Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/175

Cette page n’a pas encore été corrigée
321
322
GREC BIBLIQUE


L’indicatif futur et l’aoriste du subjonctif sont regardés comme des équivalents et permutent ; on trouvera le futur après èiv ou une autre particule combinée avec « v, et le subjonctif aoriste après eî ou une autre particule sans av ou èiv. — Beaucoup de participes sont au génitif absolu ou même indépendants, qui auraient dû être fondus dans la construction. Mais bien des constructions de la langue familière employées dans le Nouveau Testament se rencontrent aussi chez les écrivains profanes post-classiques. D’autres constructions, qui appartiennent par nature à la langue familière et se rencontrent pour la première fois dans le Nouveau Testament, sont dites nouvelles ; de fait, la plupart d’entre elles, au moins, devaient être en usage dans la langue familière de l’époque, et particulièrement dans celle des Juifs de la Dispersion. Le grec post-classique, en continuant d’évoluer, est devenu le grec chrétien et le grec byzantin’; parfois, des formes et des constructions du Nouveau Testament trouvent des analogies et des confirmations dans le grec postérieur, chrétien, byzantin, moderne, plutôt que dans le grec classique.

II. ÉLÉMENT LATIN DU GREC POST-CLASSIQUE DANS LE

nouveau testament. — Cet élément n’existe pas chez les Septante, antérieurs à la conquête romaine en Egypte et en Palestine, mais existe dans le Nouveau Testament. Quelques-uns des auteurs du Nouveau Testament se sont trouvés en contact avec dés Latins, à Rome ou dans les provinces. De fait, l’élément latin du Nouveau Testament, d’ailleurs très restreint, existait déjà dans la langue grecque familière de l’époque et dans le grec hébraïsant des Juifs de là Dispersion ; C’est surtout à leurs contemporains parlant grec que les auteurs du Nouveau Testament ont emprunté : des mots comme 5r]vàpiov, xev-cupfwv, xt|V<70{, xoXtovia, xoucrTwSfa, xoSpctvmç, X-eyeûv, XévTiov, ), iëepTÏvoi, <pçnxyOû>, etc. ; des expressions comme ptofiatorC « en latin », xô Exavôv X.a[Lëâvstv, îxavbv jtotsïv xtvÉ, <7U[jiëoiiXiov X. « 6sïv, etc. Notons psêrj, mot celtique latinisé et ensuite grécisé. Voir P. Viereck, Sermo grmcus quo senatus populusque romanw… usi sunt examinatur, in-4°, Gœttingue, 1888 ; F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques, 2e édit., 1896, p. 13-14. — Le Nouveau Testament est une source bien supérieure aux Septante pour la connaissance du grec post-classique. Les auteurs de ce livre savent la langue commune beaucoup mieux que les Septante, et ils en ont plus l’habitude ; ils pensent et composent en grec, plus ou moins correctement, mais plus librement que les Septante, constamment influencés et gênés par le texte hébreu qu’ils traduisaient. Les particularités du lexique, de la morphologie et de la syntaxe du Nouveau Testament constituent les caractères positifs de sa langue. Les mots nouveaux, les sens nouveaux, les formes nouvelles, les constructions nouvelles, même populaires, constituent les gains de cette langue.

111. LA LANGUE LITTÉRAIRE DANS LE GREC DU NOUVEAU

testament. — Elle y est représentée, pour le lexique et la syntaxe, par un assez grand nombre de vestiges, particulièrement dans saint Luc et saint Paul, dont le premier était d’Antioche et le second de Tarse, deux villes pleines de l’hellénisme pendant les périodes alexandrine et gréco-romaine. Ces vestiges sont recueillis dans les grammaires complètes du grec du Nouveau Testament. Voici quelques exemples : o-Jv, plus fréquent (dans saint Luc et saint Paul) que (letâ ; è-ptaX.eïv (saint Luc et saint Paul), au lieu de xocnrropeïv, « accuser ; ti Ç^ty)[mi (Act.), « objet de recherches et de discussion ; » jièv oîv ; [tév et 8s, pour distribuer la phrase en deux parties équilibrées, surtout dans saint Luc et saint Paul, y compris l’Epitre aux Hébreux ; iatioi, au lieu de ot’êant ; oi rap’i naOXov, Act., xiii, 13, « Paul et ses compagnons ; » emploi approprié des verbes simples et de leurs composés ; emploi correct du parfait, ainsi que de l’optatif potentiel et oblique (dans saint Luc) ; interrogation ou

