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hébraïque (langue)’476

as, p. on, jn, qui ont toujours l’accent toniqqe et sont

dits suffixes graves. — Lorsque les pronoms suffixes sont joints au verbe, ils expriment d’ordinaire le complément direct du verbe actif de l’hébreu. — Unis au nom ils expriment le génitif et équivalent à de véritables pronoms possessifs : nsD, « le livre de moi » (c’est-à-dire :

mon livre). — Avec les particules, ils peuvent exprimer tous les compléments dont elles sont susceptibles.

Autres pronoms.

1. Pronoms démonstratifs. —

On peut employer comme pronoms démonstratifs les pronoms personnels de la 3° pers. (nv, N>n, nn, jn) : ils

servent alors de préférence à indiquer les objets éloignés. . — Les pronoms démonstratifs proprement dits se rapportent surtout aux objets présents ou rapprochés. Ils ont une forme pour le masculin singulier (nr, .ou, avec l’article, rwn), une autre pour le féminin

singulier (tint, ou, avec l’article, riNin), une antre

enfin pour le pluriel aux deux genres (n’îS, ou, avec

l’article, n’wri). — On trouve aussi une forme poétique

invariable (n) et quelques autres formes extrêmement rares (n^n, nVi, rôn). — 2. Lepronom relatif invariable

est-itfN ; ce mot ne sert pas seulement de pronom relatif : c’est une application particulière du rôle général qu’il remplit pour indiquer la relation. — Dans plusieurs livres, Ttf » a perdu son » initial et assimiléson i final ;

telle paraît être du moins l’origine de la particule tf (tf, tf), qui se joint au mot en amenant le redoublé — T

ment de la lettre suivante. — 3. Les pronoms inlerrogatifs (qui peuvent aussi servir de pronoms indéfinis) sont : >d, qui, pour les personnes, et no, quoi, pour les choses.

v "’il. le verbe. — Le verbe a en hébreu une importance toute particulière. Il est, comme dans les autres langues, l’élément principal de la phrase. Mais en outre, c’est de lui le plus souvent que sont formées les autres parties du langage. Le nom hébreu est presque toujours dérivé du verbe. — Il est très rare, au contraire, qu’un verbe dérive d’un nom (il y en a pourtant plusieurs exemples et on les appelle verbes dénominatifs) ; mais, même en ce cas, le nom d’où ce verbe dérive se rattache souvent à un autre verbe qui lui a donné naissance.

Formes ou conjugaisons.

Ce qui frappe tout

d’abord dans le verbe hébreu, c’est une grande richesse de formes ou de conjugaisons. — 1. Conjugaison « impie. Elle est dite forme légère (Vp, kal), parce qu’elle n’a ni daguesch ni préfixe ; elle exprime de la façon la plus élémentaire l’action ou l’état correspondant à la racine. Le radical (c’est-à-dire la 3e pers. sing. masc. du parf.) est dépourvu de toutes préformantes spéciales et muni de deux voyelles ; dans les verbes transitifs ces deux voyelles sont â long et a bref : b13p, « il a tué ; » dans les verbes intransitifs, la seconde voyelle est souvent ê long (133, « il est lourd » ) ou ô long. (r’i’Dp, « il est petit » ). — 2. Conjugaisons dérivées. Dans nos langues indo-européennes il arrive parfois qu’en changeant une voyelle dans un verbe, ou en modifiant légèrement une de ses consonnes, ou encore en lui ajoutant un préfixe, on obtient un verbe nouveau dont le sens est dérivé par rapport à celui du précédent ; on a ainsi en grec-rEvo^ai et fewôu, en latin jacere et jacêre, lactêre et lactare, en anglais to fall et to fell, en allemand trinken et trânken, en français conter, raconter, etc. Mais ce qui dans nos langues ne se produit qu’à titre d’exception existe à l’état de s ystème dans les langues sémitiques, et notamment en hébreu. De la conjugaison simple se forme toute une série de conjugaisons secondaires que l’on appelle

