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GREC BIBLIQUE


la vivacité et le pittoresque de saint Marc, la grandeur émue de saint Jean, le charme apaisant et pénétrant des Actes, le mouvement tendre ou passionné de saint Paul, etc. ; et cela avec l’uniformité et même la médiocrité de la langue.

3° Instinctivement, l’auteur juif du Nouveau Testament adoptera la construction grecque, le mol grec qui se rapprocheront le plus de sa langue maternelle ; il couvrira d’un vêtement grec quelque locution aramaïsante ; il contraindra la langue et r expression grecques à plier sous sa pensée et à la servir, d’autant plus que sa pensée est pour lui la vérité divine, et que souvent déjà, dans les Évangiles par exemple, cette pensée est celle de son Maître divin.

4° Les idées parenthétiques sont assez fréquentes dans le Nouveau Testament ; elles sont insérées à leur place logique, elles s’accordent ou non ; elles sont reliées par xot ou un pronom avec ce qui précède, ou flottent indépendantes. Si la note explicative est longue, comme dans les Épîtres, l’auteur oublie le début de la phrase -et la reprend sous une autre forme. Ces remarques s’appliquent d’ailleurs à d’autres accidents de syntaxe, Matth., xv, 32 ; xxv, 15 ; Marc, mi, 11 ; Luc, ix, 28 ; xxiii, 51 ; Joa., i, 6, 39 ; iii, 1 ; Rom., v, 12, 18 ; ix, 11 ; xv, 23-25 ; I Cor., xvi, 5 ; Hehr., xil, 18-22 ; souvent ^lans l’Apocalypse ; ainsi qu’aux citations et réminiscences des Septante, souvent dans l’Apocalypse.

5° L’auteur passera inconsciemment du style indirect au style direct, qui résonne, pour ainsi dire, à son oreille, en même temps qu’il revient à sa mémoire.

6° Destinés presque tous aux communautés chrétiennes, les livres du Nouveau Testament sont écrits pour être lus, ou mieux, pour être dits à haute voix dans l’assemblée des fidèles à qui ils s’adressaient. Aujourd’hui encore, si l’on veut les comprendre pleinement, qu’on les lise à haute voix dans le texte, en marquant l’intonation, l’ac-cent oratoire, les pauses et les changements de tons dans les discours, dans les dialogues, dans les lettres, en suppléant les gestes et les attitudes. L’idée de l’auteur s’anime alors et s'éclaire sans autre explication ; on détermine mieux le vrai sens des phrases et leur portée, les nuances et les oppositions d’idées, les interruptions et les reprises du récit, du dialogue, du raisonnement, la suppression de certaines idées accessoires de transition, la tendance de l’accord à cesser après une pause et une interruption, etc. De même, c’est le ton de la voix qui marquera l’interrogation, bien mieux et plus vivement que ne le ferait une particule.

Convenance de la langue du Nouveau Testament.

Malgré ses particularités, le grec du Nouveau Testament était la meilleure langue pour la prédication chrétienne : elle était riche et souple. Le vocabulaire grec était assez étendu pour que les auteurs du Nouveau Testament pussent y puiser à leur gré les mots auxquels ils imposeraient un sens chrétien. De plus, le grec se prêtait à des dérivés et à des composés en nombre illimité, aussi nombreux que les idées et les nuances d’idées à exprimer, aussi clairs que la pensée même de l’auteur. La syntaxe de la langue familière était simple, unie, facile, et l’influence hébraïsante avait encore augmenté ces qualités. Au lieu de s’imposer aux auteurs du Nouveau Testament et de les gêner, comme l’aurait fait le grec classique, le grec hébraïsant pliait et obéissait à leur pensée, dont il recevait immédiatement le moule et l’empreinte. Il s’appliquait avec une égale facilité aux choses banales de la vie et aux spéculations les plus élevées, aux idées abstraites et aux idées concrètes. La quantité d'élément hébraïsant qu’il contient lui permettait d'être facile pour des Juifs habitués à une langue d’un genre différent ; de rester lié avec le monde juif et oriental, avec ses idées, ses croyances, sa manière <ie penser et de s’exprimer ; de conserver la masse d’idées juives passées dans le christianisme. Sa quantité « ncore plus grande de grec le rendait accessible et in telligible pour les masses du monde gréco-romain. Le grec du Nouveau Testament était essentiellement une langue de communication, de circulation, de propagation, précisément la langue qu’il fallait au christianisme s'élançant à la conquête du monde gréco-romain. Tel était ce grec du Nouveau Testament, qui constitue le point d’arrivée du grec familier et du grec hébraïsant, et que trois ou quatre siècles de révolutions politiques et sociales avaient formé et mûri pour la prédication chrétienne. Ni l’hébreu, ni l’araméen, ni le latin n'étaient des langues favorables pour elle ; aucun de ces idiomes n’avait ni ne pouvait avoir la richesse, la souplesse et le caractère universel et international du grec.

