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GREC BIBLIQUE

« un vêtement, un instrument, une arme ; » διδόναι, Deut., xxvii, 1 ; Num, xiv, 4, « établir, constituer, — rendre tel ou tel. » —
3o  Métaphores juives  : ἐπέσκεπται Κύριος τὸν λαὸν αὐτοῦ δοῦναι αὐτοῖς ἄρτους, Ruth, i, 6, ="le Seigneur a favorisé son peuple de manière à lui donner de quoi vivre ; " εὕροιτε ἀνάπαυσιν, Ruth, i, 9, « le repos, = la vie tranquille et sûre ; » γένοιτο ὁ μισθός σου πλήρης παρὰ Κυρίου θεοῦ Ἰσραήλ, πρὸς ὃν ἦλθες πεποιθέναι ὑπὸ τὰς πτέρυγας αὐτοῦ, Ruth, ii, 12, ="s’abriter sous sa protection ; " ἐx χειρὸς πάντων τῶν θηρίων ἐκζητήσω αὐτό, Gen., ix, 5, et ἐλάλησεν Κύριος πρὸς αὐτοὺς διὰ χειρός Μωϋσñ, où les locutions métaphoriques avec χειρός sont de simples locutions prépositives, le sens de χειρός étant oublié ; ἐκ χειρός = ἐκ, « de, de la part de, » et διὰ χειρός = διὰ, « par l’intermédiaire de. » —
4o  Mots hébreu : σάββατον, οἶφί, κόνδυ, βαάλ. —
5o  Expressions hébraïques : εὑρίσκειν χάριν ; καὶ ἰδού ; καὶ ἔσται ; καὶ ἐγένετο ; τάδε ποιήσαι μοι Κύριος καὶ τάδε προσθείη, Ruth, i, 17 ; ἀναστῆσαι τὸ ὄνομα τοῦ τεθνηκότος, Ruth, , 5 ; ἐχθὲς καὶ τρίτης, Ruth, ii, 11, = « auparavant, jusqu’à présent ; » ζῇ κύριος, formule de serment ; ἐπορεύθη ἐν πάσῃ ὁδῷ Ἰεροβοάμ, III Reg., xvi, 26, — « il imita tout ce qu’avait fait… ; » ἐν βιβλίῳ λόγων τῶν ἡμερῶν τῶν βασιλέων, III Reg., xvi, 28d, —
6o  Nominatif où accusatif absolus placés en tête : Lev., xxii, 14 ; Num., xx, 5 ; Is., xx, 17, —
7o  Féminin avec la valeur du neutre pour désigner des choses. Exod., xiv, 31 ; Num., xix, 2 ; Jud., xix, 30 ; III Reg., xii, 8, 43 ; Ps. xxvi, 24 ; Is., xlvii, 12 ; Ezech., xxiii, 21. —
8o  Sens du comparatif et du superlatif, δεδικαίωται Θαμάρ ἢ ἐγώ, Gen., xxxviii, 26, avec = « plus que » ; ἔθνη μέγαλα καὶ ἰσχυρότερα μᾶλλον ἣ ὑμεῖς, Deut., ix, 1 ; τὸ δὲ ὕδωρ ἐπεκράτει σφόδρα σφοδρῶς. Gen., vii, 19. —
9o  Mot relatif, à compléter avec le pronom personnel qui suit le verbe : οἷς εἶπεν αὐτοῖς ὃ Θεὸς ἐξαγαγεῖν, Exod., vi, 26, en réunissant οἷς et αὐτοῖς, = οἷς seul ; τὴν ὁδὸν δι’ἧς ἀναβησόμεθα ἐν αὐτῇ, Deut., i, 2, en réunissant δι’ἧς et ἐν αὐτῇ, = δι’ἧς seul ou ἐν ᾗ seul. —
10o Multitude de prépositions et locutions prépositives : γίνεσθαι ὀπίσω τινός, III Reg., xvi, 21, « être du parti de, suivre ; » ἐκτήσατη… ἐν δύο ταλάντων, III Reg., xvi, 24 ; ἔσονται ὑμῖν εἰς ἄνδρας, Ruth, i, 11 ; ἐλάλησας ἐπὶ καρδίαν τῆς δούλης σου, Ruth, ii, 13 ; ἀνὰ μέσον τῶν δραγμάτων συλλεγέτω, Ruth, ii, 15 ; ὅσα ἐὰν εἴπῃς ποιήσω, Ruth, iii, 5, et, au verset suivant, ἐποίησεν κατὰ πάντα ὅσα ἐνετείλατο. —
11o Verbe grec avec sens causatif de l’hiphil : ἐβασίλευσεν τὸν Σαούλ, « il avait fait devenir roi ; » ὃς ἐξήμαρτεν τὸν Ἰσραήλ, IV Reg., iii, 3, « qui avait fait pécher. » —
12o Interrogation et serment avec εἶ : εἶ γεύσεται ὁ δοῦλός σου ἔτι ὃ φάγομαι ἢ πίομαι ; II Reg. xix, 85, Et : ὥμοσα αὐτῷ ἐν κυρίῳ λέγων Εἰ θανατώσω σε ἐν ρομφαίᾳ, II Reg., ii, 8, = « je lui ai juré par le Seigneur de le tuer d’un coup d’épée. » —
13o Proposition conditionnelle, avec la proposition principale introduite par καὶ : ἐὰν δὲ προσήλυτος ἐν ὑμῖν γένηται… καὶ ποιήσαι. Num., xv, 44 ; cf. Ruth, ii, 9.

IIIe Partie. — Grec du Nouveau Testament.

