrivains sacrés eux-mêmes : Is., v, 12 ; Amos, vi, 5. Il est assez probable même que plusieurs des vieux chants conservés dans le Livre des Guerres de Jéhovah ou dans le Livre du Juste, et consignés dans le Pentateuque, tels que le chant du puits, Num., xxi, 17-18, et celui d’Hésébon, 27-30, aient appartenu à la poésie profane des Hébreux : on ne découvre en effet dans ces chants aucun trait qui les signale comme des cantiques religieux. Mais la poésie profane des Israélites ne nous a pas été conservée, et, à part un tout petit nombre d’exceptions, nos poèmes bibliques sont des chants sacrés, tout pénétrés de l’esprit religieux. — Ils le sont d’ailleurs en différentes manières. Très souvent, surtout dans les Psaumes, ils sont religieux par leur sujet même : ils célèbrent les attributs divins, la puissance de Dieu, sa bonté, son action providentielle dans le monde et plus particulièrement dans le peuple choisi ; ils expriment les sentiments religieux de l’âme qui adore, qui admire, qui prie, qui rend grices. En d’autres circonstances, les poésies sacrées sont religieuses par la manière dont elles développent un sujet profane en lui-même. C’est ce qui arrive : lorsque, chantant les merveilles de là création ou les grands phénomènes de la nature, le Psalmiste en rapporte avec tant d’empressement la gloire à Dieu qui les produit ; lorsque l’auteur du livre de Job discute, à la lumière des principes fournis par la religion, le problème de la souffrance du juste ; il en est de même dans les sentences du livre des Proverbes où l’on rattache aux directions de la Sagesse éternelle, communiquée à l’homme, les règles les plus minutieuses de notre conduite.

III. LA LANGUE HÉBRAÏQUE AU POINT DE VUE POÉ-TIQUE. — 1° La langue hébraïque a ses richesses et ses lacunes ; mais elle est éminemment poétique. Elle met surtout en relief l’action : le verbe qui est l’expression directe de l’action occupe la place centrale ; les noms désignent les êtres par l’action qu’ils accomplissent le plus fréquemment, par l’état qui leur est le plus ordinaire ; les noms hébreux sont par excellence des noms d’action ou des noms d’agents. D’ailleurs l’emploi du nom est beaucoup plus développé que dans nos langues : il remplace nos adjectifs, nos adverbes, nos prépositions. Dans la langue hébraïque dès lors, tout est vie et activité : la poésie ne saurait trouver nulle part ailleurs d’aussi précieuses ressources. Parfois même certains défauts seront merveilleusement utilisés par le poète : si l’imprécision des temps hébreux rend difficile la tâche de l’historien qui veut marquer l’enchaînement des faits, le poète sera souvent heureux de ne pas voir sa pensée limitée par des indications trop précises de temps et d’époque. — 2° La langue hébraïque est trop poétique par elle-même pour qu’on puisse s’attendre à trouver en hébreu une langue spéciale aux poètes. Toutefois ils affectent souvent : a) certains mots inusités dans la prose (tfïjN, « homme, » pourtf » * » ; rnfc, « chemin, » pour ^-fl) et souvent d’origine araméenne ;

6) certaines acceptions particulières de mots usités en prose, surtout l’emploi de l’épithète pour le substantif : ion, « le fort, s pour « Dieu » ; rua 1 ?, « la blanche, »

T tt :

pour « la lune » ; m>n>, « l’unique, » pour « l’âme », etc. c) certaines désinences particulières : formes allongées des suffixes (iD.1. "hlL, pour □ et a), désinences des

cas dans les noms, prépositions séparées avec la terminaison de l’état construit pluriel, ’S 7 pour by ; » j »  » pour