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HACELDAMA — HACHE


qui fut acheté prés de Jérusalem avec le prix de la trahison de Judas. Matth., xxvii, 8 (dans la Vulgate ; non dans le grec) ; Act., i, 19. Cet endroit était appelé auparavant « le champ du potier ». Matth., xxvii, 7. L’argile qu’il contenait étant probablement épuisée en grande partie, il put être acquis pour une somme modique, et fut destiné à la sépulture des étrangers. Mais comme les trente deniers étaient « le prix du sang », les habitants de Jérusalem le nommèrent « en leur langue Haceldama, c’est-à-dire le champ du sang ». Matth., xxvii, 6, 8 ; Act., i, 19. Le grec 'AxeXSauà n’est, en

effet, que la reproduction de l’araméen ttrn Sçn, hâqal

demâ' ; le x de 'AxeXSapuxx semble même ajouté pour rendre le son de la gutturale finale. D’après saint Matthieu, ce sang serait celui du Sauveur ; d’après les Actes, ce serait celui de Judas. Rien n’empêche que le nom soit dû aux deux circonstances. Pour l’explication des difficultés qui peuvent naître des deux textes, cf. J. Knabenbauer, Commentarius in Matth., Paris, 1893, t. ii, p. 490-494 ; Comment, in Actus Apostolorum, Paris, 1899, p. 34-35.

La tradition, bien qu’ayant parfois varié, place généralement le champ d’Haceldama au sud de Jérusalem, c’est-à-dire sur la pente nord-est du Djebel Deir Abu Tôr, au-dessus de la vallée de Hinnom (fig. 92). Saint Jérôme, Onomastica sacra, Gceltingue, 1870, p. 99, nous le montre « au sud du mont Sion ». Il corrige ainsi Eusèbe, qui l’indique, p. 229, au nord de la même colline. Au VIe siècle, Antonin Martyr signale, en venant de la fontaine de Siloé, le champ d’Akeldemac, où, parmi les tombeaux, sont des cellules des serviteurs de Dieu, et, çà et là, des vignes et des vergers. Cf. T. Tobler, Itinera Terres Sanctæ, édités par la Société de l’Orient latin, Genève, 1877, t. i, p. 106. Au vu » siècle, Arculphe le visite souvent « au sud du mont Sion », et le donne cotnme lieu de sépulture des pèlerins. Ibid., p. 160. Tel est également, au vin », le témoignage du vénérable Bède. Ibid, ., p. 221. Au moyen âge, Haceldama ou Akeldemaç se corrompt en Caudemar. « D’autre part, la valée à main senestre, priés d’ileuques, a un carnier c’on apiele Caudemar. Là getoit on les pèlerins qui moroient h VOspital de Jherusalem. Cette pièce de tiere où li carnièr est, fu acatée des deniers dont Judas vendi le car Nostre Seigneur Jhesu Crist, si comme l'Évangile tesmongne. » Ernoul, La citez de Jherusalem, dans les Itinéraires français de la Société de l’Orient latin, Genève, 1882, t. iii, p. 45. D’autres documents placent Acheldemac non loin de la fontaine de Siloé. Ibid., p. 168, 184, 195, 231. Une croyance populaire attribuait à la terre de ce champ la propriété de consumer très rapidement les corps. Sainte Hélène en fit transporter une grande quantité au Campo Santo de Rome. Au temps des croisades, la ville de Pise imita cet exemple. Cf. T. Tobler, Topographie von Jérusalem, . Berlin, 1854, t. ii, p. 260-275.

Le champ d’Haceldama est aujourd’hui en partie inculte et abandonné ; il appartient aux Arméniens non unis. On y remarque surtout une construction en ruine, élevée sur des cavités creusées dans le roc et sur une profonde tranchée pratiquée elle-même dans les flancs escarpés de la colline. Au fond, c’est-à-dire à la partie méridionale, la roche forme le toit ; mais le côté nord, plus bas, est fermé par un mur rectangulaire, sur lequel s’appuie une voûte arrondie, que supporte également un pilier carré placé au centre. Le faîte de cette voûte est percé de neuf ouvertures situées à égale distance les unes des autres et de niveau avec le sol y adhérant au côté sud. Elles devaient servir de soupiraux, ou bien l’on descendait par là les corps des morts. Deux brèches ont été faites par le temps, l’une dans le mur occidental, l’autre dans le mur oriental ; plus récemment, une partie du mur du nord s’est écroulée. An de la de cette

tranchée Voûtée, remplie de décombres, se trouvent des cavités naturelles et artificielles, dont une partie a été utilisée pour-des tombeaux, comme le prouvent les six loculi que l’on voit au sud-ouest. Le coin sud-est ne renferme qu’une chambre avec deux bancs creusés dans la paroi rocheuse pour recevoir les corps. Une partie de ces cavités semble bien avoir été formée par l’extraction de l’argile. L’ensemble du monument répond ainsi au double usage que lui assigne la tradition. On peut en voir la description détaillée et le plan d’après C. Schick, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1892, p. 283-289.

A. Legendke. HACHAMONI (hébreu : Hakmônî ; Septante : 'Axa[ « .dcv et Axapu ; Codex Alexandrinus : 'A^au-avÉ), donné comme le père de Jesbaam, I Par., xi, 11, et de Jahiel, I Par., xxvii, 32, tous deux appelés Bén-Hakrnôni. Hakniônî ou plutôt Hdkmôn devait être le fondateur de la famille : car le père de Jesbaam est appelé Zabdiel. I Par., xxvii, 2. Au lieu de « anan-p nyaw », Yaéob’dm, ben-Hakmônî, dans la liste parallèle, II Reg. (Sam.), xxiii, 8, on lit isnann nawa aw>, YôSeb baSSébéf (ahkemôni ; ce dernier passage a été très altéré par les copistes, et on doit lire d’après la comparaison des Septante YiSba’am ou plutôt YiSba’al, le Hakmônite, ijDSnn, le ii, ha article, est changé en ii, thav. Ha-hakmônî, le Ifakmônite, est donc un nom patronymique, équivalent à Bén-H akmôn. Cf. Driver, Notes on the Hebrew Text of the Books of Samuel, in-8°, Oxford, 1890, p. 279.

    1. HACHE##

HACHE (hébreu : magzêràh, de gâzar, « fendre ; » garzén, kèlapôt, kaSUl, ma'àsdd, qardom ; Septante : încoTO[jie15{, àÇi’vT), iréXexvj, Xaleur^piov, (jxératpvov ; Vulgate : ascia, cultrum, securis), outil tranchant et pesant, muni d’un manche assez long, et pouvant être brandi pour fendre ou couper le bois, tailler la pierre

Haches assyriennes en bronze. British Muséum. D’après une photographie.

ou même tuer des hommes à la guerre, Voir t. i, fig. 225, 268, 286, col. 903, 991, 1061. Cet outil peut affecter différentes formes. Les noms multiples qu’il a en hébreu et en grec répondent à ce que nous appelons hache, hachette, cognée, merlin, hache d’armes, etc. Les premiers hommes se fabriquèrent des haches rudimentaires avec des silex taillés. Voir Adam, t. i, col. 196-202 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 755. Plus tard, ils employèrent le métal, le cuivre, le bronze, voir t. ii, fig. 434, col. 1155, et le fer (fig. 93). Voir t. i, col. 2206-2208 ; Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 756.

Chez les Hébreux.

La législation mosaïque prévoyait le cas du meurtre involontaire, commis par celui

qui brandit contre un arbre une hache dont le fer se détache du manche et va frapper quelqu’un mortelle-