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GROSSESSE — GRUE


    1. GROSSESSE##


GROSSESSE, état de la femme qui est enceinte. — 1° La mère des Machabées dit au plus jeune de ses fils : « Je t’ai porté neuf mois dans mon sein, » IIMach., vu, 27, et l’auteur de la Sagesse, vil, 2, écrit qu’il a été porté « dix mois ». Les anciens attribuaient couramment dix mois à la grossesse. Aristote, Hist. anim., vii, 4 ; Virgile, Eclog., IV, 61 ; Aulu-Gelle, Noct. att., iii, 16 ; etc. Tertullien, De anim., 37, t. ii, col. 714, dit avec plus de précision que l’enfantement se produit au commencement du dixième mois. En fait, la grossesse dure neuf moisou 270 jours, avec une avance ou un retard de 8 à 10 jours. Surbled, La morale dans ses rapports avec la médecine, Paris, 1892, t. ii, p. 159. Comme les anciens comptaient par mois lunaires de 29 et de 30 jours alternativement, la période moyenne de 270 jours durait un peu plus de neuf mois, et la grossesse atteignait le milieu du dixième mois quand l’enfantement tardait de quelques jours. Les deux expressions employées par les auteurs sacrés sont donc approximativement justes l’une et l’autre. — 2° La loi réglait la peine encourue par celui qui frappait une femme en état de grossesse : l’amende, si aucun dommage sérieux ne résultait des coups ; la mort, si la femme ou l’enfant venaient à périr. Exod., xxi, 22, 23. Quand les coups étaient involontaires, le cas rentrait dans celui de l’homicide involontaire. Voir Homicide. — 3° La Sainte Écriture parle plusieurs fois de la grossesse. C’est pendant que la femme est en cet état que Dieu forme mystérieusement le corps de l’enfant. Eccle., xi, 5. Une forte émotion peut amener lin enfantement prématuré. I Reg., iv, 19. Dans les guerres, les vainqueurs fendaient le ventre des femmes enceintes. IV Reg., viii, 12 ; xv, 16 ; Am., i, 13. Le Seigneur ramènera de captivité les femmes enceintes, Jer., xxxi, 8 ; mais malheur à celles qui, en cet état, auront à fuir au moment où les Romains marcheront sur la Judée, car elles ne pourront s’échapper assez vite. Matth., xxiv, 19 ; Marc, xiii, 17 ; Luc, xxi, 23. — 4° Saint Matthieu, i, 18-24, mentionne l’effet produit sur saint Joseph par la grossesse de la très sainte Vierge et l’intervention de l’ange pour lui en révéler la cause.

H. Lesêtre.
    1. GROTIUS Hugo##


GROTIUS Hugo, de son vrai nom de Groot, polygraphe hollandais, protestant, né à Delft le 10 avril 1583, mort à Rostock le 28 août 1645. Il étudia à Leyde où, malgré son jeune âge, il fut remarqué du célèbre Scaliger. Il vint en France, séjourna à Paris et à Orléans où il se fil recevoir docteur en droit. De retour en son pays, il s’adonna à la jurisprudence et dès 1607 il était avocat fiscal des Pays-Bas. En 1616, il fut envoyé en Angleterre pour représenter son pays dans une conférence et cette mission lui permit de s’entretenir avec Casaubon des moyens de réunir les catholiques et les protestants. De retour en Hollande, il se mêla activement aux discussions religieuses, se déclarant en faveur des doctrines d’Arminius et contre celles de Gomar. Mais les partisans de ces derniers soulevèrent le peuple et le stathouder, Maurice de Saxe, heureux de cette occasion d’intervenir, se déclara en leur faveur contre les États de Hollande. Grotius fut arrêté et le 18 mai 1619 était condamné à la prison perpétuelle. Au bout de deux ans, grâce au dévouement de sa femme, il put s’échapper et gagna Anvers, puis Paris où il arriva le 15 avril 1621. Il resta dix ans en France où, après un court séjour en Suède, il ne tarda pas à revenir comme ambassadeur de la reine Christine. En 1645, il demanda son rappel et il était en route pour rentrer en Hollande lorsque la mort l’arrêta à Rostock. Grotius a laissé de nombreux ouvrages d’histoire, de jurisprudence, de droit international et de théologie. Parmi ces derniers nous citerons : Poemata sacra, in-4°, La Haye, 1601, renferme la paraphrase d’un certain nombre de psaumes ; Commentatio ad loca quædam Novi Testamenti qux de Anti-Christo agunt, aut agere putantur, in-8°, Amsterdam, 1C40 ; Annotâmes. DE LA BIBLE.

