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GUÉNÉE — GUÉRIN


lomnies et les erreurs de Voltaire contre les Écritures. Il le fit avec autant d’esprit que de science. « Le secrétaire juif, nommé Guénée, écrivait Voltaire à d’Alembert le 8 décembre 1776 (Œuvres, édit. Didot, t. x, 1861, p. 752), n’est pas sans esprit et sans connaissances, mais il est malin comme un singe. Il mord jusqu’au sang, en faisant semblant de baiser la main. » Les Lettres reçurent successivement de nombreuses additions et les éditions s’en multiplièrent. La cinquième parut en 1781, la sixième en 1805, Paris, 3 in-8° et 4 in-12, avec une notice sur l’auteur par M. de Sainte-Croix ; la septième en 1815, 4 in-8°, Paris (elle est précédée d’une Notice sur l’abbé Guénée par M. Dacier). Beuchot, l’éditeur de Voltaire, a donné la 8e édition sous ce titre : Lettres de quelques Juifs à M. de Voltaire avec un petit Commentaire extrait d’un plus grand à l’usage de ceux gui lisent ses Œuvres et Mémoires sur la fertilité de la Judée ; in-8°, Versailles, 1817. Cette édition, revue et corrigée, est augmentée de notes qui mettent l’ouvrage en rapport avec l’édition de Voltaire faite à Kehl. Les Recherches sur la Judée considérée principalement par rapport à la fertilité de son terroir avaient pour objet de répondre aux objections tirées de la stérilité actuelle de ce pays pour attaquer la véracité des Livres Saints. Guénée avait lu un premier Mémoire à l’Académie des Inscriptions le 4 mai 1779 ; il en composa depuis trois autres pour compléter le premier et on les a joints aux dernières éditions de ses Lettres depuis la septième. La neuvième édition des Lettres a été donnée en 1 in-12 à Paris en 1837. Autre édition par Desdouits, 3 in-12, Lyon, 1857, etc. — On doit aussi à Guénée une édition de : Les témoins de la résurrection de Jésus-Christ examinés suivant les règles du barreau, traduit (par Le Moine) de l’anglais de Sherlock, in-12, Paris, 1753 ; La religion chrétienne démontrée par la conversion et l’apostolat de saint Paul, traduit de l’anglais de lord Lyttleton, et suivi de deux Dissertations sur l’excellence de l’Écriture Sainte, traduites de Seed, in-12, Paris, 1754 ; Observations sur l’histoire et les preuves de la résurrection de Jésus-Christ, traduit de l’anglais de West, in-12, Paris, 1757. Ces trois derniers ouvrages ont été réunis et réimprimés in-12 à Paris en 1821. F. Vigouroux.

    1. GUÊPE##

GUÊPE (Septante : ayrfe ; Vulgate : vespa), insecte hyménoptère de couleur noire et brune mélangée de jaune, pourvu d’un aiguillon, et vivant en société comme les abeilles et les fourmis (fig. 86). La guêpe commune construit son nid dans la terre. Dans les piqûres que

— La guêpe.

produit son aiguillon, elle verse un liquide venimeux qui cause une sensation très douloureuse. Lefrelonest la plus grosse espèce du genre guêpe. Les guêpes ne sont mentionnées que dans le livre de la Sagesse, xii, 8, qui leur attribue, dans l’extermination des Chananéens, un rôle -que les livres antérieurs assignent aux frelons. L’auteur sacré nomme le genre au lieu de l’espèce. Voir Frelons.