« Les Romains, dit M. Droysen dans son Histoire de l’hellénisme, t. ii, p. 774, ne sont pas parvenus, là où ils

rencontraient des civilisations déjà affinées, à imposer leur idiome avec leur domination, au lien que l’hellénisation paraissait s’implanter sur le sol d’une façon d’autant plus décisive que les peuples auxquels elle s’attaquait étaient à un degré de civilisation plus élevé. » En effet, la Grèce réduite en province romaine et les pays hellénisés conquis par Rome ont conservé leur langue, qui s’est même répandue chez leurs vainqueurs. C’est que le grec était plus facile, plus riche, et beaucoup plus connu et parlé que le latin, quand il s’est rencontré avec ce dernier. Aussi, dans la seconde moitié du Ier siècle de notre ère, quand la prédication chrétienne s’établit dans le monde gréco-romain, elle parle le grec post-classique du monde gréco-romain, mais un grec hébraïsant, et qui exprime pour la première fois les idées chrétiennes ; d’où les trois éléments de sa langue : grec, hébraïsant et chrétien.

I. ÉLÉMENT GREC OU GREC POST-CLASSIQUE DANS LE NOUVEAU TESTAMENT.

Ce que nous avons dit de l’élément grec dans les Septante s’applique aussi à cet élément dans le Nouveau Testament, sauf exception, s’il y a lieu.

1o  Vocabulaire.

Le lexique du Nouveau Testament compte en chiffre rond 5500 mots : mots (et formes) classiques, un peu plus de 3000 ; mots (et formes) non classiques ou post-classiques, avec les mots prenant un sens nouveau, plus de 2000. Les seconds se décomposent ainsi :
1o  mots et formes des anciens dialectes ;
2o  mots et formes dits poétiques, qui ont toujours existé dans la langue parlée, mais que les poètes seuls avaient employés jusqu’alors ;
3o  mots et formes paraissant spécialement populaires, très peu ;
4o  mots et formes post-classiques, propres à la « langue commune », très nombreux ;
5o  mots et formes paraissant propres au Nouveau Testament ;
6o  mots étrangers ;
7o  mots classiques ayant pris un sens nouveau ; mots grecs ayant pris une signification étrangère, purement juive par exemple.
La plupart des mots post-classiques sont dérivés ou composés de mots classiques. Beaucoup se rencontrent déjà dans les Septante. On trouvera tous les exemples dans les lexiques et Les grammaires du Nouveau Testament. En voici quelques-uns : γογγύζω, ρήσσω, πλημμύρης, συνειδυίης sont ioniens, et, d’ailleurs, l’élément grec des côtes méditerranéennes de l’Asie-Mineure paraît avoir joué un rôle important dans la langue commune ; ἵλεως est attique ; πιάζω, κλίβανος sont doriens ; κράβαττος, παρεμβολή (camp), ρύμη (rue) paraissent proprement macédoniens ; ἑώρακαν, τετήρηκαν paraissent des formes propres à Alexandrie ; βουνός est d’origine cyrénaïque ; εἰπόν est syracusain ; ἐνβριμᾶσθαι se trouve une fois, dans Eschyle ; les formes, apocopées Ζηνᾶς, Δημᾶς, sont populaires ; ἐπίβλημα, εὐκαιρεῖν, καταφέρεσθαι, οἰκοδεσπότης, οἰκιακός, παρεκτός, ἀποκαταλλάσσειν sont post-classiques ; ἐνκακεῖν, ἀποκαραδοκία, ἐπιδιορθοῦν (aussi sur une inscription) sont propres au Nouveau Testament ; sens nouveaux de mots grecs : χρηματίζειν, « recevoir un nom, » ὀψάριον, « poisson, » περιέχειν, « se trouver, » συναέρειν, « compter avec quelqu’un. »

2o  Syntaxe.

Les expressions et constructions traditionnelles, qui forment l’ossature de la langue, restent dans le Nouveau Testament, surtout si elles sont claires, simples, faciles. Mais d’autres constructions, familières et faciles, y apparaissent aussi. On les trouvera recueillies dans les grammaires complètes du Nouveau Testament. En voici quelques exemples :
Tendance à unifier les flexions, διδῶ, ἀφίω, οἶδα οἴδαμεν, στήκω, ὁρέων πλοός, νοός. —
Locutions populaires : εἷς ἕκαστος, εἷς καθ’εἷς. —
Sujet partitif du verbe, συνῆλθον δὲ καὶ τῶν μαθητῶν, Act., xxi, 16 ; cf. Joa., xvi, 17. —
Relation particulière établie entre un verbe et son complément : comme l’emploi de εἷς avec l’accusatif ou de ἐν avec le datif, pour le repos dans un lieu ou le mouvement ; comme les constructions de πιστεύειν avec ses compléments, comme κρατεῖν τῆς χειρός, Matth., ix, 25, et κρατεῖν τοὺς πόδας, Matth., xxviii, 9, comme μνημονεύειν τι et τινός, I Thes., i, 3 ; II, 9, comme οἱ χρώμενοι τὸν κόσμον. I Cor., vii 31. —
Ὄφελον, particule invariable pour le souhait irréalisable. Ἄφες, ἄφετε, sorte de verbes circonstanciels avec le sens du français « laissez que, permettez que ». —
L’interrogation directe est introduite par τί ὅτι, ὅτι, ποταπός, etc., ou bien ne prend aucune particule, comme dans la conversation. Λαλεῖν est assimilé à λέγειν et εἰπεῖν ; δείκνυμι, δηλῶ, φανερῶ (= φαίνω) prennent ὅτι. —
La proposition finale avec ἵνα devient envahissante ; elle peut n’être qu’une seule périphrase (analytique) de l’infinitif et lui être coordonnée, comme ἐδόθη αὐτῷ λαβεῖν τὴν εἰρήνην… καὶ ἵνα ἀλλήλους σφάξωσι. Apoc., vi, 4. —