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HAÏ.- DALA


pénétrer au cœur de la contrée, dans l’intérieur du massif montagneux. L’heure était critique, semblable à celle où ils avaient tenté d’aborder le pays de Chanaan par le sud, et où ils avaient été repoussés dans le désert. Num., Xiv, 45. Comme alors, Josué envoya donc des explorateurs pour examiner le site et l’importance de la ville. Jos-, vii, 2. Ceux-ci revinrent en disant que deux ou trois mille hommes suffiraient pour s’en emparer. Trois mille hommes s’avancèrent en armes ; mais ils lâchèrent pied aussitôt devant les habitanls de la place, qui en tuèrent Un certain nombre, ꝟ. 3-5. josué apprit que cet échecétàit un chàtimentcéleste, parce qu’on avait dérobé quelque chose de l’ànathème de Jéricho. Après avoir recherché et puni les coupables, il entreprit une nouvelle attaque contre Haï. Plaçant cinq mille hommes en embuscade à l’occident de la ville, il alla se poster du coté du nord avec le reste de ses troupes. Par une tactique commune dans ces temps-là, il simula une fuite à la première sortie des assiégés, pour les attirer loin de leurs remparts. Ceux-ci, en effet, le poursuivirent, laissant la ville sans défense. Mais, à un signal donné, le détachement caché à l’ouest envahit la place désertée et la livra aux flammes. En même temps, l’armée des Hébreux se retournait contre les habitants d’Haï. Pris bientôt par devant et par derrière, ceux-ci furent complètement exterminés. Leur roi fut pendu à un gibet : le soir, au coucher du soleil, son cadavre fut descendu « t jeté à l’entrée de la ville, et l’on amassa dessus un monceau de pierres. Jos., viii, 1-29 ; ix, 3 ; x, 1, 2 ; xii, 9. Haï, détruite par Josué, fut néanmoins rebâtie plus lard, car Isaïe, x, 28, décrivant la marche des Assyriens sur Jérusalem, signale Aiath, qui, d’après le contexte, semble bien être la même ville. Elle fut, avec Béthel, réhabitée au retour de la captivité. I Esdr., ii, 28 ; II Esdr., vu, 32 ; xi, 31. À l’époque d’Eusèbe et de saint Jérôme, qui^par erreur ou par une faute de copiste, la placent à l’ouest de Béthel, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 83, 209, elle, était déserte, et l’on ne montrait plus que quelques ruines sur l’emplacement qu’elle avait

occupé.

A. Legendre.

2. HAI (hébreu : ’Ai ; Septante : Tac ; omis par le Codex Vaticanus), ville dont il est question dans Jer., xlix, 3. « Hurle, Hésébon, dit-il, parce que Haï a été dévastée. » Hésébon est aujourd’hui Hesbân, à l’est de la mer Morte. Il s’agit donc d’une cité voisine, et d’une cité importante, qui vient de tomber au pouvoir de l’ennemi. Yoilà pourquoi l’autre doit craindre le même sort. On ne saurait penser ici à la ville chananéenne prise et détruite par Josué, viii, 2, etc., rebâtie plus tard et mentionnée dans Isaïe, x, 28. Voir Haï 1. Il est plutôt question d’une localité des Ammonites, restée complètement inconnue. Malgré l’obscurité du nom, il vaut mieux le prendre pour un nom propre que de chercher à le transformer en un substantif commun applicable à Rabbathvmmon. Cf. liei, Der ProphetJeremia, Leipzig, 1872, p. 479 ; J. Knabenbauer, Commentarius in Jeremiam,

Paris, 1889, p. 542.