graves, alourdies (onas), parce qu’on ne les obtient

qu’en chargeant le radical de diverses modifications internes ou externes. — On a encore recours, pour désigner ces formes, à l’ancien verbe-type Vts, « faire, 9

auquel on donne les voyelles ou les préfixes de chacune des formes qu’il doit indiquer. Ces conjugaisons sont au nombre de sept principales auxquelles s’en rattachent un certain nombre d’autres, plus rares en hébreu, bien qu’elles puissent être d’un fréquent usage dans d’autres langues sémitiques, et sur lesquelles il n’y aura pas lieu d’insister ici. — Ce sont :

a) Le pihel que l’on obtient en redoublant la seconde radicale et dont les voyelles t bref et ê long (on trouve aussi beaucoup d’exemples de pihal) ont pris la place de deux a brefs primitifs qui reparaissent dans la conjugaison : bsn

(pour Vep). — Le pihel exprime avant tout l’intensité ou

la répétition de l’acte ou de l’état indiqués par la forme simple : pm, « rire ; » pihel, « jouer, plaisanter. » L’intensité de l’action se manifeste parfois par un effet moral et amène l’agent à exercer son influence sur d’autres agents pour obtenir la réalisation de l’acte exprimé par la racine : de là le sens causât if qui s’attache quelquefois, au pihel, surtout dans les verbes qui sont intransitifs au kal : lob, « apprendre ; x> pihel, « enseigner ; » pis,

-T -T « être juste ; » pihel, « déclarer juste. » — Il est enfin à noter que beaucoup de verbes dénominatits sont usités au pihel, soit que cette conjugaison indique la production de l’objet exprimé par la racine nominale : j sp, « faire

un nid, » de rp, « nid, » soit qu’elle indique au contraire la suppression de cet objet : ffvt, - « déraciner, ?> de tfitf, « racine. » — Au pihel se rattachent plusieurs

formes rares dans le verbe régulier, mais assez fréquentes dans les verbes irréguliers : poel (biD’ip), pilel fijîisp) et pilpel (SSï, de bi, pour Vi », « rouler » ).

b) Le puhal passif du pihel, obtenu comme les autres passifs en assombrissant en ù bref la première des deux voyelles primitives (Visp) du pihel : bisp. Il a tous

les sens passifs correspondant aux divers sens actifs du pihel. — Au puhal se rattachent le poal, le polal, le polpal.

c) L’hiphil dont la caractéristique est le préfixe n et dont les voyelles i bref et î long (b’iopn) ont pris la

place de deux â brefs primitifs (Viapn) qui reparaissent dans la conjugaison. — L’hiphil exprime avant tout la causalité physique ou morale exercée pour la production de l’acte ou de l’état indiqués parle kal : xs>, « sortir ; »

TT

hiphil, « faire sortir ; » srrp, « être saint ; » hiphil, « sanctifier. » Cette signification donne naissance à une série de sens secondaires qui varient avec les différents verbes. — Souvent les verbes dénominatifs sont usités à l’hiphil pour exprimer la production de l’objet indiqué par le nom. — À l’hiphil se rattache le tiphel avec le préfixe n au lieu de ii, et le schafel avec le préfixe ti/ ; cette dernière forme, régulière en syriaque, est presque inouïe en hébreu.

d) L’hophal est le passif de l’hiphil ; on l’obtient en assombrissant en o bref la première des voyelles primitives (Vison) de l’hiphil : Vopn. Parfois, il équivaut simplement au passif du kal.

e) Le niphal est dérivé du kal au moyen d’un 3 préfixé au radical : Vopa. Dans une partie de la conjugaison, le i, qui est ici ponctué i bref, n’a qu’un simple scheva ; on le fait alors précéder du n (muni de Ja voyelle auxiliaire i bref) prosthetique ou euphonique ; il en résulte l’assimilation du ; avec la première consonne du radical, bispn (infinitif niphal, pour Vepan). —