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HÉBRAÏQUE (LANGUE)

hébraïques servent aussi à marquer les chiffres, notamment pour l’indication Ses chapitres et des versets de la Bible. Les unités sont exprimées par les lettres א à ט, les dizaines par les lettres י à צ. Le premier groupe des centaines (100 à 400) est indiqué par les lettres ק à ת ; le deuxième groupe des centaines (500 à 900) est parfois indiqué par les lettres finales (ךi= 500, םi= 600, ןi= 700, ףi= 800, ץi= 900), parfois aussi par תi= 400 joint aux lettres du premier groupe des centaines (תקi= 400 + 100 = 500). Pour exprimer les mille, on fait souvent usage des premières lettres de l’alphabet surmontées de deux points (א֞i= 1000, ב֞i= 2000). Quand il faut combiner ces lettres pour former des chiffres complexes, les lettres les plus importantes précèdent les autres. Une remarque spéciale est à faire à propos du chiffre 15. Il s’écrirait régulièrement יהo(10 + 5) ; mais יה est l’écriture abrégée du nom divin יהוה ; aussi l’écrit-on טוo(9 + 6). Une raison analogue fait écrire 16 par טז au lieu de יו.

II. les voyelles. — Dans nos Bibles hébraïques les voyelles sont indiquées par des signes spéciaux dus à diverses combinaisons du point et du trait, et placés, soit au-dessus, soit à l’intérieur, soit surtout au-dessous des consonnes. Ces points-voyelles sont combinés d’après un système adventice ajouté après coup aux textes sacrés par les Massorètes (voir plus bas, col. 504). — On distingue trois groupes de voyelles : les longues, les brèves et les semi-voyelles. Les noms araméens donnés à ces signes se rapportent à la forme que prend la bouche ou aux mouvements qu’elle exécute en prononçant ces voyelles.

1o  Voyelles longues. — Il y en a cinq :

forme. nom. valeur. exemple. align=right |1. ָ Kamets, â long, אַָב ’âb, « père. » align=right |2. ֵ Tséré, ê long, אֵם ’êm, « mère. » align=right |3. ִ Chireq gadol, î long, אִישׁ ’iš, « homme. » align=right |4. וֹ Cholem, ô long, קוֹל qôl, « voix. » align=right |5. וּ Schoureq, û long, קוֹל sûs, « cheval. »

Comme on le voit, les trois dernières voyelles longues supposent, quand elles sont pleinement écrites, la présence d’une consonne. Le Cholem toutefois est assez souvent indiqué par un simple point placé au-dessus des consonnes (קְטֹל) : cette écriture défective ne s’emploie pas toujours d’une façon arbitraire, mais est soumise à certaines règles qu’il serait trop long d’indiquer ici. Quant à l’écriture défective du Chireq gadol et du Schoureq, elle est considérée comme fautive.

2o  Voyelles brèves. — Il y en a cinq :

forme. nom. valeur. exemple. align=right |1. ַ Patach, a bref, אַָח ’âḥ, « frère. » align=right |2. ֶ Ségol, é bref, מֶלֶךְ mêlêk, « roi. » align=right |3. ִ Chireq qaton, i bref, אִם ’im, « si. » align=right |4. ָ Kamets chatouph, o bref, -כָּל kol, « tout. » align=right |5. ֻ Kibbuts, u bref, אֻמִּים ’ummim, « peuples. »

Un des grands défauts du système massorétique est l’emploi du même signe pour indiquer â long et o bref. Le meilleur moyen de se fixer sur la prononciation de ce signe dans les divers cas où on le rencontre est de recourir à l’étymologie. Toutefois on peut remarquer que la prononciation â long est la plus fréquente et formuler le principe suivant qui sera plus facile à comprendre après ce qui sera dit des syllabes : L’o bref ne se rencontre que dans les syllabes fermées non accentuées, ou dans les syllabes ouvertes devant un chateph-kamets ou un autre kamets-chatouph.