A. Legendre.

HAIE (hébreu : meSûkàh, de Sûk, « entourer ; » Septante : çpaYiiôç ; Vulgate : sepes), barrière, ordinairement formée d’épines, destinée à clore un terrain ou à fermer Un passage. Les verbes Sûk, sûg, sâkak, gâbal, iteptçpâffiretv, çpiaireiv, sepire, signifient « établir une haie ». La clôture est souvent faite en pierres. Voir Mur. Dans plusieurs passages, les versions rendent par « haie » des mots qui en hébreu ont le sens de « mur ». Ps. lxxxviii, 41 ; Eccle., x, 8 ; Jer., xux, 3 ; Nah., iii, 17, etc. — Moïse eut à établir une haie pour empêcher le peuple d’approcher du Sinaï.’Exod., xrx, 23. On mettait des haies d’épines autour des vignes pour empêcher les passants et surtout les animaux d’y entrer. Is., v, 2, 5j Hatth., xxr, 33 ; Marc, xii, 1. Sans haie, une pro priété élait au pillage. Eccli., xxxvi, 27. Aussi les chemins étaient-ils souvent bordés de haies, pour empêcher l’accès des cultures. Luc, xiv, 23. L’épouse du Cantique, vu, 3, est comparée à un monceau de froment entouré d’une haie de lis, image gracieuse de la fécon^ dite unie à la beauté et à la pureté. — Au figuré, la haie symbolise la protection divine qui entoure Job et ses biens, Job, i, 10, et la puissance de Dieu qui arrête la mer à sa limite. Job, xxxviii, 8. La haie d’épine qui empêche de passer figure les obstacles par lesquels Dieu entend mettre fin aux débordements d’Israël. Os., ii, 8. Le chemin du paresseux est comme une haie d’épines, Prov., xv, 19, parce que le paresseux trouve difficulté à tout. Mettre à ses oreilles une haie d’épines, Eccli., xxviii, 28, c’est prendre ses garanties contre les mauvaises langues. — Les docteurs pharisiens finirent par donner force de loi à Une foule de pratiques qu’ils avaient ajoutées aux prescriptions de Moïse. Josèphe, Ant. jud., X11I, x, 6. Ces pratiques formaient d’après eux une « haie à }a loi », c’est-à-dire une sauvegarde contre sa transgression. Dans la Mischna, Pirke aboth, 1, 2, il est dit : « Soyez circonspects dans le jugement, formez beaucoup de disciples, faites une haie à la loi. » Notre-Seigneur eut souvent à renverser cette haie, composée en partie de prescriptions puériles, abusives ou impraticables.

H. Lesêtre.
    1. HAINE##

HAINE (hébreu : èdnê’; Septante : fu<rêw). Le sentiment d’aversion que ce mot signifie a pour objet, dans l’Écriture, tantôt le mal et les méchants, tantôt le bien et les justes. Dans la première de ces acceptions, il est dit que Dieu hait toute pensée ou œuvre de péché. Sap., xiv, 9 ; Eccli., xii, 3, 7. Dans le même sens, les justes ont la haine de l’iniquité, Ps. cxviii, 113, 138 ; cxxxviii, 22 ; les disciples de Jésus haïssent le monde et ses convoitises. I Joa., ii, 15, 16 ; cf. v, 19. De’son côté, le monde, c’est-à-dire les méchants, hait les disciples de Jésus-Christ, Matth., x, 22 ; xxiv, 9, 10 ; Marc, xiii, 13 ; Luc, xxi, 17 ; Joa., xvii, 14, comme il hait Jésus-Christ lui-même. Joa., xv, 18-25. La haine des hommes entre eux est un péché et une source de toutes sortes de péchés. Prov., x, 12. Aussi, vàut-il mieux être pauvre avec la charité ; que riche avec la haine au cœur. Prov., xv, 17. Si la loi ancienne tolérait qu’à la haine on répondit par la haine, Jésus-Christ demande à ses disciples de répondre à la haine par l’amour ; il donne-cette différence comme l’un des traits caractéristiques de la loi évangélique. Matth., v, 43. Déjà pourtant, dans la loi mosaïque, la haine, quand elle s’ajoutait au crime, était regardée. comme une circonstance aggravante, et il en était tenu compte, dans l’appréciation du tort fait au prochain. Num., xxxv, 20-22 ; Deut., xrx, 4-6, M.

C’est un hébraïsme assez fréquent dans l’Écriture que_ l’emploi du mot haine dans le sens d’un moindre amour par exemple : « J’aime Jacob, et je hais Ésaû, » pour « Je préfère Jacob à Ésaù. » Gen., xxix, 30 ; Mal., i, 2, 3 ; Rom., ix, 13. Cf. Gen., xxv, 23 ; xxvir, 27-29, 37-40. De même, Deut., xxr, 15, où l’épouse « aimée », c’est-à-dire préférée, est opposée à l’épouse « haïe », c’est-à » dire moins aimée. Cf. Deut., xxi, 16. Il est dit dans le même sens que le père qui ne châtie pas son enfant le hait, Prov., xiii, 24 ; que celui qui hait sa vie en ce monde la sauvera dans l’autre, Joa., xii, 25, et que celui qui prétend servir deux maîtres en même temps haïra sûrement l’un d’eux. Matth., vi, 24 ; Luc, xvi, 13. Au contraire, lé terme privatif « ne pas haïr » est pris quelquefois pour désigner un amour de prédilection. C’est ainsi que saint Paul montre aux Éphésiens le grand amour de Jésus-Christ pour son Église, par cette considération que l’Église est son corps et que personne « ne hait » son propre corps. Eph., v, 29. P. Renard.

HALA (hébreu : ffâlab ; Septante : ’AXai, ’E)Xal, IV