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GABRIEL — GAD (LE DIEU)


seconde fois pour loi révéler la prophétie des soixante-dix semaines. Dan., ix, 21. — Le nom donné à l’ange, formé de gébér, « homme fort, » et de’êl, « Dieu, » signifie « homme » ou « héros de Dieu ». Il ne s’agit pourtant pas ici d’un homme, mais d’un être supérieur qui se montre avec une apparence d’homme, Dan., viii, 45, obéit à un autre être mystérieux, ꝟ. 16, relève le prophète tombé à terre, 1. 18, et a des ailes qui lui permettent de voler rapidement, ix, 21. Il se peut que Daniel ait vu l’ange sous la figure d’un homme ailé, analogue à ceux qui se voyaient sur les palais de Babylone, voir 1. 1, col. 1155 ; t. ii, col. 666, et symbolisaient par leur mâle attitude la force du gébér, et par leurs ailes leur agilité surhumaine. C’est sous des images analogues qu’Ézéchiel avait vu d’autres esprits célestes. Voir Chérubins, t. ii, col. 662. Gabriel est certainement un ange au service de Dieu, puisqu’il fait des révélations et formule des prophéties qui ne peuvent venir que de Dieu. — 2° Gabriel apparaît de nouveau, avec une forme sensible, au prêtre Zacharie pour lui annoncer la naissance de Jean-Baptiste. 11 énonce lui-même son nom et déclare qu’« il se tient devant Dieu », Luc, I, 19, qu’il est par conséquent, comme Raphaël, « l’un des sept anges qui se tiennent devant Dieu, » Tob., xii, 15 ; Apoc, viii, 2, pour être prêts à accomplir ses ordres en qualité de hauts dignitaires célestes. De là le nom d’archange décerné à Gabriel. — 3 « Enfin, le même ange est choisi pour porter à Marie le message de l’incarnation et il commence par la saluer avec un souverain respect. Luc, i, 28. Dans ces deux dernières apparitions, la forme dont l’ange est revêtu n’est pas décrite ; il est dit seulement qu’il se tint debout. Luc, i, 11. Quand il entre chez Marie ou qu’il la quitte, Luc, i, 28, 38, rien ne marque qu’il se serve d’ailes, comme dans l’apparition à Daniel. Gabriel est appelé l’ange de l’incarnation à cause de la triple mission qu’il a reçue pour annoncer à Daniel l’époque de l’accomplissement du mystère, à Zacharie la naissance du précurseur et à Marie celle du Messie. C’est le messager des bonnes nouvelles : il réconforte Daniel, Dan., vm, 18, il annonce la haute mission de saint Jean-Baptiste, Luc, 1, 13-17, et le salut que le fils de Marie apportera au monde. Luc, 1, 31-32. — Les légendes juives racontent que Gabriel fut un des anges qui ensevelirent Moïse (Targum sur Deut., xxxiv, 16) et qu’il détruisit l’armée de Sennachërib (Targum sur II Par., xxxil, 21). — Mahomet, qui connaissait le rôle de Gabriel dans les Ecritures, prétendit recevoir par son intermédiaire les chapitres du Coran, ix, 1 ; xx, 7, etc. Gabriel figure aussi dans le livre d’Hénoch, comme un des grands archanges. A. Lods, Le livre d’Hénoch, in-8°, Paris, 1894,

p. 44, 53, 85, etc.

H. Lesêtre.

GAD (hébreu : Gâd ; Septante : TàS), nom d’un patriarche, d’une tribu d’Israël, d’une vallée et d’une divinité.

1. GAD, septième fils de Jacob, le premier que lui donna Zelpha, servante de Lia, né, comme Aser son frère,

. en Mésopotamie. Gen., xxx, 11 ; xxxv, 26. Pour l’origine de son nom, voir Gad 3. U occupe l’avant-dernier rang dans l’énumération des enfants du patriarche. Exod., i, 4 ; I Par., ii, 2. Il eut sept fils, Gen., xlvi, 16, qui donnèrent naissance à autant de familles. Num., xxvi, 15-18. C’est tout ce que nous savons sur sa personne. Les autres passages de l’Écriture où se trouve son nom, la prophétie de Jacob, Gen., xlix, 19, et la bénédiction de Moïse, Deut., xxxiii, 20, se rapportent à la tribu. Voir Gad 4.