tiones in libros Evangeliorum cum tribus tractatibus et appendice ea spectantibus : scilicet annotata in quædam loca epistolarum S. Pauli, S. Jacobi, S. Johannis et Apocalypsis ; explicatio decalogi ut græce exstat et quomodo ad decalogi locos evangelica precepta referantur : et appendix ad interpretationem locorurii quai de Anti-Christo agunt aut agere putantur, in-f°, Amsterdam, 1641 ; Annotationes in epistolam ad Philemonem, in-8°, Amsterdam, 1642 ; Annotationes in Vêtus Testamentum, 3 in-f°, Paris, 1644 ; Annotationes in NovumTestamentum, in-f », Paris, 1644 ; Annotationum inNovum Testamentumpars secunda, videlicet in Acta Apostolorum et inepistolas apostolicas, in-f 1’, Paris, 1646 ; Annotationum in Novum Testamentum pars tertia et ultima, videlicet, in epistolas S. Pétri, Johannis et Judm : subjuncti sunt ejusdem auctoris libri pro veritate religionis christianse ita digesti ut annotata suis quæque paragraphe sunt subnexa, 3 in-f », Paris, 1650. Les œuvres théologiques de H. Grotius ont été réunies par les soins d’un de ses fils, Pierre Grotius, et publiées en 4 in-f", 1679, à Amsterdam. Les trois premiers volumes renferment les écrits ayant trait à l’Écriture Sainte. En tête du premier volume se trouve la vie de H. Grotius. L’exégèse de Grotius, exclusivement philologique et historique, est empreinte de rationalisme. F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. i, p. 497591. — Voir Ch. Barksdale, Life of H. Grotius, in-12, Londres, 1652 ; J. Levesque de Burigny. Vie de H. Grotius, 2 in-8°, Paris, 1750 ; H. Luden, H. Grotius nach seinen Schicksalen und Schriften dargestellt, in-8° Berlin, 1806 ; J. Laurentius, H. Grotius papizans, in-8° Amsterdam, 1830 ; Valère André, Bibliolh. Belgica, p. 397.

B. Heurtebize.

GRUE, oiseau de l’ordre des échassiers et de la famille des hérodiens. La grue (fig. 85), très élevée sur ses pattes, a le cou allongé, le bec effilé et de même dimension que le reste de la tête. Chez l’espèce la plus commune, grus cinerea, le haut de la tête est rouge, la gorge noirâtre et le reste du corps gris cendré. La queue forme une sorte de panache qui contribue à rendre gracieuse l’allure de l’oiseau. La grue se nourrit de poissons, de reptiles, parfois de graines enlevées aux champs récemment ensemencés et de plantes aquatiques. Elle habite et fait son nid dans des endroits assez découverts pour lui permettre de n’être point surprise par les ennemis. En dehors de l’époque où elle couve, elle vit en sociétés nombreuses. Pendant le sommeil de la bande, quelques-unes demeurent éveillées pour avertir les autres du danger. C’est un oiseau essentiellement migrateur, qui vient habiter en Egypte, Hérodote, ii, 22, en Palestine et dans les autres pays méridionaux en hiver, pour retourner au printemps dans les pays du nord. Au moment du départ, les grues se réunissent par troupes de plusieurs centaines, s’élèvent dans les airs et y volent en formant un grand V dont la pointe est tournée en avant. C’est ordinairement pendant la nuit qu’elles voyagent ; elles poussent alors, sans doute pour s’avertir mutuellement, de grands cris qui ont quelque chose de lugubre au milieu des ténèbres, et qui retentissent au loin à raison de leur grand nombre. La grue est un oiseau de haute taille. En Palestine, elle mesure plus de l m 50 de haut et jusqu’à 2 m 50 d’envergure. Sa taille n’est dépassée que par celle de l’autruche.

— La grue est très vraisemblablement désignée dans la Sainte Écriture par le mot’dgûr, qui se lit dans les deux passages suivants : Is., xxxviii, 14 : « Comme l’hirondelle et comme le’dgûr, je criais, je gémissais comme la colombe, s Les Septante ne traduisent pas ici’dgûr et la Vulgate joint les deux noms : sicut pullus hirùndinis ; Jer., viii, 7 : « La tourterelle, l’hirondelle et le’dgûr connaissent le temps de leur retour.. » Septante : à<j(Sa, Vulgate : ciconia. Gesenius, Thésaurus, p. 990, fait de’dgûr un adjectif serrant à qualifier l’hirondelle

III. - 12