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GRENADIER, GRENADE — GRENIER

[Hiéroglyphe à insérer] , šedehit, qui est mentionnée en particulier comme une des trois liqueurs produites par le jardin fruitier de Ramsès II (Papyr. Anastas., iv, 6-7) et ne saurait être qu’une liqueur tirée de la grenade, la grenadine ou sirop de grenade. V. Loret, La flore pharaonique, 2° édit., p. 77-78. Les grenades, ῥοαί, sont comptées parmi les καρπούς οἰνώδεις par Plutarque, Sympos., l. III, q. v. Cf. Arnobe, Advers. gentes, , l. V, p. 164 ; Philostrate, Epist. ad Diodorum.

La grenade dans les arts.

Les fleurs ou les fruits ont souvent été employés dans l’architecture comme motifs de décoration : la forme gracieuse des grenades devait naturellement les faire adopter. Elles font partie de la décoration des deux chapiteaux pour les deux colonnes d’airain érigées devant le portique du Temple. III Reg., vii, 18. Il y avait deux cents grenades rangées sur deux rangs autour de chaque chapiteau, ꝟ. 20. Cf. II Par., iii, 16 ; iv, 13. Les grenades étaient en airain comme les colonnes. IV Reg., xxv, 17. Dans le passage parallèle de ce dernier endroit, Jer., lii, 22-23, le prophète, après avoir dit que les grenades étaient d’airain, place sur les faces du chapiteau, 96 grenades par rangée, et en compte un total de cent autour du treillage : ce qui suppose que quatre d’entre elles n’étaient pas disposées comme les autres. Sur ces différentes données, M. de Vogué, Le Temple de Jérusalem, p. 34, et plus heureusement encore M. Chipiez ont tenté une restitution du chapiteau. Ce dernier dispose les grenades au

[Image à insérer] 74. — La grenade figurée sur les colonnes du Temple de Jérusalem. D’après la reconstitution de M. Chipiez. Perrot et Chipiez, Histoire de l’art, t. iv, pl. vii.

dessus et au-dessous du treillis, formant ainsi deux rangées de 96 grenades avec 4 grenades plus grosses tombant à l’intersection des lignes qui dessinent les quatre faces (fig. 74). Perrot et Chipiez, Histoire de l’art, t. iv, p. 318-320, et pl. vii. Un artiste phénicien, Hiram, ayant donné les plans de cette décoration, on ne saurait s’étonner d’y voir figurer la grenade. C’était un ornement phénicien, d’un sens symbolique qu’on retrouve fréquemment sur les stèles puniques (fig. 75). On remarque souvent la grenade au sommet d’une colonne. La grenade avec ses nombreux pépins était sans doute considérée comme l’emblème de la vie et de sa puissance de renouvellement. Les Phéniciens qui avaient souvent emprunté aux arts de Babylone et de Ninive, en avaient-ils reçu cet emblème ? En tous cas le grenadier est représenté sur les monuments assyriens comme arbre sacré (fig. 73). E. Bonavia, The Flora of the Assyrian monuments, in-8°, Westminster, 1894, p. 55. Dans un bas-relief du Louvre, Sargon, debout devant l’arbre sacré, tient à la main trois grenades. Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 513, fig. 235.

[Image à insérer] 75. — Stèle phénicienne sur laquelle est figurée la grenade. Musée de Saint-Louis, Carthage.

Ce n’est pas seulement dans l’architecture mais encore pour la décoration des habits du grand-prêtre que les Hébreux employaient la grenade. Ainsi le bas de la tunique de l’éphod était orné de clochettes d’or alternant avec des grenades de couleur hyacinthe pourpre et écarlate. Exod., xxviii, 33-34 ; xxxix, 23-24. Cf. Josèphe, Ant. jud., III, vii, 4. — L’Ecclésiastique, xiv, 10, dans le texte grec ῥοΐκοι χρυσοῖ fait allusion aux grenades : la Vulgate a rendu le mot par tintinnabula, clochettes. Le texte hébreu découvert en 1896 porte bien רמנים, grenades. E. Cowley et Ad. Neubauer, The original Hebrew of a portion of Ecclesiasticus, in-4°, Oxford, 1897, p. 24. — Voir J. Braun, De vestitu sacerdotum Hebræorum, in-8°, Leyde, 1680, p. 563-565 ; Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. i, p. 271-280.

E. Levesque.

GRENIER, lieu où l’on ramasse les grains et aussi, par extension, les gerbes, le foin, la paille.

I. Noms.

’Asâmîm (d’une racine אסם, cf. Targum, אסנא, « grenier » ), Deut., xxviii, 8 ; Septante : ταμεῖα ; Vulgate : cellaria, Prov., iii, 10 ; Septante : ταμιεῖά ; Vulgate : horrea.

Mâzû, de זוֹה, « mettre de côté, » Ps. cxliv, 13 ; Septante : ταμεῖα ; Vulgate : promptuaria.

Ma’âbûs, « grenier à fourrage » (cf. assyrien, bit abûsâti), Jer., l, 26 ; Septante : ἀποθήκη ; Vulgate : ut exeant.

Megûrâh, sorte de grenier ou magasin souterrain, Agg., ii, 19 (cf. en égyptien : magar, magarati, « magasin » ) ; Septante : ἅλω ; Vulgate : germine, et Ps. lv, 16, comme synonyme de demeure cachée.

Miskenôt signifie plutôt magasin, approvisionnement, Exod., i, 11 ; III Reg., ix, 19 ; II Par., viii, 4, 6 ; xvi, 4 ; xvii, 12 ; xxxii, 28. Dans ce dernier endroit peut-être un grenier, un magasin de froment, apothecas frumenti.

’Ôṣâr ou beṭ hâ-ôṣâr, proprement « trésor, magasin », est pris dans le sens de grenier. Joël, i, 17.

Matmônîm, greniers creusés dans le sol, silos, Jer., xli, 8 ; Septante : θησαυροί ; Vulgate : thesauros.

’Arîm, dans Gen., xli, 35, 48, est habituellement traduit par ville ; n’y aurait-il pas lieu de rapprocher