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GUÉRIN — GUÉRISON

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En 1863, une nouvelle mission le ramena en Palestine pour travailler à l’œuvre la plus importante de sa vie. fi partait, cette fois, avec la digne compagne que Dieu lui avait donnée en 1861. Il explora, ville par ville, village par village, on pourrait presque dire maison par maison et pierre par pierre, tout le territoire de l’ancienne Judée. La rédaction et la publication des nombreuses notes prises au cours de cette campagne archéologique l’occupèrent de 1864 à 1869. Elles furent imprimées par l’Imprimerie Impériale et parurent sous le titre de Description géographique, historique et archéologique de la Palestine, accompagnée de cartes détaillées. Première partie. Judée, 3 in-8°, Paris, 1869.

— À peine son travail était-il achevé, il repartait pour la Terre Sainte (1870) et explorait avec le même soin la Samarie et la vallée du Jourdain. C’est pendant ce voyage qu’éclata, la guerre de 1870. Au milieu des montagnes de la Samarie, il apprit le désastre de Wissembourg. Sur-le-champ il revint en France. Il trouva Paris bloqué. Il arrivait brisé de fatigue, brûlé par la fièvre ; il était âgé de cinquante ans ; et sans hésiter, il s’enrôla comme simple soldat dans l’armée de la Loire. Mais ses forces le trahirent. La maladie l’obligea d’aller se soigner à Fontainebleau. Dès que Paris fut rouvert, il y rentra par la première voiture qui partit de Fontainebleau pour la capitale. H s’y trouvait au 18 mars. Tant que la chose fut possible, il y lutta en faveur de l’ordre dans la garde nationale et il y resta pendant toute la Commune. La guerre finie, il rédigea, de 1871 à 1874, la deuxième partie de sa Description de la Palestine, Samarie,

2 in-C°, Paris, 1874-1875. — En 1875, il reprenait la route de la Palestine pour aller achever son œuvre et explorer la Galilée, la Pérée, la Cœlésyrie et la Phénicie. De 1876 à 1879, il mit en œuvre les notes qu’il venait de recueillir, et la troisième partie de sa Description de la Palestine, la Galilée, parut en 2 volumes in^° en 1880. Il avait publié aussi en 1879 ses Rapports sur une mission en Palestine, in-8°, Imprimerie Nationale. -*- Après avoif si fructueusement travaillé pour les érudits, M. Guérin s’adressa au grand public, et en 1881, il mit au jour La Terre Sainte, son histoire, ses souvenirs, ses sites, ses monuments (première partie) avec 22 planches hors texte et 288 gravures, in-f°, Paris, 1881. En 1882, il retourna au Liban, et à son retour il fit paraître la deuxième partie de la Terre Sainte. Liban, Phénicie, Palestine occidentale et méridionale, Pétra, Sinaï, Egypte. Avec 19 planches, 300 gravures sur bois et

3 cartes coloriées, 1883. La Terre Sainte se distingue, comme les autres ouvrages du savant explorateur, par la solidité de l’érudition, par la clarté et la sobriété du Style. —En 1884, M. Guérin visitait et étudiait à nouveau Jérusalem. En 1885, il entreprenait une seconde mission scientifique en Tunisie, en Tripolitaine et à Malte, et après son retour il publiait La France catholique en Tunisie, à Malte et en Tripolitaine, in-8°, Tours, 1886. La fin de l’année 1886 le ramenait en Egypte et le résultat de ce voyage d’études fut La France catholique en Egypte, hv8°, Tours, 1887. — En 1888, M. Victor Guérin, épuisé par tant de travaux et de fatigues, voulut visiter une dernière fois la Terre. Sainte avec la digne compagne de sa vie et ses enfants et lui faire Ses adieux. Celui qui écrit ces lignes eut le bonheur de faire avec lui une partie du pèlerinage, de s’édifier de sa piété, de profiter de sa science et de sa vaste érudition. Quand il fut revenu en France, Dieu lui laissa le temps de compléter son œuvre ; sa dernière publication, digne couronnement de tant de travaux, fut Jérusalem, son histoire, sa description, ses établissements religieux, avec carte en couleur, in-8°, Paris, 1889. — Quelques années auparavant, il avait publié une carte de la Palestine qui avait reçu, en 1881, une médaille d’honneur au congres géographique de Venise.

