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GAD (TRIBU)


peut guère sortir. Voir Étroth, col. 2011. Ce qui nous parait certain, c’est que les autres villes « rebâties par les fils de Gad », comme Dibon (aujourd’hui Dhibân), Ataroth (Atlàrus), et Aroër (Ard ici, N’uni., xxxii, 34, n’appartinrent pas à la tribu, niais firent partie du territoire de Ruben. Les enfants de Gad et de Huben, après avoir réclamé et obtenu la part de leur héritage à l’est du Jourdain, réparèrent et fortilièrent indistinctement les antiques cités. Le pays, resté un certain temps indivis, fut plus tard partagé, avec les limites que nous avons indiquées.

111. hèCSt Hll’TluX. — La tribu de Cad occupait ainsi, <1° dflù du Jourdain, un territoire composé de deux parties distinctes, la [daine et la montagne. I.a première comprenait l'étroite vallée qui suit le Meuve presque dans toute sa longueur depuis le lac de Tibériade jusqu'à la la mer.Morte. C’est une bande de terre profondément encaissée entre les fourrés qui bordent la rive gauche et la ligne parallèle des montagnes de l’est. Coupée dans le sens transversal par les nombreux ouadis qui descendent de ces hauteurs, elle s’enfonce de plus en plus au-dessous du niveau de la Méditerranée à mesure qu’elle avance vers le sud. Bien abritée, chauffée par un s, il' il ardent, et d’un autre cé>té rafraîchie par de nombreux cours d’eau, elle était d’une grande fertilité. Voir lliiôu, Jnt luivtN. Ile cette vallée, on monte à la zone montagneuse par des étages successifs. Dans son ensemble, celle seconde partie forme un massif qui domine le Chnr de plus de douze cents mètres, tandis que, ver* l’est, il constitue un rebord de collines à peine élevé de deux cents mètres. C’est à peu près la moitié des anciens monts de Ualaad, le nord de ce que l’on appelle aujourd’hui le Beli/ti, le sud de VAiljlïm. De nombreux ravins et torrents coupent cette chaîne. De l’oiuirfi lleabàn ou Kahr ei-'£f>ifa, on peut distinguer aux environs d.-Immuu et de Djubéilmt comme un centre d’où ils partent en sens inverse, les uns vers l’ouest ou le sudouest, les autres vers le sud. d’autres vers l’est, d’autres enfin vers le nord. Ceux de la direction orientale et septentrionale sont les affluents du Jaboc, dont le cours très long et très singulier contourne le plateau montueux en le coupant profondément. Ce torrent reçoit aussi une partie des eaux qui descendent du Djebel Adjlùn, et tombe dans le Jourdain près de l’ancien pont de Ddmiyéh, en face de (Jnrn Sartabéli. Il est bordé sur presque tout son parcours de massifs de roseaux et de lauriers roses, dont les Heurs lui donnent au printemps un riant aspect. Cependant la gorge sauvage au milieu de laquelle il roule contraste avec la beauté du plateau. Tout ce pays, en effet, oITre l’aspect d’un vrai bocage, dont les bosquets gracieusement groupés sont séparés par des champs cultivés. C’est une heureuse variété de terre arable, de pâturages et de belles forêts. Cf. L. Oliphant, The Land of Gilead, in-8°, tdimbourg et Londres, 1880, p. 197-223. À l’exception du Thabor. dont les bois sont bien diminués, des taillis du Carmel, et des fourrés de Banias, la Palestine occidentale ne présente rien qui puisse lui être comparé. Au lieu des contrées dénudées et brûlées que le voyageur traverse de l’autre côté du Jourdain, il trouve là, avec les clairs ruisseaux qui descendent des montagnes, des forêts de chênes et de térébinthes, auxquels se mêlent le sycomore, le hêtre et le figuier sauvage, des pentes escarpées couvertes de feuillage, des vallées verdoyantes. Au printemps, c’est presque partout un tapis de fleurs, anémones, cyclamens, asphodèles, etc. Cf. C. R. Conder, tlelh and }foab, in-8°, Londres, 1880. p. 102. L’ensemble du plateau est dominé par des sommets qui dépassent mille mètres. Citons seulement, au nord, le Djebel lin kart (1085 mètres), et, au centre, le Djebel Osarh (1096 mètres). Du haut de ce dernier, qui est le pic le plus élevé de la chaîne de Galaad, une vue magnifique s'étend sur le massif palestinien, la vallée du Jourdain,

