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HATITA — HAUTS-LIEUX


    1. HATITA##

HATITA (hébreu : IJâtità' ; Septante : 'Arfui, chef d’une famille de lévites, appelés « fils de portiers », I Esd., u, 42, et « portiers », II Esd., vii, 45 (Vulgate, 46), c’està-dire chargés de la garde des portes du Temple. Cette famille, ainsi que celles de plusieurs autres portiers, revint de la captivité avec Zorobabel. I Esd., ii, 42 ; II Esd., vu, 45.

    1. HATTUS##

HATTUS (hébreu : (fallût), nom de trois Israélites.

1. HATTUS (Septante : Xarro-jç, I Par., iii, 22, et 'Atto-jç, I Esd., viii, 2), fils de Séméia et petit-fils de Séchénias dans la descendance de Zorobabel. I Par., iii, 22. Probablement on doit l’identifier avec le Hattus des fils de David qui revint de captivité avec Esdras. I Esd., vm, 2.

2. HATTUS (Septante : 'AttoûO ; Codex Alexandrinus : 'AutoÛç), fils d’Hasébonia, qui rebâtit une partie des remparts de Jérusalem, en face de sa maison. II Esd., iii, 10.

3. HATTUS (Septante : 'AttoiSç, II Esd., x, 4 ; omis dans II Esd., xii, 2, mais Codex Alexandrinus /Attôuç), prêtre qui signa l’alliance théocratique à la suite de Néhémie. II Esd., x, 5. Il était revenu de la captivité de Babylone avec Zorobabel. II Esd., xii, 1, 2.

    1. HAUTS-LIEUX##


HAUTS-LIEUX. I. Sens et étyhologie. — HautLieu répond à l’hébreu bâmâh, pluriel bdmôf. Le kamets est impur comme si le mot dérivait de la racine bùm. Mais cette racine n’existe ni en hébreu ni dans aucune langue sémitique. Le mot bâmâh lui-même n’est usité qu’en hébreu et en assyrien, où il s’emploie générale-' ment au pluriel. Delitzsch, Assyr. Handwôrt., p. 177. On a comparé le persan bàm, sommet, toit d’une maison, et le grec pw^ç, éminence naturelle ou artificielle. Bm[j.ôç, qui dans la langue commune veut dire autel, signifiait primitivement"estrade. lliad., viii, 441. Les Septante rendent en général bâmâh par unijXïi dans le Pentateuque, par ta tyrikâ, ta û^r, dans les livres historiques et par (3u>[j.ôç dans les prophètes. La Vulgate traduit d’ordinaire excelsum et quelquefois fanum. — Quelle que puisse être l'étymologie, le sens originaire du mot est certainement hauteur, lieu élevé. Ce sens ressort avec évidence en assyrien, où les bamâti sont opposés aux plaines, et même en hébreu, où le peuple monte vers les bâmôt, I Reg., ix, 13, 19 ; Is., xv, 2, et en descend. I Reg., x, 5. On trouve parfois bâmâh employé dans ce sens primitif, II Reg., i, 18 (super excelsa tua y est mis en parallélisme avec super montes tuos) ; Mïch., iii, 12, Jer., xxvi, 18 (la montagne du Temple sera changée ; en hauteurs [bâmôf] boisées) ; de même Ezech., xxxvi, 2 ; Num., xxi, 28. Plus souvent bâmâh signifie lieu fortifié, les forteresses étant bâties de préférence sur les hauteurs. Ps. xviii, 34 (hébr.) ; Hab., iii, 19 ; Am., iv, 13 ; Mich., i, 3 ; Deut., xxxii, 13 ; xxxiii, 29 ; Job, ix, 8 ; Is., xrv, 14 ; lviii, 14. Mais le sens le plus usuel de beaucoup est : 1) hauteur où l’on rend un culte à la divinité ; 2) par extension, sanctuaire construit sur les hauteurs ; 3) enfin lieu d’adoration ou sanctuaire quelconque, même dans les plaines et dans les vallées. Jer., vii, 31 {bâmôt de Topheth, dans la vallée des fils d’Hinnom) ; IV Reg., xvii, 9. Il faut remarquer que le sens religieux est à peu près le seul connu des prosateurs, les deux autres acceptions étant plus ou moins poétiques. Poétique aussi serait le sens de tumulus funéraire s’il était établi. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 188. — Bâmâh, très fréquent au pluriel, est assez rare au singulier. Il s’applique au singulier : — 1. au grand bâmâh de Gabaon, 1Il Reg., iii, 4 ; I Par., xvi, 39 ; xxi, 29 ; II Par., i, 3, 13 ; — 2. à celui de Rama où se rencontrent Saül et Samuel, I Reg., ix, 12, 13, 14, 19, 25 ; — 3. à celui de