A. Legendre.

2. GAD, prophète, ami de David, qui est appelé tantôt « le voyant, » hâ-hôzéh, l Par., xxix, 29, tantôt « l’inspiré » ou prophète, han-ndbf, I Reg., XXll, 5 ; IIReg., xxiir, U, ou plus spécialement, comme son titre officiel, le « voyant du roi ». II Reg., xxiir, 11 ; 1 Par., xxi, 9 ; I Par., xxii, 25 ;

II Par., xxix, 29. La première fois que nous le voyons paraître, c’est lorsque David se retire au pays de Moab devant la persécution de Saül et pourvoit à la sûreté de son père et de sa mère en les établissant à Maspha sous la protection du roi de Moab. I Reg., xxii, 5. Le prophète Gad, envoyé peut-être par Samuel, vint trouver David et lui conseilla de rentrer dans la terre de Juda. Quand plus tard David, par un sentiment d’orgueil, fit faire le dénombrement du peuple, Gad vint le lui reprocher au nom du Seigneur et le menacer d’un châtiment : seulement il lui laissa le choix entre une famine de sept ans, une guerre malheureuse de trois mois, ou une peste de trois jours. Le roi choisit le fléau du Seigneur, la peste. II Reg., xxiv, 11-15 ; I Par., xxi, 9-14. La peste s.’vit donc à Jérusalem et dans le royaume ; mais le Seigneur, touché de compassion pour le peuple et de l’humble repentir du roi, arrêta l’ange exterminateur et fit prescrire à David, par le prophète Gad, de lui élever un autel dans l’aire d’Ornan. II Reg., xxiv, 16-19 ; I Par., xxi, 15-19. — Quand Ézéchias rétablit la musique sacrée dans le temple, II Par., xxix, 25, telle que David l’avait organisée, il est rappelé que cette organisation s’était faite d’après les avis des prophètes Gad et Nathan. — La fin du premier livre des Paralipomènes, xxix, 29, signalant les sources de l’histoire de David, mentionne le livre de Gad le voyant, Dibrê Gâd hà-hôzéh. E. Levesque.

3. GAD (hébreu : hag-Gad, avec l’article ; Septante : 8ai]iôviov ; dans plusieurs manuscrits : Tu^i) ; Vulgate : Fortuna), nom d’une divinité.

I. Ce qu’était le dieu Gad. — Ce nom se rattache à. la racine gâdad, « couper, déterminer, » comme Moîpa, « Parque, » de >.tiç>ox.a. :. Il signifie donc la destinée, le sort, mais pris en bonne part et marquant par conséquent le bonheur. Gad fut employé d’abord dans un sens appellatif, comme substantif commun. On le personnifia ensuite et l’on en fit une divinité, Frd. Bæthgen, Beitràge zur semitische Religionsgeschichte, 1888, p. 77 ; mais, dans cette dernière signification, Gad est précédé de l’article : hag-Gad. Is., lxv, 11. Les deux sens sont comme mêlés et réunis dans des formules de serment usitées dans lese siècles qui précédèrent et suivirent immédiatement la naissance de Notre-Seigneur. On jurait alors par la fortune, gaddd, du roL^ comme on lit dans les Actes dés martyrs ; Act. martyr., édit. Assemani, t. i, p. 217 ; P. Smith, Thésaurus syriacus, 1. 1, col. 649 ; par la tû^r) de Séleucus ou par celle de l’empereur, etc. G. Hoffmann, dans la Zeitschrift der deutschen niorgent &ndischen GeselUchaft, t. xxxil, 1878, p. 742.

On a assimilé autrefois le dieu Gad à des planètes diverses ; aujourd’hui on s’accorde assez communément à y voir la planète Jupiter, mais cette identification ne doit pas être primitive. Gesenius, Conimentar ûber Jesaia, t. ii, p. 285-286 ; Movers, Die Phànizier, t. i, p. 174 (lui-même identifie Gad avec la planète Vénus, ibid., p. 636, à cause de Gad-Astoret mentionné dans la 3’inscription de Carthage, ibid., p. 650) ; Winer, Biblisches Realwôrterbuch, 3e édit., t. i, p. 283 ; D. Chwolson, Die Ssabier, 2 in-8°, Saint-Pétersbourg, 1856, t. ii, p. 226 ; C. Siegfried, Gad-Meni, dans les Jahrbïicher fur protestantische Théologie, 1875, p. 360 ; P. Smith, Thésaurus syriacus, t. i, col. 649. Cette planète était considérée par les Arabes comme portant bonheur.

Les Grecs et les Romains transformèrent Gad en une divinité femelle : TÔ-/15, Fortuna, et la déesse devint, comme le dieu, la personnification de l’heureuse chance, de la prospérité et des succès. On la représente avec des attributs divers, , une corne d’abondance et un gouvernail, comme dans la statue du musée du Vatican (Braccio nuovo, n° 86), etc. Voir W. H. Roscher, Ausfihrliehes Lexicon der griechischen und rômischen Mythologie, t 1, 1884-1890, col. 1503-1558. Plutarque raconte, De for-