Maintenant la mission que Dieu lui avait confiée était terminée. Dieu rappela à lui son fidèle serviteur à l’âge

de 69 ans. Sur son lit de mort, il disait à Notre-Seigneur : « Seigneur Jésus, souvenei-vous que je vous ai prié à Bethléhem, à Nazareth, au Calvaire. » L’amour des Lieux Saints avait été sa grande passion ; les livres que cet amour lui a fait écrire seront toujours son titre de gloire. Sa foi chrétienne a pu seule lui donner la force de mener à bonne fin l’entreprise qui germa de bonne heure dans son esprit et dans son cœur : celle de faire une étude approfondie de la Palestine. L’œuvre qu’il a exécutée lui a coûté vingt-cinq ans d’explorations et de recherches, mais on peut le dire sans exagération, c’est la plus extraordinaire qui ait jamais été conçue et réalisée par un seul homme. Eusèbe avait décrit brièvement la Terre Sainte où il était évêque ; saint Jérôme avait traduit le livre d’Eusèbe, quand il fut devenu le solitaire de Bethléhem ; beaucoup d’autres après eux avaient raconté leurs pèlerinages aux Saints Lieux ; personne n’avait jamais fait une exploration méthodique et détaillée de la Palestine comme Victor Guérin. Il n’existe pas une localité, pas une ruine en Judée, en Samarie, en Galilée, que cet infatigable savant, doué d’un don remarquable d’observation et scrupuleux d’exactitude, n’ait étudiée pendant ces sept longs voyages dans l’antique terre de Chanaan, avec une patience que rien n’a pu lasser, avec une intrépidité que n’a effrayée aucun danger, avec une science qui a presque épuisé la matière. Il n’avait guère cependant d’autres ressources que les siennes propres, mais il les dépensait généreusement pour l’amour des Écritures Sacrées, parcourant en tout sens la Terre Sainte à cheval, accompagné le plus souvent d’un seul moukre et campant sous sa petite tente, à l’ombre du drapeau tricolore. La France, comme l’Église, a lieu d’être fière d’un tel savant. Il a pu se tromper dans quelques identifications de lieux ; personne ne peut échapper aux erreurs de ce genre ; mais ses descriptions sont d’une exactitude irréprochable. Depuis lui, le comité anglais du Palestine Exploration Fund a fait exécuter en Palestine des travaux qu’un particulier ne pouvait accomplir et a rendu ainsi de grands services à la géographie biblique ; néanmoins, même avec tous les secours pécuniaires fournis par une société puissante et malgré leur nombre, les savants anglais n’ont pas éclipsé l’œuvre de Guérin qui, pour les descriptions et les détails, reste en bien des cas supérieure à celle des Memoirs publics par l’Exploration Fund. Une modestie ou plutôt une humilité chrétienne qu’on serait tenté d’appeler excessive, jointe à la vivacité de ses sentiments chrétiens, a été cause qu’il n’a pas joui pendant sa vie de la gloire humaine qu’il avait si justement méritée, mais la postérité lui rendra justice, car ses travaux lui assurent pour toujours une des premières places parmi les explorateurs de la Terre Sainte. F. Vigouroux.

    1. GUÉRISON##

GUÉRISON (hébreu : rifùf, marpê’, de rdfà’, « recoudre, guérir ; » Septante : ïaj.a, ?a<nc, la-zpzia ; Vulgate : curatio, sanitas), rétablissement de la santé par des moyens naturels ou surnaturels.

I. GUÉRISONS NATURELLES.

Voir MÉDECINE.

II. Guérisons surnaturelles.

Dans la Saints Écriture, surtout dans le Nouveau Testament, la puissance divine intervient pour guérir surnaturellement des maladies. — 1° On remarque dans l’Ancien Testament la guérison des Hébreux du désert par la vue du serpent d’airain, Num., xxi, 9 ; Sap., xvi, 10-12 ; celle de Naaman le Syrien, guéri dans l’eau du Jourdain, IV Reg., v, 10-14 ; celle d’Ezéchias, IV Reg., xx, 5, 8 ; celle de Tobie. Tob., xi, 15. À la piscine de Bethesda, il se produisait des guérisons miraculeuses chaque fois que l’ange du Seigneur descendait et agitait l’eau. Joa., v, 4. — 2° En preuve de sa mission et pour témoigner son amour envers les malheureux, Notre-Seigneur a opéré beaucoup de guérisons miraculeuses : celle du fils d’un officier, Joa., iv, 46-54 ; de la belle-mère de saint