le Djebel Adjlùn, jusqu’au cône de l’Uerinon. Au pied de cette montagne, vers le sud, se trouve la ville la plus importante, chef-lieu du district, Es-Hall. On renconte en plusieurs endroits des vestiges de l’antiquité préhistorique, dolmens et autres, et des ruines très intéressantes, comme à Araq el-Émir, l’ancienne Tyrtu, k Djérasch ou Gcrasa, Kliirbet Fahil ou l’ella. Voir Ualaad. On comprend, d’après ce simple aspect que nous donnons de la contrée, qu’elle ait excité l’envie des fds de Cad, riches en troupeaux. Num., xxxii, 1, 4. Aujourd’hui encore, c’est la ressource des bédouins, alors qu’il n’y a plus un brin d’herbe ailleurs.

II. Histoire.

Au moment où Jacob descendait en Egypte, les sept fils de Cad formaient le noyau de la tribu. Gen., xlvi, 16. Lors du premier recensement fait au Sinaï, elle avait pour chef Éliasaph, fils de Duel, N’um., i, 4 ; ii, 14 ; x, 20, et elle comptait 45 650 hommes en état de porter les armes. N’urn., i, 24. Elle avait sa place au sud du tabernacle avec Ruben et Siméon. N’um., it, 14. D’après l’ordre prescrit pour les marches et les campements, elle offrit à l’autel, par les mains de son prince, les mêmes dons que les autres tribus. Num., vii, 42. Parmi les explorateurs du pays de Chanaan, celui qui la représentait était Guël, fils de Machir. Num., xili, 16. Au second dénombrement, dans les plaines de Moab, elle ne comptait plus que 40500 hommes ; c'était donc une perte de 5150. N’um., xxvi, 15-18. Après la conquête du territoire situé à l’est du Jourdain, Gad et Ruben, qui avaient pendant de longues années campé l’un près de l’autre et désiraient ne pas se séparer, demandèrent, comme part d’héritage, les terres de Jaier et de Galaad, propres à nourrir leurs nombreux troupeaux. À prendre leur requête à la lettre, on peut croire qu’ils désiraient s’installer immédiatement dans le district convoité, dont ils énuméraient complaisamment les villes, et qu’ils n’avaient nul souci de participer à la conquête de la Palestine. Num., xxxii, 1-5. Cet égoïsme et ce manque de patriotisme blessèrent vivement Moïse, qui leur fit de graves représentations. Alors les suppliants, rachetant leur faiblesse par une décision courageuse, promirent de marcher les premiers au combat, après avoir mis leurs troupeaux dans des parcs bien clos et leurs familles dans des villes fortes, sans doute celles qui avaient été conquises sur les Amorrhéens. N’um., xxxii, 6-27. Moïse prit acte de cette promesse, annulant la donation au cas où elle ne serait pas tenue. Après un engagement renouvelé pour la troisième fois, les deux tribus furent installées dans le pays qu’elles avaient demandé, et commencèrent par rebâtir certaines villes des plus importantes. N’um., xxxii, 2836 ; xxxiv, 14. Lorsque les Hébreux, entrés dans la Terre Promise, prononcèrent dans la vallée de Sichem les bénédictions et les malédictions, elles se trouvèrent côte à cote sur le mont Hébal pour les malédictions. Deut., xxvii, 13. Accomplissant, en effet, fidèlement leur promesse, elles avaient marché en tête des enfants d’Israël, Jos., iv, 12, et leurs possessions au delà du Jourdain furent confirmées. Jos., xiii, 24-28 ; xviii, 7. Gad fournit comme villes lévitiques : Ramoth-Galaad, Manafm, Hésébon et Jaser. Jos., xxi, 37 ; I Par., vi, 80, 81. Les guerriers transjordaniens furent licenciés avec honneur par Josué, qui leur rappela en même temps leurs principaux devoirs, recommandation utile, parce qu’i.'s s’en allaient asseï loin du centre religieux. Jos., xxif, 1-6. — Arrivés sur la rive droite du Jourdain, ils y érigèrent un autel d’une grandeur considérable. Ce fait causa dans les autres tribus cisjordaniennes une vive surexcitation : elles l’interprétèrent comme un acte de rébellion contre la loi divine, comme une véritable apostasie. Assemblées à Silo, elles envoyèrent une ambassade en Galaad. Les délégués protestèrent contre ce qu’ils regardaient comme un grave attentat aux droits de Dieu, attentat qui risquait d’amener sur le reste du