Gabaath-Élohim, I Reg., x, 5, 13 ; — 4. au sanctuaire fondé par Jéroboam à'Béthel, IV Reg., xxiii, 15 ; — 5 à l'édicule élevé par Salomon en l’honneur de Chanios, III Reg., xi, 7 ; — 6. à un lieu indéterminé. Ezech., xx, 29 ; Jer., xlvhi, 35 ; Is., xvi, 12. — On peut se demander si bâmâh ou bâmôf (la distinction entre le pluriel et le singulier est souvent difficile à faire) ne désigne pas en outre un objet servant au culte ou relatif au culte. Mésa nous apprend (ligne 3 de son Inscription) qu’il a fait ce bâmat (ou ces bâmôt) à Chamos, et par là il paraît entendre la stèle commémorative elle-même, érigée en action de grâces des bienfaits reçus de son dieu. Ézéchiel dit que Jérusalem, sous la figure d’une prostituée, a pris ses habits et en a fabriqué des bâmôf telu'ôf (tentes ou dais faits de morceaux cousus ensemble). Ezech., xvi, 16. Josias fait brûler le bâmâh, expressément distingué de l’autel, que Jéroboam avait érigé à Béthel. IV Reg., xxiii, 15. Cependant le bâmâf de Mésa peut être un édicule contenant la stèle ; celui d’Ezéchiel, une sorte de tabernacle formé de tentures ; et celui de Jéroboam, un édifice en planches bâti près de l’autel. Nous retombons ainsi dans l’un des trois sens ordinaires.

II. Symbolisme.

Chez un grand nombre de peuples les montagnes furent le temple de la divinité. Suivant Hérodote, i, 131, les Persans immolent à Jupiter, c’està-dire à leur dieu suprême, sur les plus hautes montagnes : Ati [liv êicl zk >ùr{klnaTa td>v oùpéeov àva6a(vovTaç 8)<n’aç ÊpS’sv. On faisait de même en Asie Mineure (Apollonius de Rhodes, Argonaut., Il, 524), ainsi que dans le monde grec, où toutes les cimes élevées étaient dédiées à Jupiter. Vossius, In Melam, i, 2. C’est surtout dans le pays de Moab et la terre de Chanaan que cet usage était en vigueur, comme nous l’apprennent les écrivains sacrés, mais il est faux de prétendre, ainsi que le font souvent les rationalistes, qu’il est exclusivement propre à ces peuples et que les Hébreux doivent le leur avoir emprunté ; comme si le monde grec n’avait pas ses acropoles, la Chaldée et le pays d'Élam ses ziqqurat, l’Egypte ses éminences artificielles et l’univers entier ses montagnes sacrées. Que les Hébreux aient hérité des HautsLieux de Chanaan comme de son territoire est. une théorie qui, pour être aujourd’hui très en vogue, n’en. est pas plus fondée pour cela. Cf. J. Wellhausen, Prolegomena zur Géschichte Isræls, 1886, p. 18 ; R. Smend, Lehrbuch der alttestam. Beligionsgeschichte, 1899, p. 157. En sens contraire, J. Robertson, The early Religion oflsroel, 5° édit., 1896, p. 248.

Un fait si général doit avoir ses racines dans les profondeurs de l’instinct religieux. On peut en donner trois raisons : — 1. Les montagnes étaient regardées comme plus rapprochées de Dieu et plus aptes, par conséquent, à établir le commerce entre le ciel et la terre. À défaut de montagnes on construisait des tours de Babel, des ziqqurrat, pour se rapprocher du ciel. — 2. Elles étaient considérées comme la demeure même des dieux. Chez Homère les dieux descendent toujours des crêtes escarpées et y remontent après avoir secouru leurs fidèles On sait que les Chaldéens appelaient Aralu la montagne où leurs grands dieux faisaient leur séjour. Delitzsch, Wo lag das Parodies ? p. 118. L’Olympe, le Pélion, l’Ida, le Casius et, en Palestine, l’Hermon, le Carhiel, le Thabor ; etc., furent toujours honorés comme la demeure des immortels. — 3. Les montagnes, par leur altitude, symbolisent la majesté de Dieu et font naître naturellement en nous le sentiment de sa grandeur. Toute montagne est appelée montagne de Jupiter : II5v ôpoc toû Alix ; opoî ôvo(*àC6Tat, dit Mélanthe, De sacrificiis. Peutêtre les montagnes de Dieu, Ps. xxxv, 7, doivent-elles s’entendre de même ; mais la chose reste douteuse.

A côté de ces avantages, les hautes montagnes avaient des inconvénients : l’accès difficile, l’impossibilité de s’y réunir en grand nombre et le manque d’eau, qui les rendaient impropres aux banquets sacrés, conclusion

m. - is