IX. Bibliographie.

L'étude de la langue des Septante est peu avancée, tandis que celle de la langue du Nouveau Testament est cultivée avec ardeur et s’enrichit sans cesse. Voici les principaux ouvrages publiés dans ce siècle : F. W. Sturz, De dialecto macedonica et alexandrina liber, Leipzig, 1808 ; M. J. H. Beckhaus, Veber das Gebrauch der Apocryphen des Alten Testaments zur Erlàuterung der neutestamentlichen Schreibart, 1808 ; H. Plank, De vera natura orationis gracie Nov : Testamenti, Gœttingue, 1810 ; P. H. Haab, Hebrâisch-griechische Grammatik fur das N. T., 1815 ; C. G. Gersdorf, Zur Spræhcharacteristik der Schriftsteller des Neuen Testaments, I, Leipzig, 1816 ; A. T. Hartmann, Linguistiche Einleitung in das Alte Testament, 1818 ; G. B. Winer, Grammatik der neutestamentlichen Sprachidioms, 1823 ; éditions postérieures, et traductions anglaises ; Tholuck, Beitrâge zur Spracjierklârung des N.T., 1832 ; H. Stuart, Grammar of*the N. T. dialect, Andover, 1834 ; éditions postérieures ;. du même, Treatise on the Syntaæ of the N. T. dialect, 1835 ; F. Nork (scilicet Korn), Rabbinische Quellen und Parallelen zum N. T., 1839 ; D. £. F. Bôckel, De hebraismis N. T., 1, Leipzig, 1840 ; W. Trollope, A Greek Grammar to the N. T. and to the Common or Hellenic diction of the Greek writers, Londres, 1842 ; G. P. C. Kaiser, De speciali Joannis grammatica culpa negligentix liberanda, i, ii, Erlangen, 1842. Pareil travail sur : Pierre, 1843 ; Matthieu. 1843 ; Marc, 1846 ; Paul, i, ii, 1847 ; C. G. Wilcke : Die neutestamentliche llhetorik, Dresde, 1843 ; E. W. Grinfield, iV. T. editio hzllenutica, Londres, 1843 ; Id., Scholia hellenistica in N. T., Londres, 1848 ; H. C. A. Eichstàdt, Sententiarum do dictione N. T. brevis census, Iéna, 1845 ; Berger de Xivrey, Étude sur le texte et le style du N. T., Paris, 1856 ; J. T. Beelen, Grammatica grxcitatis A*. T. quam ad G. Wineri ejusdem argumenti librum composait, Louvain, 1857 ; Gerhard von Zeschwitz, Profangrâcitâtund biblische Sprachgeist, 1859 ; R. C. Trench, Synonyms of the N. T., Londres, 1858-1802 ; éditions postérieures, et traduction française par de la Faye (1869) ; A. Buttmann, Grammatik des neutestamentlichen Sprachgebrauchs, 1859 ; traduction anglaise ; S. Ch. Schirlitz, Grundzûge der neutestamentlichen Grâcitât fur Studirende, Giessen, 1861 ; Id., Anleitung zur Kenntniss der neutestanientlichen Sprache zugleich als griechinche neutestamentliche Schulgrammalik fur Gyrnnasien, 1863 ; K. H. A. Lipsius, Grammatische Untersuchungen ùber die biblische Grâcitât : ûber die Lesezeichen, 1863 ; W. Webster, Syntax and Synonyms of the Greek Testament, Londres, 1864 ; B. A. Lasonder, De linguse Paulinæ idiotnate pars I lexicalis, Il grammaticalis, Utrecht, 1866 ; W. H. Guillemard, Hebraîsms in the Greek Testament, Cambridge, 1879 ; A. Buttmann et J. H. Thayer, À grammar of the New Testament Greek (translated by H. Thayer), Andover, 1880 ; G. Winer et W. Moulton, À treatise on the Grammar of the New Testament Greek (translated by W. Moulton), Edimbourg ; G. Winér et J. H. Thayer, A Grammar of the Idiom of the New Testament (translated by H. Thayer), Andover, 1883 ; Schilling, Corn-