3o  Semi-voyelles. — Elles sont appelées schevas (שְׁוָא) et l’on en distingue deux espèces : le scheva simple et le scheva composé.

1. Le scheva simple (&ensp ; ְ&ensp ;) a une double fonction. Parfois il ne rentre pas, à proprement parler, dans le système des voyelles. D’après la tradition massorétique en effet, aucune lettre, dans le corps du mot, ne peut être dépourvue de signe vocalique : si elle n’a pas de voyelle propre, on met un scheva. Le rôle de ce scheva est souvent alors de marquer la fin d’une syllabe fermée, de diviser deux syllabes consécutives (voir plus loin la question des syllabes : II, Phonétique, col. 469). Il est à noter toutefois que les lettres faibles (voir II, Phonétique) peuvent être dépourvues de tout signe vocalique, même dans le corps du mot. À la fin des mots, le ך final est la seule lettre qui prenne régulièrement ce scheva simple (מֶלֶךְ), que l’on appelle « scheva quiescent » et que l’on ne fait pas sentir dans la prononciation. — Au commencement des mots (קְטֹל), et des syllabes, soit après une voyelle longue קוֹ_טְלָה, soit après un scheva quiescent יְַק_תְלוּ, le scheva simple est appelé « scheva mobile » ; il se fait entendre dans la prononciation comme un e muet très bref : qetôl, qô-telâh, iq-telu. C’est souvent alors (voir VII, Histoire de la langue hébraïque, col. 502) un reste d’ancienne voyelle. — 2. Les « schevas composés » que l’on appelle aussi chateph, sont obtenus par la juxtaposition du signe du scheva simple et des signes des voyelles brèves. On a ainsi : un chateph-patach, ֲ i (חֲמוֹר, ḥămôr), un chateph-ségol, ֱ i(אֱמֹר, ’émôr), un chateph-kamets, ֳ i(הֲלִי, hôlî), qui équivalent à des voyelles a, é, o, très brèves, analogues à celles qui terminent les mots italiens Róma, Amáre, Córso. Ces schevas composés s’emploient surtout avec les gutturales ; toutefois ֲ iet ֳ ise rencontrent avec d’autres lettres.

III. autres signes massorétiques. — Le système massorétique ne pourvoit pas seulement à l’indication des voyelles ; il renferme d’autres signes dont les uns servent à préciser la prononciation de certaines consonnes, dont les autres marquent les relations qui existent entre les mots et les phrases.

1° À la première catégorie appartiennent : — 1. Le daguesch fort ; c’est un point placé dans des lettres qui se trouvent d’ordinaire au milieu des mots pour indiquer qu’elles se redoublent dans la prononciation : קִטֵּל doit se prononcer qit-têl. — 2. Le daguesch doux ; c’est un point qui se met en certains cas dans les lettres בגדכפת pour indiquer qu’elles ne sont pas aspirées (voir II, Phonétique). — 3. Le mappiq ; c’est un point placé dans les lettres faibles אהדי pour indiquer qu’elles gardent leur valeur de consonne (voir II, Phonétique) : on ne le trouve guère que dans le ה final. — 4. Le raphé ; c’est un signe d’un emploi assez rare dans la Bible. Il consiste en un trait placé au-dessus d’une lettre pour indiquer qu’elle n’a ni daguesch ni mappiq.

5. Le méthég, ' petit trait vertical placé à gauche d’une voyelle (&ensp ; ָֽ&ensp ;) ; il indique que, même dans une syllabe non accentuée, par exemple dans une syllabe tonique secondaire, cette voyelle ne doit pas être prononcée trop rapidement.

2o  À la seconde catégorie appartiennent : — 1. Le maqqef, trait d’union que l’on met entre deux mots qui ne doivent plus en faire qu’un avec un seul accent principal sur le second mot : כָּל-אָדָם, kol-’âdâm, « tout homme ; »

— 2. Surtout les accents proprement dits. Ils sont très nombreux dans le système massorétique. Leur fonction est double. Ils indiquent avant tout la syllabe tonique de chaque mot ; pour cette fin et quelles que soient leurs