DICT. DE LA D1BI.E

exclamation double (Jac, iii, 5) ; emploi de la proposition infinitive après les verbes du sens de déclarer, et du participe après les verbes de perception ; emploi de Srcwe av (dans saint Luc et saint Paul) ; emploi de constructions synthétiques du sujet et de l’attribut, etc. Mais beaucoup de mots, de locutions et de tours, très littéraires, sont abandonnés ou tendent à l’être ; ainsi : l’optatif, comme mode dépendant ou indépendant, en.dehors du souhait ; plusieurs interrogations fondues en une seule ; les formes enfermant une idée de duel comme sxarepoc, Tcdrepoc ; ôthoç ; orctoç et 6’tkoç >.t avec le futur ; le participe causal avec are, ofôv, oî « , et l’infinitif causal avec iizt tû après les verbes de sentiment ; le comparatif suivi de $ &rm et autres constructions analogues ; lapériode conditionnelle avec l’optatif pour la simple possibilité et plusieurs formes de la période concessive ; en un mot, les constructions et les tours trop synthétiques, difficiles ou délicats à manier, ou trop abstraits, ou demandant un certain travail d’élaboration, de combinaison et de polissage. Les mots, formes, locutions, constructions de la langue littéraire, abandonnés ou tendant à être abandonnés dans le Nouveau Testament, constituent les caractères négatifs de la langue de ce livre et les pertes de cette langue.

IV. RÉPARTITION DE L’ÉLÉMENT GREC (LANGUE LITTÉ-RAIRE ) DANS LE NOUVEAU TESTAMENT. — L’élément grec est inégalement réparti entre les livres du Nouveau Testament, soit pour la quantité, soit pour la qualité. Au premier rang viennent l’Épitre aux Hébreux, les Actes, l’Épitre de saint Jacques : au dernier, l’Apocalypse ; à un rang moyen les autres livres, avec quelques degrés de différence entre eux. La langue des deux ouvrages de saint Luc présente le même contraste ; d’un côté, une correction recherchée et des tours littéraires, dans la narration par exemple, et surtout dans les Actes ; de l’autre, les constructions les plus embarrassées, les hébraïsmes les plus rudes ou une couleur hébraïsante épaisse, principalement dans les discours ou les récits qui ont dû être rapportés en araméen ou en grec aramaïsant. Enfin la langue présente entre saint Paul et saint Luc beaucoup de points de ressemblance, qui donneraient lieu à beaucoup de rapprochements de détail.

7. ÉLÉMENT BÉBRAÏSANT DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

— Ce que nous avons dit de l’élément hébraïsant dans les Septante s’applique aussi à cet élément dans le Nouveau Testament, sauf exception. Jésus-Christ et ses Apôtres avaient pour langue maternelle Taraméen, et, comme ils vivaient à la campagne, leur araméen était plus rude que celui des lettrés des villes et particulièrement de Jérusalem. Tous les auteurs du Nouveau Testament, même saint Paul et saint Luc, nés hors de la Palestine, ont subi l’influence hébraïsante et introduit dans leurs écrits un élément hébraïsant. Aux aramaïsmes il faut joindre les rabbinismes, c’est-à-dire certaines expressions en usage dans les écoles et dans la bouche des rabbins ou docteurs de la loi. Les hébraïsmes du Nouveau Testament sont : parfaits ou complets, quand ils n’ont rien de grec ; imparfaits, incomplets ou partiels, quand ils présentent quelque chose de grec. On trouvera tous les hébraïsmes du Nouveau Testament dans les lexiques et les grammaires du Nouveau Testameûï’et dans les traités spéciaux qui leur sont consacrés. Voici des exemples : I. Mots. — 1° Mots hébreux fléchis ou non, àéaS&ôv, féevva, àprp, naTâv et (ratavâç ;

— 2° Sens hébraïsant donné à un mot grec, Oâvaxoç, « destruction, peste ; » xaxia, « peine, travail ; » à 5t<xëoX.oç, « l’accusateur, le dénonciateur » (en parlant de Satan) ; t) 6 « Xa<Nra, « le lac, ; » à âSrjî, « les enfers » (au sens du Se’ôl hébreu) ; xo >i : oZiyiov, « l’âne ; » eîç, « premier ; » — 3° Métaphores hébraïsantes dans le goût juif, nipS *a <x ?[ia, = « l’homme considéré dans sa nature faible et impuissante ; » itXarjvGiv tïiv xapSc’av, « élargir son cœur = entourer de sa tendresse ; » <nù.ai III - Il