H. Lesêtre.
    1. GUÉRIN Victor Honoré##


GUÉRIN Victor Honoré, palestinologue français, né à Paris le 15 septembre 1821, mort à La Tour (Seine-et-Marne ) le 21 septembre 1890. Ce savant, dont le nom est si souvent cité dans les pages de ce Dictionnaire, qui s’honore de l’avoir compté au nombre de ses premiers collaborateurs, est l’un de ceux qui ont le mieux fait connaître la géographie de la Palestine. Sa mère lui apprit à lire dans une vieille Bible illustrée où il puisa l’amour des Lieux Saints. Après avoir commencé ses études à l’institution de l’abbé Poiloup et les avoir achevées au collège Rollin, il fut admis à 19 ans, le 25 octobre 1840, à l’École normale supérieure de Paris, comme élève de la section de grammaire. Il en sortit en 1842 et devint cette année même professeur de rhétorique au collège de Coutances. Après avoir enseigné dans divers collèges et lycées, il fut chargé en 1852 de la surveillance des études à l’École normale supérieure, L’année suivante, 1853, il partait pour Athènes comme membre de l’école française établie dans cette ville et dès lors il pouvait donner libre carrière à son attrait pour l’archéologie et l’exploration scientifique, visitant la Grèce, la Syrie, l’Asie Mineure, plusieurs îles de l’archipel et en particulier Patmos, dont l’étude devait particulièrement satisfaire ses goûts de savant et ses sentiments chrétiens. Les résultats de ce voyage sont consignés dans sa Description de l’île de Patmos et de l’île de Samos, in-8°, Paris, 1856. Ce qui caractérise cette première publication comme toutes les suivantes, c’est l’étude consciencieuse des lieux et des monuments anciens et une exactitude minutieuse et irréprochable qui donne à ses descriptions une autorité irrécusable.

— En 1854, M. Guérin recevait une mission scientifique pour la Terre Sainte elle-même où il se sentait attiré par un charme irrésistible, à laquelle il devait consacrer la meilleure partie de sa vie. Le fruit de son pèlerinage fut une thèse latine présentée à la Sorbonne pour le doctorat es lettres : De ora Palestine a promontorio Cdrmelo usque ad urbetn Joppen pertinente, in-8°, Paris, 1856. Sa thèse française fut une Étude sur l’île de Rhodes, in-8°, Paris, 1856 (2e édit., 1880) ; il avait passé plusieurs mois dans cette île l’année même où il avait exploré pour la première fois la Palestine, en 1853-1854. — Au retour de ce voyage, il professa pendant un an (1855) la rhétorique au lycée d’Angers. Ce fut sa dernière année d’enseignement secondaire, En 1856, il prépara et soutint ses thèses de doctorat. L’année suivante, il fut chargé d’une mission scientifique en Egypte et en Nubie. Il en rendit compte dans son Rapport à M. le ministre de l’Instruction publique, daté d’Assouan Il février 1858. De janvier à avril 1859, il suppléa M. Heinrich dans la chaire de littérature étrangère de la Faculté des lettres de Lyon ; d’avril à août 1859, il donna le même enseignement à la Faculté de Grenoble. — À partir de 1860, il se donna tout entier aux missions et aux voyages scientifiques. En cette année 1860, il explora la régence de Tunis, presque complètement fermée jusqu’à lui aux Européens, et pénétra même dans la ville sacrée de Kairouan dont le fanatisme musulman interdisait rigoureusement l’accès aux étrangers. La notice qu’il lut sur.cette ville, réputée imprenable, à la séance générale de la Société de géographie le 24 décembre 1860, est si exacte et si précise que ce fut grâce à elle que nos troupes purent s’en emparer quelques années plus tard. Aussi au retour de leur conquête, une douzaine d’officiers allèrent-ils le visiter pour lui déclarer que c’était à lui qu’ils étaient redevables de leur victoire. Voir F. Deltour, dans l’Association des anciens élèves de l’École normale, in-8°, Paris, 1891, p. 35. Les années 1861 à 1863 furent consacrées à la rédaction de son Voyage archéologique dans la Régence de Tunis, exécuté et publié sous les auspices et aux frais de M. H. d’Albret, duc de Luynes, par V. Guérin, 2 in-8°, Paris, 1862.