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GRENADIER, GRENADE

O

paraît avoir été importée de l’Asie avec la plante elle-même, rappelle très étroitement les noms sémitiques ;

c’est anhmâni ou arhmâni ; I ^^ fj ^ <*""> I ou

iSra^^^^i,, . VLoret, Recherches sur plusieurs plantes connues des anciens Égyptiens, dans Recueil de travaux relatifs à laphilolog. etarchéol. égypt., année 1886, t. vii, p. 108-111. Cette parenté, comme aussi la variété des formes que revêt l’appellation égyptienne, indique bien une origine non indigène. En copte le mot s’est transmis sous la forme 6pM AN, 26fM N. Les Septante appellent l’arbre et le fruit poi, quelquefois poiâ ; quant a ^ofoxoç, diminutif de £odt, il est employé pour désigner certains ornements en or, ressemblant à des grenades. Dans II Par., iv, 15, le mot xtiSwv, clochette, est employé pour traduire rimmon, grenade. Pour désigner la grenade la Vulgate, se sert de l’expression latine malum granatum ou malogranatum, « pomme à grains, ï et de malum punicum ainsi nommée parce qu’on la regardait comme importée de Carthage. Pline, H. N., xiii, 34.

Le grenadier en Egypte.

Le grenadier était déjà

connu en Egypte et cultivé sous la XVIIIe dynastie. Au nombre des arbres que le scribe de Thotmès I er, Anna, avait fait planter dans son parc funéraire, se trouvent mentionnés cinq anhmen ; mais comme il ne semble pas que les armées égyptiennes l’aient rapporté d’Asie à cette époque, et que cet arbre paraît déjà assez cultivé dans la vallée du Nil, son introduction en Egypte pourrait bien être plus ancienne et remonter au temps des Pasteurs. Les représentations des tombeaux de la XVIII 8 dynastie nous offrent quelques spécimens de grenadiers avec leurs fruits ou leurs fleurs (fig. 72). Champollion, Monuments, pl. clxxiv ; Lepsius, Denkmâler, iii, 48 ; v, 95 ; Fr. Wonig, Die Pflanzen im alten Aegypten, in- 8°, Leipzig, 1886, p. 324. On découvre parfois le fruit sur des tables d’offrande ; et les fleurs en ont été trouvées dans quelques tombeaux thébains. Schweinfurth, Les dernières découvertes botaniques, dans le Bulletin de l’Institut égypt., 2e série, t. v, p. 268 ; V. Loret, La flore pharaonique, 2e édit., p. 76-78. De petites grenades, recueillies dans des tombeaux égyptiens, sont

72. — Grenadiers figurés sur les monuments égyptiens. D’après Lepsius, Denkmâler, Abth. III, Bl. 95.

conservées au musée du Louvre. V. Loret, Études de botanique égyptienne, dans Recueil de travaux rel. à laphil. et arch. égypt., année 1895, t. xvii, p. 189-190. En résumé le grenadier paraît avoir été assez répandu en Egypte sous la XIX » et même sous la XVIIIe dynastie. Aussi les Hébreux avaient-ils pu en manger les fruits dans la terre de Gessen. Dans le désert de Sin, ils se plaignent que Moïse les ait fait sortir d’Lgypte et amenés dans un pays où ne viennent ni le figuier, ni la vigne, ni le grenadier. Num., xx, 5. S’il faut s’en rapporter aux spécimens trouvés dans les tombes, les grenades d’Egypte auraient été plus petites que les grenades ordinaires.

Pline, H. N., xiii, 34, signale deux variétés de grenadiers en Egypte, l’une au feuillage rouge, l’autre au feuillage blanc. D’après Théophraste, Hist. plant., ii, 2, 7, les fruits recueillis en Egypte avaient un goût sucré avec une certaine saveur vineuse. Ch. Joret, Les plantes dans l’antiquité, i M part., L’Egypte, in-8°, Paris, 1897, p. 116-119.

Le grenadier en Palestine.

Le grenadier dut

être très anciennement connu en Palestine, puisque d’antiques localités rappellent par leur nom sa culture. Ainsi on trouve sur la frontière de Juda Rimmon,

73. — Grenadier figuré sur les monuments assyriens Koyoundjik. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pl. 15.

Jos., xv, 32 ; I Par., iv, 32 ; Zach., xiv, 10 ; en Manassé, Gath Rimmon, Jos., xxi, 25 ; I Par., vi, 39 ; et dans la tribu de Zabulon, En Rimmon. I Par., vi, 77 ; II Esdr., xi, 29. Originaire, comme le pense de Candolle, L’Origine des plantes cultivées, in-8°, Paris, 1886, p. 189, de la Perse et de pays adjacents comme le midi du Caucase, cet arbre devait naturellement être connu et cultivé en Palestine plus tôt qu’en Egypte. À leur sortie de ce pays, quand ils s’approchent d’Hébron, les Hébreux voient les espions envoyés par Moïse rapporter de la vallée d’Escol, de belles grenades avec des figues et des grappes de raisin magnifiques. Num., xiii, 23. La terre de Chanaan leur est dépeinte comme une terre qui produit la figue, J’olive et la grenade. Deut., viii, 8. Le grenadier devait donc être déjà largement répandu dans la Palestine : il fut certainement très cultivé par les Hébreux après leur occupation du pays. Car après une invasion de sauterelles, on signale au nombre des arbres qui ont souffert et causent p*r là une perte considérable aux habitants, le grenadier à côté du figuier et de la vigne. Joël, i, 12. Après la captivité, Aggée, ii, 20, reprenant le peu dé zèle des Juifs à rebâtir le temple, leur rappelle que c’est la raison de l’insuccès des récoltes : c Ne voyez-vous pas que la vigne, le figuier, le grenadier n’ont pas encore fleuri ? » Le Cantique des Cantiques, vi, 11 (Vulgate, 10) ; vir, 13 (Vulgate, 12), fait allusion à l’époque de la floraison du grenadier. Dans le jardin fermé de l’Épouse, iv, 13, on remarque des vergers plantés de grenadiers. C’est à la couleur rosée d’une tranche de grenade que l’on comparé les joues de l’upouse. Cant., iv, 3. D’ordinaire le grenadier est un petit arbre, mais l’un d’eux était célèbre en Israël peut-être par ses dimensions ; il sert, comme le térébinthe de Mambré ou le palmier de Débora, à désigner un lieu déterminé : on dit, I Reg., xiv, % que Saül demeurait à l’extrémité de Gabaa, au grenadier de Migron. — Le Cantique des Cantiques, vifl, 2, à côté du vin parfumé mentionne le’dsis (Vulgate : mustum) de grenades. Ce vin ou liqueur de grenades était connu dans tout l’Orient. Dioscoride, v, 34, le mentionne (pomic olvos). Les textes égyptiens parlent assez fréquemment d’une boisson